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RAVOISIER, Louis, dit ADAM (1717-1806)
État civil
NOM : RAVOISIER     Prénom(s) : Louis     Sexe : M
Complément de nom : dit ADAM
Date(s) : 1717-7-22   / 1806-7-14 
Notes biographiques

Louis RAVOISIER dit ADAM, d'origine lorraine, s'établit très vite en Champagne après un passage en Picardie. Il chante pendant plus de quarante années la haute-contre à la cathédrale Saint-Étienne de Châlons. Sa voix devait être de qualité car ses nombreux écarts n'ont jamais déterminé les chanoines à le renvoyer définitivement.

• 22 juillet 1717, Metz [Moselle] : Louis RAVOISIER voit le jour et il est baptisé le lendemain paroisse Saint-Gorgon. Il est le fils d'Étienne Ravoisier de  Margueritte Henry. Son parrain est Louis Bernard qui demeure chez Mr Dancerville, un des notaires de la ville. Sa marraine, sœur du parrain, est l'épouse du procureur du bailliage de la ville, Claude Henry.

Où le jeune garçon a-t-il été formé? En 1790, il écrit dans sa requête qu'il "compte aujourd’huy environ quarante sept ans de sa vie passés au service des autels", ce qui placerait son début de carrière à 1743 et semble exclure, à priori, une formation d'enfant de chœur...

• 1745-1747, Noyon [Oise] : RAVOISIER est haute contre au service de la cathédrale Notre-Dame. Le 23 mai 1747, il reçoit du chapitre un certificat d'emploi et de bonne conduite rédigé en latin dans lequel les chanoines témoignent qu'il a servi leur Église deux années durant sans qu"on puisse le reprocher un défaut de service ou une inconduite dans ses moeurs. Dans sa supplique de 1790, il indiquera avoir chanté dans cette église pendant trois ans.il compte aujourd’huy environ quarante sept ans de sa vie passés au service des autels,

• 16 août 1747, Châlons [-en-Champagne] [Marne] : Une lettre du chanoine châlonnais Hocart, archidiacre de Joinville, est lue en chapitre. Ce chanoine qui séjourne à Paris, écrit qu'il y a rencontré un musicien  qui "a un beau fond de voix". Il a passé "deux ans dans la musique de Noyon" et promet "d'apprendre en 6 mois le chant sur le livre". Cet homme (le chanoine le dit âgé de 25 ans ce qui est loin d'être exact) a par ailleurs "un tres bon certificat de [...] bonnes vies et moeurs". Après lecture de cette correspondance, les chanoines de Saint-Étienne confient à leur sous-chantre, le chanoine Saguez, le soin "d'ecrire au Sr Hocart de faire partir led. musicien auquel seront payés 8 livres de gages par semaine et 24 livres a son arrivée pour les frais de son voyage". Si le musicien n'est pas nommé, en revanche l'on sait  par la mention marginale qu'il est "musicien de haute contre (la mention ajoute : "de Paris").

• 24 octobre 1747, Châlons : Louis ADAM [RAVOISIER] est reçu au sein de la Musique de la cathédrale Saint-Étienne en qualité de "haute contre". La conclusion capitulaire mentionne qu'il est reçu "sur le pied de 8 livres par semaine"  et qu'il sera payé à compter du 26 août précédent. Toutefois, il lui sera retiré une livre par semaine jusqu'à ce qu'il ait remboursé les 12 livres que lui a avancé le chanoine C. Hocart.

• 5 juillet 1748, Châlons : À la date du vendredi 5, le greffier du chapitre cathédral note qu'il a été décidé de lever la retenue de plusieurs semaines de sommes d'argent sur le sieur ADAM [RAVOISIER] haute contre. La sanction à l'encontre du musicien avait été prise auparavant car il n'avait pas "justifié" être "allé à confesse" à la Pentecôte. La conclusion capitulaire rappelle qu'il est d'"usage", pour "toutes les grandes fêtes" de prouver que l'on s'est confessé, "lorsqu'on ne se présente pas a la Ste Table".

• 4 août 1749, Châlons : Le chapitre décide de renvoyer ADAM à cause de la faiblesse de sa voix et de son ignorance du chant sur le livre. Toutefois, pour qu'il ait le temps de trouver une place ailleurs, il sera payé jusqu'au lendemain de Noël. Le musicien demandera la clémence des chanoines et l'obtiendra : le 18 août suivant une délibération suspend le renvoi. ADAM devra se rendre "assidu aux exercices de la maitrise [...]" Il fera "tout son possible tant pour se perfectionner dans la musique, que pour apprendre le chant sur le livre".

• 19 mars 1751, Châlons : Le chapitre soupçonne ADAM musicien "haute contre" d'avoir "pris" un processionnal à l'église et tenté de le vendre. Le chanoine receveur de la fabrique est chargé de vérifier le fait (le musicien devra présenter le livre pour examiner sa provenance).
• 22 mars-2 avril 1751, Châlons : ADAM est renvoyé, la conclusion particulièrement brève évoque seulement une absence de motivation (22 mars). Quelques jours plus tard (le 29), suite à une requête du musicien demandant a être repris ou en cas de refus sollicitant un certificat, le chapitre opte pour l'attestation de travail. En même temps,le chanoine grand chantre  passera MAYEUR, haute contre, du côté droit des stalles. Et, le 2 avril : une aumône de 12 livres est octroyée à ADAM, sans que l'on en sache plus.
• 28 mai 1751, Châlons : Le musicien haute contre semble décidé à rentrer dans le rang. Selon la délibération qui notifie la suspension de son renvoi en établissant une mise à l'épreuve pour 3 mois, ADAM s'engage à travailler la musique et le chant à la maîtrise mais aussi à porter plus  de respect au maître de musique. Il est possible que le revirement du chapitre soit dû à l'échec de recrutement d'une candidature externe.

• 5 septembre 1760, Châlons : ADAM [il s'agit bien de Louis RAVOISIER] obtient un "secours" de 12 livres. Par ailleurs, le chapitre l'autorise à s'absenter durant 3 semaines, ce congé est à prendre au lendemain de la Nativité.

• 28 septembre 1764, Châlons : Le chapitre accorde au musicien haute contre un congé de 15 jours. Mais ADAM ne devra pas s'absenter avant le 5 octobre et devra être de retour "[...] pour le 22 avril avant les premieres vespres de la Dédicace".

• 13 février 1767, Châlons : Les chanoines de Saint-Étienne accordent un secours financier à ADAM qui a été " [...] dangereusement malade et est maintenant convalescent [..]". Il recevra 30 livres pour "[...] subvenir aux frais de sa maladie". 

• 25 septembre 1769, Châlons : Le chapitre ordonne à Louis RAVOISIER d'étudier sa partie avant d'entrer au chœur. Pour cela, il se procurera les partitions nécessaires (même imprimées) auprès du maître de musique.

• 1770, Châlons : il est, à plusieurs reprises, averti par le chapitre qui le réprimande pour ses absences et "son opiniatreté inflexible à ne pas s'instruire dans la musique".
• 3 septembre 1770, Châlons : un règlement établi suite au travail d'une commission canoniale décide "1° qu'en suivant l'esprit de la conclusion du 29 janvier 1768, les Srs LAHAMÉE basson et serpent, NIVERS haute taille et ADAM [RAVOISIER] haute contre, pour gagner les gages en entier seroient tenus seulement de se trouver tous les jours a matines, y chanter les antiennes a leur tour, ainsi que la seconde leçon aux matines ou il n'y en auroit que 3, la seconde et la cinquieme mesme la quatrieme au besoin aux matines a 9 leçons. D'assister aux vigiles des morts lorsqu'elles se feroient a 9 leçons et d'y chanter les antiennes, leçons, repons qui leur seront annoncés. Et aussy d'assister a tous les offices ou il y auroit musique, faux bourdon ou chant sur le livre, soit que les offices se chantent dans la cathedrale soit dans le cours des processions, soit dans les prieres et stations, messes, vespres, ou autres offices que le clergé de la cathedrale va celebrer dans d'autres eglises sous la condition que lors qu'ils manqueroient a se trouver aux dits offices, ils perderoient sur leurs gages [... suit le détail des pénalités selon les offices cités (matines, laudes...), la solennité de la fête (nombre de leçons...), le type de chant ou musique (faux bourdon, chant sur le livre, musique imprimée etc. ] [...] Au moyen de ce qu'ils seront exempts de se trouver aux offices autres que ceux designés cy dessus, ils ne pourront comme les basses contre prendre un jour de congé par semaine".

9 avril 1771, Châlons : Le chapitre examine le cas de RAVOISIER qui lui pose problème. Mais aussi celui de COPPÉ, haute contre, admis à l'essai 5 semaines auparavant. Les chanoines prennent finalement le parti de garder RAVOISIER, pariant qu'après sévère remontrance, il s'améliorera quelque peu et pourra ainsi être d'une certaine utilité. Quant à COPPÉ, il sera remercié.
• 29 avril 1771, Châlons : Louis RAVOISIER qui a été convoqué devant le chapitre par voie d'huissier, est interrogé pour répondre de ses absences nombreuses et répétées. Il lui est aussi reproché : son incapacité à tenir correctement sa partie, et plus généralement son inertie face à l'obligation de progresser dans l'étude de la musique. Il tente de se justifier en invoquant des problèmes de santé. Le chapitre qui n'est pas dupe, juge l' "excuse tardive et exagérée". Le musicien, qui n'a jamais "rendu que de très faibles services", se voit menacé d'un renvoi.

• 4 octobre 1773, Châlons : RAVOISIER haute contre de la cathédrale sera pointé pour avoir pris son congé en dehors de la période permise par le chapitre. En effet, une délibération capitulaire du 17 septembre précédent, l'autorisait bien à prendre 3 semaines de congé, mais seulement "après les vendanges". La conclusion précisait que les musiciens n'étaient pas autorisés à s'absenter au mois d'octobre.

• 7 novembre 1774, Châlons : Les chanoines de l'Église châlonnaise refusent d'accorder à ADAM [RAVOISIER] la gratification qu'il vient de solliciter dans une requête.

• 7 juin 1775, Châlons : Il obtient avec trois autres musiciens du chapitre [ANCEL, PAUBON, COCHU] l'autorisation d'aller à Reims, "au sacre du Roy à condition qu'ils seront de retour avant les premieres vespres de la Fête-Dieu".

• 23 mai 1790, Châlons : Il fait partie des signataires de la pétition rédigée par les treize musiciens de la cathédrale au Comité Ecclésiastique de l'Assemblée Nationale. Il s'agit du maître de musique Nicolas Amon ANCEL, de dix chantres et deux instrumentistes, le serpent et basson Jean François LEBÈGUE et l'organiste Joseph Candide THUILLIER. Les chantres se répartissent en quatre basses-contre qui sont Nicolas Joseph BERNARD, Jean CHARLIER, Louis Joseph CLAIRE et Noël COURTEAU; une basse-taille, Pierre Célestin HÉNON; trois tailles qui sont Jean-Baptiste BULARD, Charles JACQUET et Arnould HENCART et deux hautes-contre, qui sont Jean Jacques François HÉRAULT et Louis RAVOISIER dit ADAM.  Ses appointements annuels s'élèvent de 600 livres.

• [1790], Châlons : Il adresse une demande de pension au Comité ecclésiastique.
• [Fin 1790], Châlons : Le directoire du district, après avoir examiné la requête de RAVOISIER "par laquelle il expose que depuis 47 ans, il sert en qualité de musicien hautte contre en l’église St Étienne de Châlons cy-devant cathédrale aux appointements annuels de 500 # et en gratifications annuelles de 100 #", délibère "que son traitement doit demeurer définitivement fixé à une pension annuelle et viagère de 600 # laquelle commencera à courir du premier janvier 1791".

• 16 avril 1791, Châlons : Un état de paiement mentionne sa participation -alors qu'il n'avait pas été convié- à une messe et Te Deum ordonnés en l'honneur du roi. La célébration solennelle qui eut lieu en l'église Notre-Dame, a réuni, sous la direction de Nicolas-Amon ANCEL, plus de vingt musiciens (chanteurs et instrumentistes) ainsi que 7 enfants de chœur.
• Novembre 1791, Châlons : RAVOISIER n'a pas été repris pour le service de la paroisse constitutionnelle. Une liste dressée par les administrateurs du district de Châlons qui le mentionne comme bénéficiaire d'une pension de retraite, le dit : "sans état".

• 9 Janvier 1792, Châlons : Le directoire de district accorde à Louis RAVOISIER une pension de retraite de la somme de 200 Livres.

• 13 septembre 1792, Châlons : "Que le s[ieu]r RAVOISIER dit ADAM, âgé de 75 ans, ayant servi en qualité de musicien dans la dite église l’espace de 45 ans, aux gages annuels de cinq cent livres doit obtenir également une pension de retraite de la somme de quatre cent livres cy 400 livres, et attendu que le dit s[ieu]r RAVOISIER n’a reçu jusqu’à ce jour qu’une somme de trois cent livres, autorisons pareillement le directoire du district à lui délivrer sur son trésorier un mandat de la même somme de 400 livres pour le dernier trimestre de 1791 et de ceux de janvier avril et juillet dernier".

• 14 juillet 1806, Châlons : Louis RAVOISIER, dit ADAM, décède - à l'âge de 89 ans - en l'hospice de charité de la ville. L'absence de mention d'un lien matrimonial confirme que l'ancien musicien haute-contre était célibataire.

 25 décembre 2021

Sources
Ad51/ G 726 ; F-Ad51/ 1 L 1333 ; F-Ad51/ 1L 1277  ; F-Ad51/ 1L 1333 ; F-Ad51/ 2 L 236 ; F-Ad51/ 2E119/ 371 ; F-Ad51/ 2L 236 ; F-Ad51/ G 721 ; F-Ad51/ G 724 ; F-Ad51/ G 725 ; F-Ad51/ G 726 ; F-Ad51/G 721 ; F-Ad51/G723 ; F-Ad57/ BMS Metz ; F-Am Châlons/ I 19 ; F-An/ DXIX/056/188/08

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