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RAYNAL-ROUBY, Louis Joseph Bernard (1758-1825)

RAYNAL-ROUBY, Louis Joseph Bernard (1758-1825)

État civil
NOM : RAYNAL-ROUBY     Prénom(s) : Louis Joseph Bernard     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : RAYNAL ROUBY, Louis
ROUBY, Raynal
ROUBI
ROUBIS
Raynald
Date(s) : 1758-12-4 entre crochets  / 1825-6-27 
Notes biographiques

Louis-Joseph-Bernard RAYNAL-ROUBY, après une première carrière purement musicale, mêlant concert et service de l'église, pianoforte et orgue, prend fait et cause pour la Révolution.

• 4 décembre 1758, Trèbes [Aude] : Louis-Joseph-Bernard RAYNAL-ROUBY vient au monde mais l'acte n'existe plus, la page s'est détachée. Toutefois, on connaît la date précise grâce à l'acte de mariage. Dans l'acte de mariage de ses parents, son père signe d'une main assurée "Louis Sébastien Raynal de Rouby". Sa mère se nomme Élisabeth Soum. On devine une famille relativement aisée. Le père est régent des écoles, le grand-père paternel était maître chirurgien juré, ayant donc une formation universitaire, et sa grand-mère portait un nom à particule que le fils a conservé.

• 27 janvier 1774 [ou 1777] : Louis-Joseph-Bernard RAYNAL-ROUBY se produit au Concert de Montpellier jouant d'un instrument alors nouveau dans la ville, le pianoforte. Il joue sur un pianoforte fait à Berne et comportant "un jeu de harpes et de sourdines" qui avait été déposé en septembre 1773 chez l'organiste de Notre-Dame des Tables. Lors du concert, qui est un grand succès, on admire "la légèreté de son exécution, son à-plomb et son expression", de même que la qualité de son accompagnement sur différents genres d'ariettes.

• [Vers 1775]-[1786], Limoux [Aude] : Pendant douze ans, il est organiste attaché à l'église paroissiale Saint-Martin de Limoux avec un traitement de 600 livres annuelles. Les chanoines de la cathédrale Saint-Pierre de Montpellier viennent alors lui proposer une place dans leur église, avec la promesse d'une augmentation de traitement, de gratifications et d'une pension à vie.

• [1786], Montpellier : Louis-Joseph-Bernard RAYNAL-ROUBY se fixe à Montpellier où il est organiste au service du chapitre cathédral Saint-Pierre de Montpellier pendant quatre à cinq ans aux gages annuels de 600 livres plus quelques gratifications et l'espoir d'un contrat à vie. Ses parents viennent s'installer avec lui. 

• 19 janvier 1787 : Un oratorio en français (intitulé "oratoire") de sa composition est joué à cette date, probablement à Montpellier, où il exerce déjà comme organiste.

• 1790 : Louis-Joseph-Bernard RAYNAL-ROUBY est toujours organiste du chapitre cathédral de Montpellier aux mêmes gages fixes de 600 livres annuelles. Il se fait pourtant remarquer par sa sympathie pour la Révolution, ce qui amène le chapitre à le remercier en mars ou avril 1790, puis, craignant des conséquences, à le réintégrer promptement dans sa place. En mai 1790 RAYNAL-ROUBY est à nouveau organiste de la cathédrale, car il signe la pétition collective des musiciens du chapitre adressée à l'assemblée nationale. Plus tard il dira avec condescendance que, réintégré, "il pardonna sans peine à un corps expirant", se référant bien sûr à Messieurs les chanoines du chapitre cathédral de Montpellier. 

• 14 juillet 1790 [ou 1791] : Il écrit des couplets chantés par les Dragons de la Légion à Montpellier à la Fête de la Fédération. Il est alors lui-même dragon volontaire.
• [Fin 1790] : Le directoire du district de Montpellier estime qu'il suffira de lui verser une seule gratification de 600 livres. Raynal Rouby proteste, adressant au directoire du département une réclamation pour contester l'avis du district. Il demande une pension régulière, réclamant à l'assemblée nationale l'exercice effectif des dispositions légales qu'elle a pris par rapport aux artistes attachés au culte divin. Autrement il craint l'avilissement des artistes et voit déjà "l'art abandonné" et "une partie de l'éducation négligée", car "le public qui marchande toujours profitera de la position des artistes qui n'auront ni pension ni place et réduira à son tour les honoraires".

• 20 janvier 1791 : Comme tous ses collègues, il fait une demande de pension au Comité ecclésiastique. La sienne est néanmoins singulière. Le ton est enflammé. Il signale au Comité qu'il lui envoie des vers, qu'il est membre du Club des Amis de la Constitution et de la Garde Nationale et proclame "son ardeur à déffendre hautement la cause de la nature et de la raison", puis, plus concrètement, il se plaint de l'inimitié du nouveau curé de Saint-Pierre, qui se moque de son "patriotisme" et l'oblige à jouer gratis depuis trois mois. Il craint qu'on veuille le faire mourir de faim : "on commence par rendre ses talents inutiles en lui enlevant son orgue (qu'on n'ignore pas être en lui une passion par son habileté dans l'art d'improviser)" et "on lui a de plus enlevé déjà plusieurs écoliers". Parce que le sien est "un art si noble qui coûte tant de peines et de soins à acquérir" et "dans lequel on n'est rien sans le Génie", il réclame un certain droit de propriété des organistes sur leurs instruments pour ne pas être à la merci des ignorants. Car enfin il faut que les musiciens s'affranchissent de la "domesticité" sous la protection bienveillante des législateurs. "Cette faveur de la Nation électrisera les talents" et on verra naître de nouveaux Daquin, Calvière et Rameau. En innocent opprimé et âme sensible il s'en remet avec espoir à ces administrateurs qu'il appelle "hommes justes, législateurs courageux".
• 26 janvier 1791 : Sa plainte et ses sympathies ont dû être entendues, puisque le directoire de département de l'Hérault lui accorde un traitement en rente viagère de la moitié de ses anciens gages, soit 300 livres annuelles.
• 30 avril 1791 : Suite à une réclamation du musicien, le directoire du département ordonne qu'on lui verse 75 livres qui seront ensuite retenues sur sa pension définitive.
• Novembre 1791 : Il a probablement déjà quitté le service de la cathédrale. Dans la documentation de cette période il est signalé une fois comme maître d'école

• 23 janvier 1792 : Une pièce lyrique dont il a écrit les vers et la musique, Bastide, ou prière à la liberté, est représentée pour la première fois au théâtre de Montpellier.

• An III [1794-1795] : Louis RAYNAL-ROUBY fréquente la principale société populaire de Montpellier, qui se réunit dans le chauffoir et le grand foyer du théâtre, où il croise certains de ses anciens collègues de la cathédrale, tels Jean PIRONFrançois LABADIE ou Louis PUJOLAS.

• 3 juillet 1795, Angoulême : Commissaire des guerres, il épouse Marguerite Baudet de Marvaud en présence du général d'artillerie Joseph Dubouchage. Elle est la fille aînée de Michel Baudet, sieur de Marvaud, lequel, ayant fait carrière dans l'administration des Eaux et Forêts avant la Révolution, est devenu membre du directoire du district de Cognac en 1790 et trois ans plus tard maire d'Angoulême. Ils auront deux filles et deux fils, Louis-Sébastien-Achille, tué au service de la Marine en 1830, et Auguste, notaire à Angoulême.

• Ventôse-fructidor an V [février-septembre 1797], Guéret [Creuse] : Devenu Commissaire des guerres, comme cet Antoine BOISSON de l'Essonne, Louis RAYNAL-ROUBY travaille dans l'administration militaire du Directoire au département de la Creuse. Au cours du mois de ventôse, se réclamant d'un jacobinisme modéré et de la Constitution de l'an III, il fait publier et afficher un Avis aux patriotes de tous les cantons où il met en garde ses concitoyens contre le danger des royalistes qui se montrent très actifs dans les préparatifs des prochaines élections. Avec cette action il s'attire les foudres de certains habitants de Guéret, qui viennent l'insulter sous ses fenêtres et qui vont jusqu'à casser les vitres de sa maison dans la nuit du 22 au 23 germinal [11-12 avril 1797], provoquant en même temps un conflit politique au sein de l'administration locale, aggravé par des rivalités personnelles, et dont l’apaisement demande la médiation du ministre de l'intérieur, Bénézech.
Voulant plaire au gouvernement, RAYNAL-ROUBY envoie au Directoire le 2 floréal an V [21 avril 1797] un recueil recueil d'hymnes patriotiques, le même sans doute qui est imprimé à Guéret en l'an V par l'Imprimerie nationale avec le titre Recueil d'hymnes patriotiques pour toutes les fêtes de la République. Après le coup d'État du 18 fructidor de la même année [4 septembre 1797] il publie la plaquette intitulée Le Dix-huit fructidor à Angoulême, chez Vinsac, en hommage à l'événement politique qui répond enfin aux espoirs et aux craintes qu'il exposait dans son Avis aux patriotes de ventôse.

• An VII [1798-1799] : Il est toujours Commissaire des guerres de seconde classe.

• 3 juillet 1808, Mérignac, près de Jarnac [Charente] : "Commissaire des guerres, receveur principal des droits réunis", il déclare la naissance de leur fils Auguste.

• 1815, Albi : Comme son beau-père, qui s'efface politiquement après le coup d'État du 18 brumaire an VII [9 novembre 1799], RAYNAL-ROUBY disparaît des registres de l'administration pendant le Consulat et l'Empire. Aux premiers mois de la Restauration, on le retrouve employé à Albi comme receveur principal dans l'administration des impositions indirectes du département du Tarn. La même année il fait publier à Paris, chez Fain, une plaquette, sans doute satirique, intitulée L'Histoire incroyable, stances à S. M. l'Empereur.

• 1820, Mérignac : Au décès de son beau-père, la femme de RAYNAL-ROUBY hérite le beau logis de Mérignac, acheté par sa famille en 1782. Là, l'ancien organiste aurait retrouvé le goût de la musique, se donnant en spectacle devant la bonne société locale et représentant des opéras dont il écrivait les vers (et sans doute la musique).

• 27 juin 1825, Mérignac : Louis-Joseph-Bernard RAYNAL-ROUBY s'éteint à son domicile du chef-lieu à onze heures du matin. C'est son fils Auguste, étudiant au collège d'Angoulême, qui déclare peu après le décès.

Mise à jour : 6 avril 2021

Sources
A. Gervais, "Le Concert à Montpellier au siècle de Louis XV"…, 1982 ; C.Triolaire, "Les musiciens d’Église à la fête et au théâtre…, RM, 2008 ; F-Ad11 / État civil en ligne ; F-Ad16/ 3E 233/ 4 ; F-Ad16/ 3E 233/ 5 ; F-Ad34 / L 2748 ; F-Ad34/ L 2743 ; F-AmAngoulême/ 1E5 ; F-An/ DXIX/090/742/40-42,80-81 ; F-An/ DXIX/090/742/81,13,76 ; F-An/ DXIX/101/562/07 ; F. Scafone, Élections et opinions publiques dans la Creuse…, 2004 ; Google Books

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