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WALTER, Pierre (1734-1782)
État civil
NOM : WALTER     Prénom(s) : Pierre     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : WALTRE
VALTRE
VALTER
WALTHER
VALTE
VALTET
Date(s) : 1734 entre crochets  / 1782-11-10 
Notes biographiques

Selon une tradition musicologique bien ancrée, Pierre WALTER, organiste de la cathédrale de Nantes entre 1771 et 1776, jouirait des qualités musicales héritées de son illustre père Johann Gottfried WALTHER, cousin de J. S.  BACH et auteur du Musicalisches Lexicon oder Musicalische Bibliothek (Leipzig, 1732). Tout porterait donc à croire que Johann Peters WALTER est allemand, protestant, originaire de la région de Flörsheim... Flörsheim ? Curieux, J.G. WALTHER n'exerçait-il pas à Weimar entre 1706 et 1745 ?

• [1734-1735], Hirstein [Sarre-Allemagne] : Le lieu et la date de baptême de Pierre VALTER apparaitront lors de son mariage. Johann Peters WALTER, qui a francisé son nom en Pierre VALTER, fournit les documents indiquant son baptême dans la paroisse du petit village de Hirstein, diocèse de Mayence. Il est le fils de Adam Valter et Madeleine Stein. Il n'est donc pas du tout le fils de Johann Gottfried Walther, et n'est donc pas du tout un cousin de J.S. Bach.

• Sa formation à la musique d'église et ses expériences de jeunesse restent à renseigner. Hirstein étant situé à une dizaine de kilomètres de l'église catholique Saint-Wendelin (Saint-Wendel), WALTER y aurait-il été formé à la musique d'église et à l'orgue ? 

• [1755-1760], ? : À consulter l'acte de son second mariage, Johann Peters WALTER est veuf de Marguerite Charteaufre [orthographe francisée], indiquant une première union. Ce point du parcours de WALTER reste à clarifier.

• [1763-]1764, La Flèche [Sarthe] : La biographie de Pierre VALTER/VALTRE est documentée à partir de son séjour à La Flèche qui faisait partie de l'Anjou sous l'Ancien Régime, puis du département de la Sarthe à partir de 1790. Il appartient au régiment des Carabiniers du Comte de Provence où il est musicien, trompette très exactement.
Pour mémoire, le régiment des carabiniers du Comte de Provence a été réorganisé par le duc de Choiseul qui répartit en 1763 les régiments notamment entre La Flèche [Sarthe] et Saumur [M&L]. Certains des musiciens cités sont alternativement dans une cité puis l'autre. Saumur se trouve ainsi submergée par hommes et chevaux, un apport économique pour cette ville qui s'étiolait depuis le départ des protestants à la fin du XVIIe siècle... et une crainte.... des mères de famille pour leurs filles, d'autant que faute de place les carabiniers étaient aussi logés chez l'habitant.
Élisabeth Verry (« De l’académie d’équitation aux carabiniers de Monsieur. Les origines de la vocation cavalière de Saumur », In Situ [en ligne]) s'est fait l'écho de ces grands cavaliers à fière allure dans leurs habits de drap  bleu, revers rouges, culotte et gilets blancs, montés sur leurs chevaux noirs. C'étaient des gaillards de 5 pieds 5 pouces (1.76 m) ainsi que l'exigeait leur recrutement.
À La Flèche, où ils étaient stationnés avant Saumur, ils étaient installés dans les vastes bâtiments du collège, après le départ des jésuites en 1762. Leur présence tout comme leur prestance contribuent à leur intégration et les alliances se concluent en ville.

• 11 septembre 1764, La Flèche [Sarthe] : Pierre VALTER, trompette au corps des carabiniers, 29 ans, veuf de défunte Margueritte Charteaufre [Scharthopf ?], "natif du village de Hirstein, même paroisse, diocèse de Mayence en Allemagne", épouse Louise Le Masson, 17 ans, fille de François Le Masson, maître perruquier. Les futurs époux reçoivent la bénédiction nuptiale après consentement de Mr Poyanne, lieutenant général des armées du Roi et de Mr Dekismann, capitaine aide-major dudit corps.  Louise est entourée de ses parents, sa sœur, ses deux frères qui ne signent. WALTER est assisté pour sa part de la famille CHASLOT, à savoir le fils Jean-Baptiste CHASLOT (futur maître à danser) et la mère de ce dernier, Marie Ravisé, épouse de René CHASLOT sacriste-organiste.

Cette union a précédemment fait l'objet d'un contrat de mariage étudié par Sylvie Granger dans sa thèse Les Métiers de la musique en pays manceau et fléchois du XVIIe siècle au XIXe siècle (1661-1850) (1997). Devant notaire, Peter VALTER déclare apporter ses droits dans les successions des ses père et mère décédés près de Mayence. Il ne peut fournir plus de détails car les affaires sont en cours... De son côté le maître perruquier, homme avisé, apporte à sa fille une dot de 500 lt qu'il versera en deux termes, tout d'abord 150 lt puis le solde cinq ans plus tard, sans intérêts.
Si seule la famille CHASLOT est représentée le jour du mariage, les carabiniers musiciens sont venus en force chez le notaire. Sont présents : Christian FREDERIC dit Lafleur, George SCHNITER, Georges WINGLEMAN [WINCKELMANN], Joseph KROUK chef de musique des carabiniers.

• 12 février 1766, Saumur [Maine-et-Loire] : Jean Pierre 'VALTE', musicien au corps des carabiniers,  et Louise Masson font baptiser leur première née, Louise, paroisse Saint-Pierre. Le parrain, carabinier, se nomme Jean GUILLAUME dit ST-JEAN, un musicien à n'en pas douter. La marraine est une dénommée Renée Breton femme Chaspied. Est également présent Jean-Baptiste Henry qui ne semble pas avoir de lien avec le musicien. Cette enfant ne laissant trace, il est vraisemblable qu'elle soit décédée jeune.

• 1768-1780, Nantes [Loire-Atlantique] : Pierre WALTER, dont l'orthographe varie selon les registres, est installé à Nantes où il exerce comme organiste. Certains de ses contrats restent à déterminer.

• 1768-1777, Nantes : Après celle de Saumur, six naissances se succèdent chez les Walter. Pierre WALTER a trouvé une tribune où jouer car dès 1768 les registres de baptême le citent comme "organiste". Après une naissance gemellaire en 1768 paroisse Saint-Denis (des enfants qui ne survivent pas), une fille Mari- Louise vient au monde en février 1770. WALTRE est alors organiste des Jacobins. A-t-elle survécu ? Puis naît François-Pierre en juin 1772 paroisse Sainte-Radegonde qui décède en 1780 ; son père est dit organiste. Jeanne-Madeleine baptisée en mars 1775 est inhumée en 1777. Enfin, concernant Louis-René, né en septembre 1777, aucun avenir ne lui est connu. Serait-il mort en nourrice ?

• [1770], Nantes  : WALTER exerce comme organiste des Jacobins, église en face du château de Nantes.

• 14 novembre 1771, Nantes : Le chapitre de la cathédrale Saint-Pierre reçoit le sieur WALTER comme organiste à raison de 600 lt par an. Il succède ainsi à Mathieu DESFORATS reçu en 1749.

• [novembre 1776], Nantes : Pour une raison qui reste à déterminer, le sieur WALTER quitte la tribune de l'orgue de la cathédrale Saint-Pierre. Il est remplacé par Denis JOUBERT, recruté sur concours.

• 31 octobre 1777, Nantes : L'année 1777 est compliquée pour les WALTER. Pierre n'a plus son poste d'organiste, ils ont eu leur 6ème enfant le 8 septembre, perdu Jeanne-Madeleine le 17 octobre... lorsque Pierre WALTER, organiste, est parrain d'un enfant illégitime né de Marie-Jeanne Fezol, fille. La grand-mère maternelle est désignée marraine. L'attention est cependant attirée par Louise Le Masson, "épouse du sieur Pierre WALTER parrain", qui à la fin de l'acte de baptême intervient en déclarant "se charger de l'enfant". Qu'est-ce à dire ? Le petit Pierre Séraphin serait-il illégitime ou adultérin ? Il est aussitôt placé en nourrice à Nort-sur-Erdre à quelques kilomètres de Nantes et, sans surprise, meurt dans les langes. Lors de son inhumation, la nourrice le déclare "enfant de l'hôpital".

• 10 novembre 1782, Nantes : Pierre WALTER, âgé de 48 ans, décède à l'Hôtel-Dieu et est inhumé le lendemain dans le cimetière dudit établissement. L'acte est des plus succincts, omettant toute allusion à son métier de musicien. De quoi vivait-il les dernières années de sa vie ?

• 6 février 1788, Nantes : Louise Maçon, veuve de Pierre VALTER, "musicien", meurt à son tour au cimetière de l'Hôtel-Dieu. Elle a quarante ans. Cela met un point d'orgue au parcours de WALTER. Le nom semble s'éteindre.

Une enquête minutieuse a permis de mettre à jour le parcours de Johann Peters WALTER, alias Pierre WALTER, VALTE, VALTET, WALTRE...  Une chose est désormais certaine, Johann Peters WALTER, l'organiste de Nantes, n'est ni un fils de Johann Gottfried WALTHER ni un petit cousin de J.S. BACH.

Mise à jour : 6 août 2022

Sources
C. Mellinet, De la musique à Nantes..., 1837 ; F-Ad44/ BMS Nantes, Hôtel-Dieu ; F-Ad44/ BMS Nantes, St-Vincent ; F-Ad44/ BMS St-Denis, St-Vincent, Ste-Radegonde ; F-Ad49/ BMS Saumur, St-Pierre ; F-Ad72/ BMS La Flèche, St-Thomas ; F-Am Nantes/ S Hôtel-Dieu ; Granges de Surgères, Les Artistes nantais... 1898. ; M. Courtonne, L'orgue de la cathédrale de Nantes, [s.d.] ; Mellinet, De la musique à Nantes... 1837.  ; S.Granger, Les Métiers de la musique…, thèse, 1997.

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