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PRESTAT, Louis Pierre (1746-1807)
État civil
NOM : PRESTAT     Prénom(s) : Louis Pierre     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : PRESTA
PRESTAS
Date(s) : 1746-8-20   / 1807-9-28 
Notes biographiques

Ce qui a été reconstitué de sa carrière montre Louis-Pierre PRESTAT comme très mobile, du début à la fin de sa vie. Après avoir été formé à Meaux, il chante la haute-contre durant les années qui précèdent la Révolution dans plusieurs cathédrales successives, Senlis, Évreux, Chartres, puis à Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris. C'est à Orléans que la Révolution met un terme à sa carrière de musicien d'Église. Il se reconvertit en chanteur de théâtre et en professeur de musique, d'abord à Orléans puis en Normandie, Rouen, Cherbourg, où s'arrête son itinérance en 1807.

• 20 août 1746, Paris : Il faut faire appel à quatre sources différentes pour situer les origines familiales de Louis-Pierre PRESTAT. Sa date de naissance est mentionnée par deux documents des années 1798-1800 conservés à Rouen. La délibération qui le reçoit à Orléans en 1788 livre sa paroisse d'origine : Saint-Eustache. Son contrat de mariage indique qu'il est fils de Pierre PRESTAT, musicien, et de Marie-Claude Lucas. Toutefois, cette dernière indication est erronée. Sa mère, en effet, se nommait Marie-Geneviève Lecoq. Ses parents s'étaient mariés dans l'église paroissiale des Saints-Innocents, le 28 novembre 1744. Sa mère était morte jeune puisque son père, "veuf de Marie Geneviève Lecoq", se remarie – avec précisément Marie-Claude Lucas – le 10 mai 1751, paroisse Saint-Laurent, toujours à Paris. Le garçonnet a alors à peine 5 ans.
Un acte ultérieur précise que son père était chantre aux Saints-Innocents (voir ci-dessous au 16 janvier 1770).

• [Vers 1755], Meaux : Louis-Pierre PRESTAT est reçu enfant de chœur à la cathédrale de Meaux, soit à 45 km de chez son père.

• [Vers 1758], Meaux : Les enfants de chœur de la cathédrale Saint-Étienne de Meaux sont pris en mains par un nouveau maître de musique, Charles HÉRISSÉ, âgé d'à peine plus de vingt ans, qui arrive d'Orléans.

• Septembre 1764, Meaux : Devenu premier enfant de chœur de la cathédrale de Meaux, le jeune PRESTAT compose un motet. La partition manuscrite, intitulée "Omnes gentes", et sous-titrée "Motet a violons, fluttes, alto de viole, bassons, basse continue et Timballes", est aujourd'hui conservée à la BnF (cote VM1-1404), et accessible sur Gallica. Elle porte au début la précision "Mottet à 5 parties, grand chœur, et symphonie", et à la fin la précieuse indication suivante : "Prestat premier Enfant de chœur de la cathédrale de Meaux en Brie, ce 25 septembre 1764, à six heures et demie". Cette indication horaire suggère qu'il s'agit d'un travail "en loge", sous surveillance, voire en temps limité. Le texte chanté est le psaume 46 (Omnes gentes plaudite manibus).
• 1764 : Selon François Lesure, PRESTAT envoie un motet de sa composition au Concert Spirituel de Paris, mais il n'y fut pas exécuté. S'agit-il de cet Omnes Gentes ?

• [Vers 1767], Meaux : PRESTAT sort de la maîtrise de Saint-Étienne de Meaux où, selon son dossier ultérieur, il dit être resté pendant douze ans.
• [Vers 1767], Senlis : Louis-Pierre PRESTAT est reçu musicien, sans doute à la cathédrale. De Meaux à Senlis, il y a 40 km, soit environ huit heures de marche.

• [Vers 1771], Senlis : Après quatre années de service, il quitte son poste de musicien à la cathédrale Notre-Dame de Senlis.

• Entre temps, fin 1769, son père est mort à Paris : le 16 janvier 1770, Marie-Claude Lucas, veuve de Pierre PRESTAT, "chantre habitué en la paroisse des Saints-Innocents", affirme véritable l’inventaire fait à sa requête par Maître Dosfant le 28 novembre 1769 de la communauté de biens qui a existé entre elle et son défunt mari.

• [Début 1771], Évreux : Louis-Pierre PRESTAT est reçu musicien, sans doute à la cathédrale. De Senlis à Évreux, il a cette fois parcouru 120 km, mais sans doute davantage s'il est passé par Paris afin de visiter sa famille et de régler ses affaires avec sa belle-mère (Senlis -> Paris : 46 km + Paris -> Évreux : 100 km)

• [Printemps 1773], Évreux : Après deux années de service à la cathédrale Notre-Dame d'Évreux, PRESTAT quitte son poste et prend la route de Chartres, à 75 km au sud, soit une quinzaine d'heures de marche.
• [Pâques 1773], Chartres : Le sieur PRESTAT est reçu haute contre à la cathédrale Notre-Dame avec un canonicat de Saint-Nicolas. Les registres capitulaires sont perdus pour les années 1773 à 1776, nous privant de son acte de réception. Son dossier 1790-1791 mentionne huit années de service à Chartres. Sa date de sortie étant connue (avril 1781) pour obtenir huit ans de service chartrain, il faut qu'il ait été reçu vers Pâques 1773.
Il apparait pour la première fois dans les registres conservés fin août 1777, une dernière fois en avril 1781.

• Avril 1781, Chartres : PRESTAT demande un congé pour se rendre à Paris au chevet de sa belle-mère [sic] malade, puis envoie une lettre demandant à ce que lui soit transmis un certificat de vie et mœurs. On peut penser que d'une part il a trouvé un poste à Paris et que d'autre part il prévoit d'ores et déjà de rompre avec le célibat que la cathédrale de Chartres impose à ses musiciens.
• [Vers avril 1781], Paris : Louis-Pierre PRESTAT est reçu à Saint-Germain-l'Auxerrois.
• 10 juillet 1781 : La mère de la future épouse de Prestat, donnant depuis Châteaudun son consentement au mariage, évoque sa fille, "recherchée en mariage par sieur Louis Pierre Prestat, musicien de L’église royalle et paroissialle de Saint Germain L’auxerrois".
• 4 août 1781, Paris : Le musicien et sa future, Marie-Jeanne Chedé, ouvrière en linge âgée de 23 ans, fille d'un cordonnier décédé de Châteaudun, signent devant notaire leur contrat de mariage. Les apports sont soigneusement équilibrés de part et d'autre : chacun déclare apporter 1 000 livres en deniers comptants, habits, linge et effets à son usage, "le tout provenant de ses gains et épargnes", dont 400 seront versés dans la communauté. Le musicien demeure rue des Prêtres, paroisse Saint-Germain-l’Auxerrois. Il est accompagné d'un ami, Stanislas NOBLEAUX, musicien de Saint-Germain-l’Auxerrois.
La cérémonie religieuse a lieu deux jours plus tard en l'église paroissiale Saint-Jacques-du-Haut-Pas. Notons que dans certains documents plus tardifs, l'épouse est parfois prénommée Marie-Anne.

• Louis-Pierre PRESTAT reste sept ans comme musicien à Saint-Germain-l'Auxerrois, soit jusque vers le printemps de l'année 1788.

• 21 juin 1788, Orléans : Le même jour, le chapitre de la cathédrale Sainte-Croix donne son "congé absolu" à Charles-François BESNARD, musicien haute-contre originaire de Saint-Eustache de Paris qui avait été engagé un an et demi plus tôt, et recrute Louis-Pierre PRESTAT lui aussi musicien haute-contre et lui aussi natif de Saint-Eustache. Il aura des gages de 13 livres par semaine (soit 676 lt/an). Le maître de musique de la cathédrale orléanaise est alors Charles HERISSÉ, qui a été son maître à Meaux. Est-ce vraiment un hasard ? Ou est-ce lui qui a fait signe à son ancien élève ?
• 9 juillet 1788 : "Le chapitre s’est contenté des informations faites par Mr le chantre des vie et mœurs du nommé PRESTAT musicien haute Contre". Cette délibération elliptique semble indiquer que le musicien n'a pas fourni tout à fait tous les certificats réclamés. Sans doute le chapitre estime-t-il que sa voix et son talent – ainsi que l'appui de Charles HERISSÉ – méritent quelque souplesse.
• 30 juillet 1788 : Le chapitre avance 48 livres "au nommé PRESTAT musicien chantant la haute Contre", qu'il remboursera au rythme de 2 livres par semaine retenues sur ses gages "jusqu’à fin de payement".
• 11 octobre 1788 : Dix semaines plus tard, alors que le musicien, remboursant au rythme de 2 livres par semaine, doit encore logiquement 28 livres au chapitre, ce dernier accepte de lui avancer à nouveau une somme, cette fois de 72 livres. Le receveur retiendra dorénavant 3 livres par semaine sur ses gages : le musicien et sa famille devront donc vivre avec 10 livres / semaine seulement.
• 1er novembre 1788 : Dans l'église paroissiale Saint-Paul d'Orléans est baptisé Louis-Charles-Albin, né de la veille, du légitime mariage de Louis-Pierre PRESTAT et de Marie-Jeanne Chedé. Son parrain est "Me Étienne [sic, en réalité : Antoine] CONSCIENCE, ecclésiastique, chapelain de l’église cathédrale de Verdun", et en réalité avant tout choriste de la cathédrale d'Orléans. Sa marraine est une certaine Magdelaine-Catherine Roux (qui signe "Rou").

• 20 juin 1789, Orléans : Le chapitre doit à nouveau avancer à son choriste haute contre 48 livres, dont "le Receveur des deniers se fera rembourser en lui retenant la somme de trente sols par semaine", soit une livre et demie.
• 23 décembre 1789 : Le chapitre avance encore 36 livres "au nommé PRESTAT musicien haute-contre", qui remboursera au même rythme de 30 sols / semaine.

1790, Orléans : Louis-Pierre PRESTAT chante toujours la haute-contre à la cathédrale Sainte-Croix, où il déclare avoir effectué deux années et demie de service (ce qui se révèle exact si l'on compte jusqu'à la date de dissolution du chapitre, fin novembre).
• 13 mars 1790 : Le "nommé PRESTAT musicien haute contre" semble décidément vivre largement à crédit. Le chapitre doit à nouveau lui avancer 30 livres, alors qu'il n'a pas fini de rembourser l'avance précédente. Il lui sera désormais enlevé 40 sols par semaine "pour toute retenue".
• Vers le 15 mai 1790, les musiciens de la cathédrale Sainte-Croix et de la collégiale Saint-Aignan d'Orléans signent tous ensemble une "requête" adressée  à "Nosseigneurs les Députés de l'Assemblée Nationale" pour plaider non seulement leur cause, mais plus largement celle des maîtrises. Ils estiment que ce qui est envisagé (leur suppression pure et simple) mettrait en péril l'avenir de la musique en France car "les maîtrises tant des cathédrales que des collégiales sont pour ainsi dire les seules qui aient fourni les célèbres musiciens qui ont paru jusqu'à présent, soit dans la musique de nos rois, soit sur les théâtres et autres spectacles."
Pour la cathédrale Sainte-Croix signent Charles HÉRISSÉ, le maître de musique, CARRÉ, l'organiste puis les musiciens dans l'ordre suivant : CONSCIENCE, COMPÈRE, CHAILLOU, SILVESTRE, PRESTAT, LEFÈVRE, BOSSUGÉ, FOUCART, HILDEN, BEREUTHEN, QUÉNEL, ADAM et SIONEST. On remarque l'absence de deux des basse-contre, ÉVIN et FAUQUET.
• 16 août 1790 : Louis-Pierre PRESTAT assiste à l'inhumation de son fils Louis-Albin, décédé la veille sur la paroisse Saint-Maclou, à l'âge d’environ deux ans.

• Mai 1791, Orléans : Après la suppression et la dispersion du chapitre en novembre 1790, la musique de la cathédrale constitutionnelle est réorganisée et dotée d'un règlement qui, en particulier, règle minutieusement les tarifs de "la pointe" en fonction des types de fêtes ou d'offices. Sont également prévus "les tours pour les enterrements" assurés de semaine en semaine par des binômes fixes, comme cela se faisait dans le système antérieur des "semainiers".
"Dans une assemblée tenue chez M. l'abbé HÉRISSÉ", le règlement est amendé puis adopté et signé par 11 musiciens : QUÉNELLEPRESTAT, CHAILLOU, HILDEN, CONSCIENCEADAM, MAUGARS, BOSSUGÉ, COMPÈRE, LEFEBVRE, SILVESTRE. Cet ordre correspond-il à une hiérarchie ou est-il dû au hasard ?
• Juin 1791 : Louis-Pierre PRESTAT figure dans le tableau des effectifs orléanais envoyé au Comité ecclésiastique créé par la Constituante. Il y est dit marié et chargé de famille. Il totalisait 35 années et demie de service, et ses divers postes sont énumérés, avec la durée effectuée dans chacun d'eux. Il avait 776 livres de revenus.
Le directoire du district d'Orléans, estimant qu'il "touche à l'âge où la voix peut d'un moment à l'autre se perdre et le priver de toutes ressources pour subsister", propose de lui accorder une pension de 500 livres, proposition validée par le directoire du département du Loiret, avec un acompte de 125 livres.

• 3 octobre 1792, Orléans : Louis-Pierre PRESTAT, Claude François LEFÈVRE, François ÉVIN, musiciens de la paroisse épiscopale d'Orléans, y demeurant, ont prêté serment "d'être fidèle à la nation, de maintenir la liberté et légalité, ou de mourir en les défendant". Les autres musiciens de la paroisse épiscopale, Charles François HILDEN, Antoine CONSCIENCE, François CHAILLOU, Jean Claude COMPÈRE, Jacques MAUGARS, avaient prêté le même serment la veille, le 2 octobre. Jean-Baptiste Christophe BOSSUGÉ, lui aussi "musicien de la paroisse épiscopale d'Orléans", malade, le prête par procuration le lendemain, 4 octobre. Quant à Nicolas CARRÉ, organiste de la paroisse épiscopale, il vient prêter son serment le 6 octobre.
Louis-Pierre PRESTAT a donc continué à chanter au service de la cathédrale constitutionnelle, sans doute jusqu'à la suspension du culte.

• 25 vendémiaire an IV (17 octobre 1795), Orléans : Qualifié de "musicien" sans plus de précision, Louis-Pierre PRESTAT demeure rue des Gourdes n°8 (une rue aujourd'hui disparue, située approximativement face à l'actuelle gare ferroviaire). Il vient à l'Hôtel de Ville pour effectuer une double déclaration de naissance. Son épouse, Marie-Anne [sic] Chedé, a en effet accouché de jumeaux, une fille, Marie-Louise-Joséphine (voir ci-dessous en 1823) et un garçon, Joseph-Marie. Il est accompagné du "directeur de spectacle" Joseph BURDIN, d'un "artiste" Joseph BROCHIER, de  Louise Grasset femme d'un autre "artiste", Jean-Baptiste VAZELLE, et enfin de la femme d'un négociant. Ce réseau relationnel laisse supposer que, comme Claude COMPÈRE, PRESTAT avait trouvé à employer ses talents musicaux à la scène, au moins par intermittence. Sans doute complète-t-il ses revenus en enseignant la musique, et particulièrement la musique vocale.

• An VI à an VIII (1798 à 1800), Rouen : Louis-Pierre PRESTAT figure dans un petit cahier des mandats délivrés aux pensionnés ecclésiastiques du département de Seine-Inférieure durant le dernier trimestre de l’an VI [mars-septembre 1798], puis dans un état annexe, complémentaire, daté du 15 ventôse an VIII [6 mars 1800]. Il est dit “musicien du [ci-devant] chapitre d’Orléans” , né le 20 août 1746, demeurant désormais à Rouen où il touche sa pension de 200 livres / an,

• 28 septembre 1807, Cherbourg [Manche] : Son logeur, un jardinier de 50 ans, vient déclarer le décès chez lui, 18 rue du Houilier, le jour même à onze heures du matin, de Louis-Pierre PRESTAT, professeur de musique, pensionnaire du gouvernement, âgé de 61 ans. L'officier d'état-civil ajoute : "on n’a point eu de renseignement sur le lieu de sa naissance, les noms et prénoms de son épouse, ni de ses père et mère, ni sur le lieu de leur domicile". Nous en savons aujourd'hui beaucoup plus long que lui !

• 12 mars 1823, Brest [Finistère] : Sa fille Marie-Louise-Joséphine PRESTAT (née en 1795 à Orléans) est devenue artiste dramatique. Elle exerce alors au théâtre de Brest. Elle se marie avec le chef d'orchestre de ce théâtre, Victor-Henri SÉMÉLADIS, avec lequel elle avait eu précédemment un enfant, né à Brest le 9 octobre 1821. Marie-Anne Chédé, la veuve de Louis-Pierre PRESTAT, vit alors à Nancy d'où elle a envoyé son consentement.

Mise à jour : 21 décembre 2021

Sources
Almanach musical de 1783 ; F-AM Brest/ M Brest 1823 ; F-Ad28/ G 331 ; F-Ad28/ G 332 ; F-Ad28/ G 333 ; F-Ad45/ 51 J 5 ; F-Ad45/ BMS Orléans ; F-Ad45/ NMD Orléans ; F-Ad50/ D Cherbourg 1807 ; F-Ad76/ L 1316 ; F-AmOrléans/ 2 J 16 ; F-An/ DXIX/090/755/01 ; F-An/ DXIX/090/755/15 ; F-An/ F19/1128 ; F-An/ MC/ET/XXIV/920 ; F-BnF/ VM1-1404, Gallica ; F-Filae/ Fonds Andriveau ; F. Lesure, Dictionnaire musical..., 1999. ; Tablettes de renommée des musiciens

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