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MORZEL, René François, dit LA FONTAINE (1750-1796)

MORZEL, René François, dit LA FONTAINE (1750-1796)

État civil
NOM : MORZEL     Prénom(s) : René François     Sexe : M
Complément de nom : dit LA FONTAINE
Autre(s) forme(s) du nom : MORSEL
DELAFONTAINE
MORZELLE
MORSEL
Date(s) : 1750-12-19   / 1796-1-6 
Notes biographiques

Un chantre en apparence ordinaire d'une collégiale du Bas-Maine, mais au destin professionel brisé par ce que ses contemporains appelaient "folie"... et qui est finalement tué dans un affrontement avec les "Chouans".

• 19 décembre 1750, Laval : René François MORZEL naît et le même jour est baptisé en l'église paroissiale de la Trinité. Il est donc à un mois près l'exact contemporain de l'organiste Jean Charles DUCLOS.
Ses parents, René Morzel, maître menuisier fils d'un tailleur de pierres, et Renée Deslandes, fille d'un maître serrurier, s'étaient mariés dans la même église le 18 juillet 1744. Les documents de 1790-1791 le disant "âgé de 45 ans environ", son baptême a d'abord été cherché vers 1745-1746, ce qui semblait d'ailleurs logique eu égard à la date de mariage de ses parents. Les tables (très bien faites) des baptêmes de la Trinité ne laissent aucun doute : il était plus jeune de 5 ans que l'impression qu'il faisait alors à son entourage qui a effectué pour lui des démarches de demande de secours.

• On ignore tout de sa jeunesse et de sa formation. Néanmoins, sa double caractéristique de psalteur et de clerc tonsuré laisse supposer qu'il a pu être formé dans une maîtrise d'enfants de choeur, sans doute à Laval même, et vraisemblablement celle de Saint-Tugal, dans les années 1758 à 1768-1770.

• Mai 1783, Laval : René [François] MORZEL apparaît comme clerc tonsuré et psalteur de la collégiale Saint-Tugal dans divers actes BMS, en particulier lors des sépultures de Saint-Tugal.
• 26 août 1783, Laval : René MORZEL, clerc tonsuré, et François CLÉMENT, officier de Saint-Tugal, sont tous deux témoins et signent au mariage de Mathurin LE PRÊTRE, psalteur de la même collégiale, célébré en l'église Saint-Tugal.

• Jusqu’en 1788, René MORZEL signe fréquemment les actes de sépulture de Saint-Tugal.
• En 1789, inversement, on ne le voit plus du tout dans le registre paroissial : c’est probablement alors seulement qu’il est considéré comme "fou" ?
À la Noël 1789, il est remplacé au choeur de Saint-Tugal par Mathurin GRIVEAU, alors reçu psalteur. À moins qu'il ne l'ait été dès septembre 1788 par  Julien Grégoire TURMEAU ?

1790, Laval : René MORZEL est toujours entretenu par le chapitre de la collégiale Saint-Tugal.
• 14 juin 1791, Laval : Le directoire du district rédige un courrier pour rappeler "la nécessité de tirer de la société le Sieur abbé Morzel réduit à l'état de mendiant, dont les accès de folie peuvent devenir dangereux, et le placer dans une maison de secours".
Le lendemain, le directoire du département de la Mayenne relaie cet avis à destination du Comité Ecclésiastique : seule "l'aliénation de son esprit" l'a empêché de continuer son service, mais il a "toujours reçu du ci-devant chapitre des secours suffisants pour subsister", et on doit donc le considérer comme étant toujours resté "attaché à l'église de Saint-Thugal". René MORZEL est dit clerc tonsuré, "âgé de 45 ans" [en fait : 40 ans et demi] résidant à Laval.
En conséquence le département propose de lui accorder une pension de 200 livres et demande à ce qu'il soit mis dans une maison de sûreté "à cause de sa folie", car il est "absolument incapable de se procurer sa subsistance d'aucune manière".

• Ce souhait du département ne semble pas avoir été entendu. En tout cas, cinq ans plus tard, René MORZEL n'était nullement enfermé. Sa vie se termine cependant tragiquement.
• Le 16 nivôse de l'an IV [6 janvier 1796], René MORZEL dit LA FONTAINE est tué dans un combat contre les chouans entre Saint-Georges-le-Fléchard et Bourg-le-Prêtre (aujourd'hui La Chapelle-Rainsouin). Cette zone, située à une vingtaine de km à l'est de Laval, était tenue par  le chef chouan Michel Jacquet (ou Jaquet), dit Taillefer, né à Bourg-le-Prêtre et maréchal-ferrant à Chémeré-le-Roi, d'où son surnom. Ce Taillefer est cité dans Quatrevingt-Treize de Hugo. Deux mois après Morzel, Taillefer sera tué à son tour dans les bois de Bourg-le-Prêtre, le 8 mars 1796, lors d'une autre bataille contre les troupes du général Œhlert, dans la neige...
• Le 30 messidor an IV (18 juillet 1796), à Laval, est dressé l'acte de décès de "René MORZEL dit La FONTAINE ci-devant clerc tonsuré", suivant l’attestation du citoyen Œhlert et de deux volontaires de sa compagnie. Sont aussi présents trois cousin et cousines du défunt, du côté maternel (Deslandes).
Johann Daniel Œhlert, le premier témoin de l'acte de décès, est un militaire allemand qui s'illustra particulièrement dans la lutte contre la Chouannerie en Mayenne. Le malheureux MORZEL s'était donc engagé sous ses ordres aux côtés des Bleus.

Dernière mise à jour : 24 janvier 2016

Sources
F-Ad53/ BMS La Trinité ; F-Ad53/ BMS St-Tugal ; F-Ad53/ D Laval an IV ; F-An/ DXIX/091/787/02

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