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LAURIER, Étienne Bonaventure, dit Fresseix (1754-1839)

LAURIER, Étienne Bonaventure, dit Fresseix (1754-1839)

État civil
NOM : LAURIER     Prénom(s) : Étienne Bonaventure     Sexe : M
Complément de nom : dit Fresseix
Autre(s) forme(s) du nom : LAURIÈRE
DELAURIER
DELAURIÈRE
FRAISSEIX
Date(s) : 1754-7-14   / 1839-8-22 
Notes biographiques

Étienne-Bonaventure LAURIER, surnommé FREISSEIX, est un chanteur haute-contre, un serpentiste et un compositeur, auquel Bernard Dompnier a consacré une étude spécifique en 2008, mettant en lumière ce musicien haut en couleurs au parcours assez typique d'un musicien d'Église à l'époque. Originaire du Limousin, il y débuta sa carrière avant de venir à la cathédrale de Saintes où il exerce en 1790 et où il finit ses jours alors toujours en poste.

• 14 juillet 1754, Limoges : Étienne-Bonaventure LAURIER naît sur la paroisse Saint-Pierre-du-Queyrois. Troisième d'une fratrie de treize enfants, il est le fils de Martial Laurier, qui était dit "domestique de Madame Pigné" lors de son mariage, et d'Anne Gondeau, fille d'un maître tailleur, mariés le 8 février 1751 en l'église de la même paroisse. Dans cette famille, le rythme des naissances est particulièrement rapide et les intervalles intergénésiques très courts. Un nombre important de ces enfants ne demeurent en vie que quelques mois ou années. Alors que dans ce registre paroissial l'indication des métiers des pères des baptisés est fréquente, le métier de Martial Laurier, surnommé Fraisseix, n'est pratiquement jamais mentionné (une seule fois, en 1756, il est dit "marchand"). Bernard Dompnier déduit de ce silence qu'il exerçait une activité socialement peu considérée, jamais très éloignée du milieu de la domesticité où il se situait lors de son mariage. Les parrains et marraines mobilisés pour ces nombreux baptêmes appartiennent soit à des franges peu alphabétisées de la ville, soit au contraire au monde étroit des scripteurs habiles aux élégants paraphes, peut-être des employeurs du père du futur musicien. 

• Vers 1763, probablement à Limoges : Étienne-Bonaventure devient enfant de chœur. Selon son dossier de carrière, Étienne-Bonaventure LAURIER a été formé à la musique d'Église comme enfant de chœur durant sept ans (sans doute de 1762-1763 environ jusque vers 1770) au sein d'une maîtrise qu'il ne nomme pas. Il s'agit vraisemblablement de celle de la cathédrale de Limoges mais cela reste encore à prouver aujourd'hui (il pourrait aussi s'agir de la maîtrise de la collégiale Saint-Martial, alors dirigée par Martial LOUDEIX ou LONDEIX).

• De 1770 environ jusque vers 1776, Eymoutiers [Haute-Vienne] : Toujours selon son dossier de carrière et l'étude de Bernard Dompnier, Étienne-Bonaventure LAURIER exerce ensuite durant six ans comme musicien et serpent à la collégiale Saint-Étienne d'Eymoutiers, à 43 km à l'est de sa ville natale.

• 17 juin 1774, Eymoutiers : À la sépulture de Philippe-André VINCENT, clerc tonsuré et organiste de la collégiale, est témoin et signataire "Étienne Bonaventure Laurier Freisseix, musicien et serpent dudit chapitre". Une observation attentive de l'original de l'acte indique que le patronyme "Laurier" a été ajouté après coup, dans un espace initialement laissé en blanc, alors que "Fresseix" avait été écrit au fil de la plume par le curé rédacteur de l'acte. Cela indique que le musicien est plus connu sous son surnom – hérité de son père – que sous son nom.

• [1776], Eymoutiers : Étienne-Bonaventure LAURIER quitte Eymoutiers pour Limoges. Peut-être est-ce, dès cette date, Jacques SAUTEREAU qui le remplace comme musicien et serpent à la collégiale Saint-Étienne, à moins que ce ne soit provisoirement le serpent Charles HOURY, qui ne fit que passer, à une date non précisée, à Eymoutiers où il ne reste guère, "l'air lui étant contraire". Au même moment, Léonard ROI de LAGRANGE arrive comme maître de musique .

• Le 5 février 1777, Limoges : Étienne-Bonaventure LAURIER épouse Marguerite-Madeleine Debet en l'église paroissiale Saint-Pierre-du-Queyrois, tandis qu'il est donné comme résidant dans la paroisse voisine de Saint-Michel-des-Lions. La mariée, qui a environ dix ans de plus que le musicien, est une villageoise limousine installée depuis six ans dans la ville, peut-être comme domestique. Aucun des témoins de la noce ne lui est lié. Trois appartiennent à la parenté maternelle du musicien (un oncle et deux cousins Gondeau). Le quatrième témoin apporte l'assurance de l'insertion du jeune marié dans la sociabilité de son milieu professionnel : Michel LOUDEIX est l'organiste de la paroisse de résidence de Laurier et très probable fils du maître de musique de la collégiale Saint-Martial. On ignore le lieu d'exercice précis de LAURIER à cette date. Il pourrait éventuellement exercer à la collégiale Saint-Martial. On sait que les familles Loudeix et Laurier étaient liées puisque Antoine-Étienne Laurier Fraisse a été deux fois sollicité par les parents Loudeix pour être parrain de deux de leurs 17 enfants. Prêtre, vicaire de la collégiale, c'est lui qui célèbre le mariage.

• De mars 1780 environ jusqu'en mars 1784, Limoges : Étienne-Bonaventure LAURIER exerce à la cathédrale Saint-Étienne. Il est mentionné comme "musicien" mais aussi comme "serpent" lors de sa dernière année d'exercice.

• Avril 1784, Saintes : Étienne-Bonaventure LAURIER est engagé pour chanter la haute-contre par le chapitre de la cathédrale Saint-Pierre, pour un salaire annuel de 706 livres. Ce chapitre, qui avait des difficultés pour recruter semble t-il un bon chanteur haute-contre, avait chargé son maître de musique Jean-Claude JOSSE de trouver un candidat susceptible de correspondre à ses attentes au printemps 1783. En septembre 1783, Bon François Hyacinthe SIMON est engagé un mois à l'essai après avoir été entendu mais il quitte rapidement la cathédrale. Étienne-Bonaventure LAURIER lui succède alors.

 En 1790, Étienne-Bonaventure LAURIER est toujours en poste comme haute-contre à la cathédrale Saint-Pierre. Selon son dossier de carrière il est âgé de 35 ans et a 27 ans de service. 
Le 24 mai, lui et ses collègues musiciens, Jean-Claude JOSSE (maître de musique), MERYGEOFFROY, GIRARD, SAVIGNYFAUCHAY, ainsi que les enfants de chœur, adressent une pétition collective au Comité ecclésiastique afin d'obtenir des secours.
Le district de Saintes fixe son traitement pour l'année à 400 livres puisqu'"Indépendemment du temps de service assez considérable dudit Laurier nous avons cru devoir prendre en considération le civisme bien marqué de ce musicien qui dans les 1ers jours de la Révolution s'est empressé de ce joindre aux jeunes citoyens qui ont formé la musique de la garde nationale de Saintes." 
Début décembre, le district accorde le paiement des appointements de novembre aux membres du bas-chœur dont à Étienne-Bonaventure LAURIER, mentionné comme "haute-contre". Il touche la somme de "50 livres".

• En 1791, Le district de Saintes fixe son traitement à 700 livres pour l'année.
Le 23 février, Étienne-Bonaventure LAURIER demande une avance sur son traitement et reçoit alors "la somme de 100 livres a valoir sur son traitement accordé par l'Assemblée nationale" par le district de Saintes.
Le 23 août, à la suite de la réorganisation du culte au sein de la cathédrale et "Considérant que puisque l'administration a attribué une musique à l'église cathédrale de Saintes, elle a jugé le service des musiciens nécessaire au culte, qu'ainsi le sieur Laurier a utilement servi l'église en assistant aux office divin depuis l'installation de Monseigneur l'évêque [...]", le district accorde alors à Étienne-Bonaventure LAURIER "la somme de 116 livres 13 sols 4 deniers pour son traitement pendant les mois de may et juin et celle de 175 livres pour le mois de Juillet".

• Le 8 décembre 1792, Étienne-Bonaventure LAURIER, ou plutôt le "citoyen LAURIER" est devenu "professeur de musique" mais il exerce toujours à la cathédrale Saint-Pierre. Il "expose que craignant la suppression de sa place d'employé à la cathédrale il désirerait être employé à l'administration ou dans la nouvelle organisation sur l'éducation publique"
Fin décembre 1792 ou début janvier 1793, Il demande "18 livres 17 sols pour complément de son traitement du second trimestre de 1791".

• Janvier-Février 1793, Étienne-Bonaventure LAURIER, "ex-musicien de Saint-Pierre" demande après la perte de son emploi à la cathédrale une pension à laquelle il a droit en vertu de la loi du 1er juillet 1792.
Le 17 janvier, Le district émet un avis et le 25 janvier lui accorde "une pension annuelle de 133 livres 89 sols", puisque "considérant que le pétitionnaire n'a que 39 ans et 23 ans de service suivant qu'il résulte de sa déclaration, attendu que les sept ans qu'il a passé comme enfant de chœur ne comptent pas".
Cependant, le 18 février, le district décide que LAURIER recevra seulement une gratification et non une pension, de 959 livres dont est déduite la somme de 100 livres, qu'il a sans doute déjà touchée.

• • •

• En 1803, après le rétablissement du culte catholique, Étienne-Bonaventure LAURIER retrouve sa place à l'église Saint-Pierre de Saintes, qui a perdu son statut de cathédrale, en tant que chantre et serpent.

• Laurier traverse alors des épreuves dans sa vie privée. Sa femme, Marguerite-Madeleine Debet, meurt le 12 mars 1816, à l'âge de 72 ans. Il se remarie très vite, dès le 1er juin suivant, avec Jeanne-Catherine Moret, âgée de 43 ans et originaire de Bergues, dans le Nord. Parmi les témoins figure un confrère de Laurier, Jean BOURIGNON, lui aussi "professeur de musique".

• Jeanne-Catherine Moret meurt le 23 mars 1831.

• 24 juin 1839, Saintes : Il accompagne Justin LASSALLE à la mairie pour déclarer la naissance d'une petite fille que son épouse vient de mettre au monde. Il est toujours professeur de musique et il signe l'acte d'une écriture lisible et assurée malgré son âge avancé. 
• Le 22 août 1839, Étienne-Bonaventure LAURIER décède à l'âge de 85 ans.
Ayant exercé presque jusqu'à la fin de sa vie à l'église Saint-Pierre de Saintes, anciennement cathédrale, il est décrit ainsi par un témoin : "… je vois encore ce tout petit homme, sa grosse taille, son visage joufflu et rubicond, ses yeux saillants et rouges ; je le vois, la tête affublée d'une calotte, son serpent sous le bras, faisant son entrée dans le chœur de Saint-Pierre, ou bien encore, de son air le plus grave, laissant le lutrin pour aller "donner l'antienne" au célébrant ; j'entends les fioritures qu'il s'efforçait de faire sur son instrument pour rompre la monotonie du plain-chant" (Paul Drilhon, "Notes sur St-Pierre de Saintes…", 1899-1900).

• • • Bibliographie :
         • Bernard Dompnier, « Étienne-Bonaventure Laurier, haute-contre, serpentiste et compositeur. Itinéraire d'un musicien d'Église », Revue de Musicologie, tome 94, n°2, 2008, p. 387-401.
          • Jean Duron, « Les Mélanges de Laurier », Revue de Musicologie, tome 94, n°2, 2008, p. 403-421

Mise à jour : 7 mai 2018

Sources
B. Dompnier, "Étienne-Bonaventure Laurier…", 2008 ; B. Dompnier, ”Étienne-Bonaventure Laurier, haute-contre...", 2008 ; F-Ad17 / L 424 ; F-Ad17 / L 425 ; F-Ad17 / NMD Saintes ; F-Ad17/ G 251 ; F-Ad17/ L 309 ; F-Ad17/ L 320 ; F-Ad17/ L 423 ; F-Ad17/ NMD Saintes ; F-Ad87/ BMS Limoges ; F-Ad87/ BMS St-Pierre-du-Queyrois ; F-An/ DXIX/091/778/03 ; P. Drilhon, "Notes sur St-Pierre de Saintes…", 1899-1900

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