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FAUQUET, Sébastien (1762-1799 ap.)
État civil
NOM : FAUQUET     Prénom(s) : Sébastien     Sexe : M
Date(s) : 1762-1-20  / 1799-11 ap.
Notes biographiques

En 1798, un procès verbal rédigé dans des territoires aujourd'hui 'allemands' décrit « un Français âgé de 38 ans, taille de 5 pieds 2 pouces, cheveux et sourcils noirs, visage rond, front élevé, yeux bruns, nez et bouche moyens menton rond, [...] il s'est trouvé que le dit individu est sans passeport ». Cette absence de passeport permet d'ouvrir le dossier administratif d'un chantre atteint régulièrement de crises de démence : Sébastien FAUQUET. En 1790, il chantait la basse contre à la cathédrale d'Orléans.

• 20 janvier 1762, Saint-Éman (diocèse de Chartres) : Sébastien-Joseph FAUQUET, fils de Joseph Fauquet et de Marie-Louise Gadeau, est baptisé dans cette localité située près d'Illiers-Combray, aujourd'hui en Eure-et-Loir. La marraine déclare ne pas savoir signer, ce qui n’a rien d’extraordinaire dans un village en 1762.
Lors de son interrogatoire en l’an VI, il prétend son père marchand voiturier. Mais au même moment, le commissaire d’Orléans insiste sur le fait que son père est "un pauvre journalier".

• 14 septembre 1783, Villars [Eure-et-Loir] : Sébastien FAUQUET, "journalier à Guignonville" (un lieu-dit de Saint-Éman), 22 ans environ, est engagé comme maître d'école et chantre de la paroisse de Villars, village beauceron situé à une trentaine de km à l'est de Saint-Éman, et à 25 km au sud de Chartres. Le contrat stipule qu'il devra "assister et chanter les messes de fondations de cette paroisse, ainsi que toutes les autres grand'messes qu'il est d'usage de chanter dans cette paroisse". Il "s'oblige d'instruire de ses écoliers pour répondre la messe, et, dans le cas où il n'en auroit pas d'en état, de la répondre lui-même". Ces diverses préconisations montrent combien le chant d'église est primordial dans ce que l'on appellerait aujourd'hui son 'profil de poste'. Toutefois, il est précisé qu'il n'aura pas à répondre à la messe pendant le temps de la moisson : il poursuit donc son activité de journalier d'une manière saisonnière.

• [À une date qui reste inconnue], Orléans : Sébastien FAUQUET a probablement exercé quelque temps à la collégiale Saint-Aignan [voir ci-après].

• 10 juin 1786, Orléans : Sébastien FAUQUET, "âgé de 25 ans, natif de St-Amand, diocèse de Chartres" est reçu comme "musicien chantant la basse contre" à la cathédrale Sainte-Croix, aux gages de 14 livres par semaines (soit 728 livres par an), succédant vraisemblablement à Jean François SOUPLY, lui aussi basse contre, auquel le chapitre de Sainte-Croix délivre un certificat de vie et mœurs la semaine suivante. Le maître de musique de la cathédrale est alors Charles HÉRISSÉ.

• 4 avril 1787, Orléans : Le chapitre cathédral accepte d'avancer 72 livres à FAUQUET musicien Basse Contre, qu'il remboursera par une retenue de quarante sols par semaine  sur ses gages "jusqu’à fin de payement".
• Le 3 novembre 1787 : Le chapitre de la cathédrale d'Orléans lui accorde un congé de trois jours "pour rétablir sa santé".

• 30 janvier 1788 : Le chapitre cathédral d'Orléans paie 110 livres "pour consultation" (d'hommes de loi ?) au sujet du "cuilibet" (part de la rémunération complémentaire au fixe) de FAUQUET. La somme payée est importante. De quel type de problème peut-il s'agir ? D'après ce que l'on apprend ensuite, on peut soupçonner un absentéisme lié à son instabilité psychique qui mettait en cause son droit à ce "cuilibet".

1790, Orléans : Sébastien FAUQUET chante toujours la basse contre à la cathédrale Sainte-Croix, toujours sous la conduite de Charles HÉRISSÉ. Il figure à ce titre dans divers documents et est reconnu comme tel par l'administration (voir ci-après en juin 1791). Un émouvant petit mot écrit de la main de Fauquet nous explique quel était son statut en 1790 : "J’ai été Chantre Basse Contre dans l’église de Sainte Croix à la Cathédrale d’Orléans grande Ville, aux appointements de 800 livres payé en argent par chaque Année — la Somme de quatorze livres d’Argent par semaine payé touts les Samedys après la grande Messe du Chœur de la Cathédrale Chantée, par Monsieur le Receveur des Messieurs du Chapitre les Channoines de la Cathédrale DOrléans — Sébastien fauquet".
Toutefois son assiduité était sans doute déjà en pointillés : le commissaire exécutif d'Orléans expliquera en 1798 que "Sébastien Fauquet était connu dans les deux chapitres de Ste Croix et St-Aimans [sic, entendre probablement le mot paroisse pour St-Éman au lieu du mot chapitre] pour être sujet à des excès de folie, souvent dans la belle saison, il allait courir la campagne, et il revenoit à son poste lorsque son excès étoit passé". C'est probablement ce qui explique qu'il ne figure pas parmi les signataires de la pétition collective des quinze autres musiciens de la cathédrale et de ceux de la collégiale Saint-Aignan en mai 1790. D’après ce témoignage orléanais, sa folie n’est donc pas liée à l’effondrement de son monde professionnel, comme on aurait pu l’imaginer.
• 10 novembre 1790 : Sébastien FAUQUET assiste à l'inhumation au cimetière St-Vincent de sa mère, Marie-Louise Gado, femme de Joseph Fauquet, décédée la veille sur la paroisse Notre-Dame-de-Recouvrance, à l'âge de 63 ans. Il signe "G. Sébastien fauquet" d'une petite écriture régulière, légèrement penchée vers la droite. L'autre témoin signataire est le sonneur de la paroisse, Étienne Faucheux.

• Juin 1791, Orléans : Sébastien FAUQUET fait une demande de pension au Comité ecclésiastique. Il déclare recevoir chaque année 828 livres de revenus et bénéficier d'un contrat à vie. Le directoire du district d'Orléans propose une pension de 400 livres. Le directoire du département du Loiret lui accorde finalement 1.000 livres de gratification, avec un acompte de 200 livres.

• 4 juillet - 15 octobre 1792, Châteaudun : Sébastien FAUQUET séjourne à l'hôpital de la ville, blessé de deux coups de feu, après avoir été capturé errant dans les bois revêtu d'un surplis. "Suivant le rapport des gouvernantes de cet hospice, il avait l'esprit aliéné n'ayant aucune suite dans son raisonnement mais cet individu n'était point méchant".

• 29 janvier 1793, Orléans : Sébastien FAUQUET, musicien de la paroisse épiscopale, demeurant rue Tourneuse, section de l'université, a prêté serment "d'être fidèle à la nation, de maintenir la liberté et légalité, ou de mourir en les défendant".
Il reste en poste jusqu'à la fermeture des églises, lors de la suppression du culte, fin 1793/début 1794.

• [Vers 1796], Orléans : Son père qui habitait depuis plusieurs années à Orléans part résider à Brou (Eure-et-Loir).

• Fin 1795-1796 : Sébastien FAUQUET quitte Orléans et entame un périple durant lequel il est régulièrement arrêté faute de passeport. On le retrouve ainsi dans la Nièvre ou encore en Charente. Son père, trop pauvre, se garde bien de le réclamer, "craignant que son fils ne tomba a sa charge". Ce sont là les premiers signes qui nous sont signalés de sa démence, mais sa "folie" n'est pas récente (voir ci-dessus en 1790).

• 29 juin 1798, Spire [sous-préfecture du département du Mont-Tonnerre] : Sébastien FAUQUET, arrêté sans passeport, est soupçonné d'émigration. Il prétend être parti d'Orléans six mois plus tôt (ou un an selon les interrogatoires) à la recherche de travail, être passé par les Pays-Bas, la Hollande, l'Allemagne "dont il ne se ressouvient du nom d'aucune ville" pour y vendre mouchoirs et tabatières. Il déclare vouloir rentrer à Orléans reprendre ses anciennes fonctions de maître d'école, ou bien, à d'autres moments, il dit être dans "l’intention d’aller reprendre les fonctions de chantre à Orléans". Interrogé, le commissaire de police générale d'Eure-et-Loir soupçonne d'abord un dangereux individu. Mais vue la démence certifiée par tous les autres témoins, la municipalité de Spire le renvoie à Mayence, la préfecture, puis en septembre il est transféré de la prison vers l'hospice St-Roch.

• Novembre 1799, Mayence : Sébastien FAUQUET ne pouvant être jugé pour émigration est renvoyé à Chartres.

Que devint-il alors ?

Mise à jour : 24 juillet 2019

Sources
F-Ad28/ 3 E 336/2 ; F-Ad28/ L 36/B7 ; F-Ad45/ 51 J 5 ; F-Ad45/ BMS Notre-Dame-de-la-Conception, Orléans  ; F-Am Orléans/ 2 J 16 ; F-An/ DXIX/090/755/01 ; L. Merlet, De l'instruction primaire en Eure-et-Loir avant 1790..., 1876

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