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RIVIÈRE, Jacques Joseph (1755-1792 ap.)
État civil
NOM : RIVIÈRE     Prénom(s) : Jacques Joseph     Sexe : M
Date(s) : 1755-2-20   / 1792 ap.
Notes biographiques

Originaire de Nantes, Jacques Joseph RIVIÈRE semble y avoir été formé au sein d'une psallette. Le début de son parcours est incertain. Si sa première expérience professionnelle connue est à la cathédrale d'Angers en 1779 où il est reçu maire-chapelain, il n'y reste que quelques mois avant de revenir en pays nantais. De la même façon, il semble rejoindre la cathédrale Saint-Pierre, démissionner avant d'être repris comme sous-diacre. Les documents le concernant ne sont pas exhaustifs mais semblent indiquer un caractère hésitant. A-t-il refusé de prêter serment par conviction ou par obéissance à l'évêque La Laurencie ? La sanction tombe tel un couperet : déportation vers l'Espagne.

• 20 février 1755, Nantes [Loire-Atlantique] : Jacques Joseph RIVIÈRE est né et tenu sur les fonts le même jour. Il est le fils de Jacques, dont la profession reste inconnue, et de Catherine Mercier. La famille est honorée que Messire Jacques Joseph Gouin, prêtre docteur en théologie, vicaire de la paroisse Sainte-Croix et oncle de l'enfant, ait accepté d'en être le parrain. La marraine, Demoiselle Marguerite Rivière est une tante qui signe l'acte.

• 1765-1771, Nantes : Jacques Joseph RIVIÈRE perd ses parents alors qu'il est encore jeune. Marguerite Rivière meurt le 28 septembre 1765, et son mari le 12 juin 1771. Joseph Gouin prêtre et parrain a-t-il pris en charge l'éducation de l'enfant ? Est-ce lui qui l'a guidé vers une psallette ?

• 24 décembre 1779, Angers [Maine-et-Loire] : Les premières informations sur le parcours de Me Jacques Joseph RIVIÈRE sont angevines. Le chapitre précise qu'il est du diocèse de Nantes lorsqu'il le reçoit sous-chantre à la cathédrale Saint-Maurice. Ses gages sont de 60lt par mois auxquels s'ajoutent les gagnages ou distributions de chœur, "à la charge pour lui d’assister et chanter à tous les offices de cette église, tant au dedans qu’au dehors, même aux petites heures"... L'expérience sera brève car peu de temps après il s'en retourne en son pays nantais.

• [1780], Nantes : Mellinet, érudit nantais du XIXe siècle, avance que Jacques Joseph RIVIÈRE a été  reçu maire-chapelain en 1779, ce qui n'est pas cohérent avec les registres capitulaires d'Angers. Sa réception initiale est plutôt estimée à 1780.
• 31 octobre 1780: La situation de J.J. RIVIÈRE est confuse car s'il est reçu à la place de 4ème maire-chapelain, il démissionne quelques mois plus tard, laissant la place à Jean Toussaint POIGNAND.

• [1781-1783] : Aucun élément ne permet actuellement de savoir où exerce J.J. RIVIÈRE à cette période.

• 1767-1788, Nantes : Étudier les musiciens bénéficiers de l'église de Nantes impose en premier lieu de retracer le long procès ayant opposé le bas chœur aux chanoines entre 1767 et 1788. L'objet du litige porte sur la réorganisation de la musique par le chapitre qui, comme nombre de ses  confrères,  a les yeux rivés sur Paris. Il a conscience de l'importance de la musique qui contribue au prestige de son église. Deux démarches parallèles sont menées entre 1760-1770. D'une part, le chapitre marque sa volonté d'embellir la musique au chœur en multipliant les critères d'exigence ; d'autre part, il en organise le financement sans surcoût. Les chanoines prennent ainsi le parti de remanier ou supprimer des chapelles, dont les revenus sont mis en régie dans une "bourse commune" (1760).
Cette première réorganisation sème quelque trouble. Puis, en 1767, poursuivant sa stratégie, le chapitre unit deux sociétés dédiées aux bénéficiers à la mense capitulaire au lieu de les porter à la bourse. C’est le pas de trop qui met le feu aux poudres.
Le bas chœur des clercs, représenté par les maires chapelains, sous-chantres, diacre et sous-diacre, s'organise et porte l’affaire devant le Parlement de Bretagne à Rennes. L'affaire est initiée par un sous-chantre, le sieur Coeur de Roi qui dénonce "l'abus" du chapitre. MABILLE va en devenir le principal instigateur peu de temps après son arrivée.

- Concrètement, le bas chœur des clercs, représenté principalement par trois maires-chapelains MABILLE (désigné syndic), CHAUVET (premier maire-chapelain), et POIGNAND, le second sous-chantre GODÉ ainsi que le sous-diacre RIVIÈRE, "s'estimant spolié" fait front, s'organise et s'implique juridiquement. Le chapitre sera finalement débouté après des années de procédures.
- Trois officiers restent en retrait : le maire-chapelain CHEVREUIL qui intervient ponctuellement à partir de 1786 tout comme le diacre BRIAND. Le sous-chantre et prêtre Jean François VASSAL, un tempérament effacé, est le seul bénéficier à ne pas se joindre à la procédure collective. Il se trouve en porte-à-faux, pris entre un chapitre reconnaissant et des alter ego mécontents.
En rejoignant le bas chœur de Saint-Pierre, J.J. RIVIÈRE va également retrouvée les tensions et conflits qu'il avait quittés en 1780.

• 28 janvier 1783, Nantes : Jacques Joseph RIVIÈRE, diacre du diocèse de Nantes, est reçu choriste à la cathédrale Saint-Pierre à 700 lt de gages outre les distributions de chœur.
• [1783] : Par déduction, Jacques Joseph RIVIÈRE devient prêtre cette année là. Il semble qu'il y ait régulièrement des ordinations en décembre.

• 6 avril 1784, Nantes : Ayant reçu la prêtrise, RIVIÈRE demande au chapitre d'honorer sa promesse et de le nommer au "sous-diaconnat vacant par la démission de Barthélémy BRIAND" promu diacre. Il est reçu en titre.

• 11 novembre 1785, Nantes : Le chapitre cathédral régularise avec retard les actes de prise de possession de Louis GODÉ, sous-chantre du côté droit et de Jacques Joseph RIVIÈRE, diacre d'office.

• 12 janvier 1786, Nantes : Les officiers du bas chœur adressent leur supplique au Parlement de Bretagne dans l'affaire ci-dessus citée. Cependant, leurs revendications vont au-delà du propos de la procédure car elles portent des récriminations salariales. Les maires-chapelains sont appointés 800 livres par an soit moins que le premier sous-chantre VASSAL (900 livres). Louis GODÉ omettant sa position de clerc tonsuré et second sous-chantre fait remarquer qu'il ne touche que 700 livres. La cause de leur tourment est donc le discret Jean François VASSAL, qui s'est abstenu de participer à l'action collective, et bénéficie de la confiance des chanoines. L'estocade ne sera pas la seule, dévoilant les tensions qui peuvent exister dans un groupe semblant par ailleurs homogène et solidaire.

• 5 avril 1788, Nantes : Par décision du parlement de Bretagne, les chanoines de la cathédrale de Nantes sont déboutés et sommés de déposer au secrétariat du chapitre les revenus des biens dépendants des chapellenies, tout comme les comptes des dessertes de fondations des sociétés de Saint-Jean, Saint-Guillaume et la Trinité depuis 1767. Le chapitre cherche à se dérober à son obligation provoquant une nouvelle joute avec le bas chœur, dont RIVIÈRE et convient de se soumettre en produisant les pièces comptables dues en juillet.

• 11 juillet 1786-11 août 1788, Nantes : VASSAL ainsi que CHEVREUIL s'abstiennent de participer à la nouvelle controverse juridique entre le chapitre et les officiers de chœur concernant une modification de préséance. Les plaignants, à savoir CHAUVET, MABILLE, POIGNAND, GODÉ et RIVIÈRE, s'opposent à ce que deux bedeaux soient interposés entre eux et les maire-chapelains lors des processions telles celles de la Fête-Dieu ou de l'Assomption. Les dissensions sont si exacerbées qu'ils considèrent toute modification d'organisation comme une volonté de "spoliation" de leurs droits.

• 5 avril 1788, Nantes : Par décision du parlement de Bretagne, les chanoines de la cathédrale de Nantes sont déboutés et sommés de déposer au secrétariat du chapitre les revenus des biens dépendants des chapellenies, tout comme les comptes des dessertes de fondations des sociétés de Saint-Jean, Saint-Guillaume et la Trinité depuis 1767. Le chapitre cherche à se dérober à son obligation provoquant une nouvelle joute avec le bas chœur et convient de se soumettre en produisant les pièces comptables dues en juillet.

Les démarches successives de ces clercs semblent révéler, sous couvert de reconnaissance ou de préséance, une transformation radicale de la fonction : pris en étau entre chanoines et laïcs, leur statut privilégié de clercs chantant leur échappe progressivement, et ce, jusque dans la pratique de la musique : plain-chant ? musique figurée ?  Que souhaite-t-on entendre ? Qui écoute-t-on ?

En 1790, le corps de musique de la cathédrale Saint-Pierre, placé sous l’autorité du maître de musique Sigismond François Antoine CAPPA-LESCOT, est constitué de deux haute-contre Vincent Pierre GAUTIER et François Jude MÉRY, une haute-taille Joseph JOLY, deux basse-taille Henry François DOUVILLE, Vincent LA MARRE, trois basse-contre, Étienne François PICARD et Jean-Baptiste DONON et Jean Victor HUBERT dit HUBERT, deux serpents/basse-taille Jean GILLET, Pierre RAGUENEAU – ce dernier jouant également du basson. Deux musiciens symphonistes sont employés régulièrement par le chapitre, à savoir les sieurs Vincent Anne JULIEN dit JULIEN et Laurent MARIE. L’organiste Denis JOUBERT est quant à lui maître de sa tribune.
Quatre maires-chapelains étoffent le chant -cités selon leur rang- Charles CHAUVET, Jean Toussaint POIGNAND, Urbain MABILLE, Pierre François CHEVREUIL  ainsi que deux sous-chantres Jean François VASSAL et Louis GODÉ. Le diacre Barthélémy BRIAND et le sous-diacre Jacques Joseph RIVIÈRE complètent la structure cantorale. La psallette est composée de six enfants de chœur identifiés sur les huit qui dépendent du maître de musique aidé d’un maître de grammaire, le sieur Praud.

• 14 octobre 1790, Nantes : À la suite d'un courrier de Mgr de la Laurencie, Charles CHAUVET ex maire-chapelain de la cathédrale Saint-Pierre refuse de se soumettre au règlement du département sur l'exercice du culte. Il est par conséquent déchu de ses droits ainsi que Barthélémy BRIAND diacre et Jacques Joseph RIVIÈRE sous-diacre. RIVIÈRE reçoit le paiement de son dernier quartier calculé au prorata de son temps de service. La même procédure sera suivie pour CHAUVET et BRIAND.

• 23 octobre 1790 : Par conséquent, MABILLE, POIGNAND et CHEVREUIL, tous trois ex maires-chapelains, sont autorisés à les remplacer.

• 9 mai 1791, Nantes : Alfred Lallié rapporte que J.J. RIVIÈRE subit un interrogatoire de la Municipalité à l'occasion de l'expulsion des Frères Récollets des Saintes-Claires qu'il avait accompagnés à leur sortie de Nantes.

• 12 janvier 1791, Nantes : Le Directoire considérant que Charles CHAUVET, Barthélémy BRIAND et Jacques Joseph RIVIÈRE ont cessé leurs fonctions depuis le 14 octobre 1790, leur verse leurs arriérés pour solde de tout compte. RIVIÈRE reçoit pour sa part 193 l 15 s.

• 12 septembre 1792, Bilbao [Espagne] : Selon Lallié (Le diocèse de Nantes pendant la Révolution...), Jacques Joseph RIVIÈRE et Charles CHAUVET reçoivent leur passeport pour Bilbao. Ils font partie du clergé exilé qui doit rejoindre Bilbao à bord du bateau Notre-Dame de Pitié.C. CHAUVET en reviendra alors que l'avenir de J.J. RIVIÈRE reste dans l'oubli. Est-il mort en voyage ? en Espagne ?

Mise à jour : 4 décembre 2020

Sources
A. Lallié, Le Diocèse de Nantes..., 1893 ; C. Mellinet, De la musique à Nantes..., 1837 ; F-Ad44/ BMS Nantes, Sanitat ; F-Ad44/ BMS Nantes, St-Clément ; F-Ad44/ G 189 ; F-Ad44/ G 190 ; F-Ad44/ L 1046 ; F-Ad44/ L 43 ; F-Ad49/ G269

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