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DELANGRE, Lazare (1763-1806)
État civil
NOM : DELANGRE     Prénom(s) : Lazare     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : DE LANGRE
DELLANGRE
DELANGRES
Date(s) : 1763-1-1   / 1806-1-14 
Notes biographiques

Neveu et filleul d'un musicien d'Église, Lazare DELANGRE est formé à la musique comme enfant de chœur de la cathédrale de sa ville natale, Autun. C'est là qu'il exerce également en 1790, non sans être entre temps parti durant quelques années pour jouer du serpent à la cathédrale de Bourges. Il meurt loin de la Bourgogne, dans un hôpital militaire du Frioul...

• 1er janvier 1763, Autun : Lazare DELANGRE naît sur la paroisse Notre-Dame, où il est baptisé le même jour. Ses parents se nomment Germain Delangre et Philiberte Barbotte. Son père est cordonnier, sa mère est une sœur du musicien Lazare BARBOTTE, qui est d'ailleurs choisi pour être le parrain de l'enfant. La marraine est la fille d'un cartier décédé.

• 1769, Autun : Lazare DELANGRE devient enfant de chœur dans l'église cathédrale ("receu enfant de chœur en ladite église en 1769"). Il a donc été formé à la musique successivement par Louis-François TOUTAIN, Jean-Claude-Augustin GUIGNET, Furcy-François LEGRAND puis, à la toute fin, à partir de juin 1778, Jean-Christophe CONTAT.

• 15 janvier 1779, Autun : Pour remplacer Lazare DELANGRE, qui doit sortir "incessamment" de la maîtrise, le chapitre recrute le petit Gabriel TARTRA, qui n'a que six ans. Le jeune homme quitte en réalité la maîtrise le 1er février 1779, après dix ans de formation, mais il reste attaché à la cathédrale d'Autun, bénéficiant d'une petite allocation pour poursuivre ses études au collège, en échange de quoi il s'engage à "assister aux offices du chœur les jours de dimanches et festes et jours de congé". En 1792, il lui est reconnu douze ans de service ("le sieur Delangre a fait un service de douze années non-compris son temps comme enfant de chœur"), ce qui pourrait donc correspondre aux années 1779-1791.

• 9 novembre 1781, Autun : Le sieur DELANGRE l’un des habitués de la cathédrale, "étudiant au collège de cette ville", est commis par le chapitre "à la desserte d’une moitié de la chapelle dite de St-Léger, à laquelle avoit été cy devant commis le sr GRISEL, et ce aux revenus ordinaires et à la charge d’en bien remplir les obligations".

• 15 février 1782, Autun : Le chapitre prend lecture "de deux certificats d’études accordés par les professeurs aux sieurs DELANGRE et CHATILLON, habitués de leur église, au collège de cette ville".
• 2 novembre 1782 : Au moment d'entamer une nouvelle année scolaire, Lazare DELANGRE regarde la réalité en face et ose déclarer au chapitre "que depuis un tems assez considérable, il avoit reconnu qu’il n’avoit pas de vocation pour l’état ecclésiastique, et qu’il n’entendoit plus continuer ses études". Du fait de cet abandon, l'allocation d'étude dont il bénéficiait est attribuée à Jacques-Philibert COTTON, grand enfant de chœur sortant. Le chapitre propose à Lazare de lui faire "apprendre un métier si cela luy convient". Sans doute le jeune homme avait-il espéré être engagé comme musicien : le chapitre lui répond qu'il n'y a pas de place disponible dans l'immédiat, et que "pour pouvoir espérer d’en obtenir une dans la suitte lorsqu’il en vacquera, il faut qu’il fasse des progrès et qu’il acquière du goût pour les instruments dont il joue".

• 10 janvier 1783, Autun : Lazare DELANGRE annonce au chapitre "qu’il n’avoit aucun goût pour apprendre un métier". Il a pris la décision "de voyager pour se procurer une place qui luy conviendroit", sous-entendu : une place de musicien. Le chapitre lui accorde un certificat ordinaire de vie et mœurs et "par pure bienveillance 100 livres une fois payées pour l’aider à voyager et à se placer ainsy qu’il luy conviendra". Il est bien entendu qu'en quittant ainsi Autun, le jeune homme renonce à "jamais prétendre aucuns droits ny privilèges des enfants d’aube en cette église".
On peut penser qu'il ne part pas réellement à l'aventure, et qu'il a entendu parler du poste de serpent disponible à Bourges, à trois journées de marche (160 km à l'ouest d'Autun).
• 17 mars 1783, Bourges : Lazare DELANGRE, "musicien et ci-devant enfant d'aube de l'église cathédrale d'Autun", est engagé par la cathédrale Saint-Étienne pour jouer du serpent ou du basson. Il évoque cette période dans son résumé de carrière : "aiant quitté ladite église [d'Autun] en 1783 pour s'attacher à l'église de Bourges". À Bourges, il côtoie Pierre MALIDOR, lui aussi joueur de serpent. Apprend-il avec lui le "goût" espéré par les chanoines d'Autun ?
• 11 avril 1783 : Le chapitre de Bourges acquiert un serpent coûtant 81 livres 10 sols "pour le sieur LANGRE l’un de nos gagistes pour jouer de cet instrument".
• 19 décembre 1783 : Le secrétaire capitulaire enregistre le versement d'une gratification de 24 livres "au serpent", sans que l'on sache s'il s'agit de Lazare DELANGRE ou de Pierre MALIDOR.

• [Début] 1786 : Lazare DELANGRE quitte Bourges pour revenir à Autun où en tant que "musicien laïc" de la cathédrale, il touche 600 livres par an. Son dossier de 1790-1791 dit explicitement que les deux postes s'enchaînent et précise "revenu en celle d'Autun en 1786"…
• 16 mai 1786, Autun : Lazare DELANGRE et Jean-Pierre-François GUIGNET, "musiciens", sont tous deux témoins du mariage de Claude PUTHEAUX, "musicien en l'église cathédrale d'Autun", et d'Antoinette Chassey, fille d'un huissier royal au bailliage d'Autun. C'est son oncle et parrain, Lazare BARBOTTE, "musicien en la cathédrale", qui porte la procuration envoyée de Compiègne par la mère du marié.

• 16 janvier 1787, Autun : Dans l'église Notre-Dame, Lazare DELANGRE, "musicien de l'église Cathédralle d'Autun", épouse Catherine Thibault, fille mineure d'un huissier audiencier au bailliage d'Autun antérieurement décédé. Le jeune homme est dit "de la paroisse de St-Quentin, auparavant de celle de Notre-Dame du Fourchaut, de la ville et diocèse de Bourges", où trois bans ont été publiés, tandis que la jeune fille est de la paroisse Notre-Dame, où est célébré le mariage.

1790, Autun : Lazare DELANGRE est toujours musicien de la cathédrale d'Autun où il gagne 600 livres annuelles. Dans certains tableaux et états établis par l'administration en 1791, il est spécifié qu'"Il a une vue très faible et une santé délicate".
Le corps de musique de la cathédrale Saint-Lazare, placé sous la responsabilité du maître de musique Jean-Christophe CONTAT, comporte par ailleurs les musiciens et chanteurs laïcs Lazare BARBOTTE, Lazare CHAPUIS, François CHAPUSOT, Pierre-François GUIGNET, Jacques HOCQUARD, ainsi que l'organiste Laurent-Martial VITCOQ. À cet effectif laïc s'ajoutent quatre "habitués" ecclésiastiques, les sieurs REUILLOT, COTTON, DEVAUCOUX et CHATILLON et huit enfants de chœur. Par ailleurs quatre sous-chantres placés au sommet de la hiérarchie du bas-chœur semblent jouer un rôle important dans le chant ou le plain-chant : Sébastien BOULIER, Pierre CABRIET, Pierre CHASSEY et Étienne TARTRA.
• Mars 1790 : La Liste générale des domiciliés de la ville d’Autun et dépendances, établie à partir de fin décembre 1789 et publiée en mars 1790, mentionne sous le n°239 "CHAPUZOT musicien" et sous le n°243 "DELANGRE musicien", logés Place du Terreau, 1ère section. Sur la même place habitent aussi le sonneur Cordelier et Crevoisier, le suisse de la cathédrale.

• 6 février 1791 : Au cimetière de la paroisse Saint-Jean-de-la-Grotte-Saint-Pancrace, est inhumé un fils de Lazare DELANGRE, "musicien", et de Catherine Thibault son épouse, "né, ondoyé et décédé la veille". Le chantre de la paroisse, Jean-Baptiste DÉMANGEOT, est présent et signe "Démangeot Chantre".
• 21 mars 1791 : Lazare DELANGRE est qualifié de "musicien" lorsqu'il est témoin de l'inhumation de sa tante Étiennette Barbotte, épouse en secondes noces de Jean Maubon, concierge des prisons.
• 5 août 1791, Autun : DELANGRE est signataire de la supplique collective envoyée par les musiciens d'Autun au Comité ecclésiastique. Ils y font observer "que depuis l'installation de monsieur Goulle leur évêque ils se sont rendus très exactement aux offices de l'église épiscopale sans aucun traitement et sont encore disposés à continuer leurs services tant que leurs forces le leur permettront". Comme ses confrères, DELANGRE a donc poursuivi son travail au service de l'Église constitutionnelle, peut-être jusqu'à la suspension du culte, vers la fin de 1793.

• 10 octobre 1792, Autun : Le district d'Autun lui accorde une gratification de 900 livres tout en déduisant ce qu'il a déjà perçu le 12 février 1792 (200 livres). Ainsi, c'est un mandat de 700 livres qui lui est délivré.

• 14 mars 1793, Autun : La déclaration de naissance de sa fille Claudine donne l'occasion d'apercevoir la première reconversion professionnelle du musicien. Lazare DELANGRE est devenu "commis au district de cette ville". La famille habite rue du jeu de Paume à Autun.

• 27 germinal an III (16 avril 1795), Autun : La naissance de Catherine montre que le citoyen Lazare DELANGRE et la citoyenne Catherine Thibault son épouse demeurent toujours rue du jeu de Paume. Le père est cette fois dit "musicien".

• 29 nivôse an XI [20 janvier 1803] : Lazare DELANGRE entre à la 9e demi-brigade de ligne. Devenu "musicien à l’état-major", il est ainsi décrit : "1,68 mètre, visage plein, front découvert, yeux gris, nez gros, bouche moyenne, menton rond, cheveux [néant], sourcils châtains".

• 8 frimaire an XIII [29 novembre 1804] : Il en est congédié et le 1er germinal suivant [22 mars 1805] passe à la 8e [ou la 81e ?] demi-brigade, en tant qu'enrôlé volontaire, sous le matricule n° 5916.

• 14 janvier 1806, Codroipo [Frioul, Italie] : Lazare DELANGRE, musicien, meurt à l'hôpital de Codroipo "par suite de fièvre".

C'est en août 1820 seulement que son décès est officiellement enregistré à l'état civil d'Autun.

Mise à jour : 22 décembre 2020

Sources
Abbé Bauzon, Recherches [...] sur la persécution religieuse [en] Saône-et-Loire, 1897 ; F-Ad18/ 8 G 208  ; F-Ad71/ 1 L 4/58 ; F-Ad71/ 1 L 8/108 ; F-Ad71/ BMS Autun, Notre-Dame ; F-Ad71/ BMS Autun, St-Jean-St-Pancrace ; F-Ad71/ NMD Autun ; F-An/ DXIX/054/153/08 ; F-An/ DXIX/090/747/01 ; F-An/ DXIX/090/747/05 ; F-SHD/ GR 21 YC 76 ; F-Sté Éduenne Autun/ RC 1778-1784 ; M. Dorigny, Autun dans la Révolution française…, 1988 ; M.-R. Renon, La Maîtrise de la cathédrale Saint-Étienne..., 1982

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