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MARRE, Vincent François, dit LAMARRE (1744-1817)

MARRE, Vincent François, dit LAMARRE (1744-1817)

État civil
NOM : MARRE     Prénom(s) : Vincent François     Sexe : M
Complément de nom : dit LAMARRE
Autre(s) forme(s) du nom : LAMARRE
LA MARRE
LAMARE
Date(s) : 1744-9-22  / 1817-10-18 
Notes biographiques

De la Normandie à la Bretagne : en apparence un itinéraire de voisinage, mais qui conduit Vincent MARRE dit LAMARRE dans au moins quatre églises différentes et lui fait traverser diverses tribulations professionnelles... de l'enfant de chœur au chanteur basse-taille, en passant par un poste éphémère de maître de musique d'où il est peu élégamment évincé par le retour de son prédécesseur. La reconversion post 1792 en commis d'administration semble avoir coupé tout lien avec un passé musical dense...

*** Un début de carrière itinérant entre Normandie et Maine

• 22 septembre 1744, Sées [Orne] : Vincent François MARRE est baptisé paroisse St-Gervais. Il est fils d'André Marre, cordonnier, et de Catherine Pillon (ou Pillou). L'entourage familial est bien alphabétisé.

• 25 janvier 1754, Sées : Vincent LAMARRE est choisi parmi plusieurs enfants "comme ayant la meilleure voix" et devient enfant de chœur de la cathédrale. Son frère aîné, André, est déjà au chœur, d'abord enfant de chœur puis serpent, semble-t-il.

• 4 octobre 1765, Sées : LAMARRE le jeune sort de la maîtrise. Une attestation lui est accordée, qui se retrouvera beaucoup plus tard dans son dossier de carrière constitué à Nantes.

• [Entre octobre 1765 et mars 1766], Évreux [Eure] : Il exerce à Évreux, dont le chapitre lui délivre un certificat constatant ses bonnes vie et mœurs.

• 22 mars 1766, Le Mans [Sarthe] : Vincent MARRE, du diocèse de Sées, est reçu vicaire-musicien à la collégiale St-Pierre-la-Cour, à 22 sols par jour. Ses gages passent à 25 sols dès le 21 juin 1766.

• 24 août 1768, Le Mans : Vincent MARRE, musicien, épouse Françoise Nouet, fille d'un marchand chapelier, paroisse Saint-Nicolas. André et Pierre Marre, les deux frères du marié, sont venus au Mans pour l'occasion. André, porteur de la procuration de leur mère restée à Sées, est alors maître de musique de la Cathédrale de Bayeux. Un an plus tard, le 5 juin 1769, à la naissance de son premier enfant, Vincent Marre est dit "maître de musique de la Collégiale de St-Pierre".
• Octobre 1768, Le Mans : François PICHON le maître de musique de la collégiale et l'organiste, André Pierre ÉLIE sont renvoyés par le chapitre pour avoir joué de la musique à la Comédie. Vincent MARRE est aussitôt chargé d'enseigner la musique aux enfants de chœur, et le 26 novembre est reçu officiellement Maître de Musique de la collégiale.

• 4 août 1770, Le Mans : Le chapitre ayant souhaité réintégrer François PICHON dans sa place de Maître de Musique, Vincent MARRE est contraint à une démission "volontaire" de ce poste. Malgré la prime de 48 livres que lui font miroiter les chanoines s'il reste au chœur, il cherche un autre poste, et s'en va à Nantes, d'où il demande deux mois plus tard une attestation à ses anciens employeurs manceaux (le 13 octobre).

*** Les années nantaises au service de la cathédrale Saint-Pierre

• Le 19 septembre 1770, Nantes [Loire-Atlantique] : Vincent MARRE, basse-taille, entre au service du chapitre de la cathédrale Saint-Pierre, aux appointements de 600 livres, sans être pourvu en titre. Sa fille de seize mois, née au Mans, meurt un mois après l'arrivée à Nantes (25 octobre 1770). Une deuxième fille naît peu après (5 décembre 1770).

• De décembre 1770 à mai 1779, Nantes : Le couple MARRE/Nouet donne naissance à sept enfants, six filles et un seul garçon. Sur les 14 parrains et marraines, deux appartiennent au clergé et quatre (au moins) au milieu musical, comme Guillaume Siméon DELAVAUX et la veuve de Julien GICQUEL le 17 novembre 1771, Bénigne Joseph Marie JOLY le 31 mars 1778, ou la delle Magdeleine Broyard/Braillard, épouse du sieur HENRY alors maître de musique de la cathédrale, le 1er mai 1779. Plusieurs révèlent un souci d'honorabilité.

• [1773-1775], Nantes : Le chœur connaît une vacance de maître de musique due aux départs de CAPPA-LESCOT et de MABILLE. Le chapitre confie alors à Vincent François MARRE le soin de battre la mesure et de donner des leçons de musique aux enfants de chœur, ce qui est en cohérence avec ses expériences précédentes. D'après Mellinet, le suppléant précédent, le sieur Jean François DECLERCQ, "s'enyvrant trop fréquemment", avait été démis de sa fonction.

• 10 octobre 1774, Orvault [Loire-Atlantique] : Esprit Vincent Marre, baptisé le 7 août de la même année, est inhumé alors qu'il a été placé "à nourrir". Le registre attribue à MARRE la position de "maître de musique", un lapsus dénotant le manque d'informations des familles nourricières quant aux enfants qui leur sont confiés.

• 11 août 1778, Nantes : Lors du mariage du sieur Jean-Baptiste DARDEAU, musicien de la cathédrale Saint-Pierre, plusieurs autres musiciens d'église tels Joseph JOLY et Vincent LA MARRE ou de ville tel Christophe François BARALLY sont présents. Les porosités entre les milieux musicaux sont fréquentes à Nantes.

• 26 janvier 1779, Nantes : La fille de Vincent François MARRE, Marie Félicité née en 1771, est marraine de Victoire Félicité, fille du Sieur Jean D’ARDEAU, musicien et de Demoiselle Victoire Amblard son épouse. Le parrain n'est autre que le sieur Bénigne Joseph JOLY.

• Juillet-août 1788, Nantes : Les choristes LA MARRE et DONON sont témoins d'une altercation au chœur entre le sous-chantre Jean François VASSAL et le maire-chapelain POIGNAND le 22 juillet. Alors qu'il était maire-chapelain de semaine, POIGNAND a rejoint le chœur en retard, à la fin du troisième psaume. De plus, au lieu de continuer l'office, il n'a chanté la capitule qu'à la suite de VASSAL... Les choristes ayant confirmé les faits, le chapitre entame une procédure disciplinaire à l'encontre de POIGNANT qui, après s'être rebellé accepte la convocation du chapitre. Il est alors accusé d'insubordination. L'incident révèle les tensions pouvant exister au chœur.

En 1790, le corps de musique de la cathédrale Saint-Pierre, placé sous l’autorité du maître de musique François CAPPA-LESCOT, est constitué de deux haute-contre Vincent Pierre GAUTIER et François Jude MÉRY, une haute-taille Joseph JOLY, deux basse-taille Henry François DOUVILLE, Vincent LAMARRE, trois basse-contre, Étienne François PICARD et Jean-Baptiste DONON et Jean Victor HUBERT dit HUBERT, deux serpents/basse-taille Jean GILET, Pierre RAGUENEAU – ce dernier jouant également du basson. Deux musiciens symphonistes sont employés régulièrement par le chapitre, à savoir les sieurs Vincent Anne JULIEN dit JULIEN et Laurent MARIE. L’organiste Denis JOUBERT est quant à lui maître de sa tribune.
Quatre maires-chapelains étoffent le chant à savoir Urbain MABILLE, Charles CHAUVET, Pierre François CHEVREUIL et Jean Toussaint POIGNAND ainsi que deux sous-chantres Jean François VASSAL et Louis GODÉ. Le diacre Barthélémy BRIAND et le sous-diacre Jacques Joseph RIVIÈRE complètent la structure cantorale.
La psallette est composée de six enfants de chœur identifiés (8 selon certains documents) qui dépendent du maître de musique aidé d’un maître de grammaire, le sieur Praud.

• 13 octobre 1790, Nantes : Le Directoire, considérant l'indiscipline des musiciens, leur fait un rappel à l'ordre et "enjoint aux chantres, musiciens, officiers et serviteurs laïcs de ladite église de se comporter avec décence et de garder la police du chœur."

• 7 février 1791, Nantes : Le Directoire du district de Nantes après étude de la requête des chantres musiciens et officiers laïcs de la cathédrale de Nantes, est d’avis qu’ils reçoivent leurs traitements comme par le passé jusqu’à ce que l’Assemblée nationale ait pris position et fait provisionner les fonds pour janvier, ainsi que pour les mois suivants. Le dossier est transmis au département qui statuera.

• 31 juillet 1791, Nantes : Cette date marque le dernier versement des gages des musiciens de l'église de Nantes à l'exception de quatre d'entre eux admis à continuer leur service qui s'arrêtera en août 1792, à savoir LAMARRE et PICARD pour la désormais paroisse épiscopale Saint-Pierre ainsi que GAUDINEAU et POTIRON représentant la ci-devant collégiale Notre-Dame.

*** 1792, tournant professionnel dans la vie de Vincent François MARRE dit LAMARRE.
Le musicien se reconvertit en commis à l'administration du département puis de la préfecture de Loire-Inférieure. Les mariages, naissances de ses petits-enfants nantais émaillent cette dernière partie de carrière. Loin de la musique, ses filles épouseront  militaire, artisan ou commerçant...

• 18 juin 1792, Nantes : Vincent LAMARRE est cité une dernière fois comme musicien lors du mariage de sa fille Marie Ursule avec Jean Boyé, marchand fripier originaire de Ribedolt dans le Lot. La cérémonie est célébrée par le vicaire épiscopal en la paroisse constitutionnelle Saint-Pierre. Les jeunes époux sont entourés par la famille Lamarre. Trois sœurs, Rose Victoire, Marie Félicité et Sophie signent l'acte.
• 1er août 1792 : Le service des quatre musiciens dont l'engagement avait été prolongé à la cathédrale épiscopale est arrêté. Il s'agit de Vincent François LA MARRE, François GAUDINEAU, POTIRON et François PICARD.
• 25 août 1792 : Dès la décision entérinée, le maître de musique CAPPA-LESCOT ainsi que LA MARRE, DONON et PICARD déposent une requête afin de toucher leurs pensions, conformément à la loi du 1er juillet 1792. Alors qu'une retraite est versée aux autres choristes, LA MARRE qui a omis de produire son titre ne peut recevoir qu'une gratification.
• 4 octobre 1792 : LA MARRE ayant régularisé son dossier et prouvé ses 20 ans de service est enfin classé par le département de Loire-inférieure dans la 3e classe des employés. Il recevra dès lors 200 livres de pension par an. l'administration, qui reconnaît un retard dans ses paiements, lui règle son dû, soit 33 lt 6s 8d.

• 14 Nivôse an II [31 décembre 1793], Nantes : Vincent LAMARRE assiste au mariage de sa  fille Rose Victoire avec Jean Despujol, graveur. Il est originaire du district de Cadillac en Gironde, est âgé de 41 ans, soit plus de vingt ans que la mariée. Vincent François LAMARRE est désormais commis à l'administration du département, position qu'il conservera jusqu'à sa mort.

• 13 Thermidor an II [31 juillet 1794], Nantes : Marie Félicité Marre, fille du "commis à l'administration du département de la Loire-Inférieure" épouse Charles Barthélémy Lhuillier, "garde magasin employé dans l'armée de l'ouest". Lhuillier étant originaire de Paris, les personnes invitées sont des Lamarre ou des amis. La famille Lhuillier s'installera d'ailleurs en région parisienne ultérieurement.

• 13 thermidor an III [31 juillet 1795], Nantes : Comme suite à sa requête, Vincent LA MARRE, ex musicien reçoit le solde de ses appointements dus pour les cinq derniers mois (et 15 jours) de son service auprès de la paroisse épiscopale Saint-Pierre. Le montant dû, intérêts et capital, pour 5 mois et 15 jours de présence, se monte à 369 lt 4 s 4 d.

• 5 Floréal an VI [24 avril 1798], Nantes : "Vincent MARRE, dit LAMARRE" ainsi que sa femme Françoise Nouët déclarent avec leur gendre Charles Barthélémy Lhuillier, "garde magasin des vivres de l'armée d'Angleterre", la naissance d'une petite Félicité.

• 8 Frimaire an IX [29 novembre 1800], Nantes : Lhuillier étant absent depuis plus de cinq mois pour raisons professionnelles (il est et restera militaire), Vincent LAMARRE et sa femme ont recueilli la famille de leur fille. Ce sont eux qui déclarent la venue au monde d'un nouvel enfant, Charles Barthélémy.

• 18 octobre 1817, Nantes : Vincent-François LAMARRE décède à son domicile, 8 Basse Grande rue. L'acte de décès se souvient qu'il est "ex-chantre de la cathédrale de Nantes", et le dit "commis à la Préfecture du département de la Loire Inférieure".

• Le 28 avril 1828, Rennes [Ille-et-Vilaine] : Sa fille Reine Marie Jeanne se marie tardivement avec Paul Marie Guillaume Du Rivage, veuf et avocat originaire de Morlaix. Il s'agit d'un mariage de raison qui n'explicite pas son installation à Rennes. La signature de Despujol indique que Rose Victoire et son mari se sont déplacés pour l'occasion. Quant à l'acte de mariage, il s'en tient à désigner LAMARRE comme "employé à la Préfecture de Loire Inférieure". Abstraction est faite de son ancienne carrière de musicien ...

Mise à jour : 25 juin 2020

Sources
Ad44/ Q 555 ; An- F/XIX/1128 ; C. Mellinet, De la musique à Nantes..., 1837 ; F-Ad35/ NMD Rennes ; F-Ad44/ BMS Nantes, St-Laurent ; F-Ad44/ BMS Nantes, St-Pierre ; F-Ad44/ BMS Nantes, Ste-Croix ; F-Ad44/ BMS Nantes, Ste-Croix & St-Laurent ; F-Ad44/ BMS Orvault, St-Léger ; F-Ad44/ G 189 ; F-Ad44/ L 1046 ; F-Ad44/ L 1099 ; F-Ad44/ L 1100 ; F-Ad44/ NMD Nantes ; F-Ad44/ Q 555 ; F-Ad61/ 1 G 326 et 1 G 327 ; F-Ad61/ BMS St-Gervais ; F-Ad72/ BMS St-Nicolas du Mans ; F-Ad72/ G 509 ; F-Ad72/ G 510 ; F-AmNantes/ NMD Nantes ; F-An/ DXIX/073/522/17 ; F-An/ F19/1128 ; P. Grégoire, Etat du diocèse de Nantes en 1790, 1882

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