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CORNU, Jacques Marie (1764-1832)
État civil
NOM : CORNU     Prénom(s) : Jacques Marie     Sexe : M
Date(s) : 1764-9-25  / 1832-4-24
Notes biographiques

Né dans un canton catholique de la Confédération helvétique, Jacques Marie CORNU est formé à la maîtrise de la cathédrale d'Auxerre, avant d'être reçu comme joueur de serpent et de basson à Notre-Dame de Paris en 1786. Dès cette époque, il enseigne son art, ce qui lui permet d'aisément se reconvertir en tant que professeur de trombone au Conservatoire en 1795. Entre-temps, il s'est marié et a travaillé au Théâtre italien. Lors du rétablissement du culte, il fait son retour à Notre-Dame au poste éminemment stratégique de maître des enfants de chœur. Avec DESVIGNES, il contribue à la renaissance du prestige musical de la cathédrale, où il reste employé comme serpent. Il conserve cet emploi jusqu'à sa mort, tout en exerçant parallèlement une carrière de trombone à l'Opéra. Il est l'une de nombreuses victimes de l'épidémie de choléra qui touche la capitale en 1832.

• 25 septembre 1764, Wünnewil-Flamatt : Jacques Marie CORNU naît dans cette petite localité située au nord-est de Fribourg (Suisse). Il est fils de Jacques Cornu et d'Antoinette Dévaud. Son père y tient une auberge et il est membre de la confrérie de Saint-Luc groupant les artistes de Fribourg. La famille semble toutefois résider à Romont, localité située au sud-ouest de Fribourg, au lieu-dit d'Aruffens.

• [1770], Paris : Selon ce qu'il déclare très postérieurement (pour l'établissement de sa carte de sûreté en 1793), ce serait en 1770 qu'il serait arrivé à Paris. Il a alors six ans.

• 8 avril 1773, Auxerre : Le chapitre général de la cathédrale Saint-Étienne enregistre l'admission de CORNU comme enfant de chœur, en compagnie d'une autre garçon, LENAIN, qui sera renvoyé moins de six mois plus tard. Le maître de musique de Saint-Étienne d'Auxerre est alors Edme CHAPOTIN, qui fait de fréquents séjours à Paris et en ramène parfois des candidats à la maîtrise auxerroise (ce sera explicitement le cas pour DOLLÉ en 1775 ou pour GAGNARD en 1780). Il est très probable que c'est ce qui s'est passé pour CORNU. À Auxerre, le jeune garçon fréquentera notamment le futur chanteur haute-contre Louis GOUSSE.

• 20 juillet 1778, Auxerre : Le jeune garçon fait demander au chapitre la permission d’aller prendre des leçons d’écriture hors de la maîtrise. Les chanoines refusent et en profitent pour rappeler au maître qu'il ne doit ni laisser sortir les enfants de chœur ni laisser entrer dans la maîtrise d’autres jeunes gens. Les méthodes d'Edme CHAPOTIN, assez ouvertes vers l'extérieur, semblent avoir été jugées trop souples par les chanoines. Néanmoins ceux-ci lui accordent assez fréquemment l'autorisation d'aller avec un enfant de chœur participer à des cérémonies dans des villes voisines, ou d'emmener tous ses enfants de chœur chanter dans une autre église auxerroise.
• 18 septembre 1778, Auxerre : Le grand chantre du chapitre semble avoir conscience des capacités musicales du jeune CORNU. À sa demande, le chapitre accepte de dépenser 36 livres pour lui payer six mois de leçons avec un maître de basse. Il a alors le rang de premier enfant de chœur.

• 1er avril 1779, Auxerre : Le chapitre général du Jeudi saint enregistre la sortie prochaine de CORNU, premier enfant de chœur, programmée pour le lundi de Pâques soit quatre jours plus tard. Deux chanoines sont délégués pour lui régler ce qui lui est dû (la somme n'est pas précisée dans la délibération capitulaire, ni la durée de son séjour à la maîtrise auxerroise).

• 1779-[1786] : CORNU est membre du régiment des Gardes françaises, où il joue probablement d'un instrument.

• 5 novembre 1781, Auxerre : Deux ans et demi après sa sortie de la maîtrise auxerroise, CORNU revient ponctuellement à la cathédrale, pour "exécuter" le Te Deum qui salue la naissance d'un Dauphin, en compagnie du maître de la collégiale d'Avallon, qui est alors Jean PEUTAT, et de son premier enfant de chœur. Ce dernier reçoit une somme plus élevée que celle reçue par CORNU (9 livres contre 6 pour Cornu). Le secrétaire capitulaire n'indique pas d'où vient Cornu, ni ce qu'il fait à cette date-là. A-t-il voyagé en même temps que les deux Avallonnais ou vient-il de Paris ? Cette période de sa vie reste encore actuellement dans l'ombre.

• 12 juillet 1786, Paris : Jacques Marie CORNU est reçu serpent parmi les machicots [musiciens] de la cathédrale Notre-Dame. À cette date, il est encore laïc mais il sera tonsuré ultérieurement à une date qui reste à préciser.

• [Entre 1786 et 1790], Paris : Jacques Marie CORNU sollicite une place de basson à la métropole de Cambrai pour un collègue ou un enfant de chœur récemment sorti de la maîtrise : "[...] Messieurs, Ayant su par un de vos chanoine qu'il faloit un serpent jouant du basson je me suis permis de prendre la liberté de vous écrire a ce sujet. J'en ai un dont on peut répondre pour les moeurs et le caractere et dont la conduite est irreprochable si touttes fois la place n'est pas rempli vous pouriez l'annoncer a votre chapitre, vous obligeriez, Monsieur, votre tres humble et parfait serviteur, Cornu, basson de l'Eglise de Paris. Quoique que je n'ai pas l'honneur d'etre connu de vous si le hazard se presente j'ose esperer monsieur que vous voudrez bien m'honorer d'un mot de reponse".

• 27 juillet 1787, Paris : Pierre Paul DEVILLIERS, clerc de matines, et Jacques Marie CORNU, machicot, demandent et obtiennent un congé de dix jours avec maintien des gages.
Le registre capitulaire de Saint-Étienne d'Auxerre révèle qu'ils ont consacré ce congé à un voyage dans la ville où CORNU a été enfant de chœur, pour "faire de la musique la veille et le jour de St-Étienne", la grande fête de la cathédrale d'Auxerre. Avec deux autres musiciens venus (avec eux ?) de Paris, DOLLÉ et un fils PRUNELLE, ils apportent leur concours à la musique dirigée par Edme CHAPOTIN.
• 4 août 1787, Auxerre : Chacun d'eux reçoit son paiement, 24 livres pour les trois premiers, et 12 livres pour le dernier. Ils repartent alors pour Paris, et on peut penser que, revenu à leur poste, CORNU et DEVILLIERS ont chaudement recommandé au chapitre de Notre-Dame le jeune Jean Louis PEUTAT, fils du maître d'Avallon, dont ils avaient pu juger la voix puisqu'il avait lui aussi participé à la musique de la Saint Étienne. On sait que dès le 13 août le chapitre de Notre-Dame demande à l'intendant de la psallette de prendre contact avec les parents du jeune garçon "dont les talents vocaux sont connus" et que, quelques semaines plus tard, il sera reçu enfant de chœur à Notre-Dame de Paris.

• 1788, Paris : "CORNU, serpent à Notre-Dame" est mentionné comme l'un des professeurs "libres" de basson de la capitale dans le Calendrier musical universel.

• 23 juin 1790, Paris : Il est mentionné comme "clerc de matines" [erreur du secrétaire ?] ; il obtient douze jours de congé pour aller soigner sa santé à la campagne.
• 13 décembre 1790, Paris : CORNU figure parmi les douze signataires d'un arrêté qui fustige et condamne les protestations du chapitre de la cathédrale Notre-Dame à l'encontre de la Constitution civile du clergé et contre "le serment exigé des fonctionnaires ecclésiastiques". Leur démarche, disent-ils, "n'a d’autres motifs que ceux de la conscience, de la raison, de la justice et de l’amour de la Patrie". L'Assemblée nationale ordonne le 7 janvier suivant que cet arrêté soit inséré dans son procès-verbal du jour. CORNU est mentionné explicitement comme "musicien clerc" à Notre-Dame.
• Fin 1790, Paris : Toujours musicien à Notre-Dame, il figure parmi les ecclésiastiques qui ont prêté serment à Notre-Dame "dans l'espoir d'obtenir quelque poste dans la future église constitutionnelle", accuse Odon Delarc.

• 6 mai 1791, Paris : Il épouse Anne Françoise Catat en l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet.

• 21 avril 1792, Paris : Leur fils René CORNU naît. C'est un futur musicien. À la même époque, CORNU est second violon dans l'orchestre du Théâtre italien. Il demeure rue de Marivaux, "chez le pâtissier".

• 24 avril 1793, Paris : La carte de sûreté qui lui est délivrée indique qu'il est musicien, demeure rue Saint-Louis et vit à Paris depuis 1770. Cette dernière indication omet son séjour auxerrois, mais il a peut-être voulu simplifier son parcours sans entrer dans des détails qu'il jugeait compliqués. 

• 21 novembre 1793 [1er frimaire an II]-juin 1795 [messidor an III], Paris : Jacques CORNU fait partie des 13 artistes supplémentaires à la musique de la garde nationale adjoints provisoirement à l’Institut national de musique à compter du 1er frimaire an II. Le traitement de 70 lt mensuelles est versé de ventôse an II à messidor an III.

• 3 août 1795, Paris : Jacques Marie CORNU est nommé professeur de 3e classe au Conservatoire de Musique.

• 13 janvier 1796-17 janvier 1805 : Jacques Marie CORNU est musicien dans l'infanterie. Il fait d'abord partie d'un régiment non identifié, puis de 1799 à 1805, il sert dans la Garde consulaire (devenue impériale), jusqu'à sa démission. Il a les cheveux et sourcils châtains, le front haut et large, les yeux bleus, le nez aquilin, la bouche grande, le menton pointu, le visage ovale et coloré et mesure 1,695 mètre.

• 21 mars 1800, Paris : Il réformé. Il est possible qu’il ait enseigné au Conservatoire le serpent ou le trombone, mais nous n’en avons aucune trace certaine.

• 1803, Paris : CORNU est maître de musique des enfants de chœur à la cathédrale Notre-Dame, autrement dit maître des enfants de chœur et l'équivalent d'un sous-maître de musique.

• [juin-août 1805], Paris : Jacques Marie CORNU remplace le trombone de l'Opéra Widerker, âgé et malade.
• Fin août 1805, Paris : Il adresse une requête au directeur de l'Opéra par intérim pour obtenir la place de troisième trombone vacante. Il se présente comme sous-maître de musique à la cathédrale Notre-Dame. Il affirme avoir rempli sa partie "avec honneur", ce dont peut témoigner le trombone Marcillac, avec lequel il a travaillé pendant quatre ans au théâtre Feydeau. Il reçoit l'appui de Jean François LESUEUR, son ami depuis 22 ans, qui le dit "bon musicien sur plusieurs instruments". Rey, directeur de l'orchestre, est favorable à cette demande.
• 4 septembre 1805, Paris : Il est nommé troisième trombone à l'Académie impériale de Musique par arrêté du premier préfet du Palais, aux appointements de 1 000 francs par an, à compter du 23 septembre, jour du départ en retraite de Widerker.

• 1807, Paris : L'Almanach ecclésiastique de France le présente comme maître de musique des enfants de chœur à la cathédrale Notre-Dame. Il en est aussi l'un des deux serpents.

• 29 novembre 1809, Paris : Il est toujours sous-maître des enfants de chœur de la cathédrale Notre-Dame.

• 1809-1813, Paris : CORNU participe, en tant que tromboniste, à plusieurs cérémonies extraordinaires en actions de grâces à la cathédrale pour célébrer des victoires napoléoniennes ou la saint Napoléon.

• 6 avril 1819, Paris : "Le sieur Cornu, serpent à la métropole, ayant demandé sa démission de maître de solfège de la maîtrise des enfants de chœur, le chapitre lui accorde sa demande et, en considération des services rendus par le sieur Cornu comme maître de solfège, lui alloue, à titre de retraite, une somme annuelle de 200 fr., non compris son traitement de 1000 fr. qu'il continuera de percevoir comme serpent. 800 fr. de ce traitement seront payés par la maîtrise et le reste par la fabrique".

• 30 juin 1826, Paris : Jacques Marie CORNU, trombone à l'Opéra, prend sa retraite et commence à toucher une pension.

• 25 octobre 1828, Paris : Il est signalé comme professeur de musique demeurant à Paris, quai d’Anjou, n° 17, île Saint-Louis ; veuf avec deux enfants d’Anne Françoise Catat, Jacques Marie CORNU épouse une veuve, Marie Pierrette Guérard. Dans l'état de ses biens mobiliers, on ne relève aucune mention d'objets liés à la musique.

• 24 avril 1832, Paris : Jacques-Marie CORNU meurt du choléra dans sa maison louée au n° 39, quai Bourbon, île Saint-Louis. Ses deux fils, nés de son premier mariage, René CORNU, professeur de musique demeurant 5 bis rue des Anglaises, et Jacques Théodore Cornu, employé au ministère de la Guerre, demeurant 31, rue d’Argenteuil, sont héritiers pour chacun une moitié. On relève dans l'inventaire après décès "un basson, un serpent, un trombone prisés vingt francs". Le montant de l'estimation s'élève à 967 francs. Dans les papiers, on trouve un certificat d’inscription de pension du ministère des Travaux publics constatant que feu Cornu était porté sur l’état définitif des pensionnaires de l’Académie royale de Musique pour 676,76 francs par an. Il était aussi appointé comme musicien de l’église Notre-Dame et percevait pour cela 900 francs par an.

Mise à jour : 19 juillet 2018

Sources
Almanach ecclésiastique de France pour l’an 1807 ; Archives de Notre-Dame de Paris, registres capitulaires. ; C. Pierre, Le Conservatoire national de musique..., 1900 ; Calendrier Musical Universel, suite de l'Almanach Musical, année 1788 ; Calendrier musical universel ; Choron, Dictionnaire historique des musiciens ; Delarc, L'Église de Paris pendant la Révolution française ; Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg, 1903 ; F-Ad59/ 4 G 1986 ; F-Ad89/ G 1805 ; F-Ad89/ G 1806 ; F-Ad89/ G 1807 ; F-Ad89/ G 1809 ; F-Ad91/ 4E_0923 ; F-An/ AJ/13/176 ; F-An/ AJ/13/81 ; F-An/ BI/11 ; F-An/ ET/LXXII/700 ; F-An/ ET/X/865 ; F-An/ ET/XXXVIII/839 ; F-An/ F19 7048 ; F-An/ F19 7049 ; F-An/ LL 232/ 40 ; F-An/ LL 232/ 42 ; F-An/ MC/ET/V/1062 ; F-Pan/ F19 7049 ; F-Pan/ F19/7049 ; F-SHD/ GR 20 YC 5 ; F-Sacristie ND Paris/ registres chapitre ; F-Sacristie ND Paris/ registres chapitre  ; G. Bourligueux, "François Lacodre…", Recherches sur la musique française…, 1976  ; Gallica ; Indicateur de la Cour de France ; La Grandville, Le Conservatoire de musique ; Les Spectacles de Paris et de toute la France, 1792 ; Lettre à Mme *** sur la musique ; M.-R. Renon dir., Musique d’église autour de N. Pacotat, 2010 ; Procès-verbal de l’Assemblée nationale ; Revue musicale Suisse, volumes 115-116, année 1975 ; Site Filae.com ; sans cote

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