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JOBARD, Pierre (1749-1807)
État civil
NOM : JOBARD     Prénom(s) : Pierre      Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : JOBART
JAUBARD
JOUBARD
Date(s) : 1749-11-14   / 1807-3-29 
Notes biographiques

Un musicien bien documenté, dont la carrière de serpent se déroule presque entièrement à la cathédrale d'Auxerre, après toutefois une formation et des débuts professionnels à Troyes, sa ville natale. Au moment de la Révolution il participe activement aux fêtes civiques et devient même le chef de la musique municipale...

• 14 novembre 1749, à Troyes : Pierre JOBARD, fils de Pierre Jobard, menuisier, et de Catherine Doyen, naît et est baptisé le même jour, paroisse Saint-Jean de Troyes. Le père comme les parrain et marraine savent signer avec une relative aisance.

• [vers 1757] : Pierre JOBARD devient enfant de chœur à la cathédrale de Troyes, et le reste pendant dix ans.

• [vers 1767-1768], Troyes : Il termine son temps d'enfant de chœur.
Il semble alors être resté comme musicien à la cathédrale de Troyes. En tout cas c'est de là qu'en novembre 1773 il candidate à celle d'Auxerre.

• 4 novembre 1773, Auxerre : Le serpent de la cathédrale, Amâtre CHEVRILLON, s'éteint, sans doute malade depuis plusieurs mois. Dès la semaine suivante, le chapitre décide d'écrire à Clamecy "que le Musicien serpent de cette ville peut se présenter au chœur pour faire essai de ses talents". On ignore si le serpent de Clamecy s'est déplacé.
• Le 29 novembre, le chapitre auxerrois décide de recevoir pour serpent, à 10 livres par semaine, "un Musicien de Troyes" qu'ils ont entendu "jouer pendant quelques jours du serpent dans leur église". C'est Pierre JOBARD. Celui-ci repart pour Troyes régler ses affaires.
• Le 7 décembre, le chapitre de Troyes lui délivre une attestation.
• 27 décembre 1773 : De retour à Auxerre, Pierre JOBARD entre officiellement au service du chapitre de la cathédrale St-Étienne comme "commis musicien". Il reçoit 24 livres "pour l’indemniser des dépenses qu’il a faites dans ses voyages de Troyes à Auxerre".

• 26 mai 1775, Auxerre : Le chapitre menace le serpent JOBARD de le "marrancer" (effectuer des retenues sur ses gages) s'il ne se sert pas "de tous les instruments de musique conformément aux engagements pris avec lui".

• 10 février 1777, Auxerre : Pierre JOBARD et Edme CHAPOTIN assistent au mariage de Michel Grégoire DUBAN et Anne Carré, paroisse Saint-Pélerin.

• 16 février 1781, Auxerre : Le chapitre, manifestement agacé par ses absences, lui rappelle qu'il est "strictement tenu d’assister à toutes les matines de neuf leçons, et généralement à tous les offices où il doit jouer du serpent". Une pénalité de 10 sols lui sera appliquée pour chaque absence et le chapitre n'acceptera "ses excuses de maladie et autres que dans le cas où elles seront reconnues bonnes et valables".
• 30 juillet 1781 : JOBARD vient en chapitre et se présente "au bout du bureau" pour demander à la Compagnie "de lui accorder la permission de se marier", ce qui lui est accordé.
• 7 août 1781 : Le sieur Pierre JOBARD musicien de la Cathédrale d’Auxerre, épouse "demoiselle Marie Joséphine PALLAIS, fille du Sr Joseph PALLAIS organiste de la cathédrale et de dame Jeanne Boisselet". Il est dit "fils majeur du sieur Pierre Jobard, menuisier, et de Catherine Doyen demeurant sur la paroisse de St-Jean de Troyes".

• 8 et 9 mars 1783 : L'explication de ses absences est donnée. Il donne "depuis quelque temps des leçons de musique instrumentale" aux élèves de l'école militaire installée dans les bâtiments de l'abbaye Saint-Germain et gérée par les Bénédictins. Ceux-ci "le pressoient d’opter entre le service de la cathédrale et celui de la dite école militaire", et lui offrent "1 200 livres d’appointemens". Après avoir fait sonder le chapitre par l'intermédiaire du sous-chantre, le musicien vient exposer la situation devant la Compagnie extraordinairement assemblée. Les chanoines lui accordent une augmentation de 40 sols par semaine "à condition qu’il donneroit tous les huit jours une leçon de basse aux enfants de chœur au jour et à l’heure convenus entre le maître de musique et lui, et qu’il quitteroit entièrement l’école militaire de cette ville à cause de la concurrence qui se trouve quelques fois entre ses deux services". Pierre JOBARD accepte, "suppliant seulement la compagnie de lui permettre de finir le quartier qu’il a commencé chez lesdits RP Bénédictins", ce qui lui est accordé.
• 28 avril 1783 : Les chanoines "ont authorisé le maître de musique à faire des démarches pour procurer un joueur de serpent au lieu et place de JOBARD qui n’est plus au service de la Cie." Cette délibération signifie-t-elle que le serpent a voulu prolonger son cumul au-delà de la fin mars, délai autorisé ? Le chapitre général de début mai confirme les décisions prises en mars et tout rentre dans l'ordre, Pierre JOBARD reste au service du chapitre cathédral.

• 13 décembre 1784, Auxerre : À l'occasion du chapitre général est dressée la liste des membres du bas chœur. Elle comporte 9 musiciens, dans l'ordre suivant : le Maître de musique Edme CHAPOTIN, l'organiste PALLAIS, les commis musiciens  PRUNELLE, BONNOTTE, CHERTIER, JOBARD, GELIN, DUBAUX et MÉRY. Auxquels s'ajoutent des chapelains, sacristains, enfants de chœur, bâtonniers, suisse et sonneur non nommés.

• 29 août 1785 : JOBARD est autorisé par le chapitre à s’absenter jusqu’au lundi 5 septembre "inclusivement". Mais les chanoines lui reprochent de ne pas être venu lui-même demander l'autorisation en chapitre, et d'avoir fait passer sa demande par le Maître de musique. Le même jour ce dernier, Edme CHAPOTIN, ainsi que les musiciens BONNOTTE et CAMPENON, qui sont venus en personne faire leur demande, obtiennent également quelques jours de congé.

• Juin 1786 : Face à l'exigence récente édictée par le chapitre que chaque membre du bas chœur fournisse un billet de confession, Pierre JOBARD fait de la résistance. Alors que CHERTIER "l’un des basses-contre de cette église", a fini par satisfaire à cette demande, JOBARD joueur de serpent est "averti qu’on ne lui laissoit plus pour tout délai que 20 jours".

• 27 avril 1787 : Le scénario se renouvelle et rend nettement perceptible la mauvaise volonté de JOBARD vis-à-vis de cette exigence capitulaire. Les chanoines décident "que JOBART seroit averti de présenter son billet de confession avant les chapitres généraux du mois de may pour qu’à cette époque il ne prétexte pas cause d’ignorance", de même que PONCHARD. Si ce dernier se met en règle aussitôt, JOBARD laisse encore traîner et le 2 mai 1787, lors du chapitre général, il est "averti que si dans huitaine il n’a pas rempli les intentions de la Cie, il cessera de lui appartenir en qualité de serpent". L'avertissement ne suffit pas : le 22 mai il n'a toujours pas obtempéré. Les chanoines décident de lui interdire l'entrée du chœur, de suspendre son salaire et de demander au clerc de chœur PRUNELLE fils de le remplacer au serpent. Le lendemain, JOBARD capitule et remet son billet de confession "ès mains d’un de MM. les secrétaires".
• 17 septembre 1787 : JOBARD étant indisposé, PRUNELLE fils, récemment recruté comme clerc de chœur, "sera averti de le remplacer pour le serpent". Fin octobre, le joueur de serpent revenu à son poste, on lui enjoint "de laisser toujours un des deux serpents au revestiaire et lorsqu’il sera empêché d’avertir ou faire avertir PRUNELLE, clerc de chœur". S'il ne le fait pas, il perdra 10 sols "toutes les fois que le serpent manquera". Le  23 novembre JOBARD se fait à nouveau remarquer : cette fois c'est pour avoir manqué 18 fois aux matines à neuf leçons depuis le 1er janvier ! Il est "marrancé" de 9 livres.
Trois jours plus tard, les chanoines lèvent cette marrance, mais en échange d'un alourdissement du service du musicien, désormais contraint de venir "donner le ton des répons avec le serpent" à matines et vêpres des fêtes doubles majeures et au dessus, afin d'empêcher "les discordances qui ont lieu pendant le chant des répons".

• 2 janvier 1789 : L'année commence par une admonestation capitulaire pour JOBARD. Les chanoines sont exaspérés par ses fréquentes sorties notamment pendant la messe. Ils le préviennent "qu’à l’avenir il sera marancé de 24 sols pour chaque dimanche et fête toutes les fois que forcé de sortir pour vacquer à quelque besoin, il ne paroistra par avant le sanctus"...
•  3 novembre 1789 : Nouvelle admonestation capitulaire ! Les chanoines semblent découvrir que JOBARD "néglige habituellement de donner à la maitrise les leçons de basse auxquelles il s’est  obligé". Ce n'est pourtant pas là un phénomène nouveau puisqu'ils estiment "que les leçons qu’il a omises par le passé montent au nombre de 64". Comme il doit en donner une par semaine, cela signifie qu'il y a plus d'un an que le serpent "néglige" de tenir son engagement ! Le chapitre prend des mesures de rétorsion financière : 40 sols seront soustraits chaque semaine à ses gages s'il n'apporte  la preuve qu'il a donné la leçon due, et même 80 sols dans un premier temps car il doit donner deux leçons par semaine pour rattraper les 64 manquantes.

1790, Auxerre : Pierre JOBARD est toujours musicien de la cathédrale Saint-Étienne. Ses appointements sont de 600 livres. Certains documents précisent qu'il est serpent. Sous la direction d'Edme CHAPOTIN, chantent au chœur les "commis musiciens" Bonaventure BONNOTTE, Pierre CAMPENON, Romain CHERTIER, Nicolas GELIN, Étienne LE COUTEUXEdme Hubert PINON, tandis que Jean-Joseph PALLAIS est toujours l'organiste en titre.
JOBARD joue aussi du basson, instrument apprécié dans les premières fêtes civiques. Le 23 août 1790, il demande au chapitre la permission d’aller le surlendemain à Coulanges pour "une fête nationale à laquelle il a été invité en qualité de musicien". Le chapitre refuse, "considérant que la fréquence de ces sortes de voyage le détournoit trop de ses devoirs".
Les rapports sont toujours tendus avec son chapitre employeur, même une fois celui-ci officiellement dissout : le 9 décembre 1790, les commissaires du ci-devant chapitre chargés de régler les dossiers temporels se soucient de récupérer les deux serpents et le basson du chapitre que JOBART a toujours entre les mains et ce, "même par voies de droit".

• 1er février 1791 : Le directoire départemental de l'Yonne propose de lui accorder une pension de 200 livres "attendu qu’il se retrouve dénué de toute ressource, n’ayant point de métier". Comprendre : pas d'autre métier que la musique
• 31 juillet 1792 : Un arrêté départemental lui accorde effectivement 200 livres de pension.

• Le 14 mai 1793, à Auxerre, Pierre JOBARD, maître de musique, est témoin au mariage d'Étienne LECOUTEUX, l'un de ses anciens camarades de chœur, et d'Anne Thérèse Bonnotte, l'une des filles de Bonaventure BONNOTTE. À ce mariage sont aussi présents plusieurs anciens piliers du corps de musique de la cathédrale : Pierre CAMPENON, marchand miroitier, et Hubert PINON, devenu commissaire de police.

• 15 août 1798 : Les citoyens JOBART, LAPLATE, DUBAUX, GELOT, CHOPIN le Jeune, PINON père et fils, tous musiciens, sont menacés de sanctions par l'administration municipale auxerroise "pour avoir parcouru la nuit dernière les rues de la commune, en troublant la tranquillité par le son de leurs instruments". Trois jours plus tard, l'arrêté est annulé : on fait semblant de croire que les musiciens ont joué des airs patriotiques à l'arbre de la Liberté, puis que, "au son des instruments", ils ont simplement reconduit chez lui "le citoyen JOBART leur chef", en témoignage de leur attachement pour lui...
• 1er décembre 1798 : Le citoyen JOBARD, artiste musicien à Auxerre obtient de l'administration une indemnité de 150 francs pour sa participation passée aux fêtes civiques, et un traitement annuel de 300 francs, à compter du 1er vendémiaire an VII (22 septembre 1798) pour participer comme musicien aux fêtes nationales et décadaires et former chaque année 4 élèves musiciens.

• 30 mars 1807, Auxerre : Le décès de Pierre JOBARD, survenu la veille, est déclaré par son beau-frère Edme Pallais et un neveu, Eutrope Carré. Ils le disent "veuf de Joséphine Pallais", mais n'évoquent en rien son état de musicien.

Mise à jour : 24 août 2017

Sources
Ch. Demay, PV administration municipale Auxerre ; F-Ad10/ BMS Troyes, St-Jean ; F-Ad89/ BMS Auxerre, St-Pierre-en-Château ; F-Ad89/ BMS Auxerre, St-Pierre-en-Vallée ; F-Ad89/ BMS St-Pierre-en-Château ; F-Ad89/ BMS St-Pèlerin ; F-Ad89/ G 1805 ; F-Ad89/ G 1806 ; F-Ad89/ G 1807 ; F-Ad89/ G 1808 ; F-Ad89/ G 1809 ; F-Ad89/ G 1810 ; F-Ad89/ G 1813 ; F-Ad89/ L 28 ; F-Ad89/ L 76 ; F-Ad89/ L 798 (50) ; F-Ad89/ L 798 (79) ; F-Ad89/ L 801 ; F-Ad89/ L75 (T)  ; F-Ad89/ M Auxerre an 2 ; F-Ad89/ NMD Auxerre ; F-An/ DXIX/090/738/09 ; F-An/ DXIX/092/790/04,05,27-29,37 ; F-Bm Auxerre/ Sy 421, Les Affiches d'Auxerre, vol.VII.

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