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TILLET, Anne, épouse SERISIAT (1770-1804 ap.)

TILLET, Anne, épouse SERISIAT (1770-1804 ap.)

État civil
NOM : TILLET     Prénom(s) : Anne     Sexe : F
Complément de nom : épouse SERISIAT
Autre(s) forme(s) du nom : TILLIET
SERIZIAT
Date(s) : 1770-1-24   / 1804 ap.
Notes biographiques

La jeune Anne TILLET est l'une des quelques femmes organistes actives à une tribune en 1790 que compte le corpus 'côte-d'orien', comme Anne LATREILLE-GELIN, Antoinette DUPLUS-CAMUS ou Bernarde BOILLOT. Depuis la Toussaint 1788, elle touche l'orgue BOILLOT du couvent des Cordeliers de Dijon. Lors du recensement de l'an IV elle est clairement dite "musicienne", ce qui permet de supposer qu'elle gagnait sa vie grâce à la musique. Une autre particularité de son itinéraire de vie est son mariage… avec l'un des religieux du couvent dont elle avait tenu l'orgue à la veille de la Révolution.

• 24 janvier 1770, Dijon : Née le 24, Anne TILLET (ou TILLIET dans son acte de baptême) est baptisée le lendemain dans la collégiale Saint-Jean. Ses parents, Sébastien Tilliet, imprimeur, fils d’un épicier de Besançon, et Anne Defay, orpheline du concierge du château de Longepierre, s'étaient mariés deux ans et quatre mois plus tôt, le 22 septembre 1767, dans la même église. La mariée était alors assistée de son oncle, Antoine Defay, imprimeur-libraire à Dijon. C'est cet homme qui est choisi pour être le parrain d'Anne, laquelle est donc sa petite-nièce. Sa marraine est une "fille majeure", Anne Menageot. Tout le monde sait bien signer.

• Comme c'est presque toujours le cas dans les carrières féminines, on reste dans l'ignorance des modalités de sa formation musicale. La fillette grandit indubitablement dans un milieu cultivé (métiers du livre) mais on n'aperçoit pas de musiciens dans son entourage familial immédiat, ce qui suppose des leçons prises à l'extérieur du cercle familial.

• 1er novembre 1788, Dijon : Mademoiselle TILLET commence son service comme organiste au couvent des Cordeliers, sur l'orgue refait en 1776-1777 par Bénigne BOILLOT. Elle a pris immédiatement la suite de Louis CAMUS qui avait antérieurement accompli un bail de neuf ans, lequel arrivait à échéance fin octobre 1788. Alors que Louis CAMUS touchait 135 livres par an, la jeune fille n'en reçoit que 120. Signalons qu'antérieurement Pierre VIENNE dans les années 1775-1776 recevait, lui, 150 livres d'honoraires annuels. La diminution a donc été régulière depuis lors.

• 18 avril 1790, Dijon : Le livre de comptes des Cordeliers enregistre comme dernière dépense la somme de 120 livres versée "à Mademoiselle TILLET pour ses honoraires d’un an et dont le terme échoira le 1er may". La marge précise : "organiste mademoiselle TILLET".

• 10 novembre 1791, Dijon : Le district de Dijon balaye "la requête de Mlle Anne Tillet, fille mineure, organiste de l’Eglise St-Philibert de Dijon tendante a obtenir la Somme de 100 livres, montant de ses appointements pendant six mois" en arguant qu'elle doit pour obtenir ses gages s’adresser aux fabriciens de la paroisse Saint-Philibert. La jeune fille aurait donc commencé à toucher l’orgue de Saint-Philibert au plus tard début mai 1791. Ou alors elle en était déjà l'organiste antérieurement et cumulait la tribune paroissiale avec celle des Cordeliers ? En l'absence de comptabilité antérieure conservée pour cette paroisse, ce sera difficile à savoir....

La Révolution offre à la jeune organiste et à l'un des moines du ci-devant couvent des Cordeliers une bifurcation de leurs destins annoncés...

• 5 germinal an III (25 mars 1795), Dijon : À la maison commune de la section Crébillon, se marient Nicolas SERIZIAT, résidant à Dijon, rue Pierre, section de Crébillon, né à Lyon le 9 juillet 1757, et Anne TILLIET résidante chez son père mêmes rue et section... Le marié a donc 13 ans de plus que la jeune femme. L'acte ne dit rien de son état monastique antérieur... Les mariés sont entourés de quatre amis, un charpentier de 29 ans, un imprimeur de 25 ans, un horloger de 30 ans et un vinaigrier de 50 ans.

• An IV (fin 1795/début 1796), Dijon : Lors du recensement de l'an IV, Anne TILLET, musicienne âgée de 26 ans, vit "rue Pierre", section Crébillon, chez ses parents, Sébastien Tillet, imprimeur, et Anne Defay, avec sa sœur Françoise, 20 ans, et en compagnie d'un "ex cordelier" de 38 ans, Nicolas Serizia qui déclare être "depuis 11 ans à Dijon". Le document ne mentionne pas le lien conjugal qui les unit mais les associe l'un à l'autre par une accolade...

•  23 frimaire an IV (14 décembre 1795) et 22 ventôse an VIII (13 mars 1800), Dijon : Deux fils naissent de cette union, Sébastien-Blaise et Antoine. Lors de la déclaration de naissance du premier, le père est absent, c'est son beau-père et un officier de santé qui procèdent aux formalités. Au passage ils confirment que le père est "ex religieux cordelier". Le second est déclaré par le père lui-même, qui gagne alors sa vie en étant "gardien de la maison de détention sacerdotale". La famille demeure maintenant rue du Chapeau rouge.

•  17 nivôse an XI (7 janvier 1803), Dijon : Nicolas SERISIAT déclare le décès de son beau-père imprimeur. Et, surprise, pour la première fois dans les divers actes retrouvés le concernant, l'ancien moine est dit... "musicien à Dijon".

• 7 germinal an XII (28 mars 1804) : Anne TILLET et son mari ont la douleur de perdre leur fils aîné, âgé de huit ans. Nicolas SERISIAT se confirme comme étant alors "musicien à Dijon, y demeurant rue des Singes".

La trace de l'ancienne organiste des Cordeliers se perd ici.
Ni son décès ni celui de son mari n'ont été retrouvés à Dijon. La jeune sœur d'Anne, Françoise, qui était née le 7 février 1775, meurt en 1830, ouvrière et célibataire. Le second fils Seriziat, Antoine, se noie le 25 juin 1841 à six heures du matin dans le port de Brest où il était "fusillier de la chiourme", c'est-à-dire soldat chargé de la sécurité du bagne.

Mise à jour : 15 août 2018

Sources
F-Ad 21/ L 514 ; F-Ad21/ 49 HR 920 ; F-Ad21/ BMS St-Jean de Dijon en ligne ; F-Ad21/ L 1521 ; F-Ad21/ NMD Dijon en ligne

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