PUISEUR DE LA RONCHÈRE, Pierre Gabriel, dit "LA RONCHÈRE" (1781-1791)

Le parcours du jeune Pierre Gabriel LA RONCHÈRE est aussi bref qu'intéressant, illustrant le rôle social du chapitre dans l'admission des enfants de chœur à la maîtrise. Le destin du petit Pierre Gabriel, issu d'une des familles de l'élite nantaise, bascule alors qu'il n'a qu'un an environ : il perd ses deux parents la même année. Sa famille ou ses tuteurs vont le confier à la psallette de la cathédrale dès ses cinq ans, une faveur à laquelle le chapitre bienveillant a accédé.

• 26 novembre 1781, Nantes [Loire-Atlantique] : Pierre Gabriel PUISEUR DE LA RONCHÈRE, dit LA RONCHÈRE, voit le jour dans une des familles de l'élite nantaise. Il est le fils de Nicolas Henry, écuyer, et d'Agathe Catherine Le Gouriée. Si le parrain est un sieur Pierre Pavie, la marraine attire l'attention. En effet il s'agit d'Anne Crucy, femme Peccot, deux noms nantais bien connus. La famille Crucy compte dans ses rangs l'architecte Mathurin qui a contribué au chantier d'urbanisme des nouveaux quartiers de Nantes et à qui on doit le Théâtre Graslin édifié en 1788. Les Peccot sont aussi renommés, Antoine Peccot ayant été administrateur public et homme de lettres, devenu administrateur du département de la Loire-Inférieur en 1792.

• 1782, Nantes : Pierre Gabriel LA RONCHÈRE est encore nourrisson lorsque son père meurt en février, puis sa mère en décembre de la même.  Lors de l'inhumation du père paroisse Saint-Vincent, la cérémonie est faite par le vicaire LE COUTEUX en présence de Jean François RACAULT prêtre de chœur et de son frère sacriste.Quel avenir pour un orphelin d'un an environ si ce n'est d'être confié à la famille ou placé en nourrice ? Son oncle maternel Joseph Le Gouriée, présent à la sépulture d'Anne Catherine le prend-il en charge avant de le faire entrer à la psallette ?

• 1786, Nantes : Pierre Gabriel LA RONCHÈRE est reçu à la psallette de la cathédrale Saint-Pierre alors qu'il n'a que cinq ans. Son admission prématurée (cinq ans au lieu de sept) est vraisemblablement imputable à sa situation familiale particulière. Il pourrait avoir bénéficié d'une protection du chapitre.

• 13 décembre 1790, Nantes : Les enfants de chœur adressent une première supplique collective touchante au comité ecclésiastique rappelant que le chapitre avait toujours pourvu à tous leurs besoins, fourni des vêtements propres aux saisons, du bois de chauffage pour la salle d’étude très froide. Ils étaient nourris, vêtus et éduqués avec soin. Bien que les noms des huit enfants ne soient pas mentionnés explicitement, sont concernés Pierre DURAND, Pierre GRUAIS et Pierre RAGUENEAU ainsi que Yves Julien Augustin DELAUNAY, Pierre Marie HUET et Pierre Gabriel LA RONCHÈRE. Deux noms n’ayant pas été répertoriés font donc défaut. Pierre Gabriel fait partie des plus jeunes enfants de chœur.
• 30 décembre 1790 : Le Directoire confie au sieur CAPPA-LESCOT, maître de musique et de psallette la continuité de la prise en charge et du suivi des enfants de chœur moyennant rétribution. Il précise que les enfants le souhaitant peuvent s'ils le souhaitent, se retirer chez leurs parents, sans préjudice "à l'égard de ce qui pourra leur être accordé à raison du temps de leur service". 

• 4 septembre 1791, Nantes : Pierre Gabriel,"âgé de 9 ans, 9 mois et 10 jours" est inhumé dans le cimetière commun de la ville en présence du maître de grammaire Praud et Lafourcade. Le rédacteuri laisse transparaître signes affectueux et nostalgie dans l'acte. Lafourcade insiste sur sa présence en tant que vicaire épiscopal, rappelle que l'enfant est décédé en la "Maison de la Psallette", qui sonne plus comme un repère familial que comme un lieu d'enseignement. L'année 1791 touche à sa fin ; les temps ont changé.

Mise à jour : 23 janvier 2021