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JULIEN, Jean Pierre (1687-1771)
État civil
NOM : JULIEN     Prénom(s) : Jean Pierre     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : JULLIEN
JOULIAN
Date(s) : 1687-6-22   / 1771-9-26
Notes biographiques

Jean-Pierre JULIEN (parfois JULLIEN, mais il signe avec un seul "l") effectua l'essentiel de sa carrière de maître de musique en Bretagne, à Saint-Brieuc puis à Rennes. Il était pourtant né fort loin de là : à Marseille. Parmi les maîtres en exercice en Bretagne, dont le recrutement est souvent effectué à peu de distance, majoritairement dans le quart nord-ouest du royaume de France, c'est l'un de ceux qui vient de plus loin.

• 22 juin 1687, Marseille : Né le jour même, Jean-Pierre "JOULIAN" est baptisé paroisse de Saint-Martin. Il est fils de Pierre Julien, qui signe l'acte, et de Magdeleine Vincente. Son parrain se nomme Jean-Pierre Roux et signe avec nettement plus d'aisance que le père. La marraine, en revanche, Catherine Mathieue, "na su escrire". A-t-il un lien familial avec François JULIEN, natif de Marseille et dont le père se prénomme également Pierre ?

• On peut penser qu'il a été formé à la musique dans l'une des maîtrises de Marseille dans les années 1695-1705 ou environ. Son nom n'a pas été retrouvé dans les registres capitulaires de la cathédrale, dépouillés par Aurélien Gras à partir de 1695. Il pourrait avoir été formé à la maîtrise de la puissante abbaye de Saint-Victor (dont les registres n'enregistrent pas les recrutements d'enfants de chœur) ou encore, éventuellement, à la psallette de la cathédrale d'Aix, la plus prestigieuse de la région (mais on y rencontre peu de Marseillais). Jean-Pierre JULIEN est un étroit contemporain de Charles LEVENS, lui aussi né à Marseille, peu après lui (en 1689).

• [À une date qui reste à découvrir, avant avril 1723] Jean-Pierre JULIEN quitte le sud, traverse la France (avec quelles étapes ?) et arrive en Bretagne.]

• 30 avril 1723, Saint-Brieuc : Jean-Pierre JULIEN est engagé en qualité de maître de musique par les chanoines de la cathédrale.

• 2 décembre 1728, Saint-Brieuc : Le sieur Jean-Pierre JULIEN, Maître de Psallette et de musique de la cathédrale, épouse Jeanne-Françoise Profit. L'acte apporte des précisions intéressantes au sujet du marié : il est dit "fils de nh Pierre Jullien et de dlle Madeleine Vincente", de la paroisse de St-Martin de Marseille, où il a été baptisé le 22 juillet [sic, en fait le 22 juin] 1687 et où un ban de mariage est publié. Le curé briochin prend beaucoup de précautions pour assurer que son paroissien est "libre et non marié". Il affirme qu'il est "reconnu pour tel dans Saint-Brieuc" où il réside (sans, hélas, préciser depuis combien de temps) et où il exerce comme "Maistre de la Psallette et musique du chœur de la cathédrale de cette ville". Il précise également que le maître se marie "avec l'agrément et approbation de Messieurs le Doyen, Dignitaires et chanoines du vénérable chapitre de cette cathédrale".

Durant les années suivantes, le couple Julien / Profit donne naissance à quatre enfants, tous baptisés à Saint-Brieuc, les 28 août 1729, 15 février 1731, 23 juin 1732 et 16 juin 1733. Le père, "maistre de Musique & de psallette" bénéficie de l'avant-nom honorifique "noble homme". Les parrains et marraines appartiennent aux élites locales, notamment au milieu des officiers du roi ("alloué royal", "Conseiller du roy", épouse de "Contrôleur général des droits du Roy", "commissaire général des troupes de sa majesté"…). Le célébrant du quatrième baptême signale en outre la présence d'un "grand nombre d'autres personnes de distinction".

• À la fin de l'année 1733, Rennes : Le sieur JULIEN devient maître de psallette de la cathédrale de Rennes. Le 9 décembre 1733, en bas de son acte de mariage, le curé de Saint-Brieuc, après lui en avoir délivré copie, a inscrit cette précieuse indication : "Délivré gratis aud Sr JULIEN allant à Rennes pour y estre Me et œconome de psallette, ce 9 Xbre 1733".

• 3 mai 1734, Rennes : Le nouveau maître de musique de l'église de Saint-Pierre et son épouse ont un enfant quelques mois après leur arrivée à Rennes. La cérémonie rassemble plusieurs personnes, dont un parrain notable.

• 18 octobre 1740, Rennes : La famille accueille un fils, porté sur les fonts de la paroisse Saint-Étienne le lendemain de sa naissance. Il s'agit de Vincent Anne JULIEN, futur musicien nantais intervenant comme symphoniste cathédrale Saint-Pierre. Le père est présent ainsi que "Pierre JULIEN Fils", futur enfant de chœur.

• 28 février 1741, Rennes : Demoiselle Jeanne Julien, fille de JULIEN maître de musique et de psallette meurt prématurément à 10 ans. Le rédacteur de l'acte a dû omettre de vérifier le patronyme de la mère car il inscrit "Priscille Moinut" au lieu de Jeanne Françoise Profit.

• 30 août 1741, Rennes : Son épouse, demoiselle Janne-Francoise Profit, meurt à l'âge d'environ 40 ans, paroisse Saint-Étienne.

• 7 septembre 1742 : "Pierre-Gilles-Jean JULIEN fils du maître de musique [est] reçu enfant de chœur à la place de LAVALLÉE qui doit sortir à la Toussaint prochaine", enregistre le secrétaire capitulaire de la cathédrale Saint-Pierre. L'installation de son fils aîné dans le dortoir des enfants de chœur dégage un peu l'appartement privé du maître et facilite probablement ses projets matrimoniaux. Tout le monde va néanmoins cohabiter au sein de la maison de la psallette.
• 25 septembre 1742, Rennes : Dans l'église paroissiale Saint-Aubin est célébré le remariage du sieur Jean-Pierre JULIEN, de la paroisse St-Étienne, Maître de Psallette de la cathédrale de Rennes, "maître de ses droits", veuf de Dlle Jeanne Françoise Proffit. Il épouse la Dlle Jeanne-Gabrielle Cazié / Gazié, elle aussi veuve, du sieur Henry-François Thomas. Par ce mariage, le maître de psallette devient donc le beau-père de Guillaume THOMAS LAVALLÉE, précisément le grand enfant de chœur sur le point de quitter la psallette et que son fils va remplacer ! Parmi les signatures, on relève celle de "h.c.piron ptre semiprébandé de la Cathédrale de Rennes".

• 22 mars 1745, Rennes : À compter de cette date, le maître de musique bénéficie, les jours de musique, de l'appui d'un nouveau musicien externe, le sieur CHABAUD, que le chapitre vient de recevoir "musicien et violonchel". Il est lui aussi originaire de Provence (ou, plus exactement, du Comtat Venaissin). Est-ce un pur hasard ? On peut en douter...

• 9 janvier 1751, Vitré : Les époux JULIEN / Cazié sont présents à Notre-Dame de Vitré pour le baptême du premier fils de Guillaume THOMAS LAVALLÉE. Cet enfant est né la veille, neuf mois après le mariage de Guillaume avec une jeune Vitréenne nommée Renée Fournier, mariage auquel Jeanne-Gabrielle Cazié s'était opposée, obligeant son fils à entamer une procédure de sommations respectueuses. Mère et fils sont manifestement réconciliés puisque le parrain de l'enfant n'est autre que  "n.h. Jean Pierre JEULIEN [sic, il signe JULIEN], grand-père de l'enfant au paternel". La grand-mère signe, quant à elle, maladroitement "ianne grabrielle cayze".
• 1751, Rennes : Le rôle de capitation mentionne dans la 5ème maison de la rue de la Psallette "le sieur JULLIEN, Maitre de psallette", qui doit 2 livres "pour un domestique".

• 5 novembre 1770, Rennes : Lorsque commence le registre capitulaire 1770-1778, le sieur JULIEN est toujours maître de musique de la cathédrale Saint-Pierre. Le chapitre remet au major de la milice bourgeoise un certificat pour l'exempter "d’aller à la patrouille", ainsi que les autres gagistes de la cathédrale : les sieurs SCOUARNEC, SAUTEREAU, HUREL et LE BAHIC, choristes ou chantres, les sieurs CHABOT, DUMESNIL et LAVALLEE musiciens, DESCHAMPS et PROD’HOMME massiers, et également Leduc garde du chœur et Basile garçon de la sacristie.

• 29 juillet 1771, Rennes : Le chapitre de la cathédrale passe un nouveau traité avec le sieur JULLIEN "œconome de la psalette". Malgré ce titre, ses obligations qui lui sont rappelées disent clairement qu'il est à la fois le maître de musique et le maître de la psallette : il doit apprendre aux six enfants de chœur la musique, la composition, à jouer des instruments et à chanter, "leur donnant au moins deux heures de leçon par jour, lui présent", ainsi que les cérémonies de l’église. Il devra aussi leur enseigner ou leur faire enseigner "à lire et à écrire et la langue latine, sans qu’il puisse rien exiger pour le papier, l’encre et les plumes, ny pour les cordes de Basse ou de violon". Il est prévu qu'il puisse s'absenter à l'occasion, mais il est entendu qu'il sera alors censé "être à composer de la musique nouvelle". Son nouveau contrat prévoit une rémunération de 1 610 livres + 10 sols d’entrée de chœur soumis à la pointe.

• 27 septembre 1771, Rennes : On annonce en chapitre le décès de JULIEN, "œconome de la psalette", survenu la veille. En effet, le jour même Jean-Pierre JULIEN est inhumé par le curé de la paroisse Saint-Étienne, qui le dit décédé la veille "en sa maison de la psallette". Il était "âgé de 85 ans quelques mois" et époux de dlle Jeanne-Gabrielle Cazier.
Trois jours plus tard, à la demande des musiciens de la cathédrale, le chapitre décide qu'un service en musique à la mémoire du sieur JULIEN sera célébré le 3 octobre 1771.
• 7 octobre 1771 : Le chapitre accorde à la veuve de JULIEN permission de continuer à habiter la psallette jusqu’au 24 juin 1772. Jeanne-Gabrielle Cazié gère-t-elle en même temps la vie matérielle des six enfants de chœur ? Il est spécifié qu'elle peut garder le même précepteur ou en avoir un autre, et qu'elle devra laisser à la disposition de celui qui sera chargé d’enseigner la musique aux enfants "tout ce que son mary en a laissé soit de sa composition soit acquise à ses frais"… Dans un premier temps, c'est le basson SAUTEREAU qui est chargé de donner une fois par jour des leçons de musique aux enfants de chœur et leur faire prévoir les versets et ce qu’ils doivent chanter au chœur.
Plusieurs mois plus tard, en avril 1772, arrive COLIN DESGRAVIERS, le nouveau maître choisi par le chapitre.

• Lorsque, plus de quinze ans plus tard, Jeanne-Gabrielle Gazié s'éteint à son tour, son décès est mentionné dans les avis mortuaires publiés par Les Affiches de Rennes le 7 février 1787 : "Delle J.G. Gazié, veuve du sieur JULIEN, Maître de Musique de la Cathédrale de Rennes".

Mise à jour : 13 août 2020

Sources
Affiches de Rennes, 1787 ; F-Ad13/ BMS St-Martin de Marseille ; F-Ad22/ 1 G 218 ; F-Ad22/ BMS St-Brieuc ; F-Ad22/ BMS St-Brieuc, St-Michel ; F-Ad35/ 1G 204 ; F-Ad35/ 1G 700  ; F-Ad35/ BMS Rennes, St-Etienne ; F-Ad35/ BMS Vitré, Notre-Dame ; F-Am Rennes/ BMS Rennes, St-Étienne ; F-Am Rennes/ rôles ficaux en ligne  ; F-AmRennes/ BMS St-Aubin de Rennes ; F-AmRennes/ BMS St-Étienne de Rennes ; G. Bourligueux, "La maîtrise de la cathédrale de Vannes au XVIIIe siècle », SHAB, 1969-1970

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