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CAILLEAU, Charles (1750-1805)
État civil
NOM : CAILLEAU     Prénom(s) : Charles     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : CAILLAU
CAILLAUD
Date(s) : 1750-2-3  / 1805-11-30
Notes biographiques

La bourgade de Baugé, 3 700 habitants en 1790, est située au Nord-Est du Maine-et-Loire, aux confins du Bas-Maine, à une dizaine de lieues d’Angers. Elle est à distinguer du bourg initial, le Vieil-Baugé, siège d’une collégiale tombée en désuétude dès le XIe siècle. La Flèche et son Collège royal ne sont qu’à quatre lieues. L’érudit Célestin Port rapporte que la région est réputée pour ses forêts et que la ville est assez misérable, mal desservie et enclavée. Un regard attentif va cependant pondérer cette vision. En effet Baugé compte de grands hôtels des XVIIe et XVIIIe siècles, des édifices religieux, couvents, cloîtres, Collège et un Hôtel-Dieu dont l'apothicairerie est remarquable. Les Baugeois fréquentaient initialement l’église Saint-Laurent insérée dans le château et devenue au fil du temps impraticable, aussi délabrée que la citadelle fermée en 1589. La construction de l’église Saint-Laurent et Saint-Pierre a été terminée en 1611. Une fondation faite à la fabrique a permis la construction d’un orgue et la rémunération d’un organiste, dont le sieur TASSIN de 1773 à 1795. Charles CAILLEAU, prêtre, originaire de La Jumellière en Vendée angevine, est recruté comme principal du Collège en 1781. La Révolution révèlera un patriote militant, "prêtre intrus" dans son bourg natal en 1791. Il y traque tant et si bien ses ex-congénères réfractaires que la contre Révolution de 1793 l'oblige à fuir et se réfugier à Angers avant de retrouver la vie paisible de Baugé.

• 3 février 1750, La Jumellière [M&L] : Charles CAILLAU, fils du serger René Caillau, est porté sur les fonts baptismaux par un parrain de haut lignage "Haut et puissant Seigneur Messire Charles d'Appelvoisin". La marraine est également Haute et puissante Demoiselle Mademoiselle Marie Anne Barjot de Bercé. Le mariage des parents le 26 janvier 1745 avait été célébré par un oncle du père, vicaire de La Jumellière. Le frère de la mariée, René Rompion était quant à lui diacre.

• [1757-1767] : Les dates exactes de formation de Charles CAILLAU sont indéterminées. Il est vraisemblable que compte tenu du contexte familial il était dans une situation favorable pour servir comme enfant de chœur à la collégiale Saint-Léonard de Chemillé [M&L], toute proche de La Jumellière.

• 6 avril 1774-13 novembre 1779, La Jumellière : Charles CAILLAUD est vicaire de La Jumellière après y avoir été diacre (depuis le 23 mars 1774). Il s'occupe du collège avec son cousin Étienne Charruau futur prêtre insermenté de La Jumellière.

• Août 1779-15 janvier 1781, Chemillé [M&L] : Les abbés CAILLEAU et Charruau transfèrent le collège à Chemillé, ville plus attrayante que La Jumellière. Ils font paraître des avis dans les Affiches d'Angers en août 1779 et octobre 1780. Charles CAILLEAU est désormais Principal du collège. D'après Célestin Port Notre-Dame resta un petit collège sans importance.

• 15 mars 1781-1er novembre 1790, Baugé [M&L] : CAILLEAU est nommé Principal du collège de Baugé en Haut-Anjou. L'institution est composée de 6 régents et un principal depuis 1769. Charles CAILLEAU s'y établit pour plusieurs années alliant l'exercice de principal à la fonction de chantre ponctuel de l'église paroissiale Saint-Pierre et Saint-Laurent. Il est rémunéré 91 lt au titre de ses fondations et 18 lt en tant que chantre. Selon Uzureau et l'Anjou historique, il se démet de ses fonctions à La Toussaint de 1790 pour se retirer chez sa mère à La Jumellière. Le Collège quant à lui, ferme en août 1792.

En 1790, l'effectif musical de l'église paroissiale Saint-Pierre et Saint-Laurent de Baugé est constitué, de l'organiste TASSIN, d'un chantre le Sieur CAILLAUD, de Lamy et Fontaine deux sacristes dont le dernier est ecclésiastique, de choristes et d'un souffleur d'orgue. La modicité des rémunérations des comptes de fabrique entre 1787 et 1790 indique implicitement qu'excepté TASSIN et Fontaine, les interventions sont ponctuelles.

• 10 avril 1791-[1793], La Jumellière : Après avoir prêté serment, CAILLEAU est élu curé constitutionnel du district de Vihiers [M&L] le 10 avril 1791. Il refuse la cure de La Plaine [M&L] puis prend possession de La Jumellière fin mai. Les habitants de La Jumellière, maire en tête, refusent dans un premier temps cette nomination plus pour des questions de calendrier que de personne. Cependant, l'installation de CAILLEAU, "intrus" dans son village natal de la Vendée angevine est clivante. Patriote zélé, il dénonce les prêtres réfractaires cachés au château y compris son cousin Charruau ou Gruget le prêtre qui l'a vu grandir.

• Mars 1793, Angers : L'insurrection vendéenne du 13 mars 1793 contraint CAILLEAU à démissionner et à se réfugier à Angers. Il est alors sans ressources.

• 26 février 1794-1796, Baugé : Charles CAILLEAU livre ses lettres de prêtrise avant de de se fixer à nouveau à Baugé, ville où les habitants lui avaient témoigné de l'attachement. Le 2 juillet 1794 il fait un exposé supplique au Comité révolutionnaire de Baugé afin de retrouver son traitement. Il y est sincère, patriote, assume sa précédente position d'intrus "surveillant les traîtres", les déclarant tant au département qu'aux patriotes des villages voisins. Autant dire que le "contre feu de la Révolution" de 1793 ne pouvait que générer des vengeances. L'enquête de mars 1796 précise son cursus "ex curé de La Jumellière, réfugié, réside à Baugé où il était ci-devant principal du Collège. Il enseigne actuellement à lire et écrire ; patriote prononcé dès le commencement de la Révolution".
• 13 février 1797, Baugé : Charles CAILLEAU publie un avis dans les Affiches d'Angers annonçant l'ouverture d'un pensionnat.
• 26 novembre 1801, Baugé : L’enquête gouvernementale sur le clergé du Baugeois mentionne "Charles CAILLEAU, 50 ans, ayant fait la déclaration de Fidélité ; n'exerçant point pour le moment, patriote, honnête et capable".
• 22 décembre 1802, Baugé : Charles CAILLEAU concordataire est réintégré à l'Église, nommé prêtre habitué de Baugé où il est autorisé à prêcher le Carême.

• 30 novembre 1805, Baugé : Charles CAILLEAU, prêtre âgé de 55 ans, décède dans la maison du Collège, lieu et mission qui auront été les fils conducteurs de sa vie.

Lors de son retour à Baugé en 1794, Charles CAILLEAU expose sa situation au Comité Révolutionnaire (L 1138) avec pour objectif de "toucher son traitement". Son discours assume ses agissements de patriote engagé et controversé.

« J’ai habité cette commune [La Jumellière] avant et au commencement de la Révolution. La Révolution venue, je m’en montrai le partisan, persuadé que j’étais (certain que je suis encore) que les abus qui existaient seraient détruits.
L’Assemblée décréta que les prêtres feraient le serment. Soumis à la volonté générale et me faisant une obligation de suivre et exécuter ponctuellement tous les décrets, je fis le serment. Ma patrie était La Jumellière. L’assemblée électorale me nomma à la cure de ce lieu. Ma soumission à la volonté générale, je le répète, fut une raison pour moi de me rendre à la place où j’avais été appelé. La commune de La Jumellière était environnée de communes où les ci-devant curés qui n’avaient pas satisfait à la loi qui ordonnait le serment. J’étais, je vous le jure, investi d’aristocrates, de contre-révolutionnaires et d’ennemis irréconciliables, parce que j’avais fait mon devoir, obéi à la loi. Le feu de la contre-révolution éclata en nos contrées un an après ma résidence à La Jumellière.
Surveillant des traîtres, je m’aperçus le premier de leurs intentions sinistres. Aussi, je fus le premier à les faire connaître puisque j’allai au département en faire la déclaration avec invitation de prévenir les malheurs à venir. Il m’en fut dressé acte. Je ne me contentai pas de cette démarche. Je fus prévenir et instruire les citoyens de communes voisines que les brigands s’étaient portés à La Jemellière, et qu’ils se tinssent sur leurs gardes. Je n’échappai que par la grande diligence à la fureur des ennemis, et je ne me suis trouvé victime de leur vengeance que dans les propriétés.
Je n’ai pas retourné à La Jumellière. Je suis resté sans ressource. Persuadé que les habitants de Baugé qui m’avaient témoigné de l’attachement me recevraient généreusement dans leur sein, je me décidai à aller habiter parmi eux.
Je me présentai devant les corps administratifs et leur exposai le désir que j’avais de devenir leur concitoyen. Leur accueil me convainquit de l’idée que je m’étais faite.
Ayant l’espoir de toucher mon traitement au plus tôt, je serai, l’ayant reçu, dans le cas de pouvoir me procurer les choses les plus nécessaires et de vivre dans une heureuse médiocrité ».

Mise à jour : 3 février 2019

Sources
C. Port, Dictionnaire historique..., 1878 ; C. Port, Dictionnaire historique..., 1965 ; F-Ad49/ BMS La Jumellière ; F-Ad49/ G 1833 ; F-Ad49/ NMD Baugé ; F. Uzureau, L'Anjou historique, 1909 ; R. Perrin de Rouvray, l'Eglise d'Angers... 1986

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