KAISER, Johann Jacob, dit Jacques LEMPEREUR (1738-1825)

Johann Jacob KAEISSER ou KAISSER voire KAISER, musicien des carabiniers a francisé son nom en Jacques LEMPEREUR en s'établissant à Saumur. Quoiqu'il ne fasse pas partie au sens strict du corpus Musefrem, son parcours y a été inséré. Ce choix correspond à plusieurs objectifs : d'une part Jacques LEMPEREUR croise le parcours de l'organiste George DENIS attestant la porosité des musiques dans la ville ; d'autre part, La Flèche [Sarthe] étant l'autre centre de corps de carabiniers du Comte de Provence, des liens entre musiciens s'élargissent. Enfin un dénommé Jacques LEMPEREUR exerçant à la même période, il était nécessaire de clarifier la situation.

• [vers 1738 ou 1748?], Fichtelberg, [Allemagne] : Johann Jacob KAEISSER  est né en Bavière, paroisse de Fichtelberg, région réputée catholique, dans un petit village proche de Bayreuth. Peu de choses sont connues si ce n'est par son acte de mariage.  Ses parents se nommeraient Adam André Caiser [KAISER] et Marguerite Cominge après francisation.

• 2 octobre 1770, Saumur [M&L] : KAISER ainsi qu'il signe ce jour là épouse une jeune française, Madeleine Altin, fille d'un voiturier à eau. Jean Jacob KAISER est musicien au corps des carabiniers et la procédure de mariage a été longue. En effet, si le père est défunt, la mère a envoyé son consentement par l'intermédiaire du curé de Fichtelberg le 28 mars 1769. En outre, Mr de Poyanne, lieutenant-général commandant le célèbre corps des carabiniers, a autorisé ledit mariage en mai 1769. Les personnes présentes se partagent entre amis musiciens militaires de l'époux aux patronymes germaniques, Louis BRENEY, Michel SEIFFINGER, Georg SCHNITTER , Alexandre JOARY et la famille de Madeleine Altin.

Pour mémoire, le régiment des carabiniers a été installé à Saumur par le duc de Choiseul qui répartit en 1763 les régiments notamment entre La Flèche [Sarthe] et Saumur. Certains des musiciens cités sont alternativement dans une cité puis l'autre. La ville est ainsi submergée par hommes et chevaux, un apport économique pour Saumur qui s'étiolait depuis le départ des protestants à la fin du XVIIème siècle... et une crainte.... des mères de famille pour leurs filles d'autant que faute de place les carabiniers étaient aussi logés chez l'habitant.
Elisabeth Verry (« De l’académie d’équitation aux carabiniers de Monsieur. Les origines de la vocation cavalière de Saumur », In Situ [en ligne]) s'est fait l'écho de ces grands cavaliers à fière allure dans leurs habits de drap  bleu, revers rouges, culotte et gilets blancs, montés sur leurs chevaux noirs. C'étaient des gaillards de 5 pieds 5 pouces (1.76 m) ainsi que l'exigeait leur recrutement.
Pour sa part Henry Dénéchau (Saumur jadis [en ligne]) explique que l'état-major a disposé d'un orchestre symphonique peuplé de musiciens allemands.

• 1771-1781, Saumur : KAISER dit LEMPEREUR s'est intégré à Saumur car il y fonde une famille. Cinq enfants naissent dont deux décèdent en bas âge. Deux périodes sont à distinguer : sa période militaire où les parrains sont carabiniers, puis sa vie civile durant laquelle les parrains et marraines sont saumurois. Toutefois, les vicaires de la paroisse ne semblent pas très consciencieux : plusieurs fois ils oublient de noter soit la marraine soit le parrain...
- Le 10 juin 1771, vient au monde Jacques-Michel, fils de Jacques LEMPEREUR musicien au corps des carabiniers. On notera que prénom et nom sont francisés. Le parrain désigné est Jacob LAINVEBER ainsi qu'il signe et que le prêtre orthographie Michel Lainveuvre. Le père émarge en tant que KAISSER. Lors de l'inhumation de l'enfant, un mois plus tard, c'est Anne Laineveuve qui est présente. Les patronymes fluctuent au gré de la francisation et de l'écriture phonétique.
- Le 13 novembre 1773, Madeleine-Jeanne est portée sur les fonts en présence de son père, Jacob LEMPEREUR. Le parrain, François Frion, commis aux octrois, a épousé une demoiselle Vanasche fille de marchand dont la famille est saumuroise de longue date (de l'époque où les protestants y étaient implantés ?). L'enfant mourra en 1777. Jacques LEMPEREUR est alors devenu marchand. Les amis musiciens sont vraisemblablement partis.
- 29 juin 1775 : Lors du baptême de Pierre-Jacques, LEMPEREUR est maître de danse, le parrain marchand épicier. Ce fils unique deviendra pharmacien.
- 16 mars 1780 : À l'occasion du baptême de Marie-Madeleine, le vicaire ajoute en marge du  registre que le  Sieur Jacques KAEISSER, marchand faïencier, est "originaire de Fichtelberg en Bavière".
- 24 août 1781 : Une petite Jeanne-Louise vient clore le cycle des naissances. Jacques KAEISSER dit LEMPEREUR est marchand. Il signe des deux patronymes.

• 27 novembre 1789, Saumur : George DENYS organiste est inhumé au cimetière de Notre-Dame de Nantilly "accompagné de la grande communauté de cette paroisse". Un musicien cité comme tel est présent. Il se nomme Jacques LEMPEREUR.

• 5 Thermidor an III [23 juillet 1795], Saumur : Pierre Jacques Lempereur épouse la citoyenne Marthe Vincent dite Duportal originaire de Saumur, fille de marchand. Jacques LEMPEREUR, maître à danser est présent ainsi que Madeleine Altin. Un enfant naît en 1796 prénommé Pierre en présence de son grand-père paternel LEMPEREUR, marchand.

• 7 mai 1808, Saumur : Jacques KAEISSER, né à Fichtelberg Haute-Bavière perd sa femme Marie Madeleine Altin. Elle est inhumée deux jours plus tard.

• 17 janvier 1825, Saumur : Le décès de sieur Jacques KAISSER, ancien professeur de danse âgé de 87 ans, né à Phistelbourg en 1738, veuf de dame Madeleine Altin est déclaré par son beau-frère Aubin Maurice Proteau et par son neveu Pierre Marie Belesme, cordonnier.

• 1826 : Pierre Jacques Lempereur fait rectifier son état-civil par voie judiciaire et reprend le patronyme germanique de son père,"Kaiser", un hommage du fils envers le père.

• 23 mai 1852, Saumur : Pierre Jacques Kaiser, propriétaire, décède à son tour à Saumur.

Mise à jour : 11 août 2020