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Vaucluse

Musique et musiciens d’Église dans le département du VAUCLUSE autour de 1790

Liste des musiciens du Vaucluse

Url pérenne : http://philidor.cmbv.fr/musefrem/vaucluse

Au mois de juin 1793, l'insurrection fédéraliste enflamme le sud-est de la France à la suite de la chute des Girondins à Paris. Marseille, organisée en sections, prend la tête du mouvement et commence à lever une armée contre la capitale. Les fédéralistes gagnent toute la région, à Apt, l'Isle-sur-la-Sorgue, Carpentras, Cavaillon, Orange. Ils tentent de rallier Avignon, où les autorités du district hésitent sur la conduite à adopter. Menacée, la Convention vote le 29 juin 1793 la création d'un 87e département, celui de Vaucluse, dont la ci-devant cité des papes devient le chef-lieu. Cette habile manœuvre politique, destinée à briser l'influence fédéraliste marseillaise, réussit pleinement et conserve définitivement Avignon à la cause de Paris.

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Présentation du territoire

Carte d'Avignon et du Comtat Venaissin (1621)

Carte d'Avignon et du Comtat Venaissin en 1621. BNF-Gallica.

À sa création, le département de Vaucluse rassemble une mosaïque de territoires hétérogènes de l'Ancien Régime : au centre, les enclaves pontificales d'Avignon et du Comtat Venaissin, à l'est, une petite partie de la Provence autour d'Apt plus les îlots indépendants du comté de Sault et de la terre de Mondragon, et, enfin, un soupçon de Dauphiné au nord-ouest avec l'ancienne principauté d'Orange. Son paysage alterne entre des montagnes, des plateaux et des plaines parsemées de collines. Le Rhône forme une frontière naturelle avec le Languedoc à l'occident, tandis que la Durance sépare le département des terres provençales méridionales. Le Vaucluse possède en outre une enclave dans la Drôme autour de Valréas à partir de l'an VIII. En effet, la commune de Tulette, qui appartenait au département de la Drôme de 1790 à 1793, est à nouveau rattachée à ce dernier à partir de cette date. Les activités économiques se déploient autour des industries textiles de la sériciculture et de la garance, auxquelles s'ajoutent celles de la papeterie et de la meunerie appuyées sur un important réseau hydraulique. Enfin, on assiste à un début d'exploitation des mines ocrières dans le bassin d'Apt.

Les principales villes du Vaucluse sont Avignon (24 000 habitants en 1793), largement en tête, suivie loin derrière par Carpentras (9 900 habitants), Orange (7 000 habitants), Apt (5 600 habitants), Cavaillon (5 200 habitants) et L'Isle-sur-la-Sorgue (5 000 habitants). En outre, le nouveau département recouvre dix anciens diocèses ou morceaux de diocèses d'Ancien Régime, dont un archevêché (Avignon, 55 paroisses) et cinq évêchés (Apt, Carpentras, Cavaillon, Orange et Vaison). Les évêchés de Carpentras (30 paroisses), de Cavaillon (17 paroisses) et de Vaison (40 paroisses) relèvaient de la province ecclésiastique d'Avignon, le diocèse d'Apt (32 paroisses) de celle d'Aix, et celui d'Orange (20 paroisses) de celle d'Arles. Enfin, les diocèses de Saint-Paul-Trois-Châteaux, de Gap et de Sisteron débordaient légèrement sur le territoire aux marges du Vaucluse.

La particularité du département réside dans la présence en son sein des anciennes possessions du pape. La ville d'Avignon et le Comtat Venaissin sont rattachés à la France le 14 septembre 1791, après de longues hésitations de la part de l'Assemblée nationale, au nom du nouveau droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Bien que hors du royaume, les habitants de ces deux territoires possédaient depuis le XVIe siècle un privilège de régnicolité qui les faisait pratiquement considérer comme des sujets de France. Dans les faits, à la fin du XVIIIe siècle, tout semble français dans les États de l’Église, bien que le gouvernement pontifical du vice-légat à Avignon et du recteur du Comtat à Carpentras ne soit jamais remis en question. Même si la suppression des établissements ecclésiastiques avignonnais et comtadins n'intervient qu'après le rattachement en 1791, soit une année plus tard par rapport au reste du royaume, nous sommes bien ici dans ce que l'enquête collective MUSÉFREM cherche à reconstituer, à savoir la situation ultime des musiciens d’Église à la toute fin de l'Ancien Régime.

Avignon, poumon musical de la région

Grand lutrin de la cathédrale de Cavaillon en 1790, actuellement à Notre-Dame des Doms d'Avignon

Grand lutrin de la cathédrale de Cavaillon en 1790, actuellement à Notre-Dame des Doms d'Avignon. Photo Michel Meunier (2011).

Le statut de cité pontificale d'Avignon rend le poids de l’Église particulièrement prégnant dans sa vie musicale. La ville ne compte pas moins de 78 églises et chapelles en 1791. L'édifice religieux le plus important est l'église métropolitaine, la cathédrale Notre-Dame des Doms. Le Calendrier et notice de la ville d'Avignon et du Comtat Venaissin pour l'année 1761 nous apprend que cette dernière est desservie par un prévôt, un archidiacre, un trésorier, un capiscol, quinze chanoines capitulants, quatre chanoines hebdomadiers, douze bénéficiers dont deux amovibles, deux diacres, deux sous-diacres ainsi que « par quelques autres ecclésiastiques ». En outre, La France ecclésiastique de 1790 mentionne explicitement un « corps de musique ». Lors du rattachement d'Avignon à la France, la maîtrise entretient six enfants de chœur dirigés par le maître de musique Denis ARMAND, en place depuis 24 ans en 1791. L'organiste est Joseph Bénézet PILAT, qui joue depuis 1756 avec une interruption de 1778 à 1784. La musique de la cathédrale dispose également de trois chantres et d'une haute-contre, ainsi que d'un basson et d'un joueur de basse de violon pour la partie instrumentale. L'un de ces chantres, Jean-Baptiste LAROCHE, exerce très temporairement les fonctions de maître de chapelle de la collégiale Saint-Pierre en 1771.

Avignon se divise en sept paroisses, chacune possédant une église ayant également le titre de collégiale. Les sources attestent la présence de musique dans cinq de ces collégiales. La plus renommée, la collégiale Saint-Agricol, comporte au sein de son chapitre un doyen, un capiscol, un « ouvrier » (chargé des questions d'architecture), quatorze chanoines, seize bénéficiers dont deux amovibles, deux diacres et deux sous-diacres. En 1791, le maître de musique est Jean CHAPUY, qui encadre quatre enfants de chœur. Quant à l'orgue, il est tenu par un bénéficier prêtre, Pierre François ARNAUD. Saint-Agricol possède en outre au moins deux chantres appelés « locataires » – une constance de vocabulaire pour désigner les choristes dans les églises d'Avignon.

Le chapitre de la collégiale Saint-Pierre compte un doyen, un capiscol, dix chanoines, quatre hebdomadiers, neuf bénéficiers et un curé amovible. En 1791, sa maîtrise accueille deux enfants de chœur sous la houlette du maître de chapelle Jean Pierre HUGUET. Lui-même ancien maîtrisien, HUGUET remplissait précédemment le même poste à Saint-Agricol de 1759 à 1786. Pierre ROLLAND tient l'orgue depuis 1772. Sans emploi, il se reconvertit en « traiteur » mais touche toutefois une pension en 1793. Pour les chantres, citons le parcours intéressant de Jean OLLIVIER, qui vient de loin : il naquit à Monségur-en-Bazadais [Gironde] en 1729. Il passe ensuite par les collégiales Saint-Agricol et Saint-Didier d'Avignon avant de se fixer à Saint-Pierre. Les bénéficiers ne sont pas toujours non plus étrangers à la musique, comme l'atteste Jean François André WALRAEF, ancien maître de chapelle devenu simple hebdomadier qui participe à l'exécution d'une symphonie en 1788.

La collégiale Saint-Pierre d'Avignon

La collégiale Saint-Pierre d'Avignon, tapis de chœur du XIXe siècle. Photo M. Meunier (2011).

La collégiale Saint-Didier (un prévôt, un sacristain, un capiscol et dix chanoines) se distingue selon le Calendrier de 1761 comme un lieu possédant « une bonne musique ». Il s'agit de la dernière église d'Avignon à posséder une psallette, qui éduque probablement trois enfants de chœur – le nombre n'est pas assuré avec certitude et les registres capitulaires s'avèrent très lacunaires, ne couvrant que la période 1763-1777. Depuis 1782, les fonctions de maître de musique et d'organiste se voient réunies entre les mains d'un seul homme, François Agricol BOUVIER. Saint-Didier entretient également quatre chantres locataires, dont la haute-contre Joseph Agricol RENAUD, ci-devant maître de chapelle, ainsi qu'un basson et une basse de violon attestés au milieu des années 1770 mais qu'on ne retrouve pas en 1791.

Les autres églises de la ville sont des établissements de faible importance d'un point de vue musical. La collégiale Notre-Dame-la-Principale (un recteur, un capiscol et dix chanoines dont deux curés) engage deux chantres choristes pour les dimanches et fêtes – André BOREL et Jean CARTOUX – ainsi qu'un organiste. Ce dernier est Hyacinthe PILAT, frère cadet du joueur d'orgue de la cathédrale. Hyacinthe touche aussi probablement les claviers de l'instrument de la collégiale Saint-Geniès, qui représente l'unique musique à demeure de cette paroisse. Il n'y a pas d'orgue ni de musiciens réguliers dans les collégiales Sainte-Madeleine et Saint-Symphorien. Elles font toutefois appel à des musiciens de l'extérieur afin de solenniser les processions importantes du calendrier liturgique.

En dehors des collégiales, la musique résonne dans d'autres institutions ecclésiastiques d'Avignon. Des « lutrins », des « livres de chant » et des « pupitres à musique » laissent clairement supposer une pratique vocale dans les couvents des Grands Capucins, des Célestins et des Dames du Verbe incarné. Norbert Dufourcq mentionne en outre des orgues dans les couvents des Carmes et des Cordeliers, ainsi qu'aux collèges de Saint-Martial et de Saint-Nicolas-d'Annecy. L'organiste du couvent des Grands Augustins est Jacques GIROUIN, en poste depuis 1750. Enfin, la confrérie des pénitents violets abrite en son sein un véritable chœur, qui varie de dix à une quinzaine de chanteurs. Les choristes regroupent souvent des membres de la même famille, à l'image des GOULLION père et fils ou des frères Jérôme et Jean Pierre JULLIAN, également apparentés aux frères MAS, aîné et cadet.

L'ancien Comtat Venaissin

Sortons à présent de la cité des papes pour nous aventurer dans le reste du département de Vaucluse. Les communautés rencontrées s'avèrent plus rurales. Notre première étape nous mène au cœur de l'ancien Comtat Venaissin, deuxième enclave pontificale à côté de la ci-devant ville-État d'Avignon. La vie musicale de Carpentras s'articule essentiellement autour de sa cathédrale placée sous le patronage de Saint Siffrein. Le chapitre de cette dernière se compose de douze chanoines (dont un prévôt, un archidiacre, un capiscol et un sacristain), qui entretiennent une psallette de quatre enfants de chœur. En 1791, le maître de chapelle est Jean Paul AUPHAND, qui touche également l'orgue depuis le décès du dernier titulaire de l'instrument deux ans plus tôt. Il part ensuite, probablement après la suppression du chapitre de Carpentras, à Montélimar où on le retrouve chantre et maître de musique en 1793. Pour agrémenter le service divin, Saint-Siffrein possède en sus de l'organiste un joueur de basse de violon. À ce noyau instrumental s'ajoutent trois chantres – une haute-contre, une haute-taille et une basse-taille – désignés dans les sources sous le vocable de « mansionnaires ». Enfin, selon Joseph Scherpereel, un groupe assez important de prêtres bénéficiers complète le chœur, variant d'une vingtaine à une quarantaine de personnes chantant sous la direction du maître de musique tout au long du XVIIIe siècle. Ces bénéficiers n'ont malheureusement pas pu être clairement identifiés autour de 1790. Le diocèse de Carpentras compte au moins deux églises paroissiales possédant un orgue, à Caromb et à Pernes, dont nous n'avons pas réussi à retrouver les instrumentistes.

Extrait d'une d'une messe de Gabriel Véran BONAUD, de Cavaillon

Extrait d'une messe de Gabriel Véran BONAUD, de Cavaillon. Archives départementales de Vaucluse, 28 J 167. Photo Michel Meunier (2011).

Le chapitre de la cathédrale Saint-Véran de Cavaillon (douze chanoines, dont un prévôt, un capiscol, un pénitencier, un théologal, un « ouvrier » et un archidiacre) se trouve à la tête du micro-diocèse éponyme. En guise de musicien, il n'emploie en tout et pour tout qu'un organiste, les chanoines et un bas-chœur de dix semi-prébendés assurant seuls le chant. Cet instrumentiste est Marc Antoine LAPIERRE en 1791, un homme extrêmement polyvalent puisqu'il cumule son poste avec celui de maître de musique et qu'il joue également de la basse de violon. La maîtrise de Saint-Véran accueille quatre enfants de chœur, à la disposition desquels est mis un clavecin. L'un des bénéficiers au moins se révèle musicien : Gabriel Véran BONAUD, qui compose des messes dont plusieurs ont été conservées. En dehors de la cathédrale, l'église du couvent des Dominicains de Cavaillon comporte un petit orgue dont nous ignorons le titulaire mais qui atteste une pratique musicale en ce lieu. Le diocèse de Cavaillon recèle également une petite collégiale à l'Isle-sur-la-Sorgue, considérée comme un joyau d'art baroque. Cette collégiale, Notre-Dame-des-Anges, possède sa propre maîtrise avec un maître de musique et deux enfants de chœur. Elle entretient en outre deux choristes et abrite un orgue depuis le XVIIe siècle, dont le titulaire est souvent un chanoine. Au moment de la Révolution, nous ne possédons malheureusement que des renseignements succincts sur un seul enfant de chœur – Ponce COSTE.

L'évêché de Vaison constitue le dernier diocèse du Comtat Venaissin, qui déborde légèrement au nord sur le Dauphiné et englobe l'enclave de Valréas. La cathédrale Notre-Dame-de-Nazareth de Vaison comporte un chapitre composé d'un prévôt, d'un archidiacre, d'un sacristain, d'un capiscol et de six chanoines. Son bas chœur comprend un curé, deux hebdomadiers ainsi que huit mansionnaires aidant à chanter les offices selon La France ecclésiastique. Le corps de musique emploie deux choristes, Jean Louis BONARD et Jean CONSTANTIN, ainsi qu'un organiste, le jeune Joseph DUVIGNOL. Bien que Notre-Dame-de-Nazareth possède une psallette, le poste de maître de musique n'existe plus depuis 1759, à la suite de plusieurs vols et de la fuite de titulaires successifs. L'éducation des quatre enfants de chœur, deux internes et deux externes, est souvent confiée à un choriste ecclésiastique – nous ne savons pas lequel en 1791. Ce système mêlant internat et externat, relativement rare, se rencontre également à la cathédrale d'Arles. Hors de Vaison, les églises paroissiales de Malaucène et de Valréas abritent chacune un orgue, dont les titulaires autour de 1790 demeurent pour le moment inconnus.

Le reste du Vaucluse

À Orange, centre de la principauté du même nom rattachée au Dauphiné en 1713, la cathédrale Notre-Dame-de-Nazareth compte en 1790 un chapitre de neuf chanoines, dont un prévôt et un archidiacre, ainsi qu'un bas-chœur de 10 « ecclésiastiques ». Elle devient simple église paroissiale au moment de la Révolution. En effet, le diocèse d'Orange se voit supprimé en 1790 – il sera incorporé à celui d'Avignon en 1801. Le poste de maître de chapelle de la cathédrale ne semble pas pourvu à la veille de la disparition du chapitre. En revanche, un « ancien maître de musique » vieux et infirme, Jean Pierre GUILLAUME, touche une « aumône » de la part des chanoines. Les enfants de chœur, au nombre ordinaire de quatre, tombent à trois en 1792. L'organiste est Pierre Frise NULLY, un personnage excentrique et haut en couleurs qui dépose une requête exaltée brocardant le « despotisme capitulaire » avant de « voler au secours de la Patrie » en participant à l'expédition de Sardaigne en 1793. Enfin, au moins trois ecclésiastiques remplissent les fonctions de chantres – Joseph Ferdinand BENET, Joseph Lambert MISTRAL et le sacristain Jean Pierre RICHIER. La présence d'un « lutrin » à l'abbaye Saint-André et de « cayers de chant » au couvent des frères mineurs laissent supposer la présence de pratique cantorale dans ces deux autres institutions régulières d'Orange.

La cathédrale Sainte-Anne d'Apt (un prévôt et douze chanoines) possède comme particularité de n'engager aucun chantre professionnel au sein de son corps de musique. Les treize prêtres bénéficiers prébendés assurent seuls les quatre fonctions de choristes en plain-chant en se relayant chaque semaine devant le lutrin, que ce soit aux offices ou dans les processions. Peu intéressés par la musique, ces bénéficiers s'acquittent assez négligemment de leur devoir tout au long du siècle, faisant gémir le chapitre en 1745 : les « messieurs de la ville » présents durant le service divin « ne mettent point de différence entre notre église et celles de la campagne » à cause de la médiocrité vocale ambiante... Tandis que les prébendés exécutent avec plus ou moins d'application le plain-chant, quatre enfants de chœur chantent sous la direction d'un maître de musique, André LOUBAUD en 1790. L'organiste Pierre Joseph Antoine CLÉMENT et le basson Louis ARGAUD complètent le dispositif musical de Sainte-Anne à la veille de la Révolution.

Cucuron, dans le diocèse d'Aix

La paroisse de Cucuron, dans le diocèse d'Aix, possédait un orgue remis à neuf en 1786. Photo Sylvie Granger (2006).

     Achevons ce panorama de la musique d’Église vauclusienne par les églises paroissiales de Cucuron et de Pertuis dans le diocèse d'Aix. Elles comportent en effet chacune un orgue. Celui de Cucuron est construit en 1614 par le fameux Pierre Marchand, puis il se voit remis à neuf en 1786. Nous n'en connaissons toutefois pas les organistes.

Le Vaucluse, territoire complexe aussi bien au niveau administratif qu'ecclésiastique, laisse apparaître à l'heure du bilan 73 musiciens actifs ainsi que 30 lieux de musique documentés. À l'instar de nombreux autres départements, le chef-lieu avignonnais constitue le poumon musical de la région en concentrant en ses murs pratiquement la moitié des lieux de musique recensés (14). On relève peu de bénéficiers musiciens dans les anciennes possessions du pape, les établissements de ces dernières paraissant préférer des professionnels laïcs. Enfin, l'enquête met en lumière les liens particulièrement forts qui pouvaient exister entre les musiciens d’Église. Par exemple, à Avignon, le décès de l'ex-chantre Jean-Baptiste LAROCHE est déclaré en 1815 par l'ancien maître de musique Jean CHAPUY ainsi que par le fils du ci-devant organiste Hyacinthe PILAT, lui-même qualifié d'« artiste ». Hyacinthe PILAT épouse en outre la sœur du choriste Matthieu Valérien DURAND en 1760, qui se trouve être l'oncle de l'organiste Jacques GIROUIN : deux lignages de joueurs d'orgue s'unissent ainsi. De même, dans les années 1770 et 1780, Jean OLLIVIER chante à la collégiale Saint-Pierre sous la direction du jeune Jean François André WALRAEF tandis qu'il côtoie le père de ce dernier en qualité d'imprimeur – il signe à son mariage en 1754.

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Le département se révèle particulièrement riche en musique d’Église. Toutefois, il est étonnant que certaines institutions ecclésiastiques apparaissent dépourvues de musiciens, comme les collégiales Notre-Dame du Grès de Carpentras, ou encore celle de Beaumes-de-Venise.
Cet inventaire vauclusien et ces quelques biographies individuelles ne demandent bien entendu qu'à s'étoffer par l'apport de lecteurs de la base MUSÉFREM et par des investigations ultérieures.

Aurélien GRAS,
Université d'Avignon (décembre 2014-janvier 2015)

Le travail sur les musiciens de ce département a bénéficié des apports de, notamment :
Bernard Dompnier, Sylvie Granger, Michel Meunier, Jacqueline Sabatier et Bernard Thomas.

Mise en page et en ligne : Sylvie Lonchampt et Agnès Delalondre (CMBV)
Cartographie : Isabelle Langlois (CHEC, Université Clermont-Auvergne)

>>> Si vous disposez de documents ou d’informations permettant de compléter la connaissance des musiciens anciens de ce département, vous pouvez signaler tout élément intéressant ici.
Nous vous en remercions à l’avance.
L’amélioration permanente de cette base de données bénéficiera à tous.

Les lieux de musique en 1790 dans le Vaucluse

Les lieux de musique documentés pour 1790 dans le département sont présentés par diocèses et par catégories d’établissements : cathédrale, collégiales, abbayes, monastères et couvents, autres établissements (par exemple d’enseignement, de charité…), paroisses (ces dernières selon l’ordre alphabétique de la localité au sein de chaque diocèse).

Diocèse d'Avignon

Diocèse d'Apt

Diocèse de Carpentras

Diocèse de Cavaillon

  • Cathédrale
  • Collégiales
    • L'Isle-sur-la-Sorgue, Collégiale Notre-Dame-des-Anges
  • Abbayes, monastères et couvents
    • Cavaillon, Couvent des Dominicains

Diocèse d'Orange

Diocèse de Vaison

Diocèse d'Aix

  • Paroisses
    • Cucuron, Église paroissiale Notre-Dame-de-Beaulieu
    • Pertuis, Église paroissiale Saint-Nicolas
       

Pour en savoir plus : indications bibliographiques

  • François LESURE (dir.), Dictionnaire musical des villes de province, Paris, Klincksieck, 1999, 367 p. [Sur les villes du Vaucluse : « Apt », p. 65 ; « Avignon », p. 74-80 ; « Carpentras », p. 125-127 ; « Orange », p. 238-239]
  • Paul ACHARD, « Notes historiques sur l'origine et les progrès de la musique à Avignon et dans le département de Vaucluse », Annuaire de Vaucluse, Avignon, 1864, p. 243-296.
  • Pierre ANGLES, Patrice BELLET et René DELOSME, L’Orgue de Cucuron et son histoire, Centre Culturel Curcuronnais, 1986, 57 p.
  • André BOURDE, « Recherches récentes sur la musique et les musiciens en Provence, à Avignon et dans le Comtat à l'époque du Baroque et du Rococo : structures et signification sociales et culturelles », Provence historique, t. XXX, fascicule 121, juillet-août-septembre 1980, p. 263-285.
  • Norbert DUFOURQ, « Orgues comtadines et orgues provençales », Mémoires de l'Académie de Vaucluse, t. XXXIV, année 1934, p. 61-159.
  • Pierre GERBAULT, Le personnel des chapitres cathédraux et collégiaux du département de Vaucluse au moment de leur suppression, Frigolet, dactylographié, 1977, 112 p.
  • Aurélien GRAS, « Les musiciens de l'Isle-sur-la-Sorgue au XVIIIe siècle », Études comtadines, n° 21, octobre 2014, p. 85-95.
  • Aurélien GRAS, « Les musiciens d’Église à Avignon au XVIIIe siècle. Portrait et mobilité de groupe », Xavier Bisaro, Gisèle Clément et Fañch Thoraval (dir.), La circulation de la musique et des musiciens d’Église (France, XVIe-XVIIIe siècle), Paris, Garnier, 2017, p. 273-290.
  • Émile LAFFONT, « Glanes sur un facteur d'orgues du Comtat Venaissin au XVIIIe siècle et sur un orgue qui lui est attribué », Mémoires de l'Académie de Vaucluse, t. XXXIV, année 1934, p. 185-197.
  • Roberte MACHARD, « Musiciens avignonnais au XVIIIe siècle », Mémoires de l'Académie de Vaucluse, t. VI, années 1973-1974, Avignon, 1975, p. 63-77.
  • Alain MAUREAU, « Un serviteur du chapitre cathédral d'Orange au moment de la Révolution : l'organiste Nully de Frise (1761-1823) », Bulletin des Amis d'Orange, n° 169, février-avril 2008, p. 1-2.
  • Frédéric MEYER, « Le personnel de quatre petites maîtrises capitulaires du Sud-Est à la fin du XVIIe siècle : Notre-Dame de Liesse d'Annecy, Saint-Jean de Maurienne, Die et Cavaillon », Bernard Dompnier (dir.), Maîtrises et chapelles aux XVIIe et XVIIIe siècles. Des institutions musicales au service de Dieu, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2003, p. 143-166.
  • Jacques RODRIGUEZ, « La musique et les musiciens à la cathédrale d'Avignon au XVIIIe siècle », Recherches sur la musique française classique, n° 13, Paris, Picard, 1973, p. 64-101.
  • Joseph SCHERPEREEL, « Les musiciens de la cathédrale Saint-Siffrein à Carpentras de 1689 à 1789 », Musique et société. La vie musicale en province aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles, Actes des journées d’études de la Société française de musicologie (Rennes, 8 et 9 septembre 1981), Rennes, Publication de l’université de Rennes II, 1982, p. 63-81.
  • Joseph SCHERPEREEL, « La veine populaire chez les organistes du Comtat-Venaissin et d'Avignon aux XVIIe et XVIIIe siècles », Marie-Bernadette Dufourcet et Michelle Garnier-Panafieu (dir.), Dom Bedos de Celles (1709-1779) : un moine et un facteur d'orgues dans son temps, In memoriam Joseph Scherpereel, Cahiers d'Artes, n° 8, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2012, p. 213-228.
  • Nicolas SOULAS, Révolutionner les cultures politiques. L’exemple de la vallée du Rhône, 1750-1820 , Avignon, Éditions universitaires d’Avignon, coll. En-Jeux, mars 2020, 549 p.

Bibliographie élaborée par Aurélien Gras
(janvier 2015)
Mise à jour : février 2020

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