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AUGER, Mathieu Marie (1760-1815)
État civil
NOM : AUGER     Prénom(s) : Mathieu Marie     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : OGER
AUGEREAU
Date(s) : 1760-1-18  / 1815-7-15
Notes biographiques

Mathieu Marie AUGER est connu comme "grand" chantre du monastère Saint-Jean-de-l'Habit à l'abbaye royale de Fontevraud [M&L]. En 1790, à sa sortie de l'abbaye il a 30 ans, rejoint sa famille installée à Beaufort [M&L] où son père est directeur du collège. Les religieux de Fontevraud étant prêtres s'adaptent au nouveau contexte. Lorsqu'ils ont des compétences d'enseignement elles sont recherchées et facilitent leur intégration. Mathieu Marie devient instituteur, curé de la paroisse rurale de St-Georges-du-Bois [M&L] dès 1792. Jugé "dangereux" par ses propos, il est menacé de déportation en 1798. Il termine sa vie curé de St-Georges-du-Bois en 1815. Les documents restent peu loquaces sur sa fonction musicale proprement dite.

• 18 janvier 1760, La Flèche [Sarthe] : À la naissance de Mathieu Marie en 1760 La Flèche fait partie du diocèse d'Angers. C'est là qu'il est baptisé, paroisse St-Thomas. Son père est dit "grammérien" au collège. Il est vraisemblable que ce soit le collège de jésuites fermé en avril 1762 puisque François André Auger se transporte ensuite avec sa famille à Beaufort [en Vallée] où il est le premier principal laïc du collège, poste qu'il conserve jusqu'à sa démission en 1790. Son successeur est issu de Fontevraud. Il s'agit de Léonor Louis Chateau, ex religieux profès de St-Jean-de-l'Habit et ami de Mathieu Marie.

• [1762- 1776], Beaufort [M&L] : Mathieu Marie fait ses études au collège où son père est principal. L'édition originale du Dictionnaire de C. Port indique qu'un fils du principal enseignait l'écriture, la lecture, l'arithmétique. Il s'agit vraisemblablement de Mathieu Marie car son frère cadet Urbain Marie, né en 1762 à La Flèche, sera préposé des douanes. En 1773, Mathieu Marie est en 4ème.

• 28 mars-6 juin 1782, St Pierre du Lac [M&L] : M.M. AUGER est cité comme "ecclésiastique" à St Pierre du Lac.

• [1782] - 30 avril 1790, Fontevraud [M&L] : Me Mathieu Marie est  religieux profès au Monastère St-Jean-de-l'Habit en l'abbaye royale de Fontevraud. L'inventaire d'avril 1790 le cite comme grand chantre. M.M. AUGER était hiérarchiquement en 15ème position sur 22 religieux profès recensés. Il ne pouvait donc être dignitaire ou officier. Le terme de "grand chantre" est alors à considérer comme un lapsus ou une forme emphatique marquant son importance, peut-être un équivalent de "premier chantre" utilisé ailleurs.  Il est vraisemblable qu'il soit entré comme novice à Fontevraud vers 16 ou 17 ans. Les vœux étaient souvent prononcés vers 18 ans ce qui est cohérent avec son statut de chantre.
Les deux principaux monastères de l'abbaye royale de Fontevraud sont le Grand Moutier pour les moniales et St-Jean-de-l'Habit pour les religieux. Ce sont deux clôtures différentes dans l'enceinte de cette abbaye mixte où l'abbesse règne en "générale" ainsi qu'elle ne manque pas de le relever. Les religieux côtoient le monde extérieur par leurs fonctions : ils sont prêtres, confesseurs des moniales, visiteurs de l'ordre. Cette vie en-dehors/en-dedans contribue à  la circulation des idées des Lumières à Fontevraud. La plupart d'entre eux prêteront serment. En 1790, si les religieux de chœur chantent l'office par principe, trois d'entre eux se distinguent : Mathieu Marie AUGER  chantre, Me Jean Pierre CAZES, diacre et sous chantre et le sieur Benoit Antoine COLETTE, frère convers et musicien organiste. La hiérarchie étant stricte à Fontevraud, il convient de remarquer que les chantres sont religieux profès alors que l'organiste est convers et précède le palefrenier.

À la même date du 30 avril 1790, interrogé sur ses intentions, Mathieu Marie AUGER déclare à la Municipalité "qu'il évacuera la communauté quand il aura touché le premier quartier de sa pension". Le montant de cette pension reste à documenter.
À la sortie de l'abbaye il revient dans sa famille à Beaufort. Il est accompagné de trois autres fontevristes qui seront Régents du Collège de Beaufort.

• 13 février 1791, Beaufort : Mathieu Marie AUGER prête serment et exerce le culte à Beaufort.
• 24 septembre 1791-30 mai 1792, Montpollin [M&L] : Curé de Montpollin il abandonne sa cure le 24 septembre pour rejoindre St-Pierre-du-Lac provoquant l'ire du Procureur du syndic du district de Baugé [M&L]. Il n'y reste qu'un mois et revient à Montpollin où il demeure jusqu'en 1792.
• 30 décembre 1792- An IV, St-Georges du Bois [M&L]: M.M. AUGER est élu membre de la municipalité et signe les registres comme officier public.

• 14 mars 1794, St-Georges du Bois : M.M. AUGER remet ses lettres de prêtrise.
•  1795-1797, St-Georges du Bois : M.M. AUGER ouvre un petit pensionnat.
• 17 Prairial An II [5 juin 1794], Beaufort : Mathieu Marie âgé de 34 ans déclare le décès de son père survenu la veille. Il est dit curé de St-Georges-du-Bois. Pour cette démarche il est accompagné de la femme de Pierre DHIARD  ou HYARD ci-devant organiste de Beaufort, âgée de 38 ans. Le défunt porte son titre de principal du collège.
• 7 août 1794, Frelinghien [Nord] : Urbain Marie, frère de Mathieu Marie épouse Rosalie Josephe Bocquet à Frelinghien dans le Nord. Il est préposé aux douanes. Son épouse est fileuse de lin. La famille Auger est absente. Parmi les amis, un instituteur, un sous- lieutenant aux douanes sont présents. Si l'acte stipule le décès de la mère, il ignore celui du père survenu deux mois avant le mariage.

• 8 Germinal An V [28 mars 1797] : AUGER est condamné à 10 livres de dommages et intérêts pour avoir "fureté". Le jugement le dit "instituteur" à St-Georges.
• 1799, St-Georges du Bois : M.M. AUGER est rétracté. L'ouvrage de Perrin de Rouvray, L'Église d'Angers pendant la Révolution précise qu'"il était un peu remuant et attira l'attention de l'autorité. Un arrêté de déportation fut pris contre lui".
• 28 Nivôse an VII [17 janvier 1799], Angers : Le directoire du Maine-et-Loire prend un arrêt à l'encontre de prêtres qui sont "par leur conduite anti-civique et leur hypocrisie la principale cause du mépris des institutions républicaines". Mathieu Marie AUGER et quelques uns de ses confrères sont  "en état d'arrestation et déportés".
• 6 Pluviôse An VI [25 janvier 1799]-2 Vendémiaire An VIII [24 septembre 1799] : Mathieu Marie AUGER est arrêté, emprisonné pendant huit mois, puis libéré fin septembre 1799.
• 2 Vendémiaire An VIII [24 septembre 1799] : Un nouvel arrêté assouplit les termes du précédent. Mathieu Marie AUGER est finalement mis en liberté sous surveillance. À lire Perrin de Rouvray, il semble qu'il soit desservant de St-Georges du Bois.

• 26 novembre 1801, St Georges du Bois : Une enquête sur les Ministres du Baugeois cite à St-Georges-du-Bois "Mathieu OGER, ex fontevriste, 36 ans, assermenté, honnête et capable".

• 16 décembre 1802, Angers : M. M. AUGER fait partie des 287 ecclésiastiques prêtant solennellement serment (n°94). Son nom est orthographié AUGEREAU. Il est desservant de St-Georges-du-Bois.

• 15 juillet 1815, St-Georges-du-Bois :  Mathieu Marie AUGER s'éteint dans son presbytère.

La vie de Mathieu Marie AUGER a été mouvementée, marquée par l'enseignement −la profession de son père− une vie monastique à Fontevraud avant d'être prêtre constitutionnel, officier public de St Georges du Bois. Il fait partie de ces prêtres et religieux qui ont traversé la période révolutionnaire en esquivant les dangers tout en trouvant des subterfuges pour assurer leur quotidien. La référence à François-Yves Besnard dont les mémoires ont été restituées par Martine Taroni sous le titre Un prêtre en révolution, souvenirs d'un nonagéaire s'inscrit dans le fil de cette biographie. En effet, Besnard décrit les chausses trappes rencontrés auxquels il est confronté et dont il échappe en évitant le devant de la scène tout en restant fidèle à son éthique. Il a par ailleurs été un hôte régulier de l'abbaye de Fontevraud puis du village où il s'est installé ultérieurement comme entrepreneur.

Mise à jour : 14 septembre 2017

Sources
Dom Saunier, "Le chant à Fontevraud", 303, 2003 ; E. Verry, "La longue nuit de l'abbaye", 303, 2003 ; F-Ad49/ 101 H 159 ; F-Ad49/ 101 H 17/1 ; F.Y. Besnard, Un prêtre en révolution...2011 ; P. Lusseau, L'abbaye royale de Fontevraud aux 17ème et 18ème..., 1986 ; R. Perrin de Rouvray, L'Église d'Angers... ; Revue du monde catholique, 1909

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