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Pour citer Muséfrem
BERNIER, Nicolas, [le compositeur] (1665-1734)
Complément de nom : [le compositeur]
Date(s) : 1665-6-6 / 1734-7-6
Au fil de sa carrière de maître de musique des établissements prestigieux (la cathédrale de Chartres, l'église Saint-Germain l’Auxerrois, la Sainte Chapelle, la chapelle royale), Nicolas BERNIER est resté célèbre comme compositeur de grands motets. Selon Benoît Dratwicki (CMBV), "on lui doit également des petits motets et des cantates françaises en abondance, qui témoignent d’un véritable talent de mélodiste et d’une technique contrapuntique très sûre". L'enquête Muséfrem permet d'avoir des aperçus, ça et là, de la longévité de sa réputation et de l'utilisation de ses petits motets dans plusieurs églises du royaume.
• 6 juin 1665, Mantes-la-Jolie [Yvelines] : Nicolas BERNIER, fils de Remy Bernier, "officier de l'église Saint-Maclou", est baptisé en cette église, avec pour parrain le procureur du roi en l'élection de Mantes et pour marraine, l'épouse d'un juge de la même juridiction. L'acte ne précise pas la date de naissance de l'enfant, probablement la veille ou le jour-même.
• [v. 1672-v 1782], Mantes-la-Jolie : D'après Titon du Tillet, Nicolas BERNIER "fut élevé Enfant de Chœur à l'Eglise de Notre-Dame de Mante[s], où il apprit les principes de la Musique, dans laquelle il vint se perfectionner à Paris". Si l'information est exacte (Titon du Tillet se trompe sur sa date de naissance), on peut imaginer le petit Nicolas passant dans une maîtrise parisienne, après quelque temps passé sous les voûtes de la collégiale de sa ville natale.
• entre 1685 et 1692 [?], Rome [Italie] : À une époque incertaine et pour une durée indéterminée, Nicolas BERNIER se rend dans cette ville avec l'intention d'étudier la musique d'Antonio CALDARA. Apprenant, selon La Borde, que ce fameux compositeur refuse de montrer ses partitions, BERNIER se fait engager comme domestique à son service. Il peut ainsi étudier les œuvres du maître italien à son aise et, se dévoilant finalement, il devient son ami.
• 1692, Paris : Nicolas BERNIER est maître pour le clavecin, domicilié rue Tiquetonne, près de Saint-Eustache.
• 1693, Rouen [Seine-Maritime] : Nicolas BERNIER échoue au concours pour la maîtrise de la cathédrale, remporté par Jean François LALLOUETTE.
• 17 septembre 1694, Chartres : Nicolas BERNIER obtient la charge de maître de musique à la cathédrale de Chartres. Il y reste jusqu'à sa démission le 18 mars 1698.
• 1698, Paris : Nicolas BERNIER devient maître de musique de l'église paroissiale et collégiale Saint-Germain l’Auxerrois.
• vers 1700, Paris : Évrard Titon du Tillet raconte, dans La suite du Parnasse françois (p. 679-680), l'anecdote suivante qui met en lumière les liens tissés par BERNIER, avec Jean François LALLOUETTE (son concurrent à Rouen), Charles Hubert GERVAIS (son futur collègue à la Chapelle du roi) et le jeune François DE LA CROIX, qui semble servir d'assistant à BERNIER : « Je mettrai ici une Anecdote assez curieuse au sujet de Bernier, que M. le Duc d’Orléans honorait de ses bontés. Ce Prince s’amusoit quelquefois à composer des morceaux de Musique, et quelques-uns même assez considérables, tels que des Motets, et tels que deux Opéra, dont un est intitulé : Panthée, et un autre Philomèle, dont il a fait la plus grande partie de la Musique; ayant composé le Motet de Laudate Jerusalem Dominum à cinq parties, animé par l’Empereur Léopold [mort en mai 1705], qui lui avoit envoyé le même Motet de sa composition, voulut consulter Bernier et Lalloüette, avant de l’envoyer à l’Empereur, et le remit entre les mains de Bernier. Trois jours après, ce Prince impatient de sçavoir ce que ces deux Musiciens en pensoient, et les corrections qu’ils avoient pu y faire, fut chez lui ; et étant monté d’abord avec précipitation dans son Cabinet, y trouva le jeune Abbé de La Croix, qui tenoit ce Motet devant lui, sur lequel il marquoit quelques fautes qui s’y étoient glissées : ce Prince lui demanda la raison des fautes qu’il y remarquoit, dont il lui rendit bon compte ; il lui demanda ensuite où étoit Bernier, il lui dit qu’il étoit dans une Salle basse où il descendit, et le trouva se réjouissant à table avec Lalloüette et Gervais attaché à ce Prince, et depuis Maître de la Chapelle du Roi. Ces Musiciens très interdits se levèrent promptement, et la scène commença par un bon soufflet, dont il honora Bernier, en lui disant, « Quand je vous charge de quelque chose, vous ne vous donnez pas la peine de la faire par vous-même, et vous avez recours à un autre. » L’affaire se calma par les excuses que les Musiciens lui donnèrent : pour l’Abbé de La Croix, qui avoit suivi ce Prince sans trop le connoître, en fut récompensé par dix louis d’or qu’il en reçut, et eut le plus d’honneur et le plus de profit dans cette aventure ».
• 5 avril 1704, Paris : Nicolas BERNIER est nommé maître de musique à la Sainte Chapelle, succédant à Marc Antoine CHARPENTIER. Il occupe cette charge vingt-deux ans durant, avant de se démettre en 1726, au profit de son élève François DE LA CROIX.
• 20 juin 1712, Paris : Nicolas BERNIER, "officier du roi en sa musique", domicilié en la Cour du Palais de Justice, contracte mariage avec Marie Catherine Marais, l'une des filles du violiste Marin MARAIS, avec qui il semble avoir des relations proches depuis plusieurs années, puisqu'il lui a fait une donation universelle de ses biens dès 1705, puis a établi des rentes de 400 et 200 livres à son profit. La cérémonie de mariage s'est sans doute tenue en l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, paroisse de la mariée.
• 20 janvier 1723, Versailles [Yvelines] : Nicolas BERNIER obtient la charge de sous-maître de la musique de la Chapelle du roi pour le quartier de juillet, aux côtés de Michel Richard DELALANDE (qui s'est démis de trois des quatre quartiers sur l'injonction du Régent), d'André CAMPRA (quartier d'avril) et de Charles Hubert GERVAIS (quartier d'octobre). Il touche 900 livres de gages pour cette charge trimestrielle.
• 26 août 1726, Versailles : Nicolas BERNIER est chargé des six enfants de chœur de la Chapelle du roi, en remplacement de Michel Richard DELALANDE, décédé. Il reçoit 4800 livres par an pour l'entretien des enfants. Le quartier d'octobre est désormais partagé entre les trois sous-maîtres survivants, qui touchent chacun 300 livres pour ce surcroît de travail : BERNIER dirige la musique de la Chapelle durant le mois de décembre, ce qui implique une activité soutenue, du fait des fêtes de la Nativité.
• septembre 1726, Paris : Sans doute incapable de cumuler ses nouvelles charges (en particulier, celle, annuelle, des enfants de chœur de la Chapelle-Musique du roi) avec la maîtrise de la Sainte Chapelle, Nicolas BERNIER se démet de cette dernière fonction. La date exacte est inconnue, mais son successeur, François DE LA CROIX, prête serment le 18 septembre.
• 4 août 1727, Versailles : Marie Catherine Marais s'éteint à l'âge de 49 ans. Nicolas BERNIER reste veuf jusqu'à sa mort.
• 6 novembre 1730, Paris : Nicolas BERNIER prend à bail une maison située à Mantes, rue du cloître Notre-Dame, à compter de Pâques 1731. Il résilie ce bail en juin 1734 pour venir s'installer à Paris.
• 30 juin 1733, Mantes-la-Jolie : Nicolas BERNIER, maître de musique de la Chapelle du roi, rédige un testament olographe, dans lequel il règle avec soin la destinée de ses compositions : les cantates (ainsi que les planches gravées des éditions) sont cédées à sa filleule Pélagie Marais, épouse de Roger Vanhove, négociant à Lille, qui reçoit également son clavecin, tandis que ses motets sont répartis entre François DE LA CROIX (pour les petits motets et les planches gravées des éditions) et un nommé GARON, musicien ordinaire de la Chapelle du roi. Enfin, Antoine FORQUERAY doit recevoir la viole de BERNIER.
• 6 juillet 1734, Paris : Nicolas BERNIER s'éteint au cloître Notre-Dame, dans l'appartement qu'il louait depuis le 24 juin au chanoine de La Chasse. Il est inhumé le 8 juillet en l'église Saint-Jean-le-Rond, paroisse du cloître, et un inventaire de ses biens est établi le 12. Il permet de savoir que la basse de viole promise à FORQUERAY n'a aucune corde et que François DE LA CROIX récupère, au moins provisoirement, la totalité des planches gravées et de la musique manuscrite.
• • •
Nicolas BERNIER a composé 36 grands motets restés manuscrits (nombre indiqué par son inventaire après décès), dont onze subsistent, et une cinquantaine de petits motets, publiés en trois volumes, en 1703, 1713 et, à titre posthume, en 1741 par son élève François DE LA CROIX que BERNIER avait désigné pour cette tâche dans son testament. On doit encore à Nicolas BERNIER un cycle de Leçons de Ténèbres et, dans le domaine profane, la publication de sept livres de cantates françaises entre 1703 et 1723 (le dernier livre est intitulé Les Nuits de Sceaux).
Quatre de ses motets à grand chœur (Benedic anima mea, Deus noster refugium, Lauda Jerusalem Dominum et Laudate Dominum quoniam bonus) restent au répertoire de la Chapelle du roi jusqu'à la Révolution.
Le succès durable des compositions de BERNIER est illustré par les achats de ses livres de motets par différentes cathédrales, bien longtemps après sa mort.
• 2 octobre 1750, Rodez [Aveyron] : "Délibéré que le livre de Musique appartenant a l’hérédité de feu M. Solaner chanoine Théologal, contenant divers motets et autres ouvrages de musique du Sieur BERNIER, sera acheté au prix de dix livres, pour led livre rester a la maison de la maitrise, a l'usage des Enfants de chœur".
• 17 novembre 1758, Châlons-en-Champagne [Marne] : Le chapitre de la cathédrale Saint-Étienne, décide d'acheter un livre des motets de BERNIER, et ce "[...] pour servir à l'instruction des enfants de chœur". La conclusion rédigée par le secrétaire du chapitre manque de clarté. Il semble que l'acquisition désirée, doive compléter ce que l'on possède déjà des motets composés par BERNIER.
• 21 janvier 1762, Chartres [Eure-et-Loir]: M PROTA organiste de la cathédrale demande au chapitre d'acheter cette année le livre de pièces de clavecin par M DAQUIN, celui de motet par M BERNIER et celui de sonates par M SENALES.
• [date à préciser], Cambrai [Nord] : Trois motets de BERNIER figurent dans l'"État des musiques qui ont été remises au sieur FABOULIEZ à son entrée à la maîtrise le 20 d'aoust" à la Métropole Notre-Dame de Cambrai. Les incipit sont donnés dans le document. Il s'agit de petits motets, dont deux ont été "mis en chœur", c'est-à-dire arrangés pour un effectif choral : le Quam dilecta par Ludovic François DEHORNE et le Surge par CACHEUX [deux motets de BERNIER peuvent correspondre : Surge illuminare Jerusalem et Surge propera soror). Pour le troisième, O triumphantis [Jerusalem civitas], aucune adaptation n'est signalée.
Mise à jour : 23 novembre 2024