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BERTRAND, Joseph Marie (1723-1763)
État civil
NOM : BERTRAND     Prénom(s) : Joseph Marie     Sexe : M
Date(s) : 1723-9-8   / 1763-10-23 
Notes biographiques

Fils et frère de facteurs d'orgue, Joseph-Marie BERTRAND devient organiste et exerce tout d'abord à Notre-Dame de Vitré. Il a choisi la voie du sacerdoce : ordonné prêtre à presque trente ans, il devient brièvement chapelain et maître de psallette de la modeste collégiale de Champeaux, proche de Vitré, dont il tient également l'orgue. Cette double charge est-elle trop lourde ? Un mois après son quarantième anniversaire, il meurt "en sa maison du cloître".

• 8 septembre 1723, Vitré [Ille-et-Vilaine] : Joseph-Marie BERTRAND naît sur la paroisse Notre-Dame à Vitré. Fils de Jean BERTRAND, organiste et facteur d'orgues, et de son épouse Olive Causpié, il est donc frère de François-Étienne BERTRAND, futur facteur d’orgues. De ce fait, il sera aussi l'oncle de Jeanne-Marie BERTRAND et de Jean-François BERTRAND, tous deux futurs organistes. Son parrain est "honorable homme Jean DAUMOUCHE, sieur de la Chasse", lequel est alors organiste à Vitré. Dès sa naissance, l'enfant est donc fortement lié à l'art de l'orgue...

• 1er mai 1737, Vitré : Avec ses parents et son frère Guillaume, Joseph-Marie BERTRAND assiste au mariage de son frère aîné (né en 1718), François-Étienne BERTRAND, avec Jeanne-Marie Pottier dans l'église paroissiale Notre-Dame.

• 6 mars 1741, Vitré : L'organiste de la paroisse Notre-Dame Mathurin JUSSAUX / JUSSAULTdisparaît, sans doute au cours d'un épisode épidémique (on observe plusieurs décès rapprochés). Il semble dans un premier temps avoir été remplacé par COLESSE, qui pourrait être l’ancien organiste (originaire de Blois) de la cathédrale de Rennes de 1698 à 1731. Il fut aussi le maître de viole et de guitare de Dom Lobineau, moine de l’abbaye Saint-Melaine et historien de la Bretagne (Cf. Marie-Claire Le Moigne-Mussat, Musique et Société à Rennes aux XVIIIe et XIXe siècles, Minkoff, 1988, p. 36,  38, 55-57 et 92. Cf. Guy Bourligueux, « Antoine Fel organiste de la cathédrale de Rennes », Bull. et Mémoires, SHAB, 1970, p. 57-58.) Nous ignorons le prénom de ce COLESSE.

• 1743-1744, Vitré : La formulation des comptes de la fabrique de la paroisse Notre-Dame est peu claire et mélange les gages de l'organiste à ceux du facteur chargé de veiller à "l’accord des jeux d’anches", lequel est Jean BERTRAND. Comme la même ligne de dépense comptable réunit des sommes versées "aux Srs COLESSE et BERTRAN organistes à différentes fois"… "aux fins de six quittances cy rapportées", il pourrait aussi s'agir de l'année où Joseph-Marie BERTRAND, qui vient d'avoir vingt ans, s'installe à l'orgue de Notre-Dame de Vitré.

• À partir de l'automne 1748 – il a 25 ans – Joseph-Marie BERTRAND qui a sans doute terminé ses études, choisit la voie du sacerdoce. Il est tout d'abord tonsuré et pourvu des ordres mineurs, le 17 septembre 1748. À Pâques de l'année suivante (avril 1749), ses père et mère lui constituent un titre ecclésiastique de 60 livres assis sur une maison à Vitré, en présence du Principal du Collège de Vitré et d’un maître particulier des Eaux & Forêts. L'acte est insinué le 5 mai 1749
• 19 décembre 1750 : Joseph-Marie BERTRAND reçoit le sous-diaconat
• 8 mars 1752 : Il devient diacre.
• 7 avril 1753 : Il est ordonné prêtre. Il a presque trente ans.

• Depuis une date qui reste à préciser [1744 ?] jusqu’en avril 1761, Vitré : Joseph-Marie BERTRAND, prêtre, est organiste de l'église Notre-Dame de Vitré.
• Mi-avril 1761, Champeaux [Ille-et-Vilaine] : Joseph-Marie BERTRAND quitte Vitré pour aller vivre dans le modeste bourg de Champeaux, situé à 8 km à l'ouest de sa ville natale. À Vitré, c’est Hyacinthe TRUBLET, organiste de la Madeleine, qui le remplace à la tribune de Notre-Dame, tandis que Jeanne-Marie BERTRAND, sa nièce, s’installe à celle de La Madeleine.
Le 16 avril, Joseph-Marie BERTRAND est nommé chapelain de Saint-Julien, et du même coup maître de psallette de la petite collégiale Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux (la chapellenie de Saint-Julien étant affectée au maître des enfants de chœur), en remplacement de Pierre HASLÉ, qui quoique nommé très peu de temps auparavant (le 4 mars 1761) a démissionné dès le 4 avril. Les délibérations capitulaires rendent compte du cérémonial de prise de possession : le nouveau chapelain s'asseoit dans "la stale du chœur du côté de l’épitre, place ordinaire des chaplains de St-Julien", il ouvre et ferme la porte de la maison du cloître qui lui est attribuée, il bêche la terre du jardin, plante et coupe du bois... Il promet d’aider à chanter l’office divin et canonial auquel il assistera "journellement en surplis". Il s'engage par ailleurs à "nourrir, coucher, loger, apprendre à lire et écrire et instruire en la langue latine, et cérémonies, et bonnes mœurs trois enfants de chœur". La délibération précise que ce n'est pas à lui, en tant que chapelain de Saint-Julien, de leur apprendre la musique. À Champeaux, cette mission revient, en effet, à l’organiste. Non cité dans l’acte, son père est là, et signe "Jean Bertrand" (le nouveau maître de psallette signant quant à lui "J.M. Bertrand prêtre").
Le 17 avril, BERTRAND est nommé en plus organiste en remplacement de GUERRY, qui a mécontenté les chanoines et semble avoir abandonné son poste ("il s’est absenté"). Il s’engage pour 200 livres par an à toucher l’orgue ("dès les premières vêpres aux dimanches et fêtes chommées, aux Saluts et aux messes du St-Sacrement"), à y faire de menues réparations, et, comme ses prédécesseurs organistes, à enseigner le plain-chant aux trois enfants de la psallette. Cette fonction d'organiste maître de chant prend effet au 2 mai 1761, lendemain du jour où le Doyen du chapitre lui confie les clefs de l'orgue.
À partir de là, Joseph-Marie BERTRAND cumule donc les deux charges de maître de psallette et d’organiste-maître de chant des enfants de chœur, ce qui est intéressant pour le chapitre.

• 23 octobre 1763, Champeaux : Joseph-Marie BERTRAND meurt à quarante ans à peine révolus, "en sa maison du cloître", sans doute de manière inattendue et brutale. En effet, l’acte immédiatement précédent dans le registre, le 13 octobre, est rédigé et signé de sa main ferme. Il est inhumé le lendemain, 24 octobre. La cérémonie est célébrée par le curé de Notre-Dame de Vitré, ancienne église d'exercice du défunt, qui s'est déplacé pour l'occasion. Plusieurs des signataires sont prêtres ou curés du voisinage. Le Doyen du chapitre est également présent et signataire.
• 27 octobre 1763 : Le chapitre décide de faire célébrer le surlendemain, "septime de son décès", "un service solennel pour le repos et salut de l’âme de feu Missire Joseph Marie BERTRAND, prestre et organiste de cette église collégiale". Le même jour, le chapitre reçoit pour organiste de la collégiale le père du défunt, Jean BERTRAND, qui, comme facteur, s’était déjà précédemment occupé de la restauration de l’orgue et le connaît donc très bien.
Quelques jours plus tard, le 3 novembre 1763, c'est Louis-Bertrand GORRE, prêtre du diocèse [de Rennes], qui remplace le défunt à "la chapellenie de St-Julien et psallette y annexée" : on retrouve donc la séparation entre les deux fonctions – maître de psallette d’une part, organiste et maître de chant de l’autre -, qui s’était effacée durant les deux années d’exercice de Joseph-Marie BERTRAND.

Mise à jour : 13 janvier 2020

Sources
Courriel M.-Cl. Mussat, mai 2008 ; F-Ad35/ 1G 433-1 ; F-Ad35/ 2G 378-10 ; F-Ad35/ 2G378-12 ; F-Ad35/ BMS Champeaux ; F-Ad35/ BMS Vitré, Notre-Dame ; F-Ad35/ BMS Vitré, St-Martin ; F-Ad35/ Fichier des prêtres du diocèse de Rennes ; J.Quéniart, "De modestes institutions…", Musique en Bretagne…, 2003 ; S.Granger, "Deux organistes aux destins voisins…", AHRF, 2011

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