BOITE, Félix Joseph (1754-1813)

Félix-Joseph BOITE (parfois BOETE ou BOËTE, voire BOËTTE) est originaire du Hainaut. On est encore mal renseigné sur ce qu'il avait fait avant d'arriver en Bretagne. On sait qu'après avoir été dix ans enfant de chœur, il est passé par Caen, Coutances et la cathédrale Saint-Pol-de-Léon au cours des années 1770. Reçu choriste de la cathédrale de Rennes le 6 août 1781, il est toujours en poste en 1790 et occupe les mêmes fonctions dans le corps de musique de l’église constitutionnelle. Son civisme étant attesté, il assure le service au Temple de la Raison au début de 1794. Il a prêté serment comme greffier de paix en l’an VI mais figure toujours parmi les musiciens enseignants sous l’Empire.

• 20 novembre 1754, Leuze [Belgique actuelle] : Félix-Joseph BOITE voit le jour dans la paroisse Saint-Martin de Leuze-en-Hainaut, dans le diocèse de Cambrai [aujourd'hui en Belgique]. Il est fils de Pierre-Joseph Boite et de Jeanne-Catherine Camillart. La copie de son acte de baptême, établie le 5 juin 1780 par le curé de Leuze, est conservée dans son dossier individuel (aux archives départementales d'Ille-et-Vilaine). Le métier de son père n'y est pas indiqué.

• [1761-1771] : Il est enfant de chœur pendant dix ans. Le lieu de sa formation musicale n'est actuellement pas connu. On peut faire l'hypothèse qu'il a été enfant de chœur dans une maîtrise du Hainaut. Il ne figure pas parmi les effectifs retrouvés à Valenciennes ni à Soignies par Fabien Guilloux. Peut-être a-t-il été éduqué à la cathédrale de son diocèse natal, Cambrai ?

• [Mars 1772], où ? : Son dossier de carrière indique en avril 1794 qu'il avait accompli "18 ans neuf mois et huit jours de services dans différentes cathédrales". Si la durée est calculée jusqu'à la fin de 1790 – comme la précision "sans y comprendre trois ans dans l’église épiscopale de Rennes" le laisse penser –, cela le ferait débuter vers Pâques 1772, soit à l'âge de 17 ans et demi, qui selon toute vraisemblance pourrait correspondre à sa sortie d'une maîtrise.

• Caen, Coutances : Le bref papier de reconstitution de carrière qu'il établit pour le District de Rennes début 1791 est elliptique. Sa carrière est ainsi libellée après ses dix ans de maîtrise : " il a aussi été attaché en qualité de Musicien et support aux Cathédrales de Coutances et de st-Pol-de-Léon, et à la collégiale du St-Sépulcre à Caën pendant 2 ans". On peut tenter la proposition chronologique suivante, qui demandera à être précisée et documentée :

• [1772-1774], Caen : Il exercerait à la collégiale du Saint-Sépulchre pendant deux ans
• [de 1775 à ?], Coutances : Il exercerait à la cathédrale de Coutances, pendant une durée inconnue.
• [de ? à août 1781], Saint-Pol-de-Léon [Finistère] : Il exerce à la cathédrale du Léon.

• 5 juin 1780, Leuze : Le curé de Leuze délivre une copie de l'acte de baptême de Félix-Joseph BOITE. Dans quel but le jeune homme a-t-il demandé ce papier ?

• [avant août 1781], Saint-Pol-de-Léon [Finistère] : Félix-Joseph BOITE travaille à la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon puisque le chapitre de Rennes lui paie ses frais de voyage depuis cette ville. Les registres capitulaires de la cathédrale de Saint-Pol n’ont malheureusement pas été conservés pour cette période.

• 6 août 1781, Rennes : Félix-Joseph BOITE est reçu comme choriste et musicien à la cathédrale Saint-Pierre, pour un salaire de 26 sols par jour (soit 475 livres / an). Il touche 24 livres pour son voyage de Saint-Pol à Rennes quelques jours après. Le maître de musique de la cathédrale de Rennes est alors Gaspard LE MAY.
• 14 décembre 1781 : Félix BOITE, choriste et musicien de la cathédrale, est reçu précepteur des enfants de la psallette à la place du sieur SIMON [frère puiné].

• 19 août 1783, Rennes : Quatre musiciens – au moins – assistent au mariage de deux très jeunes gens (18 ans et demi seulement pour lui, 19 ans pour elle), célébré dans l'église de Toussaints, Jean LEBON  et Mathurine Cressini : "lemay Mtre de Musique de la cathédralle", "L'abbé Letertre du diocèse du mans", "Boite Musicien de la Cathédrale" et "charles antoine Boner musicien". D'autres présents, qui ne signent pas ès qualité, restent à identifier : René Asselin, Hautonnière, Dunière…

• 11 avril 1785, Rennes : Le chapitre admoneste trois choristes, ROUSSIN, BOITE et LETERTRE, parce qu'ils ont récemment refusé de porter la chape. Il décide que ce sera BOITE qui "fera la fonction de second chapier, soit qu’il y ait musique, soit qu’il n’y en ait pas", et que LE TERTRE et ROUSSIN devront prendre la chape "non seulement quand ils en seront avertis par le président du chœur, mais encore d’eux mêmes", chaque fois que ce sera nécessaire "pour suppléer soit le sous chantre, soit les deux chapiers ou l’un des deux".
• 8 août 1785 : Le sieur BOËTE obtient un congé d’un mois.

• 11 août 1786, Rennes : Les chanoines désignent le sieur Félix BOITE, "choriste et musicien de leur église", pour faire la pointe au chœur (c'est-à-dire tenir le compte des présents et des absents, avec les répercussions financières que cela implique pour ces derniers : il s'agit d'un poste à responsabilité). Le 19 août, il vient prêter un serment solennel devant la compagnie.
• 22 août 1786 : Dans l'église paroissiale Saint-Étienne, le sieur Joseph BOITE et la Dlle Marie-Augustine Burgalet se marient. Le lieu de naissance du musicien est précisé, ses parents demeurent encore à Leuze (le curé rennais écrit "Leuche") et ont donné leur consentement au mariage le 3 août par l'intermédiaire de leur curé. La mariée est, quant à elle, "originaire de la paroisse de Tinténiac, diocèse de St-Malo". Elle demeure, comme le marié d'ailleurs, paroisse Saint-Étienne de Rennes. Si, pour lui il s'agit d'un premier mariage, pour elle c'est le troisième ! Selon l'âge qui sera ultérieurement indiqué lors de son décès, elle serait née vers 1746 environ. Le marié signe "Boite", avec une petite ruche élégante. Treize autres personnes signent à sa suite. Parmi elles, on reconnaît les collègues musiciens de la cathédrale : les LEMAY père et fils, DÉPÉRY, LEBON, OUDET, HUET, ROUSSIN... On remarque aussi un certain Jean-Louis Roulois, qui est manifestement de la famille de Jean Roullois, précédent mari de Marie-Augustine Burgalet (peut-être un fils issu de ce mariage ?).

• 1790, Rennes : Toujours musicien et pointeur à la cathédrale Saint-Pierre, Félix BOITE déclare avoir effectué un service qui a duré dix ans, être âgé de 36 ans et toucher une rémunération de 556 livres 5 sols par an.
• 22 décembre 1790 : Il figure parmi les signataires de la supplique des "Officiers, Musiciens & Chantres de l'Eglise Cathédrale de Rennes, A l'assemblée Nationale". "LEMAY M.tre de Musique" signe en tête de ses musiciens, suivi, outre BOITE, de DUBUISSON, PAIRIER, GOBAILLE, PLIHON, DESPERY, DUCAT, ROUSSIN et BOUDRY.

• 1791, Rennes : Félix BOITE fait partie des musiciens de la cathédrale d’Ancien Régime qui constituent le corps de musique accordé à la cathédrale constitutionnelle. On y trouve un maître, Gaspard LEMAY, trois chantres, PLIHON, ROUSSIN, BOETE, deux serpents, BOUDRY et DESPÉRY et un violoncelle, OUDET. Dans son rapport à l’Assemblée du Directoire du district de Rennes, en vue du maintien de ces musiciens dans une musique accordée à l’église constitutionnelle, Toullier vante "la bonne conduite qu’ils ont eue, le civisme qu’ils ont témoigné en toute occasion".

• 1792, Rennes : En compagnie de BOUDRY, LEMAY, OUDET et PLIHON, Félix "BOUETTE", âgé de 40 ans, demeurant place des Lices, figure dans la liste des gardes nationaux en tant que musicien.

• [1793] : Les musiciens cités comme membres de la musique de la cathédrale constitutionnelle prêtent tous serment à la Constitution du 10 août 1793.
Félix BOITE figure, avec LE MAY, ROUSSIN et HUET, parmi les signataires de la lettre adressée par les Républicains de Rennes aux administrateurs du département d’Ille-et-Vilaine demandant que "les cy-devants nobles non assermentés" soient mis "en état d’arrestation" pour les empêcher de nuire. Cette pétition, non datée, ne peut avoir été rédigée qu’entre juin 1793 et janvier 1794.

• [1794] : Félix BOITE fait partie des six musiciens (LE MAY, OUDET, ROUSSIN, DEPÉRY, BOUDRY et BOETTE), se présentant comme "six citoyens bons républicains et sans culottes" qui réclament le paiement de leur service au Temple de la Raison pour le mois de janvier 1794.

• 1^er pluviôse an IV (21 janvier 1796), Rennes : MACÉ, LUCAS et BOËTTE figurent parmi les signataires d'une "Pétition des Citoyens de Rennes" adressée au Directoire exécutif pour attirer son attention sur la cruelle situation de département d’Ille-et-Vilaine entouré d’ennemis acharnés, et demander des mesures énergiques.
• Fin 1796, Rennes : Félix BOITE figure dans la liste des professeurs de musique publiée dans le Calendrier du département d’Ille-et-Vilaine pour 1797. Il enseigne la musique vocale et l'alto. Y voisinent LEMAY, PLION et OUDET, tous trois enseignant musique vocale et basse, ainsi que la demoiselle LELIÈVRE pour le piano.

• 2 pluviôse an VI (21 janvier 1798) : BOITE prête serment comme greffier de paix. Reste à savoir s’il a vraiment exercé ce métier.
•  19 thermidor an VI (6 août 1798) : Il effectue ce jour-là diverses démarches. Tout d'abord il certifie n'avoir rétracté "aucun serment prêté depuis le commencement de la Révolution", sans plus de précision. Il signe "Felix Boite Musicien de la ci-devant Cathédrale". Ensuite il se fait délivrer un certificat de résidence, qui le dit domicilié place des Lices. Son aspect physique est ainsi décrit : "taille de 5 pieds 2 pouces, cheveux et sourcils châtains, yeux bleus, nez aquilain, bouche moïenne, menton rond, front haut, visage rond".

• 1798-1799 : BOUETTE figure à nouveau dans la liste des musiciens enseignant à Rennes publiée par l'Almanach de l’an VII ("BOUETTE pour la musique vocale et l’alto, place des Lices"). Cette mention se retrouve dans les divers almanachs jusqu’en 1813.

• 26 novembre 1813, Rennes : À dix heures du soir, Félix-Joseph BOITTE, "musicien", décède à son domicile place des Lices, à l'âge de 59 ans. Il est dit originaire de Leuze, en Hainaut, et époux de Marie Brugalet. Son décès est déclaré le lendemain par un "débitant" de la place des Lices et par François Duval, cordonnier, qui ne sait pas signer.

• 21 avril 1819 : Le même François Duval, cordonnier, demeurant place des Lices, revient à la mairie pour déclarer cette fois le décès, survenu la veille au soir toujours place des Lices, de Marie-Augustine Brugalé, 73 ans et demi, native de Tinteniac, fille de Julien Brugalé et d'Anne Dupont, veuve de André Geffroy, de Jean Roullois, et de Joseph BOITE, "vivant musicien".

Mise à jour : 10 décembre 2018