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BRIJON, Robert Charles (1723-1793 ap.)
État civil
NOM : BRIJON     Prénom(s) : Robert Charles     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : BRYON
BRIGOND
BRIGON
Date(s) : 1723 entre crochets  / 1793-11-22 ap.
Notes biographiques

Le musicien Robert Charles BRIJON est cité à plusieurs reprises au cours du XVIIIe siècle comme musicien de Concert. Il intervient néanmoins comme musicien d'église (symphoniste et compositeur) à Lyon au moins à deux reprises en 1766 et 1767 lors des fêtes de la Saint-Louis. Lionel de La Laurencie, Léon Vallas, François Lesure, Bénédicte Hertz le citent. L'homme est hétéroclite, certain de sa valeur. Ses compétences multiples de violoniste, compositeur, pédagogue, musicographe, l'ont mis au premier plan. Ses traités sur l'apprentissage du violon, du chant, son sens de l'esthétique musicale intriguent alors que sa biographie est des plus taiseuses. De premiers éléments permettent d'avancer une naissance à Paris, fils d'un maître de danse, puis de dessiner les grandes lignes d'un parcours qui s'avère avant tout musical. Il passe par Chaumont, Nantes, Paris, Lyon... a certainement séjourné dans d'autres villes.

• 1er juin 1722, Paris : Selon le fonds Andriveau [Charles] Gaspard BRIJON, épouse Charlotte Chaudouet/Chaudoy en la paroisse Saint-Benoît. L'avenir apprendra qu'il est maître de danse et que sa première épouse est vraisemblablement défunte à une date encore indéterminée. À suivre l'inscription sur sa carte de sûreté (1792), Robert Charles BRIJON, leur fils putatif, est né à Paris vers 1723.

• La formation suivie par Robert Charles BRIJON reste à préciser. Son père étant maître de danse, il est vraisemblable qu'il a suivi un enseignement familial, par imprégnation. Le déroulement de sa carrière suggère un parcours atypique quelque peu éloigné des canons de la musique d'église. Il n'en sera pas moins un interprète de haut niveau doublé d'un "musicographe", voire compositeur.

***1735-1737, Robert Charles BRIJON est installé avec sa famille à Chaumont [Haute-Marne]

• 19 décembre 1735, Chaumont [Haute-Marne] : Gaspard BRIJON père est désormais chaumontais. Il s'est remarié avec Charlotte Michaux et fait baptiser sa fille Marie Jacquette paroisse Saint-Jean-Baptiste. Le parrain est son fils aîné ("fils dudit BRIJON"), Charles Robert BRIJON, la marraine Marie Jacquette Fontenille. Tous signent le registre.

• 17 août 1737, Chaumont : Charles Gaspard BRIJON, fils de [Charles] Gaspard BRIJON, maître de danse et de Charlotte Michault, est baptisé paroisse Saint-Jean-Baptiste. Le parrain est à nouveau Robert Charles BRIJON, la marraine Anne Huguet. Tous signent.

***  1760-1761, Robert Charles BRIJON est violoniste au Concert de Nantes [Loire-Atlantique] alors que Nicolas Henri DEPOIX y est maître de musique

• 21 novembre 1760, Nantes : Les Affiches de Nantes publient un article anonyme intitulé "Réflexions sur la musique", qui reprend le titre de l'ouvrage que BRIJON fait éditer à Paris en 1763. La rareté des insertions sur la musique dans les Affiches, le contenu de l'article, la concordance des dates et du style contribuent néanmoins à l'attribuer à BRIJON. L'auteur y promeut son idée fétiche, l'émotion musicale : "de tous les ressorts qui agissent sur l'âme, la musique est le  plus propre à nous émouvoir". L'article est agrémenté de digressions dont l'auteur est coutumier. La Laurencie écrit avec bienveillance qu'il "plane dans les hautes régions de l'esthétique". 

• 8 janvier 1761, Nantes : C.R. BRIJON joue au Grand Concert de janvier un concerto de sa composition qui a été promu par annonce.
• 25 septembre 1761 : Les Affiches publient un autre article anonyme portant sur "La naissance de la musique", autre thème favori de l'auteur supposé où il narre la fameuse légende de Pythagore qui, en passant auprès d'une forge, comprend les rapports de fréquences entre les sons. BRIJON ne semble pas avoir séjourné longtemps en pays nantais car c'est à Paris qu'on le retrouve dès 1762.

*** 1762-1763, R.C. BRIJON est professeur de musique à Paris
Lionel de La Laurencie s'est intéressé à BRIJON ainsi qu'à ses publications : partitions, réflexions sur l'esthétique musicale ou technique de violon. Il évoque "un type curieux". On pourra consulter  La vie musicale en province... comme L'école française de violon, de Lully à Viotti ; études d'histoire et d'esthétique.

• 1762, Paris : BRIJON publie un premier ouvrage intitulé Réflexions sur la musique et la manière de l'exécuter sur le violon (avec les exemples et les airs gravés). Le livre est disponible à "Paris, chez l'auteur [qui] est domicilié chez M. PRUDENT, professeur de musique et d'instruments, rue du Petit-Pont, au bas de la rue Saint-Jacques". Fétis estime que le titre "n'annonce pas un homme de trop bon sens", avant d'admettre la pertinence de certaines remarques. BRIJON serait-il clivant ?

• 1763, Paris : BRIJON publie trois annonces dans L'Avant-Coureur faisant la réclame de son livre. "L'objet de ce livre utile est de prouver que, dans le jeu du violon, l'expression dépend surtout de l'archet, ou, ce qui est la même chose, de la manière de le conduire". S'ensuivent des considérations sur la sonate qu'il considère comme "une ode en musique". Le concerto devient un "combat musical entre le solo et le tutti, qui se termine par une réunion de sentiments et d'idées". BRIJON va encore plus loin en défendant une musique à programme et surtout la nécessité de "phraser ce qu'on exécute" au violon. La bibliothèque du Centre de Musique Baroque de Versailles indique trois réimpressions de l'ouvrage vers 1774, 1798 et 1800.

*** 1764-[1791?] , R.C. BRIJON est établi à Lyon [Rhône] où il joue au Concert, une longue période qui le fait dire "lyonnais". Les annonces qu'il parues sont aussi nombreuses que ses logeurs.

Lorsque Léon Vallas (La musique à l'académie de Lyon au XVIIIe siècle) évoque l'arrivée de BRIJON à Lyon, il cite "un violoniste qui possédait l'art de ne pas passer inaperçu". Alors que son nom n'est pas indiqué sur les programmes, il se fait entendre trois fois en 1764 dans une sonate et des concertos de sa composition.

• 11 avril 1764, Lyon [Rhône] : À peine arrivé à Lyon, BRIJON se fait connaître par voie de presse en évoquant ses Réflexions sur la musique et en proposant des cours de violon, par-dessus de viole, tout en insistant sur la tenue d'archet. Il réitère sa réclame le 15 juillet, espérant des souscriptions pour son livre. Il loge chez un M. Morel maître de pension rue Lanterne, puis rue Saint-Côme.

• 15 mai 1765, Lyon : BRIJON fait part  dans les Affiches de ses "observations concernant le violon et la musique". Il vante son expérience comme son itinérance et propose des variations sur des airs comme Colin à peine a 15 ans..., romances, menuets, airs variés. Les partitions sont distribuées par feuille périodique pour violon et par-dessus de viole, arrangées pour être jouées sans accompagnement ou avec une basse, disponibles chez M. Castaud, place de la Comédie.
• 9 octobre 1765 : Il semble que l'auto-promotion, devenue chez BRIJON "renommée", ne soit pas du goût de tous car il est amené à lancer un défi dans la presse en invitant ses contempteurs potentiels à s'exprimer par écrit et non par oral. Les Affiches pondèrent l'auteur en invitant les uns et les autres à utiliser les journaux littéraires ou le Mercure de France pour leurs polémiques.

• 12 mars 1766, Lyon : Nouvelle annonce de BRIJON "qui se flatte" de faire pratiquer tous les vrais principes d'enseignement du par-dessus de viole et du violon.
• 13 août 1766 : Mozart père et ses enfants Anne et Wolfgang passent quatre semaines à Lyon lors d'un voyage artistique (L. Vallas). Plusieurs auditions sont données dont une annoncée par les Petites Affiches. "M. J.G. Wolfgang MOZART, enfant de 9 ans [10 ans et demi], compositeur et maître de musique, exécutera plusieurs pièces de clavecin seul". Le jeune Mozart joue entre un acte de de BURY et un acte de RAMEAU. Est-ce à dire que BRIJON a participé ou assisté à ce concert ?

• 25 août 1766, Lyon : Le jour de la Saint-Louis, François WARIN, de l'Académie royale, fait exécuter une Grande Messe en Musique dans l'église des Carmes des Terreaux. La musique a été composée par le Sieur GUICHARD haute-contre du grand Concert. R.C. BRIJON fait partie de la symphonie. L'effectif imposant comprend, trois voix de femmes qui chantent seules, cinq voix d'hommes qui chantent également seules. Les chœurs incluent 7 voix de femmes, 3 de haute-contre, 3 de haute-taille, 7 de basse-taille. Les symphonistes sont au nombre de 16. Les 2 basses exécutent en duo un concerto de cors de chasse. De plus au milieu de la messe un motet à grand chœur et à symphonie de M. WARIN (basse-taille) est exécuté. Il est dédié au Duc de Richelieu, gouverneur de Guyenne. La messe se conclut par une grande symphonie avec cors et timbales.

• 1767, Lyon : Quatre annonces vantent un apprentissage rapide du violon ou du pardessus de viole tout comme le succès et la renommée de BRIJON qui semble surtout en quête d'élèves.
• 25 août 1767 : Les perruquiers font donner une grande-messe en musique, composée par le musicien DUVAL où deux petits motets sont chantés en sus. D'après Bénédicte Hertz (Le grand motet dans les pratiques lyonnaises (1713-1773)...), ce sont les mêmes intervenants qu'en 1766.  Le sieur ITASSE, "maître de musique et pensionnaire de l'académie royale des Beaux-Arts" assure la direction de la messe.
Il ne semble cependant pas que BRIJON intervienne dans la symphonie en 1767 car les Affiches annoncent qu'il "vient de mettre en musique les vers à la louange du Roi qui ont été distribués" à Lyon. La cérémonie se tient cette fois-ci dans l'église de l'abbaye royale de S. Pierre.
• 23 décembre 1767 : BRIJON propose la reprise de sa composition mettant en musique "les vers à la louange du Roi". Il en fait le descriptif : il s'est attaché à caractériser les paroles et à exprimer l'action, ce qui est conforme à sa vision de la musique. La pièce nécessite une basse-taille des plus étendues ; la symphonie est brillante, l'harmonie des plus complètes. On peut regretter de ne pas disposer de la partition. Des amateurs se sont-ils présentés ?

• 1768, Lyon : Léon Vallas répertorie les musiciens du Concert de Lyon. La symphonie est composée de CARMINATI, SERRIÈRE, JANNO ou JOANNOT, BRIJON C.R., DELOULE. Les œuvres jouées sont principalement des motets de LALANDE, la Messe de GILLES que l'on exhume à la demande du public. Le nom ce CAMPRA reparaît. RAMEAU conserve la faveur.  Les appointements varient de 6 lt ou9 lt 7s10d à 25 lt par quartier. Les mieux payés sont les frères LECLAIR.

• 22 août 1770, Lyon : Nouvelle insertion soulignant que "dans certains cas on peut être habile et n'être pas en état d'enseigner". BRIJON se place en pédagogue averti qui promet de faire progresser dans l'art musical. Son atout, entre autres, le travail de l'articulation et de l'archet.

• Novembre et décembre 1771, Lyon : BRIJON met en vente un "très excellent violon d'Amatis". Est-ce le sien ? Celui d'un amateur ? Son silence dans la presse après cette date interroge : est-il toujours à Lyon ou a-t-il repris une vie itinérante, allant promouvoir son talent ailleurs ?

• 1780, Lyon: BRIJON fait imprimer son second ouvrage à Lyon L'Apollon moderne ou le développement intellectuel par les sons de la musique. Nouvelle découverte de première culture, aisée et certaine pour parvenir à la réussite dans les sciences, et nouveau moyen d'apprendre facilement la musique. Il s'agit d'une méthode de solfège, violon et chant de 264 pages dont 64 planches de partitions. Les partitions sont composées de deux séries de sonates. La liste des onze villes où le livre est vendu mériterait d'être explorée. Quels liens entretenait-il avec elles ? Y a-t-il des contacts ? Y a-t-il vécu ?

• 1780-1791, ? : La période reste à documenter. BRIJON est-il toujours à Lyon ?

• 21 juin 1791, Lyon : BRIJON soumet son invention "d'aurillette" à l'académie des sciences de Lyon. L'aurillette  est destinée au "développement des organes par les sons de la musique, ou première culture des enfants" et doit être utilisée plusieurs années consécutives. Les commissaires louent les intentions de l'auteur tout en estimant qu'il exagère peut-être le pouvoir de la musique sur l'âme. L'académie ne donne pas suite à ce projet, qu'elle estime contraignant pour les familles, tout en assurant l'auteur de son estime.

*** 1792-1794 : Un retour parisien bien modeste

• 4 octobre 1792, Paris : Charles Robert BRIJON/BRIGON est de retour à Paris ainsi que l'atteste sa carte de sûreté. Il a 70 ans, est natif de Paris, musicien, demeure rue de la Boucherie. Il est arrivé le 22 septembre, ou plutôt "ils arrivent de loin", ce qui indiquerait qu'il est accompagné.

• 2 frimaire an II [22 novembre 1793], Paris : Le citoyen BRIJON adresse une pétition à la Convention nationale demandant un "secours". Loin d'implorer la bienveillance, il assure avoir "consacré sa vie à l'instruction des enfants". Il a composé un ouvrage permettant de développer les organes par les sons de la musique, qui "est dans ce moment examiné par le comité d'instruction publique". Il règle au passage ses comptes avec les Lyonnais, ces "superbes habitants" et attend des "pères de la patrie" d'être "employé dans les écoles premières" (sic). BRIJON demeure toujours rue des Boucheries, faubourg Saint-Germain , Hôtel de Saxe. On ignore la suite donnée à cette requête "renvoyée aux comités des secours et d'instruction publique".

• 1798 & 1800 : La réimpression des Réflexions sur la musique... laisserait supposer que Charles Robert BRIJON est toujours vivant bien qu'aucun autre indice de son existence n'ait été détecté à ce jour.

La Laurencie le considérait comme "un type curieux"  tout en s'intéressant à sa musique. Il n'avait pas les connaissances biographiques qui ont commencé à se faire jour sur cette page et qui confirment son appréciation. Oserions-nous avancer que BRIJON a bénéficié d'une formation musicale loin des canons de la musique d'église ? Si elle lui a permis d'avoir une perception sensible de la musique, proche du romantisme, sa formation a vraisemblablement souffert de structures. Les talents multiples de BRIJON se sont heurtés à des lacunes qui l'ont régulièrement mis en porte-à-faux.

Corpus répertorié de R.C. BRIJON :

- Réflexions sur la musique et la manière de l'exécuter sur le violon (avec les exemples et les airs gravés). Le livre est disponible à "Paris, chez l'auteur [qui]  est domicilié chez M. PRUDENT, professeur de musique et d'instruments, rue du Petit-Pont, au bas de la rue Saint-Jacques". L'ouvrage sera réimprimé vers 1794, 1798, 1800. https://books.google.fr/books?id=qHY8AQAAIAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

- Méthode nouvelle et facile pour apprendre à jouer du pardessus de viole, Lyon, 1766. Le fac similé de l'édition de Lyon 1766, d'après l'exemplaire conservé au Gemeente Museum de La Haye (réf / M 380), Lyon, Bibliothèque nadia Boulanger, dossier Mersenne, Marin (1588-1648) réalisé par Philippe Lescat et Jean Saint-Arroman

- L'Apollon moderne ou le développement intellectuel par les sons de la musique. Nouvelle découverte de première culture, aisée et certaine pour parvenir à la réussite dans les sciences, et nouveau moyen d'apprendre facilement la musique, Lyon, 1780. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9667280t/f13.item.texteImage

Mise à jour : 30 juillet 2022

Sources
Fétis, Biographie universelle des musiciens, 1841  ; A. Choron, Dictionnaire historique des musiciens..., 1810 ; Affiches de Lyon ; Archives parlementaires, 1787-1860 ; B. Hertz, Le grand motet... Lyon, 2010 ; F-Ad52/ BMS Chaumont, St Jean-Baptiste ; F-Ad52/ BMS Chaumont, St-Jean-Baptiste ; F-An/ F7/4808 ; F-Filae/ Fonds Andriveau  ; L'avant-coureur mars 1763 ; L'avant-coureur, 1766 ; L.Vallas, Revue musicale de Lyon, 1906-1907 ; La Laurencie, L'école française de violon..., 1923 ; La Laurencie, La vie musicale...,1906 ; Les Affiches de Nantes ; R.C. Brijon, L'Apollon moderne..., 1780

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