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BRUGÈRE, Pierre, le père (1747-1799 ap.)

BRUGÈRE, Pierre, le père (1747-1799 ap.)

État civil
NOM : BRUGÈRE     Prénom(s) : Pierre     Sexe : M
Complément de nom : le père
Autre(s) forme(s) du nom : BRUGÈRES
BURGÈRE

Date(s) : 1747-5-24  / 1799 ap.
Notes biographiques

Lorsqu'il effectue ses démarches de demande de secours au début de la décennie révolutionnaire, Pierre BRUGÈRE – avec un remarquable sens de la précision – déclare avoir été durant vingt ans "choriste dans différents endroits"
L'enquête a permis de découvrir certains de ces "différents endroits". En effet, les événements familiaux sont des bornes importantes pour dater les étapes de sa carrière professionnelle. On aperçoit d'abord Pierre BRUGÈRE chantant à la collégiale Saint-Vrain de Jargeau, puis 35 km en aval à celle de Saint-Liphard de Meung-sur-Loire. Après quoi il remonte le fleuve jusqu'à sa ville natale, Orléans où il est engagé par le chapitre de Saint-Aignan. C'est à ce poste que le trouve la Révolution.

• 24 mai 1747, Orléans : Pierre BRUGÈRE naît sur la paroisse Saint-Pierre-le-Puellier, de Pierre Brugère et Marie-Anne Meunier. Le chanoine de la collégiale, desservant de la paroisse, qui le baptise le lendemain rédige un acte qui n'apporte aucune précision d'ordre socio-professionnelle sur les protagonistes. On observe que la marraine ne sait pas signer.

• [1754-1764 environ], Orléans : Pierre BRUGÈRE pourrait peut-être avoir été enfant de chœur. Mais, à l'exception d'une phrase banale (il "a consacré sa jeunesse à l'état de musicien") rien ne le dit clairement dans ses dossiers de la période révolutionnaire, et les archives des chapitres orléanais ont trop souffert (incendie de 1940) pour apporter une certitude documentaire.
 
• [Vers 1770] : Si l'on se fie à sa déclaration, sans doute arrondie, concernant sa durée de service ("vingt ans"), il aurait commencé à chanter à l'Église en ou vers l'année 1770. Il a alors 23 ans, ce qui paraît tardif pour un début de carrière et invite à soupçonner qu'il a d'abord exercé un autre métier. Peut-être celui de tonnelier, que nous le voyons exercer en 1795 (voir ci-après).

• [Dès 1770 ? En tout cas avant 1774], Jargeau [Loiret] : Pierre BRUGÈRE s'installe dans cette petite ville située sur la rive gauche de la Loire, à une petite vingtaine de km en amont d'Orléans, où la collégiale Saint-Vrain entretient au moins deux chantres, ici appelés "choristes".

• 27 février 1775, Jargeau : Avec "l'agrément" du curé de la paroisse Saint-Étienne, un chanoine de la collégiale Saint-Vrain célèbre le mariage de Pierre BRUGÈRE, fils majeur de défunt Pierre Brugère et de Marie-Anne Meunier, avec Marguerite Laprou / La Proux. Le rédacteur de l'acte n'indique aucun métier, mais le fait qu'un chanoine de Saint-Vrain officie pousse à penser que le jeune marié est déjà choriste à la collégiale. Par ailleurs, les deux mariés sont dits "tous deux de cette paroisse", seul endroit où les bans ont été publiés, ce qui assure que Pierre BRUGÈRE y est domicilié depuis plus d'un an, et que sa mère s'y est installée aussi.

• 5 décembre 1775 et 18 avril 1777, Jargeau : Deux enfants Brugère sont baptisés paroisse Saint-Étienne. Les parrains et marraines entrecroisent les lignages Brugère et Laproux, confirmant l'implantation de la famille Brugère élargie à Jargeau. Le premier de ces enfants est un fils, Pierre-Charles. Il deviendra ultérieurement enfant de chœur.

• 11 décembre 1778, Jargeau : La sépulture d'une très vieille dame, morte à l'Hôtel-Dieu "après avoir reçu plusieurs fois les Sts-Sacrements", mobilise Pierre BRUGÈRE et Jean-Jacques FOUCHER, "choristes du chapitre". 

• [Entre mi-décembre 1778 et au plus tard fin mars 1779] : Pierre BRUGÈRE quitte le chapitre Saint-Vrain de Jargeau pour entrer au service de celui de Saint-Liphard de Meung. Sa famille suit. Il y a environ 35 km entre les deux églises, mais le trajet peut aussi se faire en bateau en descendant la Loire, le voyage est alors très rapide.

• 6 avril 1779, Meung : Sur la paroisse Saint-Nicolas, Marguerite Laproux donne le jour à un petit Jacques-Philippe, baptisé le même jour en l'église collégiale de Saint-Liphard (où est célébré le culte paroissial). Pierre BRUGÈRE est "choriste du chapitre".

• 18 juillet 1781, Meung : Née la veille, Françoise-Adélaïde-Sophie est à son tour baptisée. Elle ne vivra que deux mois et demi. Son acte de baptême comme son acte de sépulture le 2 octobre 1781 disent toujours Pierre BRUGÈRE, "choriste du chapitre" de Saint-Liphard.
C'est donc sans doute au plus tôt vers la Toussaint 1781 qu'il a quitté Meung pour gagner Orléans. Un peu plus tôt, durant la même année 1781, son ancien collègue de Jargeau, Jean-Jacques FOUCHER, a lui aussi été reçu dans une église orléanaise, dans son cas la cathédrale Sainte-Croix.

• [Fin 1781 environ], Orléans : Selon les sources administratives du début de la Révolution, Pierre BRUGÈRE aurait exercé neuf ans au service du chapitre de Saint-Aignan d'Orléans. Cela fait débuter son service sur la fin de l'année 1781, ce qui s'avère parfaitement compatible avec ce que nous voyons à Meung.

• 27 avril 1783, Orléans :   En arrivant à Orléans, la famille Brugère-Laproux s'est installée sur la paroisse Notre-Dame-de-la-Conception, toute proche de la collégiale Saint-Aignan. C'est là que le 26 avril 1783 naît une fille, baptisée Anne-Sophie le lendemain.

• 5 octobre 1787, Orléans : Au cimetière de Saint-Vincent, on procède à l'inhumation de Marie-Anne Meunier, "veuve de Pierre Brugère", décédée la veille à l'âge d'environ 66 ans sur la paroisse Saint-Victor. Son fils, Pierre BRUGÈRE, est présent et signe.

1790, Orléans : Pierre BRUGÈRE est chantre ou choriste à la collégiale Saint-Aignan, où il gagne 680 livres par an. Il déclare être marié et père de trois enfants et avoir travaillé vingt ans en tout au service de l'Église. Durant l'année 1790 il a par ailleurs fait des services pour les sépultures de la paroisse Saint-Aignan et sa signature apparaît régulièrement dans le registre paroissial.
Les musiciens en exercice à la collégiale Saint-Aignan en 1790 sont : le maître de musique Jacques-Marie-Léonard CABARET, l'organiste Martin NIOCHE, le serpent Paterne-Denis BLAUT, le chanteur basse contre Florent VIGNON, la basse taille Honoré-Léopold DELAFESTE et le chantre choriste Pierre BRUGÈRE, auxquels s'ajoute un "Sacristain Tunicaire" nommé LAROUSSE qui prend sans doute part au chant (en tout cas il figure dans la supplique collective que les musiciens de Saint-Aignan d'Orléans adressent à l'Assemblée nationale en 1791).

• [Début 1791] : Examinant le cas de Pierre BRUGÈRE, le district d'Orléans propose de lui accorder une pension viagère annuelle de 250 livres. Le département estime que mieux vaut lui verser 1 500 livres de gratification.
• 15 février 1791, Paris : Le Comité ecclésiastique enregistre l'arrivée d'une requête écrite d'Orléans, non datée, des sieurs CABARET, maître de musique, La Rousse, sacristain, BLAUT, le serpent, DELAFESTE et BRUGÈRE, tous musiciens attachés à la ci-devant église royale et collégiale de Saint-Aignan d'Orléans. Ils réclament au nom de l'équité une pension régulière et non une gratification ponctuelle qui ne leur permettra pas de vivre. On trouve dans ce texte la phraséologie habituelle : "Ils n'ont point d'autre état que celui qu'ils ont embrassé depuis l'enfance. S'ils veulent en embrasser un autre, leurs fonds s'épuiseront, et eux et leurs familles tomberont dans une indigence affreuse"...
BRUGÈRE semble ensuite toucher finalement une pension (voir ci-après). L'administration prend "en considération l'état de pauvreté dans lequel se trouvent plusieurs des musiciens" et leur fait verser des acomptes.
• 21 mars 1791 : "Pierre Brugerre" signe à une sépulture de la paroisse Saint-Euverte, et il en va de même de loin en loin durant les mois qui suivent, en alternance avec les chantres DUTERTRE et LIGNAU.

• 4 octobre 1792, Orléans : Pierre BRUGÈRE, "chantre à Saint-Euverte" (la paroisse, où l'organiste Martin NIOCHE a également réussi à se recaser, au grand dam de GON l'ancien organiste de l'abbaye Saint-Euverte), et son fils aîné Pierre Charles BRUGÈRE, ancien enfant de chœur de l'église de Saint-Aignan, prêtent serment "d'être fidèle à la nation, de maintenir la liberté et légalité, ou de mourir en les défendant". Tous deux demeurent à Orléans, rue des juifs. Deux jours plus tard, trois autres " "chantres de la paroisse de Saint-Euverte" prêtent serment à leur tour : Louis DUTERTRE, Sébastien LIGNAU et Guillaume BERTEAU.

• [Sans doute au moment de la fermeture des églises] Pierre BRUGÈRE quitte Orléans et retourne vivre tout près de Jargeau, dans le petit village de Darvoy, rive gauche, à moins de 2 km de la ci-devant collégiale Saint-Vrain.

• 14 fructidor an II (31 août 1794), Darvoy : Pierre BRUGÈRE est "instituteur des enfants de la ditte commune [de Darvoy] et tonnelier, domicilié ditte commune, quartier du bourg" lorsqu'il vient à la maison commune déclarer le décès de son épouse Marguerite Laproux, morte dans sa maison à l'âge de 54 ans, la veille "sur les cinq heures et demie du matin". Il est accompagné de son beau-frère, Charles-Antoine Laproux, tisserand à Jargeau, et d'un beau-frère de celui-ci, "aussi tisserand à Jargeau". Cela dessine l'environnement social qui est désormais celui de l'ancien musicien de Saint-Aignan.
Il semble quitter Darvoy peu après pour s'installer à Jargeau.

• 19 ventôse an III (9 mars 1795), Jargeau : Pierre BRUGÈRE, tonnelier, 48 ans, veuf de défunte Marguerite Laproux, se remarie. Il épouse Anne Bonnin, "fille de confiance", âgée de 40 ans. Les mariés sont tous deux domiciliés dans la commune de Jargeau. On remarque la présence parmi les témoins du marié de son ex-beau-frère, Charles-Antoine Laproux, tisserand.

• 19 messidor an V (7 juillet 1797), Jargeau : Accompagné de la sage-femme qui a procédé à l'accouchement, Pierre BRUGÈRE – dont le métier n'est pas ici précisé – déclare que la veille au soir a dix heures, son épouse a donné le jour à une fille qui "est décédée quelque moment après sa naissance en la maison des dits père et mère située rue du Moulin aux Chevaux".

• 1795 et 1798, Jargeau : Deux tableaux des pensionnaires ecclésiastiques du canton de Jargeau datés des 3 prairial an III et 3 thermidor an VI (23 mai 1795, 21 juillet 1798) attestent que Pierre BRUGÈRE, "ci-devant chantre-musicien" ou "choriste musicien du chapitre de Saint-Aignan d’Orléans" est domicilié à Jargeau. Il touche des quartiers de pension de 133 livres 6 sols 8 deniers.

• 10 brumaire an VIII (1er novembre 1799), Jargeau : Pierre BRUGÈRE père est toujours dit tonnelier lorsqu'il assiste au mariage de son fils Pierre-Charles (l'ancien enfant de chœur de la collégiale Saint-Aignan d'Orléans), 24 ans, avec une couturière de 22 ans, Adélaïde-Françoise Michel, dont le père est "receveur des Droits d’octroi municipaux à Orléans". Le métier du jeune homme n'est pas indiqué : s'est-il replié sur la tonnellerie, comme son père ? Les témoins sont cordonnier, tisserand, tonnelier et officier de santé.

Le décès de Pierre BRUGÈRE n'a pas été retrouvé à Jargeau.

Mise à jour : 21 août 2019

Sources
F-Ad45/ BMS Jargeau  ; F-Ad45/ BMS Notre-Dame-de-la-Conception, Orléans  ; F-Ad45/ BMS St-Euverte, Orléans ; F-Ad45/ BMS St-Nicolas de Meung  ; F-Ad45/ BMS St-Pierre-le-Puellier, Orléans ; F-Ad45/ BMS St-Étienne de Jargeau  ; F-Ad45/ L supplément 452 ; F-Ad45/ NMD Darvoy ; F-Ad45/ NMD Jargeau  ; F-AmOrléans/ 2 J 16 ; F-An/ C/II/*13 ; F-An/ DXIX/045/704/30 ; F-An/ DXIX/090/739/02 ; F-An/ DXIX/090/739/03 ; F-An/ F19/1128

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