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CUVILLIER, Jean Louis (1723-1783 ap.)
État civil
NOM : CUVILLIER     Prénom(s) : Jean Louis     Sexe : M
Date(s) : 1723-4-26  / 1783-1-27 ap.
Notes biographiques

Fils d'un musicien du duc de Richelieu, Jean Louis CUVILLIER naît à Senlis où il a peut-être reçu une partie de sa formation musicale. Dans sa vingtaine, il chante la basse-taille au concert de Moulins, puis, après une lacune de vingt ans, on le retrouve à la Musique du roi. Il n'y reste qu'une dizaine d'années, durant lesquelles une série de malheurs s'acharne sur lui. Retiré dans le Vexin, mais toujours poursuivi par des créanciers, il ne laisse plus de trace dans les archives vers 1783.

• 26 avril 1723, Senlis [Oise] : Jean Louis CUVILLIER, fils de Louis Antoine CUVILLIER, musicien « de chez Mr le duc de Richelieu », et d'Anne Hordé, voit le jour. Il est baptisé le 1er mai à la cathédrale, dont l'un des enfants de chœur, nommé Jean HOTTÉ, est choisi pour parrain.

• 14 février 1744, Moulins [Allier] : Jean Louis CUVILLIER est reçu comme basse-taille à l'Académie de musique, aux gages de 600 livres. On lui a payé 72 livres pour son voyage, sans doute depuis Paris.
• 4 février 1746, Moulins : Jean Louis CUVILLIER contracte mariage avec Élisabeth Vernoy. Le lendemain l'union des deux jeunes gens est bénie en l'église paroissiale Saint-Pierre-des-Ménestraux, en présence de Jean Michel LEMYRE, qui signe en tant que « maître de musique » ; il exerce en effet cette fonction à l'Académie de musique de Moulins.
• 26 mars 1746, Moulins : CUVILIER, gagiste du concert, « s’étoit absenté de la ville [et voulant] quitter avant l’expiration de son engagement, il est demandé à ce qu’il soit recherché et arrêté et constitué prisonnier ».

• 1769-1780, Versailles : Jean Louis CUVILLIER est basse-contre à la Musique du roi. Ses appointements s'élèvent à 2 000 livres par an.
Durant cette période de service assez courte, le malheur s’abat sur lui avec une remarquable application. Selon lui, il aurait pu demander sa retraite huit ans plus tôt, suivant ainsi le conseil du chirurgien des Menus Plaisirs qui le soigna lorsque, chantant à une répétition d’opéra à Fontainebleau, « son nombril s’ouvrit ». Ensuite, « attaqué par un rhumatisme violent, il a marché avec deux béquilles pendant près de six ans ». Les spectacles lui étaient décidément néfastes puisque, « chantant à Versailles, dans l’opéra Persée, le rôle d’une divinité, un bout de corniche tomba du ceintre sur sa tête et lui fit une forte blessure dont il a la marque pour la vie ». Croit-on que la chapelle lui fut plus favorable ? Qu’on se détrompe : c’est en sortant de la messe du roi qu’il fut mordu par un cheval « à la partie droite du ventre », blessure dont il mit trois mois à se rétablir. Enfin, sa vue affaiblie ne lui permettait plus de lire qu’avec peine et « par le secours de lunettes ». Pour couronner le tout, il se croyait « l’objet de la jalousie de quelques camarades qui ont réussi à le mêtre [sic] mal dans l’esprit de ses supérieurs ». Après lui avoir obtenu une gratification en 1779, alors qu’il « étoit absent pour soigner sa vüe qu’il perd », l'intendant des Menus Plaisirs, Papillon de La Ferté, l’ayant rencontré en 1781, le trouve « absolument hors de service » et affirme qu’il « seroit très heureux si on lui accordait mille ou douze cents francs ».

• 17 septembre 1774, Paris : Une enquête menée à la demande d'Élisabeth Vernoy ayant révélé que Jean Louis CUVILLIER était « fort dissipateur contractant sans reflexion et negligent dans toutes ses affaires », noyé de dettes et même, selon un témoin, « un débauché et un ivrogne point du tout attentif a ses affaires » (c'est peut-être lié à ses malheurs), le Châtelet de Paris rend une sentence de séparation de biens entre les deux époux qui continuent néanmoins de vivre ensemble, rue Neuve Notre-Dame, à Versailles. C'est d'ailleurs le 11 novembre 1776, durant le voyage de la cour à Fontainebleau, que survient le décès d'Élisabeth Vernoy, qui avait donc suivi son époux pour l'occasion.
• 1er décembre 1777, Versailles : Jean Louis CUVILLIER, âgé de 54 ans, contracte un nouveau mariage avec Charlotte Louise Champagne, fille d'un maître tonnelier marchand de vin, âgée de 19 ans. De façon tout à fait inhabituelle, la nouvelle union est placée d'emblée sous le régime de la séparation de biens.

• mai 1779-juin 1781 [?], Magny-en-Vexin : Jean Louis CUVILLIER, qui s'est retiré à Magny dès mai 1779 pour soigner sa vue et attendre sa retraite, indique cette adresse en juin 1781, afin de pouvoir toucher sa pension de retraite de 1 200 livres.

• janvier 1783, Paris : Debri, « aubergiste de la Ville de Paris », se plaint auprès du secrétaire d’État de la Maison du roi que Cuvillier lui doit 236 livres et 19 sols, « d’une somme de 1 200 livres par an pour nourriture et logement » pour lui et sa femme. Or, puisque la pension « n’est susceptible ny de saisie, ny d’opposition », Debri demande que le paiement de la pension soit bloqué tant que la dette n’a pas été acquittée. Papillon de La Ferté, consulté par son ministre, avoue n’avoir « pu, malgré [ses] recherches, parvenir à sçavoir dans quel lieu de le France se trouve ce musicien ». De fait, on perd sa trace à partir de ce moment.

Mise à jour : 24 décembre 2020

Sources
Almanach de Versailles, 1773 ; Almanach de Versailles, 1774 ; Almanach de Versailles, 1775 ; Almanach de Versailles, 1776 ; Almanach de Versailles, 1777 ; Almanach de Versailles, 1778 ; Almanach de Versailles, 1779 ; F-Ad03/ 2 Mi EC 196 27 ; F-Ad60/ 1MI/ECA612R13 ; F-Ad78/ 1112508 ; F-Ad78/ 3E45/162 ; F-Ad78/ 3E47/126 ; F-Am Moulins/ n°400 ; F-An/ O/1/3023 ; F-An/ O/1/3030/B ; F-An/ O/1/3033 ; F-An/ O/1/3036, n°230 ; F-An/ O/1/3036, n°231 ; F-An/ O/1/3055, n°10 ; F-An/ O/1/672 ; F-An/ O/1/842, n°143 ; F-An/ O/1/842, n°146 ; F-An/ O/1/842, n°164-165 ; F-An/ O/1/842, n°65 ; F-An/ Y 12183 ; F-An/ Y 9095 ; F-Bm Versailles/ Ms. F 87 ; LULLY, Persée, 1770, Le Concert Spirituel, Hervé Niquet, livret, Alpha, 2016

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