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DELAFESTE, Honoré Léopold (1765-1830)
État civil
NOM : DELAFESTE     Prénom(s) : Honoré Léopold     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : DELAFERT
DELAFERTE
LAFAYTE
DELAFAITE
DE LA FESTE
Date(s) : 1765-11-21   / 1830-12-14 
Notes biographiques

Originaire du Nivernais, Honoré-Léopold DELAFESTE, musicien basse-taille, pratique au début de sa carrière une active itinérance (Nevers, Auxerre, Saint-Omer, Orléans). Après la Révolution, il devient choriste à l'Opéra de Paris puis professeur de musique à Moulins, où sa présence est attestée jusqu'en 1814. Il retourne ensuite à Paris, où il finit ses jours.

• 21 novembre 1765, La Charité-sur-Loire [Nièvre] : Honoré-Léopold DELAFESTE, fils de Jean Martin "Lafayte", doreur à la manufacture de quincaillerie, et d'Élisabeth Borderieux [Borderie dans son acte de mariage], naît et est baptisé le même jour, paroisse Saint-Jacques.

• [vers 1774-vers 1785], Nevers : Honoré-Léopold DELAFESTE demeure durant onze ans comme enfant de chœur et musicien à la cathédrale Saint-Étienne et Sainte-Julitte.
Plus tard [voir ci-après au 3 juillet 1789], DELAFESTE se proclame "élève de l’Académie Royale de musique".

• 25 juillet 1785, Auxerre : Le maître de musique, Edme CHAPOTIN, informe "la Compagnie que le commis musicien qu’elle a entendu chanter demandoit à être admis". Le chapitre délibère et décide de le recevoir. Quatre jours plus tard, cette décision est confirmée, et cette fois le nom du musicien est donné : Honoré-Léopold DELAFESTE. Cette délibération de confirmation précise "qu’il sera tenu à la psalmodie comme les basse contre, quoique plus particulièrement destiné aux récits pour la musique". L'expression "plus particulièrement destiné aux récits pour la musique" signifie qu'il est assez talentueux pour chanter des récits (des airs) en solo, accompagné par l'orchestre ou la basse continue. Il possède donc une bonne technique vocale qui lui permet de briller dans la musique figurée (c'est-à-dire les motets par exemple). Il devra toutefois  chanter aussi la psalmodie (c'est-à-dire le plain chant) avec tous les autres chantres ordinaires du bas-chœur. Il recevra "les gages ordinaires", c'est-à-dire 10 livres par semaine, "à commencer de dimanche dernier". Rien, dans ces deux délibérations, ne précise d'où arrive le musicien.
• 30 juillet 1785 : DELAFESTE demande au chapitre "de ne pas l’obliger habituellement à la psalmodie, afin de mieux conserver sa voix", ce qui lui est accordé, sauf lorsqu'un des autres basse-contre est absent. Ici, le chapitre semble soutenir la vanité de son jeune soliste récemment recruté, qui prend soin de sa voix et refuse d'être confondu avec le tout venant des chantres, tels le basse-contre cordonnier Bonaventure BONNOTTE. Le chapitre en profite pour édicter quelques nouvelles règles pour ses basse-contre. Il demande à ce qu'on évite de faire chanter CAMPENON avec CHERTIER, car leurs voix ne s'accordent pas ensemble. Il demande aussi que les quatre basse-contre se concertent pour leurs absences, de façon à ce "qu’il y ait toujours quelqu’un pour guider CAMPENON", soit DELAFESTE, soit GELIN.
• 12 août 1785, Auxerre : Lecture faite en chapitre de son certificat de vie et mœurs, le sieur DELAFESTE est installé "dans une des basses stalles du chœur".
• 19 août 1785 : DELAFESTE, "commis musicien", présente un placet aux chanoines de Saint-Étienne pour expliquer ses besoins financiers. Ils acceptent "de lui avancer la somme de 30 livres qu’il remboursera par la retenue de 4 livres par semaine sur ses appointements".
• Du 7 au 10 septembre, le chapitre débat trois fois au sujet de "LA FESTE". En effet, celui-ci a traduit l'autorisation de ne pas psalmodier en autorisation de ne pas assister aux petites heures. Convoqué en chapitre pour y recevoir "différens avertissemens tant au sujet des petites heures qu’au sujet de sa coëffure et de ses habillemens", il répond d'une manière telle qu'il semble "vouloir faire la loi au chapitre". Il est aussitôt renvoyé.
Honoré DELAFESTE n'a donc finalement chanté qu'un mois et demi environ à Auxerre.
• 27 septembre 1785, Troyes [Aube] : Le chapitre de la collégiale Saint-Étienne fait payer au nommé DE LA FESTE, musicien, pour six jours pendant lesquels il a été employé, la somme de 9 livres.

• [vers 1785-1787], Saint-Omer [Pas-de-Calais] : Honoré-Léopold DELAFESTE est musicien du chapitre. Cet épisode reste actuellement mal documenté. Le musicien l'évoque dans son récapitulatif de carrière sans précision et comme si ce poste s'était enchaîné directement sur celui de Nevers ("a été ensuite musicien du chapitre de Saint Omer jusqu'en 1787, époque à laquelle il est entré à Saint Aignan").

• [1787], Orléans [Loiret] : Honoré-Léopold DELAFESTE est reçu pour chanter la basse-taille à la collégiale Saint-Aignan. Les registres capitulaires ont disparu, ce qui interdit de préciser davantage la date et les conditions de sa réception.

• 3 juillet 1789, Orléans : Afin d'arrondir ses revenus, le sieur DELAFESTE publie une annonce dans Les Affiches de l'Orléanois pour proposer "des leçons de musique & de goût". Il résume son "cv" en deux points également destinés à inspirer confiance : "élève de l’Académie Royale de musique, attaché à l’église de St-Aignan de cette ville". Si le second est bien avéré, le premier reste à éclairer : on ne voit pas bien où se place dans son itinéraire une formation à l'opéra de Paris, sinon de très courte durée. Peut-être est-on plutôt ici dans de l'affichage à fins publicitaires.
• 29 septembre 1789 : Honoré-Léopold DELAFESTE se marie, paroisse Notre-Dame-de-la-Conception, avec Marie-Anne-Espérance Faucheux, une jeune femme de la paroisse. Il est dit "actuellement de la paroisse Saint-Victor d'Orléans, ci-devant de la paroisse Sainte-Croix de la Charité-sur-Loire, diocèse d'Auxerre", et aucun métier n'est indiqué. Ses parents ont donné leur consentement au mariage devant maître Guesde à la Charité-sur-Loire, le 23 août précédent. Parmi les présents à la cérémonie, on remarque Jacques Marie Léonard CABARET, "ami du marié" et maître de musique de la collégiale Saint-Aignan.

1790, Orléans : Honoré-Léopold DELAFESTE est toujours basse-taille à la collégiale Saint-Aignan, où "ses appointements annuels étoient de 680 livres".
Les musiciens en exercice à Saint-Aignan en 1790 sont le maître de musique Jacques Marie Léonard CABARET, l'organiste Martin NIOCHE, le serpent Paterne-Denis BLAUT, le chanteur basse contre Florent VIGNON, la basse taille Honoré-Léopold DELAFESTE et le chantre choriste Pierre BRUGÈRE, auxquels s'ajoute un "sacristain tunicaire" nommé LAROUSSE qui prend peut-être part au chant.
• Vers le 15 mai 1790,"Delafeste Le faucheulx" agglomère son patronyme et celui de son épouse pour signer la "requête" que les musiciens de la cathédrale Sainte-Croix et de la collégiale Saint-Aignan d'Orléans adressent tous ensemble à "Nosseigneurs les Députés de l'Assemblée Nationale". Ils y plaident non seulement leur cause, mais plus largement celle des maîtrises et, par voie de conséquence, estiment-ils, celle de la musique en France, car ces écoles "sont pour ainsi dire les seules qui ayent fournis les celebres musiciens qui ont parut jusqu’à present" dans le royaume.
• 14 juin 1790, Orléans : Huit mois et demi après son mariage, DELAFESTE signe l'acte de baptême de sa fille Marie-Élisabeth née deux jours plus tôt dans la même paroisse Notre-Dame-de-la-Conception. Le parrain, René Roberday, comme la marraine, Marie-Élisabeth Rougeou, femme de François Pagot, signent tous deux. Rien n'est précisé sur les métiers des uns ni des autres.

• [1790-1791] : Honoré-Léopold DELAFESTE effectue ses démarches pour réclamer des secours. Il déclare avoir une femme et deux enfants (la naissance du second n'a pas été trouvée à Orléans). Le District d'Orléans envisage de lui accorder 250 livres de pension. Le Département propose seulement une gratification (élevée) de 1 200 livres.
En février 1791, DELAFESTE, avec CABARET le maître de musique, LAROUSSE le sacristain, BLAUT le serpent et BRUGÈRE, fait partie des signataires d'une adresse à l'Assemblée nationale réclamant au nom de l'équité une pension régulière et non cette gratification ponctuelle qui ne leur permettra pas de vivre. On trouve dans ce texte la phraséologie habituelle : "Ils n'ont point d'autre état que celui qu'ils ont embrassé depuis l'enfance. S'ils veulent en embrasser un autre, leurs fonds s'épuiseront, et eux et leurs familles tomberont dans une indigence affreuse"... En réalité, DELAFESTE grâce à sa voix et son bagage musical ne manque pas de ressource, comme le prouve la suite de son itinéraire.

• 1791, Paris : Honoré-Léopold DELAFESTE devient basse-taille des chœurs de l'Opéra, avec 700 livres de revenus la première année dont 600 d'appointements (et 100 de gratification). "LA FESTE" est mentionné comme "retiré" dans l'état du personnel de 1793-1794.

• 12 avril 1793, Paris : Une carte de sûreté est délivrée à Honoré-Léopold DELAFESTE, musicien, originaire de La Charité-sur-Loire, installé dans la capitale depuis deux ans.

• 7 juin 1794 [19 prairial an II], Paris : Les citoyens "LAFESTE" et HARDY, musiciens, sont chargés par l'Institut national de musique de se rendre section du Faubourg du Nord pour apprendre les hymnes chéries relatives à la fête de l'Être suprême aux jeunes citoyens et citoyennes. Le président de la section leur remet un certificat attestant qu'ils ont rempli leur mission avec tout le zèle et exactitude possible et à la satisfaction de l'assemblée générale, et qu'ils ont remis à l'assemblée les hymnes dont ils étaient chargés par le Comité de salut public.

• 2 janvier 1795, Moulins (Allier) : Honoré-Léopold DELAFESTE déclare la naissance de sa fille Suzanne ; il est alors "agent de la commission des armes et poudres de la République".

• [1795-1814], Moulins : Un ensemble de sources (état-civil, actes administratifs ou notariés) attestent sa résidence dans la ville. Honoré-Léopold DELAFESTE est tour à tour musicienprofesseur de musique, artiste.

• 26 novembre 1812, Moulins : On enregistre le décès de Marie-Thérèse-Anne Lefaucheux, âgée de 46 ans et demi, née à Orléans, épouse d'Honoré-Léopold DELAFESTE, professeur de musique, rue Notre-Dame. Trois enfants issus de son mariage avec DELAFESTE sont ses héritiers pour un tiers chacun : Victor-Cécile-Amédée, Marie-Élisabeth, épouse d'Auguste François-Joseph Leblanc et Suzanne-Thérèse.

• 30 mars 1814, Moulins : Honoré-Léopold DELAFESTE, "artiste", est avec Jean-Baptiste VALOTTE, luthier, témoin et signataire de l'acte de décès de Guillaume TORTERAT, fabricant de cordes à violon.

• [Entre 1814 et 1819] Honoré-Léopold DELAFESTE quitte Moulins pour aller s'installer à Paris.

• 11 septembre 1819, Paris : Honoré-Léopold DELAFESTE, "contrôleur-receveur ambulant de l'administration des droits des indigents", demeurant Marché Saint-Honoré, n°26, contracte mariage avec Marie-Félicité Aumont, fille majeure de Pierre Aumont et d'Anne Marguerite Lanoix son épouse, tous deux décédés, demeurant rue de Suresnes, n°23. Il apporte une somme de 400 francs, montant estimé de ce qui lui revient avant la liquidation de la succession de sa première femme. La future se constitue de son côté en dot la forte somme de 10 000 francs, composée du capital d'une rente sur l'État à 5 % consolidés produisant 200 francs par an, de deniers comptants et de meubles, habits, linges, hardes et bijoux à son usage. Manifestement, l'ancien musicien fait là un 'beau mariage'.

• 14 décembre 1830, Paris : Honoré-Léopold DELAFESTE décède de maladie à son domicile, n°18, rue des Saussayes (une partie de maison, en location). Il laisse une veuve, Marie-Félicité Aumont, et trois enfants d'un premier lit : Victor-Cécile-Amédée-Léopold Delafeste, mégissier, demeurant à Chartres ; Marie-Élisabeth Delafeste, épouse d'Auguste-François-Joseph Leblanc, avec lequel elle demeure à Bruxelles ; Suzanne-Thérèse-Aspasie Delafeste, épouse de Jacques Citron-Chopard, employé demeurant à Paris (mariés en 1824). Les frais funéraires s'élèvent en tout à 87,20 francs.
• 5 mars 1831, Paris : L'inventaire après décès de DELAFESTE montre qu'il vivait dans un certain confort. Les biens sont estimés à 1 119 francs. Il possédait un peu d'argenterie et les époux avaient chacun leur montre. La somme de 2 100 francs (formée notamment de trois billets de banque de 500 francs chacun) a été trouvée après sa mort et remise à la veuve.

Mise à jour : 15 avril 2019

Sources
A. Cherest, « Notice sur les musiciens...", 1850. ; F-Ad/10 6G 744(A) ; F-Ad03/ état-civil et minutes notariées 3E 2983 ; F-Ad10/ 6G 744(A) ; F-Ad45/ BMS ND de la Conception, Orléans ; F-Ad45/ BMS Notre-Dame-de-la-Conception, Orléans ; F-Ad58/ 4 E 59 art. 15 ; F-Ad89/ G 1808 ; F-An/ AJ/13/57 ; F-An/ C/II/*13 ; F-An/ DXIX/045/704/30 ; F-An/ DXIX/090/739/02 ; F-An/ DXIX/090/739/03 ; F-An/ DXIX/090/755/15 ; F-An/ MC/ET/CVI/729 ; F-An/ MC/ET/CVI/800 ; F-BmOrléans/ Affiches de l'Orléanois ; Procès-verbaux du Comité d'instruction publique ; [F-An/ F7/4792]

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