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DELAGRANGE, Marie Perpétue (ca 1727-1798)

DELAGRANGE, Marie Perpétue (ca 1727-1798)

État civil
NOM : DELAGRANGE     Prénom(s) : Marie Perpétue     Sexe : F
Autre(s) forme(s) du nom : DE LAGRANGE
DE LA GRANGE
LAGRANGE
Date(s) : 1727-9 ca  / 1798-1-7 
Notes biographiques

Née autour de septembre 1727 en un lieu qui reste à découvrir, Marie-Perpétue DELAGRANGE devient organiste et religieuse. Lorsque la Révolution commence, elle réside (peut-être depuis longtemps) à l'abbaye des franciscaines du Moncel [aujourd'hui dans l'Oise, à une douzaine de km au nord de Senlis]. Elle y côtoie depuis début 1788 une organiste de trente ans plus jeune qu'elle, Joséphine MARSE, à laquelle elle est manifestement liée par une grande amitié. L'avait-elle formée à l'orgue ? Cela reste en l'état actuel de nos informations une pure hypothèse. Un autre point attire l'attention dans la biographie de la sœur DELAGRANGE : l'énergie qu'elle met à manier la plume pour faire valoir ses droits et ceux de ses amies, malgré l'âge et les épreuves (elle est incarcérée durant dix mois au château de Chantilly).

• [Vers septembre 1727] : Marie-Perpétue DELAGRANGE naît en un lieu actuellement inconnu.

• Depuis une date indéterminée, la sœur Perpétue DELAGRANGE est religieuse organiste à l'abbaye Saint-Jean-Baptiste du Moncel, située au nord de la forêt d'Halatte, sur la paroisse de Pontpoint, mais en réalité située plus près du village de Pont-Sainte-Maxence [Oise actuelle]. Cette abbaye de clarisses avait été fondée au tout début du XIVe siècle. C'est un établissement important, qui respire l'aisance et même le confort (coussins de soie et de tapisserie dans l'église). L'abbatiale est dotée d'un orgue, entretenu par le facteur DALLERY. Lors des inventaires successifs de 1790 (15 janvier, 19 juin), l'instrument est décrit comme "une orgue de seize pieds à trois claviers". L'abbaye du Moncel possède par ailleurs "un aigle en cuivre servant de lutrin" et de nombreux livres de chant dont "un antiffonier très beau en veslin", attestant que le chant tient une place importante dans les offices de la communauté.

• 8 janvier 1788, Pontpoint : Avec neuf autres religieuses, Perpétue DELAGRANGE signe l'acte d'engagement de Joséphine Angélique Ursule MARSE, reçue comme agrégée et affiliée à l'abbaye du Moncel, pour y "jouer l’orgue semaine à semaine avec notre chère mère DE LA GRANGE". On ne perçoit pas clairement comment s'organise le partage des tâches entre les deux musiciennes. La nouvelle arrivante était probablement destinée à soulager Perpétue DELAGRANGE, peut-être en se formant sous sa direction, puis à prendre progressivement son relais.

1790, Pontpoint : La sœur Perpétue DELAGRANGE est toujours religieuse organiste à l'abbaye Saint-Jean-Baptiste du Moncel, en compagnie de la demoiselle MARSE. Le 28 mars 1790, le facteur d'orgue DALLERY reçoit 15 livres pour avoir accordé l'orgue de l'abbaye. L'inventaire du 19 juin 1790 révèle que Marie-Perpétue DELAGRANGE est "âgée de 62 ans passés". Ce jour-là, "Marie-Joséphine" MARSE signe avec elle le procès-verbal d'inventaire.
• 18 octobre 1790, Pontpoint : Lorsque les administrateurs du district de Senlis viennent à l'abbaye pour interroger les religieuses sur leurs intentions, Marie-Perpétue DELAGRANGE, "63 ans" déclare avoir l'intention "de sortir de la dite abbaye incessamment pour se retirer dans un lieu convenable où elle entend toucher la pension et les secours décrétés par l’Assemblée nationale". Mais elle ne sait pas encore où elle veut se retirer, ce qui indique qu'elle n'a pas de "lieu convenable" immédiatement à sa disposition (dans sa famille par exemple, comme la plupart des autres religieuses de l'établissement). Joséphine MARSE répond quant à elle que son intention est de sortir de ladite abbaye "pour se retirer avec madame DELAGRANGE dans le lieu qu’elle choisira pour elle". Les deux organistes apparaissent donc très liées.
• 24 novembre 1790, Pontpoint"Marie Perpétue DELAGRANGE, dame religieuse" et "Joséphine MARS dame organiste de la dite abbaye" figurent toutes les deux parmi les femmes toujours présentes au Moncel.

• 12 mars 1791 : Perpétue DELAGRANGE, ainsi que les autres religieuses de chœur du Moncel touchent leur premier quartier de pension "sur le pied de 700 livres par année". En revanche, Melle MARSE, dont le cas est sans doute plus compliqué aux yeux des administrateurs, n'a rien touché.
• 9 avril 1791 : La "Sr Delagrange religieuse organiste du couvant du Moncel" rédige et signe une demande de pension pour Joséphine MARSE, qu'elle présente (sans jamais la nommer) comme "une de mes amies agrégée dans cette maison en qualité d'organiste". Elle rappelle l'acte solennel de réception dont a bénéficié son amie, et insiste sur le fait qu'elle doit être considérée comme une religieuse du chœur. Selon elle, elle devrait donc recevoir elle aussi une pension de 700 livres. Cette supplique ne permet pas de savoir si les deux femmes résident encore dans le bâtiment de l'abbaye.

• 26 au 29 septembre 1792, Pontpoint : Les derniers effets restant encore à l'abbaye sont vendus. L'orgue "garnie de tous ses tuyaux et tous les dépendances de la tribune" est vendue pour 566 livres au sieur Brunet marchand tapissier à Senlis. C'est au plus tard à ce moment-là que les dernières religieuses ont dû quitter le Moncel.

• 5 octobre 1793 : Avec au moins cinq autres religieuses, la sœur DELAGRANGE est arrêtée et incarcérée au château de Chantilly, à 18 km au sud-ouest de Pont-Sainte-Maxence. Elles y restent jusqu'au 6 thermidor an II (24 juillet 1794) date à laquelle elles sont transférées à Liancourt, à 20 km au nord de Chantilly et une douzaine de Pont-Sainte-Maxence. Joséphine MARSE n'est pas mentionnée avec elles sur le registre d'écrou du château de Chantilly.
Pendant leur incarcération à Chantilly, les six religieuses sont "nourries aux dépends des riches". La date de leur libération de Liancourt n'est pas donnée, mais ce séjour a été de plus courte durée que celui de Chantilly.

• 15 ventôse 3 [5 mars 1795], Pont-Sainte-Maxence : La "citoyenne Perpétue LA GRANGE, ex religieuse" est revenue s'installer dans le village proche de son ancienne abbaye, maintenant appelé "Pont Maxence". Elle comparaît à la municipalité, déclare n'avoir aucun traitement ou pension sur la République que celle que la loi lui accorde et n'avoir recueilli aucune succession depuis le 14 juillet 1789. Puis elle signe sa déclaration.
• Trois jours plus tard, Perpétue LAGRANGE rédige de sa propre main une lettre claire et énergique réclamant des secours pour elle et cinq autres religieuses domiciliées à Pont-Maxence, "toutes d’une santé très foible, et la majeure partie d’un âge fort avancez". Elle fait état de leurs dix mois d'incarcération à Chantilly puis à Liancourt. On devine que cette lettre adressée aux "citoyens administrateurs du district de Senlis" n'est pas la première mais qu'elle s'inscrit dans un ensemble de démarches successives où Perpétue "Lagrange" semble jouer un rôle actif.

La même année 1795, l'abbatiale du Moncel est démolie entièrement par le nouveau propriétaire de l'ancienne abbaye. Aujourd'hui, le plan de l'église est matérialisé sur le sol par des pavés, ce qui permet d'en apprécier les dimensions. Les autres bâtiments existent toujours et ont été classés monument historique à des dates diverses, ils sont ouverts à la visite à la belle saison.

• 18 nivôse an VI (7 janvier 1798), Paris : Marie-Perpétue DELAGRANGE, pensionnaire de l'État, décède. Elle était domiciliée au n° 283, rue Saint-Jacques.

Mise à jour : 6 février 2017

Sources
F-Ad60/ 1Q2/1685 ; F-Ad60/ 1Q2/1686 ; F-Ad60/ 2LP 9151 ; F-Ad75/ DQ8 ; F-An/ C/II/*13 ; F-An/ DXIX/092/798/04

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