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DEVOUCOUX, Sébastien (1773-1844)
État civil
NOM : DEVOUCOUX     Prénom(s) : Sébastien     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : DEVAUCOUX
Date(s) : 1773-11-13  / 1844-9-10
Notes biographiques

Après avoir été enfant de chœur de la cathédrale d'Autun, Sébastien DEVOUCOUX avait en 1790 un statut ambigu d'habitué, dont on comprend qu'il n'exerce que les dimanches et fêtes, au titre d'ancien enfant de chœur soutenu par le chapitre, poursuivant ses études en vue de la prêtrise. La Révolution va radicalement infléchir ses projets et on le retrouve ultérieurement devenu secrétaire de la Préfecture puis percepteur. Sa vie conjugale se termine dans le drame.
 
• 13 novembre 1773, Autun : Né sur la paroisse Saint-Jean-de-la-Grotte, Sébastien DEVOUCOUX, fils de Simon Devoucoux et de Jeanne Blandin, est baptisé le même jour et reçoit les cinq prénoms de Sébastien Marie Jean Baptiste Claude. Seul le premier, Sébastien, sera ultérieurement employé. Son père est "cocher chez monsieur Delagoutte". Présent au baptême, il signe avec aisance. Les parrain et marraine sont deux jeunes enfants, fils et fille "de Maître Jean Claude Duvivier, Capitaine au Régiment du Rouergue Infanterie". Ils sont représentés par deux domestiques employés dans une autre maison autunoise.
Ce baptême correspond parfaitement tant à l'âge indiqué dans les documents administratifs des débuts de la Révolution (il est dit âgé de 18 ans en 1791), qu'à l'âge précis porté dans son acte de décès (70 ans et dix mois en septembre 1844). Quelques années plus tard naît son jeune frère François.

• 23 décembre 1779, Autun : Sébastien DEVOUCOUX est reçu enfant de chœur de la cathédrale Saint-Lazare. Le maître de musique est alors, depuis 1778, Jean-Christophe CONTAT. Le jeune garçon remplit la place vacante depuis déjà six mois (renvoi de Claude THIBAULT). Son recrutement a été difficile : il a fallu, juste avant, que le chapitre abroge une délibération antérieure, datant de 1768, qui interdisait de recevoir des enfants dont les parents seraient domestiques.

• 7 mai 1784 : Deux mois plus tôt, le 20 février, les chanoines avaient décidé d'instituer des distributions régulières de prix à leurs enfants de chœur afin de stimuler l'émulation entre eux. Le 7 mai, solennellement, dans la salle capitulaire, les huit garçons entendent le verdict énoncé par le grand Chantre, qui précise les "bonnes ou mauvaises nottes que chacun d’eux a méritées", et qui leur donne "les avis convenables". Jean CHATILLON, premier enfant de chœur, reçoit le premier prix "qui consiste dans un livre intitulé Oraisons funèbres de M. Fléchier". Sébastien DEVOUCOUX, 4ème enfant de chœur, obtient le premier accessit. Et Pierre COMMEGRAIN, 6ème enfant de chœur, obtient le second accessit. Lors du projet de cette distribution de prix, validé en chapitre le 20 février 1784, il avait été prévu que le troisième prix irait "à celui qui aura le plus profité dans la musique". On peut penser que c'est le second accessit qui récompense cela, et que, donc, c'est Pierre COMMEGRAIN qui a fait le plus de progrès en musique.

1790, Autun : Sébastien DEVOUCOUX fait partie des quatre "habitués" attachés à la cathédrale d'Autun, en compagnie de REUILLOT, COTTON et CHATILLON. Il "expose qu'après avoir fait le service d'enfant d'aube dans l'église d'Autun, il a continué ses études dans l'espérance que MM. les chanoines lui donneroient les moyens d'entrer dans les ordres sacrés". En effet, la chapelle de l'ancien prieuré de Saint-Georges-des-Bois, abandonné depuis le XVe siècle, fournit un bénéfice de 7 à 800 livres attribué à un ancien enfant de chœur de la cathédrale qui poursuit ses études en vue de la prêtrise. Selon Denis Grivot (La Musique à Autun, 1999), le dernier titulaire en fut Sébastien DEVOUCOUX. Les registres capitulaires pourraient permettre de préciser à compter de quelle date au juste, mais le registre 1785-1790, dernier de la belle série conservée par la Société Éduenne, n'est pas actuellement communicable en raison de son état.
 
• Juillet 1791 : Sébastien DEVOUCOUX demande qu'il lui soit accordé une pension de 300 livres jusqu'à ce qu'il soit prêtre. Le directoire du district donne un avis favorable à cette demande. Le directoire du département, lui, est d'avis de lui accorder non pas une pension, mais une gratification de 300 livres pour "contribuer à lui donner un état qui le rende utile à la société". Il n'est pas précisé si l'état de prêtre est utile ou non à la société...

C'est sans doute quelque temps après que le jeune homme bifurque et s'oriente vers un tout autre destin professionnel.

• 8 nivôse an IX [29 décembre 1800], Autun : Sébastien DEVOUCOUX, "propriétaire", épouse Jeanne Jouffroy. Il est âgé de 27 ans, elle a dix ans de moins, étant née à St-Maurice-Lès-Couches le 3 novembre 1783. Son père est décédé antérieurement. Sa mère, la citoyenne Marie Vincenot, est présente et signe l'acte, de même que la mère du marié. Leurs témoins sont un notaire public de 55 ans, un marchand épicier de 51 ans, un propriétaire de 43 ans et… Pierre COMMEGRAIN, "instituteur de musique", 24 ans. C'est l'un des anciens enfants de chœur de la cathédrale en 1790 ! Des liens ont donc perduré à travers les années.

• 18 ventôse an X [9 mars 1802], Autun : Lorsque naît leur premier enfant, une fille prénommée Marie-Huguette, le citoyen Sébastien DEVOUCOUX est "secrétaire de la Sous-Préfecture de l’arrondissement d’Autun". Les deux témoins de l'acte de naissance sont d'ailleurs le sous-préfet lui-même, et Marie Vincenot, "veuve de Moÿse Jouffroy, propriétaire à Autun, ayeule maternelle de l’enfant".

• 8 ventôse an XII [28 février 1804] et 10 septembre 1814, Autun : Lors des deux autres naissances retrouvées, celles de Raoul et – plus de dix ans plus tard – celle de Jeanne-Françoise, Sébastien DEVOUCOUX est à nouveau dit "propriétaire".

• [À une date difficile à déterminer exactement, peut-être vers 1815], Autun : Son épouse, Jeanne Jouffroy, fait la connaissance d'un nommé Antoine Buchillot, né à Saint-Pantaléon le 9 janvier 1793, qui après ses études au collège d’Autun devient faux médecin, vrai voleur, empoisonneur... Son destin est conté dans une publication de 1843, intitulée Les Crimes célèbres, recueil des événements les plus tragiques […] commis en France depuis 1830 jusqu’à ce jour.
Il est difficile de situer exactement le début de la liaison de Jeanne Jouffroy et d'Antoine Buchillot. Cela semble commencer avant le moment où, en 1815, le jeune Buchillot (il a 22 ans) est "envoyé en qualité de lieutenant des gardes nationales de S&L dans les environs de Belfort". C'est ensuite, lorsque Buchillot part pour Paris (date non précisée), que Jeanne Jouffroy quitte "son mari et sa famille pour devenir jusqu’en 1830 sa compagne inséparable".

• 6 avril 1818, Autun : Mr Sébastien DEVOUCOUX, "propriétaire", est présent au mariage de sa fille aînée, Marie-Huguette, 16 ans, avec Simon Villette, 33 ans, percepteur des contributions à Dezize (S&L). La mère est manifestement absente. L'un des quatre témoins de mariage est Pierre COMMEGRAIN, le musicien, qui est alors lui aussi "percepteur des contributions" et qui demeure alors à Tavernay, localité située à peu de distance d'Autun.

• 5 juin 1820, Essertenne (Saône-et-Loire) : Dans ce village situé à moins de 30 km d’Autun, en direction du sud-est, non loin du Creusot, Jeanne Jouffroy donne le jour à un fils, prénommé Alphonse-Antoine. Il est déclaré comme fils légitime de Mr Sébastien DEVOUCOUX, "percepteur de la ville d’Autun", demeurant à Autun. Le couple est alors séparé puisque la mère est dite clairement "domiciliée à Essertenne". Pour autant, ce fils est reconnu semble-t-il par Sébastien DEVOUCOUX, et sans doute élevé par lui.
Or c'est aussi "en 1820" que Buchillot quitte Paris pour Dijon où il s'installe et vit maritalement avec Jeanne Jouffroy. Cette installation à Dijon doit se passer juste après l'accouchement du 5 juin 1820 à Essertenne. On sait aussi que Jeanne accouche d'un autre fils, prénommé Sébastien(!)-Léon, le 28 janvier 1823 à Fribourg. La chronologie des événements rapportés par Les Crimes célèbres n'est pas vraiment claire. Après le séjour à Dijon, Buchillot se déplace en Allemagne (Fribourg), en Alsace, à Chalon-sur-Saône, puis à Villefranche-sur-Saône. C'est dans cette ville que le couple se sépare, Jeanne Jouffroy étant supplantée par une habitante de la ville, "la fille Boucaut", non sans quelques épisodes violents...

• 30 juin 1834, Épinal : Lors du procès de Buchillot à la cour d’assise des Vosges, Jeanne Jouffroy, "si long-temps la maîtresse de l’accusé, si horriblement défigurée par la fille Boucaut, sa rivale", témoigne sur la falsification par l'accusé de ses diplômes de médecin.
• 21 août 1834, Le Breuil [Saône-et-Loire] : Moins de deux mois après le procès d'Épinal, Jeanne Jouffroy s'éteint à l'âge de 50 ans "en son domicile, situé au Pré", dans cette commune située à 25 km au sud-est d'Autun, non loin d'Essertenne (moins de 7 km). Son décès est déclaré le lendemain par deux voisins fermiers au Pré.

• 10 septembre 1844, Autun : Mr Sébastien DEVOUCOUX meurt à six heures du soir en son domicile, rue aux rats. Il était "ancien percepteur des Contributions directes, veuf de dame Jeanne Jouffroy", et âgé de 70 ans dix mois. Son décès est déclaré le lendemain matin par "son fils" de 24 ans, Alphonse-Antoine, ingénieur des mines, demeurant à Autun.

Mise à jour : 2 novembre 2020
 Merci à Isabelle Mazingand, découvreuse du destin tragique de Jeanne Jouffroy

Sources
D.Grivot, Histoire de la musique à Autun, 1999 ; F-Ad71/ 1 L 8/108 ; F-Ad71/ BMS Autun, St-Jean-St-Pancrace ; F-Ad71/ NMD Autun ; F-Ad71/ NMD Essertenne ; F-Ad71/ NMD Le Breuil ; F-An/ DXIX/090/747/05 ; F-Sté Éduenne Autun/ RC 1778-1784 ; Les Crimes célèbres…depuis 1830 jusqu’à ce jour, 1843

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