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DUPLUS, Antoinette Françoise, épouse CAMUS (1741-1812)

DUPLUS, Antoinette Françoise, épouse CAMUS (1741-1812)

État civil
NOM : DUPLUS     Prénom(s) : Antoinette Françoise     Sexe : F
Complément de nom : épouse CAMUS
Autre(s) forme(s) du nom : DUPLU
Date(s) : 1741-11-1   / 1812-3-16 
Notes biographiques

Antoinette-Françoise DUPLUS est une organiste dijonnaise qui a exercé durant trente-cinq ans à la tribune de l'église Notre-Dame de Dijon avant la Révolution, et encore quelques années après. Les archives de la fabrique paroissiale permettent de la suivre régulièrement jusqu'à la fermeture de l'église en février 1794. Dans son environnement proche, on repère un père lié à la musique (luthier) et un mari lui aussi organiste, l'un comme l'autre ayant manifestement exercé en parallèle d'autres activités professionnelles. Il faut souligner que, contrairement à la plupart des cas, on est moins bien renseigné sur la carrière de son époux que sur la sienne : pour une fois, l'invisibilité touche plutôt la partie masculine du couple. C'est exceptionnel.

• 1er novembre 1741, Dijon : Lorsque naît Antoinette-Françoise DUPLUS, son père Jacques DUPLUS, est dit "commis aux domaines de Bourgogne". Sans doute a-t-il déjà une certaine pratique musicale, puisqu'il sera plus tard dit "luthier" ou "facteur d'instruments". Sa mère se nomme Anne Duthu. L'enfant est baptisée le lendemain, en l'église paroissiale Saint-Jean. Son parrain est le sieur Jean-François Duplus "maître traiteur" à Dijon, "son ayeul paternel", sa marraine l'épouse d'un marchand de Beaune.

• La fille aînée des Duplus reçoit une éducation musicale dont on ignore tout. Les Duplus résidant sur la paroisse Saint-Jean, on peut faire l'hypothèse qu’elle ait pu étudier l’orgue avec l’organiste de l’église Saint-Jean, qui, de 1749 à 1755, est la Dlle BOUGE, veuve Chalion (selon P. M. Guéritey).

• 18 décembre 1757, Dijon : Jacques DUPLUS signe avec les fabriciens de Notre-Dame un acte d'engagement en tant qu'organiste au nom de sa fille, pour 120 livres par an. Antoinette a seize ans. Elle succède à Edme LAUSSEROIS parti à l'orgue de Saint-Jean de Dijon. La jeune fille devra appliquer la convention qui avait été signée par Edme Lausserois et son épouse Anne CHAPUZOT avec la fabrique paroissiale en août 1745, document exceptionnel qui donne avec beaucoup de précision les "servitudes" auxquelles est soumis l'organiste.

• Les années suivantes, ses gages sont versés à son père : "payé au Sr DUPLUS organiste la somme de 60 livres pour une demi année de ses appointements"…

• 24 juin 1760, Dijon : Jacques BELIN, organiste de Saint-Nicolas, aurait postulé à l'orgue de Notre-Dame, ce qui entraîne son renvoi par les fabriciens de St-Nicolas.
• 17 novembre 1760 : La fabrique verse les gages de l'organiste avec un mois et demi d'avance ("la somme de soixante livres pour six mois de ses gages qui echerront au premier janvier prochain").

• 31 mars 1761, Dijon : Jacques DUPLUS, le père d'Antoinette, décède. Il est dit luthier .

• 10 août 1763, Dijon : Le contrat d'Antoinette DUPLUS à Notre-Dame est renouvelé et ses gages sont augmentés à 150 livres / an. Elle est appelée "la Demoiselle Duthu" dans cette délibération. La confusion vient du nom de l’oncle maternel de la jeune fille, qui est devenu son tuteur après la mort de son père. C'est sans doute lui qui l'accompagne pour la signature de son deuxième contrat et c'est sous sa responsabilité légale qu'elle est ré-engagée...

• 12 mai 1765, Dijon : Antoinette-Françoise DUPLUS et son futur époux, Louis CAMUS, fils d'un peintre, se retrouvent devant un notaire pour parapher le contrat qui régira leur future communauté. Louis Camus se constitue en dot la somme de 200 livres provenant de ses gains et épargnes, consistant essentiellement en effets, linges et "nippes" à son usage, tandis que sa future épouse se constitue elle aussi une dot de 200 livres consistant en "un lit garny", des armoires, des effets et "nippes" à son usage.
• 21 mai 1765 : Dans l'église Notre-Dame est célébré le mariage de l'organiste de la paroisse, Antoinette DUPLUS, avec l'organiste de la paroisse Saint-Michel, Louis CAMUS. Le père de la mariée est dit avoir été de son vivant facteur d'instruments. Son tuteur, Jean-Baptiste Duthu, oncle maternel, est cordonnier. Les parents du marié sont présents. Les témoins savent tous signer avec aisance, et on trouve mentionnés parmi eux un maître écrivain, un maître de pension, un "Me plâtrier et sculpteur".

• Janvier 1766, Dijon : Antoinette DUPLUS, qui les années précédentes semblait toucher ses gages directement, les reçoit désormais par l'intermédiaire de son mari, qui signe ses quittances. L'une de celles-ci utilise l'expression "pour ses gages davoir touché l’orgue de la paroisse par la main de son épouze"...

• 29 janvier 1766, 11 mars 1767, 27 décembre 1769, Dijon : Lors des baptêmes des trois premiers enfants des époux CAMUS/DUPLUS, deux filles et un garçon, la fonction d'organiste d'Antoinette Duplus n'est jamais indiquée, alors que Louis Camus est systématiquement qualifié d'organiste, sans précision de poste La fille aînée, Blaize, à laquelle est donnée le prénom de sa grand-mère paternelle, est baptisée à Notre-Dame, les deux suivants à Saint-Jean. Le 11 mars 1767 Jacques BELIN "musicien", est parrain d'Antoinette, 2ème enfant du couple, ce qui indiquerait que l'affaire de 1760 n'a nullement brouillé les deux organistes. Les autres parrains et marraines appartiennent à la famille proche.

• 8 avril 1769, Dijon : Le  conseil de fabrique de Notre-Dame examine la question du renouvellement du bail de l’organiste. On fait lecture d’une requête par laquelle l'organiste demande "quil luy fut fait un nouveau bail pour neuf ans", et que ses gages soient augmentés. Le conseil refuse assez sèchement les deux demandes et lui fait dire que au cas où "elle ne seroit pas satisfaite elle demeure libre de laisser ledit orgue".
Un nouveau bail de six ans, aux gages de 150 livres par an, est donc établi.

• 8 février 1775 : Lors du renouvellement de son "bail", Antoinette DUPLUS obtient satisfaction sur la durée puisqu'elle est reconduite à l'orgue de Notre-Dame "pour neuf années a commencer au 1er janvier 1776". En revanche ses appointements restent toujours au niveau obtenu en 1763 : 150 livres.

• 13 avril 1778, Dijon : Un dernier enfant Duplus/Camus, Jean-Pierre, naît et est baptisé le lendemain à Notre-Dame. Antoinette a alors presque 37 ans. Le parrain choisi est maître perruquier, la marraine épouse d'un marchand confiseur. Et Louis CAMUS est dit marchand. Manifestement la famille est intégrée au milieu des commerçants aisés de la ville.

• 30 juillet 1786, Dijon : La fabrique de Notre-Dame avance 300 livres à Louis Camus, "sur les gages de son épouse". Effectivement Mme Camus ne reçoit aucun salaire l'année suivante, alors que le sieur Gaudelet, cordonnier, touche toujours 30 livres en tant que souffleur d’orgue.
• 19 novembre 1786, Dijon : Un drame secoue la famille. Blaize Camus, la fille aînée, meurt à l'âge de 21 ans. Peut-être la somme empruntée avait-elle été destinée à la soigner et à tenter de la sauver. Les fabriciens "ont bien voulu par considération faire remise à la delle Camus organiste" des frais funéraires (30 livres 10 sols)liés à  l’enterrement de sa fille.

• 8 décembre 1787, Dijon : Alors que son "bail" précédent était censé se terminer au 1er janvier 1785, c'est seulement à cette date-là que la fabrique délibère "sur la demande de la Demoiselle Camus organiste". Les fabriciens acceptent d'augmenter leur organiste de 150 à 200 livres par an, "et la presente luy tiendra lieu de bail pour le temps de neuf années".

1790, Dijon : Antoinette DUPLUS, alias Madame CAMUS, est toujours l'organiste de la paroisse Notre-Dame.

• Si son mari a été mis à la retraite de son orgue de Saint-Michel en novembre 1792 – il y sera remplacé l'année suivante par Pierre-Philibert LAUSSEROIS –, Antoinette DUPLUS reçoit des paiements de la fabrique paroissiale de Notre-Dame jusqu'en février 1794, en tant qu'organiste, de même que son mari pour avoir accordé l'orgue.

• 3 juin 1793 , Dijon : Antoinette DUPLUS et son époux Louis CAMUS, organiste, assistent au mariage de leur fils Jacques, devenu fabriquant de bas place Notre-Dame. Il épouse la fille d'un autre fabriquant de bas, qui n'est autre que l'ancien chantre basse contre de Saint-Jean de Dijon, Victor DUCHAUSSOIS, que GRAVIGNARD avait remplacé en 1779. Elle signe "Duplus fe Camus".

• Fin 1795/début 1796, Dijon : Louis CAMUS et Antoinette DUPLUS sont recensés place Notre-Dame, en compagnie de la sœur d'Antoinette, Denise Duplus, fille, âgée de 49 ans (elle serait donc née vers 1746-1747, en fait selon É. Kocevar, elle est née en 1743 : cela donne une échelle des erreurs potentiellement commises sur les âges dans les recensements).

•  Lors de la réouverture de l’église, Antoinette-Françoise DUPLUS reprend son poste d’organiste qu’elle conserve jusqu’en 1804. C'est l'ancien serpent de la cathédrale, Jacques LEFRANC, musicien poly-instrumentiste, qui lui succède.

• Mars 1803, Dijon : Louis CAMUS, 58 ans, officier de paix, et Antoinette DUPLUS sa femme, 59 ans, sont recensés rue Liberté, section Sincérité, ainsi que Jean, 25 ans, leur fils, "absent".

• 16 mars 1812, Dijon : Antoinette Françoise DUPLUS meurt à son domicile, rue Poissonnerie. Son mari est dit "agent de police".

Son mari lui survit jusqu'au 5 décembre 1829, date à laquelle il s'éteint à son tour, âgé de 85 ans, qualifié par leur fils Jacques d'"ancien agent de police". Il avait entre temps déménagé et habitait 13 rue du Bourg.

 Avec la jeune Anne TILLET, Antoinette-Françoise DUPLUS-CAMUS est l'une des quelques femmes organistes actives à une tribune en 1790 que compte le corpus 'côte-d'orien'.

Mise à jour : 15 août 2018

Sources
F-Ad 21/ L 514 ; F-Ad21/ BMS Notre-Dame de Dijon en ligne ; F-Ad21/ BMS Notre-Dame en ligne ; F-Ad21/ BMS St-Jean de Dijon ; F-Ad21/ BMS St-Jean de Dijon en ligne ; F-Ad21/ D Dijon 1829 ; F-Ad21/ G SUP 24/69 (7) ; F-Ad21/ G Sup 24/45 (1) ; F-Ad21/ G Sup 24/69 (7) ; F-Ad21/ G Sup 24/78 ; F-Ad21/ G Sup 24/99 ; F-Ad21/ G Suppl. 24/69(7) ; F-Ad21/ G sup 24/43 ; F-Ad21/ G sup 24/44 (1) ; F-Ad21/ G sup 24/46 ; F-Ad21/ NMD Dijon en ligne ; F-Ad21/ état-civil en ligne ; F-Am Dijon/ 1F 1 ; P. M. Guéritey, Orgues en Bourgogne, 2003. ; É. Kocevar, "Les servitudes des organistes…", L'Orgue, 1999

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