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GARCEAU, Gaudens (1743-1795 ap.)
État civil
NOM : GARCEAU     Prénom(s) : Gaudens     Sexe : M
Date(s) : 1743-6-1   / 1795 ap.
Notes biographiques

Gaudens GARCEAU naquit aux pieds des Pyrénées, sur les bord de la Garonne. C'était au milieu du XVIIIe siècle. Ce maître de musique apprécié n'étant pas homme à s'enraciner en un seul lieu, il servit successivement plusieurs chapitres reconnus qui étaient situés dans un rayon d'une cinquantaine de kilomètres  autour de Toulouse. C'est ainsi que la Révolution le saisit au sud du Quercy et lui fit remonter la Garonne en direction de ses Pyrénées natales.

• 1er juin 1743, Saint-Gaudens [Haute-Garonne] : Gaudens GARCEAU, second fils du carillonneur Henry Garceau et de Marie Biros, est présenté au baptême par un certain Jean Garceau. Joseph, son frère aîné, vient d'avoir deux ans, et ce sera lui qui succédera à leur père comme carillonneur.
Où Gaudens a-t-il été formé au métier de musicien? Peut-être tout simplement à la maîtrise de l'église collégiale et paroissiale Saint-Pierre de cette ville. En effet, dans un arrêté daté du 10 octobre 1791, le département de Haute-Garonne, qui fixait les pensions destinées à l'organiste Jean-Pierre comtois Tambourin exerçant en ce lieu,  au souffleur et au carillonneur, prévoyait 155 livres pour les enfants de chœur. Il existait donc une maîtrise là où Gaudens avait reçu le baptême.

• 7 janvier 1764, Toulouse : GARCEAU qui a maintenant plus de 20 ans est nommé sous-maître de musique à la cathédrale Saint-Étienne, c'est-à-dire à 100 km de sa ville natale. Il remplace Jean Antoine BAUMEL.

• 1 mai et 27 septembre 1764, Toulouse : Il sollicite à deux reprises la permission de s'absenter pendant quinze jours pour affaire de famille. Il obtient satisfaction.

• 11 mars 1769, Toulouse : Le sous-maitre de musique [GARCEAU], pour la troisième fois, "prie le Chapitre de luy accorder la presence", c'est-à-dire de s'absenter, car il désire se rendre à Saint Gaudens pour "visiter son père dangereusement malade qui souhaite d'avoir la consolation de voir son fils
 avant de mourir". Sa demande est acceptée, à condition qu'il se fasse remplacer par un "musicien capable" et qu'il ait repris son service pour le Jeudi Saint. Le temps imparti passe sans qu'il soit de retour. Aussi le chapitre décide-t-il de le « pointer », une sanction qui entraîne un retrait de salaire.

• 3 Mars 1770, Toulouse : Gaudens GARCEAU se préparant à quitter son poste de sous-maître, les chanoines choisissent, pour le remplacer, un certain Roquefort.

• Vers 1772,  Auch [Gers] : Il succède à MECHEIN sur le poste de maître de musique de la cathédrale Sainte-Marie. Située à 80 km environ de Toulouse, cette ville historique de la Gascogne est le siège d'un archevêché. Cependant, nous ignorons le début précis de son service. En effet, MECHEIN a été nommé à cette fonction en mars 1771 et il l'occupe encore au mois de juin. Mais le deux novembre 1773, Garceau, le maître de chapelle, demande à redevenir simple chantre avec des appointements annuels de 200 livres.

• 10 septembre 1774 : GARCEAU obtient du chapitre "une présence d'un mois".

• 23 juin 1775 : Il se voit refuser l'obtention "d'une police", mais il conserve son poste de maître de musique. Il est donc vraisemblable de penser que les chanoines avaient repoussé sa demande de novembre 1773.

• 1 mai 1777 : Il est de nouveau autorisé à s'absenter pour affaire de famille.

• 6 février 1778 : Le maître de musique bénéficie d"une augmentation de ses appointements. Sur la foi d'un rapport, le chapitre a compris que la rémunération de 900 livres ne permettait pas d'entretenir correctement les enfants de chœur et le sous-maître : il l'a donc portée à mille livres, sans réduire les avantages en nature (le vin et les 70 sacs de blé). En contrepartie, Garceau remettra chaque année une partition de musique. Trois semaines plus tard, à l'issue d'une délibération, ces mêmes chanoines décident de lui acheter ce qu'il désire vendre : des futailles de barriques et sa part personnelle de vin.

• juin 1778 : Gaudens GARCEAU prépare son mariage avec Jeanne-Thérèse Danezan. Aussi sollicite-t-il du chapitre l'agrément de vivre avec sa femme dans la maison de maîtrise. Fort heureusement, les chanoines connaissent très favorablement la jeune Auchoise. Aussi acquiescent-ils  et lui accordent-ils un contrat de six ans, en vertu duquel elle s'occupera du linge des enfants de chœur. Sans doute était-elle bonne maîtresse de maison puisque, deux mois plus tard, elle démontre à ses employeurs que c'est une lessive à bas prix qui cause le mauvais état des vêtements des enfants. Convaincus, les chanoines proposent alors au jeune couple, afin que madame Garceau prenne elle-même en charge le blanchiment du linge des enfants, une maison dotée d'un jardin et située en face de la maîtrise.

• 9 octobre 1778 : Le maître de musique est autorisé à s'absenter pour se rendre en son pays, c'est-à-dire à Saint-Gaudens. Ses parents, sans doute pressés de faire connaissance avec la femme de leur fils, ont déjà envoyé les chevaux indispensables au voyage.

• Octobre et novembre 1784 : GARCEAU peine à recevoir de nouveaux enfants de chœur dont les voix conviennent. En tant que maître de chapelle et responsable de la maîtrise, c'est à lui que reviennent les examens des propositions de recrutement.

• 4 décembre 1784 : Le nom de GARCEAU apparaît pour la dernière fois sur le registre des délibérations capitulaires qui se termine en cette fin d'année. Ce jour-là, le maître de musique obtient du chapitre, après l'agrément donné par Mgr de La Tour-Montauban, le nouvel archevêque, la permission de faire enfin exécuter "un noël en français" pendant la nuit de Noël. Le maître de musique voyait enfin levée l'interdiction prononcée en 1776 par le précédent prélat. Gaudens avait, sans nul doute, participé en la cathédrale de Toulouse, à cette pratique très répandue dans la sud-ouest du royaume qui consistait à exécuter, pour la cérémonie de Noël, des cantiques en langue française, et non pas en latin. Il avait retrouvé cette pratique à Auch. Et ses "Noëls à grand chœur étaient, semble-t-il, appréciés".

• 19 décembre 1785, Moissac [Tarn-et-Garonne] : Gaudens GARCEAU a quitté Auch avec sa femme et ses deux enfants. Le voilà dans la petite ville de Moissac qui se trouve alors dans le diocèse de Cahors, mais à l'extrême sud du Quercy. Là, il est engagé comme maître de musique par le chapitre Saint-Pierre. Il percevra chaque année 550 livres de rémunération fixe. De plus, comme il est chargé des  enfants de chœur, on lui remettra, pour leur entretien, une gratification globale de 350 livres. Sans doute remplace-t-il, ou seconde-t-il dans les premiers temps, le vieux maître de musique Jean-Baptiste BRISSON.

• 10 décembre 1786 : Il fait  baptiser Raymond-Évaniste, le garçon que Jeanne-Thérèse a mis au monde la veille. Raymond Genier, écolier, est son parrain.

• 11 avril 1789 : Au foyer de GARCEAU, est né un quatrième et dernier enfant : une fille prénommée Jeanne-Bertrande. Les parrain et marraine sont Jean-Jérôme Philippe, l'oncle par alliance et Jeanne Bertrande Coujet, une veuve. Mais en l'absence de ces deux derniers, ce sont Jean-Dominique et Jeanne-Henriette, les deux aînés de la fratrie, qui présentent leur petite sœur sur les fonts baptismaux. Le père est lui aussi absent.

• 7 juin et 22 août 1790 : GARCEAU reçoit du syndic le second versement en argent, soit 384 livres, pour les six mois de bled échus le 22 mai précédent. Le 22 août, lui est remis le second versement pour neuf mois de gages, ce qui représente 927 livres et qui permet d'évaluer ses gages annuels à 1236 livres, auxquels s'ajoutent des produits agricoles. Mais il est impossible de distinguer ses émoluments personnels des dépenses liées au fonctionnement de la maîtrise.

 16 octobre 1790 :  GARCEAU, à qui les chanoines avaient pourtant octroyé le titre de maître de musique à vie, se retrouve sans emploi à cause de la suppression du chapitre. La situation est identique pour l'organiste DELORME et pour le groupe des musiciens: RATIER, DUPUIS, BOSQUE et le serpent Jean OLIVIER. Et n'oublions pas Jean-Baptiste BRISSON, l'organiste retraité qui, à cause de ses 80 ans, bénéficiait d'une pension à vie de la part de ses employeurs.

• 8 août 1792 : L'ancien maître de musique ayant constitué un dossier complet de demande de pension, le directoire départemental délibère : puisque son salaire fixe s'élevait à 550 livres en 1790, sa pension annuelle lui sera égale et inscrite au tableau des pensions et retraites du district de Lauzerte. D'autre part, pour "son fils mineur" qui était "enfant de chœur du ci devant chapitre de Moissac", on lui paiera un secours de 120 livres. Garceau ayant quatre enfants à charge, ce garçon est sans doute Jean-Dominique qui fut, deux ans plus tôt,  parrain de sa sœur et qui serait donc né à Auch.

• 1793 : Comme GARCEAU a adressé une réclamation, le directoire départemental du Lot reprend l'examen de son dossier. Il considère que la décision du 8 août 1792 a été prise "avec trop de rigueur" parce qu'elle a ignoré, dans sa totalité,  la gratification de 350 livres perçue pour former et entretenir les quatre enfants de chœur. En conséquence, cette décision est "réformée". Et Garceau percevra une pension de 861 livres, à laquelle s'ajouteront les arrérages, soit 933 livres, ainsi que 550 livres dues pour l'année 1793.

• Septembre 1795, Saint-Gaudens [Haute-Garonne] : Il  est retourné vivre dans sa ville natale où il a retrouvé son frère Joseph, le carillonneur. Il y perçoit sa pension, soit une somme annuelle de 550 livres. La promesse faite par le directoire du Lot d'une pension annuelle de 861 livres n'a donc pas été suivie d'effet.

C'est alors que nous perdons de vue Gaudens GARCEAU, lui, sa femme et ses enfants. Son frère Joseph meurt le 11 août 1798. Mais comme l'acte de décès n'informe pas sur la présence des membres de la famille, nous ignorons si Gaudens habitait encore Saint-Gaudens, la ville qui lui avait donné son prénom. Alors âgé de 55 ans, quelle opportunité avait bien pu saisir un musicien aussi expérimenté et aussi prompt à se mettre en route?

Mise à jour du 25 mai 2022

Sources
Ad31/ 4 E 1865 ; B. Michel, Le noël à grand chœur…, 2012 ; F-Ad31/ L 4236 ; F-Ad32/ G 27 ; F-Ad32/ G 28 ; F-Ad46/ L SUPP 41 3 ; F-Ad46/ L SUPP 41 8 ; F-Ad82/ BMS Moissac, St-Michel ; F-Ad82/ G 1303 ; F-An/ DXIX/078/583/11-12 ; Inventaire-sommaire...antérieures à 1790, ville d'Auch ; M. Lemouzis, La Chapelle du Musique.., 1995 ; M. Lemouzy, "La chapelle de musique et l'orgue de Moissac", 1995 ; R. Machard, Musiciens de la cathédrale St-Étienne…

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