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Pour citer Muséfrem
GRATIEUX, Jean Louis, dit La Jarasse (1714-1795)
Complément de nom : dit La Jarasse
Autre(s) forme(s) du nom : GRACIEUX
GRATIEUX LA JARASSE
Date(s) : 1714-8-17 / 1795-6-2
La personnalité de Jean Louis GRATIEUX détonne dans le monde des musiciens d'Église. Joueur de violon, son activité de chantre, demeurait moins bien connue que celle de "roi des violons de Salers".
• Jean-Louis GRATIEUX est né à Rodez [Aveyron], paroisse Notre-Dame le 17 août 1714. Il est le fils de François Gracieux, horloger, et de Marie Besse.
• 3 juillet 1728, Rodez : Une mention relevée dans les registres capitulaires du chapitre cathédral évoque "le petit GRATIEUX, musicien". "Sur la prière faite a la compagnie de la part du petit GRATIEUX musicien, a ce qu’il luy plaise luy accorder quelque gratification pour avoir chanté a la musique pendant une année et plus, a été délibéré qu’il luy sera doné la somme de vingt livres par gratification pour luy servir a s’habiller, et qu’en effet il sera compris pour lad. Somme dans l’estat de depense de la musique de la prochaine feste de l’assomption N. Dame". Il pourrait s'agir de notre musicien qui, après avoir été enfant de chœur, aurait poursuivi quelque temps ses fonctions de musicien pour le chapitre. Comme il a alors 14 ans seulement, il pourrait être encore enfant de chœur, et le mot de musicien pourrait avoir été employé par inadvertance ou pour évoquer le niveau de compétence atteint par le jeune garçon.
• Le registre capitulaire de Saint-Sernin de Toulouse mentionne le recrutement d'une basse-taille nommée Gracieux, le 31 décembre 1740. Est-ce lui ?
• 7 août 1742, Salers [Cantal] : Jean-Louis GRATIEUX épouse Jeanne Blanchefleur. Dans l'acte de mariage, il est dit musicien et chantre de la paroisse de Salers. Il signe "Gratieux".
Ils ont ensuite au moins cinq enfants, nés à Salers : Marguerite (baptisée le 26 mai 1743), Louise (baptisée le 28 juin 1744 et inhumée le 8 janvier 1746), Jean (baptisé le 7 novembre 1745), Jeanne (baptisée le 18 février 1747 et inhumée le 22 juin 1747) et Pierre (baptisé le 17 juin 1750).
Louis GRATIEUX est présent lors du baptême de Marguerite en 1743, mais ne signe dans aucun des suivants et est même dit "absent" lors de certains d'entre eux. Il est alors dit "musicien", mais pas chantre. On peut faire l'hypothèse qu'il est joueur de violon au regard d'un de ses surnoms, "roi des violons de Salers".
Il n'a sans doute pas exercé longtemps cette fonction de chantre (1742-1743), vue l'image que renvoient les archives du bailliage de Salers sur ce couple Gratieux-Blanchefleur, image peu conforme à celle qu'un chapitre souhaite généralement donner à voir.
• s. d., Salers : Un document non daté, intitulé "Noël qui doit être chanté en symphonie par le sieur Gratieux Me musicien, chez les Dames Religieuses le jour de la nativité de notre seigneur à la bénédiction après vêpres" permet d'établir qu'une pratique musicale a existé dans le couvent des filles de Notre-Dame. Cette pièce fait largement écho à l'églogue chantée par les clarisses du Salin à Toulouse en 1698 (Benoît Michel, Thèse, 2012).
• 1756-1776, Salers : Jean-Louis GRATIEUX a exercé d'autres activités que celles de chantre. Les archives du bailliage y font référence, ainsi qu'aux frasques du couple. Leurs activités de "regretiers" et de marchands de tabac pour lesquelles ils tiennent boutique rue du Coustil (descendant du Beffroi à la rue Notre-Dame), les opposent régulièrement et bruyamment à des clients. Son autre surnom, "La Jarasse", fait peut-être référence à une charrette qu'il aurait pu employer pour exercer cet autre métier.
• 1761, Billom [Puy-de-Dôme] : Lors d'une nouvelle affaire, en 1761, Jeanne Blanchefleur déclare vivre seule à Salers, et que son mari est "maître de musique du capitra de Billom". Est-il chantre, sous-chantre ou maître de musique ?
• 6 octobre 1776, Salers : Louis Gracieux, "musicien", porte plainte pour une fracture ouverte du péroné, provoquée par un jet de pierre.
• On ne connaît pas sa situation en 1790.
• 16 mars 1795, Salers : Il décède à l'âge de 80 ans. Dans l'acte de décès, il est dit qu'il réside à Salers depuis de longues années.
• François de Murat (1766-1838), dans un texte cité par l'historien Michel Leymarie, évoque les confrères de Pierre Chambrette, "roi des violons de Mauriac ", Sanfogne-Labri, "roi des violons de Pleaux" et GRATIEUX-la-Jarasse, "roi des violons de Salers" qui "lui avaient donné le sobriquet d’”ut-la-gamme” [...]. Chambrette avait un don particulier [...]. Il était aussi éloquent péteur que le bailli de Suffren. Mais il avait sur lui l’avantage singulier de pouvoir, quand il jouait du violon, s’accompagner en faisant la grosse note avec son derrière, et cela en poussant des sons tantôt graves, tantôt flûtés, qui ne s’écartaient pas trop de l’accord parfait".
• • • Bibliographie
- Isabelle FERNANDEZ, "Musique et danse en pays de Salers - XVIIème et XVIIIème siècles", Nostra Istoria. Bulletin de la Société historique du Pays de Salers, t.4, 4e année, 2012, p.4-17.
Mise à jour : 4 janvier 2023