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HUBY, Jacques Nicolas (1766-1823 ap.)
État civil
NOM : HUBY     Prénom(s) : Jacques Nicolas     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : UBY
HUBI
Date(s) : 1766-12-29   / 1823-2 ap.
Notes biographiques

La carrière du Rouennais Jacques Nicolas HUBY est marquée par l'instabilité et l'itinérance. Musicien lyrique avant tout, c'est presque par accident qu'il devient basse-taille à la cathédrale Notre-Dame de Paris en 1788. Avant cela, il a chanté Salieri et Sacchini à l'Opéra. La Révolution arrivant, c'est tout naturellement qu'il se tourne de nouveau vers la scène. Cependant, il ne reste jamais en place longtemps. Il tente plusieurs fois sa chance à Paris, mais ses prestations ne séduisent guère le public très exigeant de la capitale. La province l'apprécie davantage, mais lui-même, semble-t-il, ne se satisfait pas de succès faciles et entend briller au firmament. Sous l'Empire et la Restauration, il trouve des engagements à l'étranger (Belgique, Pays-Bas, Russie), sans jamais s'éterniser plus d'une saison. On perd sa trace en 1823, alors qu'il vient de se produire à Caen.

• 29 décembre 1766, Rouen : Jacques Nicolas HUBY, fils de Jacques Pierre, marchand toilier, et de Marie Élisabeth Aimable Mignot, vient au monde et est baptisé le jour même paroisse Saint-Vivien. Ses parents demeurent rue du Chaperon. Ils se sont mariés en novembre 1765 paroisse Saint-Maclou et savent tous les deux signer.

• 8 juin 1787, Paris : Jacques Nicolas HUBY chante comme basse-taille dans les chœurs, "du côté du Roi", de l'Académie royale de Musique lors de la première représentation de l'opéra de Salieri, Tarare.

• 29 avril 1788, Paris : Il chante également lors de la première représentation de la tragédie-lyrique Arvire et Evelina de Sacchini dans la même salle.
• 15 juillet 1788, Paris : Jacques Nicolas HUBY, laïc originaire du diocèse de Rouen, est reçu machicot [musicien] à la cathédrale Notre-Dame. 

• 1789, Paris : Le Calendrier musical le mentionne comme basse-taille à la cathédrale Notre-Dame.

1790, Paris : Jacques Nicolas HUBY, musicien de la cathédrale Notre-Dame, figure parmi les prêtres qui ont prêté serment à Notre-Dame "dans l'espoir d'obtenir quelque poste dans la future église constitutionnelle" (Odon Delarc). Lui-même est clairement un laïc.
• 13 décembre 1790, Paris : Il fait partie des musiciens de Notre-Dame qui déclarent approuver la Constitution civile du clergé et désavouent toute critique à ce sujet émanant du chapitre de la cathédrale.

• 1791-1792, Paris : Il chante dans les chœurs du Théâtre Italien en compagnie de ses anciens collègues de Notre-Dame ROUGET et de LEMAIRE.

• Septembre 1794, Paris : HUBY l'aîné (très certainement Jacques Nicolas HUBY) est "artiste pensionnaire" pour l'opéra au Théâtre de l'Égalité (ex-Théâtre-Français). Il touche 250 livres par mois (3 000 par an). Il est toujours employé en mars 1796. Un certain HUBY le jeune ou cadet (probablement son frère André) travaille à ses côtés et touche 100 livres par mois.

• 26 août 1800, Bordeaux : Jacques Nicolas HUBY, demeurant au 10, rue Notre-Dame Saint-Seurin, se marie avec Françoise Toussaint, âgée de 25 ans environ, fille d'un employé des douanes. On ne mentionne pas sa profession et aucun musicien ou artiste ne signe comme témoin. Sa mère est mentionnée comme habitante de Bordeaux. Aucun enfant ne naît dans cette commune dans les mois et années qui suivent, ce qui signifie qu'il a rapidement quitté la ville après son mariage.

• Jusqu'en mars 1805, Avignon : Jacques Nicolas HUBY est première basse au théâtre de la ville. Dans une lettre de janvier 1808, HUBY indique qu'en province, il gagnait 8 000 francs par an.
• 24 mars 1805, Paris : Jacques Nicolas HUBY, qui vient d'être appelé à débuter à l'Opéra par le premier préfet du Palais de Luçay, est présenté au directeur, qui a ordre de le faire entendre "le plus tôt possible" par les maîtres du chant, chargés de rédiger un rapport relatif aux "moyens de cet artiste".
• 21 mai 1805, Paris : Il débute à l'Opéra dans le rôle d'Œdipe, dans Œdipe à Colone, de Sacchini. Le critique du Journal des débats juge que "sa voix est une basse-taille, nette et pleine ; mais qui a peu d'éclat, de mordant et de timbre. Son accent est naturel et touchant, son physique convenable : c’est un sujet tout formé qui a long-temps exercé son art avec succès dans nos provinces méridionales". Il rapporte ensuite qu'HUBY, impressionné par le cadre, a été saisi par le trac : "Derrière le théâtre, la peur a produit sur le débutant l'effet de l'émétique, ce qui n'accommode point du tout une voix ; aussi s'est-on aperçu, au second acte, d'un affoiblissement notable dans l'organe et le jeu de M. Huby". Il conclut cependant qu'il "peut être utile à ce théâtre, lequel a besoin de grands secours pour la partie du chant".
• 31 mai 1805, Paris : Après des débuts qualifiés de "commencement heureux" et l'accueil favorable que lui a réservé le public, HUBY demande au premier préfet du Palais un "engagement pareil à ceux de MM. Dufrêne et Bertin, Tous deux remplacements des premières basses-tailles", se justifiant ainsi : "C'est cette parité de rang qui peut seule me permettre de partager avec eux l'emploi que je chante. Au lieu que si je n'étais engagé que comme double je ne paraitrais presque jamais devant le public".
• 9 juin 1805, Paris : Le Journal des débats se montre positif sur sa prestation dans La caravane du Caire : "M. Huby continue avec succès ses débuts dans le rôle du pacha ; c'est une bonne voix de plus à ce théâtre, qui a besoin de faire en ce genre des acquisitions".
• 29 août 1805, Paris : La période d'essai de Jacques Nicolas HUBY s'achève. Dans son rapport, le directeur de l'Opéra indique que "les débuts de M. Huby, basse-taille, sont terminés ; cet artiste a obtenu des succès, et si la nature de ses moyens ne le place point en première ligne, il sera du nombre des artistes utiles, sans lesquels le service seroit souvent compromis". Il propose au premier préfet du Palais d'arrêter qu'au premier vendémiaire prochain (23 septembre 1805), HUBY "sera inscrit sur les état de l'Académie en qualité de double aux appointemens de cinq mille francs". Il précise qu'il a été appelé à débuter à l'Académie "par ordre supérieur". Depuis 6 mois qu'il est à Paris, il n'a touché qu’une indemnité de 1 000 francs, dont 500 pour frais de voyage, c'est pourquoi il demande qu'il lui soit payé 2 000 francs pour parfaire son traitement sur le pied de 5 000 francs, à compter du jour de son arrivée. 
• 8 septembre 1805, Paris : Le Journal de l'Empire n'est pas tendre à son égard après sa prestation dans Les Prétendus, comédie-lyrique en deux actes de Le Moine (1789) : "Huby s'est chargé du rôle du baron, et cet acte de soumission est d'autant plus méritoire qu'il a coûté un peu cher à cet acteur estimable. Le rôle ne convient pas à sa voix ; il n'avoit pas eu le temps de l'étudier, ce qui doubloit pour lui le danger de remplacer Lays : cependant il s'est sacrifié, et ce sacrifice n'a pas été heureux. Au lieu d'être utile au théâtre, il en compromet la réputation : il ne faut pas, sur la première scène lyrique de l'Europe, exposer à des désagrémens cruels un sujet dont on peut tirer un meilleur parti […]. Huby doit se consoler de cette disgrace, par l'espoir de s'en venger bientôt dans don Juan".
• 16 septembre 1805, Bordeaux : Sa mère s'éteint à son domicile du 4, rue Civique, femme de Jacques Huby, ancien marchand.
• 24 septembre 1805, Paris : Le critique du Journal de l'Empire est à nouveau déçu par HUBY à l'issue la deuxième représentation du Don Juan de Mozart : "Les deux airs de Leporello exigent un organe plein, ferme et sonore : Huby n’y met pas assez de jeu et de pantomime ; la chaleur de l’action pourroit suppléer à ce qui manque à l’acteur du côté de la voix : l’accompagnement, quelque modéré qu’il soit, couvre nécessairement le chanteur, dont les sons n’ont pas assez d’éclat et de mordant". 

• 2 mai 1807, Paris : Un différend oppose HUBY à son collègue Prosper Dérivis. Celui-ci a obtenu de jouer deux rôles dans la Caravane du Caire et ne consent pas à laisser à HUBY le rôle de Florestan. Excédé, HUBY menace de démissionner. Les maîtres du chant reconnaissent qu'il est en droit d'être furieux.

• Janvier 1808, Paris : Les appointements de Jacques Nicolas HUBY sont réduits à 4 000 francs pour cause de restrictions budgétaires. Il s'en plaint dans une lettre du 26 janvier au directeur et évoque les "intrigues" dont il serait la cible. Il menace de démissionner s'il n'obtient pas le même traitement que Dérivis et la possibilité de jouer alternativement les rôles de leur répertoire.
• 7 février 1808, Paris : Les maîtres du chant estiment que dans le contexte actuel, il serait difficile de se passer d'un artiste comme HUBY.
• 8 mars 1808, Paris : Jacques Nicolas HUBY présente sa démission, faute d'avoir pu obtenir de l'administration de l'Opéra un "sort convenable".
• 15 mars 1808, Paris : Le directeur accepte sa démission, effective à partir du 1er avril.
• 22 mars 1808, Paris : Un arrêté lui accorde 500 francs d'appointements extraordinaires.

• Entre juin 1808 et janvier 1809, Gand [Escaut] : Jacques Nicolas HUBY se produit sur la scène gantoise.

• 1809-1810, Amsterdam : Il est première basse-taille au Théâtre français, quai de l'Amstel.

• 16 avril 1811, Paris : Engagé à l'Opéra-Comique, Jacques Nicolas HUBY débute dans Raoul Barbe-bleue, comédie de Grétry (1789), où il tient le rôle de Raoul.
• 2 juin 1811, Paris : Il poursuit ses débuts dans la Mélomanie, opéra-comique en un acte de Champein (1781).
• 20 juillet 1811, Paris : Le critique exigeant du Journal de l'Empire juge sévèrement sa prestation dans le Tableau parlant, comédie-parade en un acte de Grétry (1769), à l'Opéra-Comique impérial : "A côté de madame Boulanger, qui débute sans cesse, qu’ils sont à plaindre ces malheureux débutants dont les débuts à peine commencés sont déjà finis, qui ne font que paroître et disparoître sur la scène ! M. Huby est le plus illustre de ces infortunés ; il est vrai qu’il avoit eu la témérité d'aborder un emploi regardé comme inaccessible au Théâtre Feydeau, l'emploi de Chenard : c'est un écueil fameux par les naufrages de plusieurs débutans qui sont venus imprudemment y briser leur barque légère. Huby a joué quatre fois, et n'a joué qu'un bon rôle, celui de la Mélomanie. Prévoyant trop le sort qui l'attendoit, je n'en avois point parlé me réservant pour son oraison funèbre. Huby a joué à l'Opéra de Paris ; il est en province, acteur ambulant et indépendant : sans être attaché à aucun directeur, à aucune ville, il va parcourant les différentes villes, et négociant avec le directeur des représentations, dont la ville, le directeur et l’acteur sont également satisfaits. Il avoit interrompu ses utiles voyages, égaré par cette ambition si pardonnable à un artiste de briller sur un théâtre de la capitale : mais quand on a reconnu à Paris qu'il étoit pourvu d'une belle basse-taille, qu'il chantoit fort bien et ne jouoit pas mal, le tribunal de l'Opéra-Comique lui a signifié son congé, sous prétexte que la cour étant suffisamment instruite de ses talens, devoit donner audience à d'autres : c’est une espèce d'ajournement indéfini qui ne détruit pas absolument ses espérances, mais qui les éloigne à perte de vue. Il peut s'applaudir de cette disgrace, son état de chanteur-voyageur vaut mieux que celui de pensionnaire de Feydeau. Si, par faveur singulière, on l'eût retenu à Paris, comme M. Perceval, avec une pension si modique qu'elle ne pourroit pas même passer pour alimentaire, on ne lui auroit pas rendu un grand service". HUBY, à cette date, a donc quitté l'Opéra-Comique (ou Théâtre Feydeau), où son passage fut bref.

• Avril 1812-avril 1813, Gand : Jacques Nicolas HUBY est première basse au théâtre municipal.

• 1813-avril 1816, Rouen : Jacques Nicolas HUBY, ex-artiste de l'Académie impériale de Musique, est première basse-taille noble au Théâtre des Arts.
• Fin avril 1814, Rouen : Lors d'un concert vocal et instrumental au Théâtre des Arts, HUBY, avec Despérament et Mme Bertau, chante des Stances à la paix, air à trois voix, musique de Meurger fils aîné.
• 29 juin 1814, Rouen : Un spectacle est organisé en l’honneur du grand Corneille ; HUBY, première basse-taille, chante en cette occasion un air intitulé Honneur à jamais au grand homme
• 25 décembre 1815, Rouen : Jacques Nicolas HUBY signe un engagement pour l'année théâtrale 1816. Il doit jouer les rôles de première basse-taille.

• 16 avril 1816, Paris : Le comte de Pradel, directeur général de la Maison du Roi, ordonne à HUBY de gagner la capitale pour débuter à l'Opéra le 20 mai. Il n'a pas à effectuer de début.
• Juin-août 1816, Paris : Corréard, directeur du théâtre de Rouen, se rend en vain dans la capitale pour tenter de s'opposer à son départ. Il intente à HUBY un procès.

• 8 mai 1817, Paris : Dans une lettre aux maîtres du chant de l'Opéra, Papillon de La Ferté, directeur des Menus plaisirs, expose que le comte de Pradel, statuant sur la réclamation de Jacques Nicolas HUBY, "remplacement" à l'Académie royale de Musique, a arrêté, 1° qu’il toucherait intégralement son traitement pour l'année échéant au 1er juin 1817 ; 2° qu'il aurait une indemnité égale à 6 mois de son traitement ; 3° qu'il lui serait accordé un congé illimité au titre d'artiste honoraire de l'Académie royale.
• 25 août 1817, Paris : Un compte indique qu'HUBY touche 7 000 francs d'appointements et qu'il lui reste dû pour les cinq premiers mois de l'année la somme de 228,66 francs. 

• 6 août 1818, Rouen : Par jugement du tribunal, HUBY est condamné par défaut au paiement de 7 000 francs de dommages et intérêts à Corréard, avec dépens, pour rupture de contrat. Il fait appel.

• 24 février 1819 : HUBY est condamné en appel à verser 5 000 francs de dommages et intérêts à Corréard. La somme sera payée par le caissier de l'Académie royale de Musique, HUBY n'ayant fait qu'obéir à un ordre.
• Août 1819, Honfleur : Jacques Nicolas HUBY s'embarque avec son fils pour la Russie.
• Septembre 1819, Saint-Pétersbourg : Il est reçu chanteur et acteur au Théâtre impérial.

• Date encore non déterminée [vers 1821 ?], Lille : "HUBY première basse en tous genres, rôle de convenance, de vaudeville et de comédie venant de Saint-Pétersbourg" est payé 6 000 francs par le théâtre de la ville.

• Février 1823, Caen : HUBY donne sept représentations ; "son jeu aisé, la sûreté de sa méthode comme chanteur, son goût incontestable, furent appréciés dans Œdipe à Colonne, grand opéra en 3 actes de Sacchini ; Le bouffe et le tailleur de Gavaux ; Le château de Montenero, de Dalayrac ; La mélomanie, de Champein ; Raoul barbe bleue, de Grétry ; Ambroise ou Voilà ma journée ; et le Joseph, de Méhul" (P. de Longuemare, 1895).

Sa trace se perd ensuite.

Mise à jour : 20 juillet 2018

Sources
A. Neuville, Revue historique, chronologique et anecdotique du Théâtre de Gand ; Bouteiller, Histoire complète et méthodique des théâtres de Rouen ; Bulletin de Lyon, n°100, 14 décembre 1808. ; Calendrier Musical Universel, suite de l'Almanach Musical, année 1788 ; Calendrier musical universel ; Castil-Blaze, Théâtres lyriques de Paris ; Delarc, L'Église de Paris pendant la Révolution française ; Desveaux-Saint-Félix, Russie et Pologne, mosaïque historique ; F-Ad76/ 4E 02206 ; F-AmBordeaux/ 2E 23 ; F-An/ AJ/13/111 ; F-An/ AJ/13/64 ; F-An/ AJ/13/83 ; F-An/ BI/11 ; F-An/ F21/1077 ; F-An/ LL 232/ 41 ; Histoire du théâtre de Lille de ses origines à nos jours, 1902 ; Journal de Paris ; Journal de l'Empire, 23 sept. 1805 ; Journal de l'Empire, 8 sept. 1805 ; Journal de l’Empire, 20 juillet 1811 ; Journal des débats ; Les Spectacles de Paris et de toute la France, 1792 ; Longuemare, Le théâtre à Caen ; Procès-verbal de l’Assemblée nationale ; Site Gallica B.N.F, Arvire et Evelina, tragédie-lyrique, 1788 ; Souvenirs artistiques. Documents pour servir à l'histoire de la musique, 1888 ; Tarare, opéra en cinq actes avec prologue, 1787 ; Witsen-Geysbeek, Tableau d’Amsterdam, 1810

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