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JÄGER, Christian, (père) (ca 1748-1792)

JÄGER, Christian, (père) (ca 1748-1792)

État civil
NOM : JÄGER     Prénom(s) : Christian     Sexe : M
Complément de nom : (père)
Autre(s) forme(s) du nom : JAGER
IAGER
YAGER
AYEGER
JAEGRE
Christin
Chrétien
Jean Chrétien
Jean Christian
Date(s) : 1748 ca  / 1792-4-12 
Notes biographiques

Originaire d'Alsace, comme de nombreux organistes, Christian JÄGER exerce hors de sa province d'origine, d'abord à Dole puis à Vesoul en Franche-Comté, où il est organiste, mais aussi chantre et maître des enfants de chœur… À son décès, en avril 1792, il est "organiste de la cathédrale" constitutionnelle de Vesoul.

• [1748], Erlenbach [aujourd'hui Albé, Bas-Rhin] : Selon les indications livrées par son acte de mariage, Christian JÄGER serait né en ou vers 1748. Il est dit fils de Jean-Chrétien JÄGER et d'Anne-Marie Fendrechin [ou Fendrich], "de la paroisse de Ehrlenbach, en Alsace, diocèse de Strasbourg". Ce village viticole est situé à une petite cinquantaine de km au sud-ouest de Strasbourg. Christian est un frère aîné de Jean-George jäger, né vers 1751, et de Mathieu JÄGER, né 22 ans après lui, en 1770. L'acte de mariage de Mathieu (à Vesoul en 1798) nous révèle que leur père était lui-même organiste. Il était par ailleurs "ludimoderator" (c'est-à-dire maître d'école), et sans doute chantre.

• On peut faire l'hypothèse que Christian JÄGER a été formé à la musique, au chant d'Église et à l'orgue par son père Jean-Chrétien JÄGER. Sa requête de 1790 ne fait aucune allusion à une période passée dans une maîtrise d'enfants de chœur.

• Entre Pâques 1768 et mai 1771, Dole [Jura] : Christian JÄGER exerce les fonctions d'organiste chez les Bénédictins de Dole. Il est là à plus de 225 km de son village d'origine. Lorsqu'il se présente à Vesoul en mai 1771, c'est "muni de certificat et d’attestation la plus avantageuse de la part des Bénédictins de Dole chez lesquels il a demeuré pendant l’espace de trois ans en qualité d’organiste".

• 12 mai 1771, Vesoul [Haute-Saône] : Dans l'église collégiale Saint-Georges s'exerce aussi le culte paroissial. L'assemblée des magistrats et des notables de Vesoul, en raison de l'absence d'organiste, passe une convention pour six ans avec Christian JÄGER. Il est convenu qu'il touchera l'orgue de la ville toutes les fêtes et offices, et qu'il est chargé de son entretien. Ceci pour "un gage de 500 livres qui luy sera payé amiablement en deux termes égaux de six mois en six mois". Cet instrument est tout récent puisqu'il a été construit entre 1763 et 1765 par Joseph RABINY dont c'était la première construction d'un grand orgue (il a d'ailleurs été très critiqué à son sujet, son gendre François CALLINET disant pudiquement en 1808 "c’est le premier ouvrage d’un facteur auquel je suis attaché, auquel il manquoit l’expérience nécessaire"…).
Le jeune homme s'installe donc à 140 km au sud-ouest d'Erlenbach, sa paroisse natale. Il pourrait avoir pris la succession de François MAGNIEN, précédent organiste et chantre identifié (attesté jusqu'au début du chantier Rabiny en 1763).

• 18 août 1773, Vesoul : Christian JÄGER et Marie Essel / Effel se marient. L'acte de mariage nomme le marié "Jean-Chrétien JÆGRE" et précise qu'il est fils de feu Jean-Chrétien JÆGRE et de Anne-Marie Fendrechin, de la paroisse de Ehrlenbach, en Alsace, diocèse de Strasbourg, qu'il est âgé de 25 ans, et "demeurant [depuis]  plus de deux ans à Vesoul" – ce qui correspond en effet à sa date d'engagement à Saint-Georges de Vesoul. La mariée est elle aussi originaire d'Alsace, mais du diocèse de Bâle. Son âge n'est pas indiqué, elle demeure à Vesoul "depuis un an et davantage". Aucun métier n'est spécifié, ni pour les mariés ni pour leurs témoins, qui savent tous signer. Le marié signe "Christian Jäger", graphie ici choisie comme autorité, en dépit des innombrables variantes rencontrées sur ses nom et prénom.

• Entre 1775 et 1791, Vesoul : De cette union naissent onze enfants (selon la déclaration de l'organiste dans son dossier de 1791). Sur les neuf actes de baptême qui ont été retrouvés, le père est dit quatre fois organiste ou maître organiste, deux fois maître de musique, et une fois (en 1790), "maitre de musique et organiste de cette église" (la collégiale Saint-Georges). La famille tient une large place parmi les parrains et marraines recrutés. L'oncle Mathieu présente deux enfants sur les fonts baptismaux, l'un en avril 1785 et l'autre en février 1790, sans que son métier ne soit indiqué dans aucune de ces deux circonstances. L'aîné des fils, Jean-Baptiste, né le 20 juin 1775, parraine un petit frère en juin 1786.

• 2nd janvier 1778, Vesoul : Les comptes des chapelles réunies au chapitre Saint-Georges pour le dernier trimestre 1777 concernent trois musiciens seulement, LARÈRE, prêtre et chantre, ainsi que François MAGNIEN, chantre, qui ont reçu chacun 133# 6 s 8d "tant pour pension que gratification de 4 mois échus le 1er janvier 1778", et l'organiste "YÈGRE"qui, lui reçoit 100 livres pour l'année 1777 entière sur ce compte des chapelles. Il reçoit en outre 200 livres venues d'une autre bourse.

• 1779, Vesoul : La situation est la même qu'en 1777 et en 1778, mais les comptes 1779 portent les trois signatures des "chantres" concernés ("Desle françois Larère prétre", "Fr. magnien" et "Christian Jager", avec un petit paraphe appliqué et sage).

• 1er mai 1780, Vesoul [Haute-Saône] : L'abbé THOMAS, diacre, est recruté en complément des trois autres chantres précédemment mentionnés dans les comptes. À la fin de l'année, il est rémunéré pour avoir accompli huit mois de service, sur le pied de 400 livres par an, tout comme LARÈRE et MAGNIEN – tandis que JÄGER n'est payé que 300 livres.

• 5 juin 1786, Vesoul : Né le 5, un autre Jean-Baptiste, fils de Christian YAGER, organiste, et de Marie-Anne Essell, son épouse, est baptisé le jour suivant. Il a pour parrain et marraine son frère Jean-Baptiste et sa sœur Marie-Louise Yager, cette dernière "illettrée à cause de son bas âge". Le jeune parrain a, quant à lui, 11 ans et sait signer. Le lieu d'exercice de l'organiste n'est pas précisé, mais l'on sait qu'il s'agit de l'église collégiale et paroissiale Saint-Georges.

1790, Vesoul : Christian JÄGER porte toujours le titre de "chantre" de l'église collégiale et paroissiale Saint-Georges. Il exerce en réalité les fonctions d'organiste et de maître des enfants de chœur. Sa rémunération se décompose en deux parties, 100 livres sur le revenu de neuf chapelles réunies depuis 1742 à la mense capitulaire pour rémunérer quatre chantres jugés indispensables à la solennité du culte, et en outre 200 livres sur les fonds propres du chapitre. En tant que chargé des enfants de chœur, il reçoit spécifiquement 18 quartes de blé et 66 livres en argent. Il est exempt du logement de gens de guerre (ce qui équivaut à une exemption fiscale).
Trois autres chantres chantent également à Saint-Georges. L'un est le prêtre Desle-François LARÈRE, "prêtre chantre", qui reçoit 400 livres par an. Les deux autres sont vraisemblablement, selon les comptes retrouvés les plus proches chronologiquement de la Révolution (rendus en 1787 pour l'année 1786), les sieurs François MAGNIEN et Claude-François FIQUET, rémunérés 400 livres pour l'un, 300 livres pour l'autre.
• 28 janvier 1790 : Le sieur Christian JAËGRE, "maître de musique", est l’un des quatre témoins au mariage de Claude Joly, 50 ans, veuf de Françoise Bourlot, avec Reine Perrin, 37 ans, notre paroissienne, f
• 17 février 1790 : Christian JÄGER est dit "maitre de musique et organiste de cette église" lorsque sa fille Françoise est baptisée. Elle a pour parrain Mathieu JÄGER, son oncle, dont ni le métier ni la fonction ne sont indiqués.

• 7 mars 1791, Vesoul : L'organiste constitue son dossier de carrière. Flavigny, curé de la ville de Vesoul (et bientôt évêque constitutionnel du département), rédige un certificat de bons services à son nom. Dans sa requête, Christian JÄGER dit être sans état et sans traitement alors que ses besoins sont grands puisqu'il est marié et père de onze enfants. Le 19 mars 1791, le directoire de district de Vesoul est d'avis de lui accorder une pension viagère et annuelle de 150 livres, avis confirmé par le directoire de département le 5 mai 1791, qui adresse le dossier au Comité Ecclésiastique de l'Assemblée Nationale.
• 1er mai 1791 : Un dernier enfant Jäger voit le jour et reçoit le baptême, une fille prénommée Anne Françoise. Le père, Christian JÄGER, est dit "maître de musique".

• 12 avril 1792, Vesoul : Christian JÄGER décède à l'âge de 45 ans. Il est dit "organiste de la cathédrale de cette ville" : en effet, la départementalisation en 1790 et la réorganisation de l'Église de France ont fait de Vesoul le chef-lieu du diocèse de la Haute-Saône, et de l'ancienne collégiale Saint-Georges une éphémère cathédrale (le diocèse sera supprimé dès 1801). L'évêque est Jean-Baptiste Flavigny, qui était l'ancien curé de Vesoul.
Sa veuve réclame peu après des secours de l'administration "pour faire subsister sa nombreuse famille composée de dix enfans tous en bas âge". Elle demande aussi que son fils aîné, âgé de 18 ans, "soit conservé dans la place qu'occupoit son père aux appointemens qui seront réglés, attendu quil est en état d'en faire le service".

• 14 janvier 1793, Vesoul : Le directoire départemental accepte que l'orgue soit confié au fils aîné de l'organiste défunt, Jean-Baptiste, 18 ans, à 1 200 livres par an, payés par quartiers à sa mère pour l'entretien de la famille.
Mais l'administration locale est rapidement désavouée ensuite par l'administration centrale et lorsque sa mère début avril 1793 va chercher le salaire de son fils, elle essuie un refus.
Le jeune homme deviendra néanmoins musicien puisque le 25 novembre 1807, lorsqu'il est témoin au mariage d'un de ses frères devenu, lui, "praticien", il est dit "artiste de musique".

Mise à jour : 22 mars 2022

Sources
F-Ad67/ BMS Erlenbach ; F-Ad70/ BMS Vesoul ; F-Ad70/ G 39 ; F-Ad70/ NMD Vesoul ; F-An/ C*/II/14 ; F-An/ DXIX/091/786/42,43,44,41,40 ; F-An/ F19/1126/1932 ; Grappin, Almanach historique de Besançon et de la Franche-Comté pour l’année 1785 ; J.Gardien, L'orgue et les organistes en Bourgogne…, 1943

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