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JECKER, Jean-Baptiste (1750-1792)
État civil
NOM : JECKER     Prénom(s) : Jean-Baptiste     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : JEKER
JECKERT
HICKER
HYECKER
Date(s) : 1750-3-26   / 1792-2-12
Notes biographiques

Jean-Baptiste JECKER appartient d'une part à l'important corpus d'organistes alsaciens exerçant partout en France à la veille de la Révolution, et d'autre part à l'une de ces innombrables fratries d'organistes que l'enquête Muséfrem met peu à peu au jour. Installé à Besançon avec son frère Laurent, ils avaient un neveu prénommé Joseph, lui aussi organiste, et décédé très jeune (22 ans). Les deux frères meurent également précocement, dès 1792.

• 26 mars 1750, Hirtzfelden [Haut-Rhin] : Selon l'âge indiqué à son décès, Jean-Baptiste JECKER serait né vers 1750. En effet, son baptême figure à la date du 26 mars 1750 dans les registres d'Hirtzfelden, paroisse située dans le fossé rhénan, entre Colmar et Mulhouse, à 12 km de Rouffach.
Un de ses frères, Laurent JECKER, plus jeune que lui de quelques années, deviendra aussi organiste. Leurs parents sont François-Joseph Jecker et Anne-Marie Burgler/ Birglin. L'une de ses suppliques de 1790-1791 souligne qu'il est "né français".

• [Vers 1757 - vers 1767] : Jean-Baptiste JECKER pourrait avoir été formé à la musique d'Église dans une maîtrise. Où ? Lors de son mariage, son frère Laurent est dit "domicilié depuis l’enfance sur cette paroisse" [Saint-Jean-Baptiste de Besançon]. Mais est-ce toute la famille qui a quitté l'Alsace pour la Comté, ou seulement Laurent qui aurait été reçu enfant de chœur à Besançon ? Les indices manquent concernant Jean-Baptiste.

• [Pendant "plusieurs années" et jusqu'en septembre 1773], Besançon [Doubs] : Jean-Baptiste JECKER sert comme organiste et "hôtelier" dans l'abbaye Saint-Vincent. Le certificat qui lui est délivré le 7 septembre 1773 par le prieur de l'abbaye atteste qu'il y a servi "plusieurs années". Le portrait qui est dressé de lui est élogieux : "il nous a contenté on ne peut pas mieux par son exactitude et sa fidélité, par ses bonnes mœurs et ses bons sentimens de religion, ayant fréquenté les sacremens de l'église avec toute la décence désirable; en sorte que toute sa conduite a été des plus irréprochables jusqu'icy, ayant avec une grande douceur toutes les qualités sociales".

• Septembre 1774, Besançon : Jean-Baptiste JECKER devient organiste de l'église collégiale et paroissiale de Sainte-Madeleine [ou Sainte-Marie-Madeleine], où il côtoie le maître de musique Jean Léger REGNAUD.

• 2 mai 1778, Besançon : Succédant à Pierre VAUCORET parti pour Bourges, Jean-Baptiste JECKER est reçu organiste au chapitre métropolitain. À la Madeleine, il est remplacé par Joseph-François-Louis BERGER, dont le poste antérieur reste à découvrir...

• 5 février 1779, Besançon : Le sieur 'HYEKER', "organiste de la Métropole", demeure  chez le sieur Ruffin à Battant, le faubourg situé rive droite du Doubs. Il publie dans Les Affiches de la Franche-Comté une annonce pour vendre un orgue à grand ravalement composé de cinq jeux, et un "clavessin composé de quatre octaves & demie".

• 27 avril 1781 : Les Affiches de la Franche-Comté publient une longue annonce un peu étonnante émanant du sieur JECKER. Celui-ci considère que le marché des leçons de harpe est plus porteur que celui des leçons de clavecin ou de forte-piano [ce qui est loin d'être avéré…]. Aussi a-t-il inventé et fait fabriquer par le sieur Braun, "jeune homme fort adroit & encore plus intelligent", un clavier qui peut s'appliquer à une harpe et permet d'en jouer facilement. Il propose aux clients potentiels de venir entendre chez lui cet instrument, et ensuite d'en faire fabriquer "à un juste prix" par le sr BRAUN pour ceux qui en passeront commande. On remarque au passage qu'il a déménagé et est maintenant "logé rue d’Arennes, chez le sieur Berger, chamoiseur, n°1306", toujours rive droite.

• 7 mars 1783, Besançon : Le sieur Jean-Baptiste JECKER, "son oncle paternel, aussi organiste", et Anatoile Maillard, sous-diacre, sont témoins et signataires à la cérémonie d'inhumation "au caveau de la nef Ste-Anne" de Joseph JECKER, mort la veille à l'âge de 22 ans, paroisse Saint-Jean-Baptiste, dont il était l'organiste. Un autre oncle paternel du jeune défunt, Laurent JECKER, lui succède dans ce poste dix jours plus tard.

• 20 avril 1784, Besançon : En compagnie de François-Joseph BOURGEOIS, "musicien, citoyen de Besançon", et de Didier HUMBLOT, "musicien originaire de Langres", Jean-Baptiste JECKER, qualifié pour sa part de "musicien de Hirtzfelden en Haute-Alsace", est témoin du mariage de son confrère musicien à la cathédrale de Besançon Jean-Baptiste L'EPINE.

• 27 juin 1785, Besançon : Le Journal de la Franche-Comté publie une annonce relative à une petite orgue portative à vendre. Trois musiciens sont cités auxquels il faut s’adresse. Deux sont domiciliés à Besançon : M. 'CECHLER' [en réalité : JECKER], "organiste de l’église métropolitaine", qui habite "derrière celle de St-Jean-Baptiste", et "M. RECIBER, maître de clavecin & de forte piano, rue des Granges, vis-à-vis le mont-d’or". Le troisième est à Dole, le sieur 'ESCOL' [en réalité : ESCOT], "organiste de la collégiale, grande-rue".
La même annonce a été publiée le 7 juin à Dijon dans les Affiches de Bourgogne. Les référents étaient déjà le sieur ESCOT à Dole, mais cette fois associé avec LECLERC, organiste de la cathédrale de Dijon. Ces annonces confirment les liens existants entre les organistes à une assez vaste échelle régionale.

• 25 août 1785 et 1786, Besançon : Jean-Baptiste JECKER, organiste de la métropole, touche l'orgue du couvent des Cordeliers pour la grand'messe de la saint Louis, suivie du Salut du Saint-Sacrement. Cette cérémonie est décrite dans le registre des délibérations municipales. Elle est à la fois religieuse, municipale et militaire, et montre une grande place tenue par la musique. "L’organiste de l’Eglise Métropolitaine a touché de l’Orgue à l’Entrée de la Messe, au Gloria in excelsis, en alternant avec le chœur, et après le Salut à la fin de la Cérémonie". Lorsque l'orgue se tait, c’est la musique du régiment de Dragons Conti qui intervient, composée probablement de cuivres (trompettes, cors, trombones) et de bois (fifres, flutes traversières, hautbois, clarinettes, bassons). Le caractère militaire de la cérémonie est affirmé en tirant le canon pendant le Salut au Saint-Sacrement.

• 24 avril 1787, Besançon : Jean-Baptiste JECKER, "musicien-organiste de l’église métropolitaine", est témoin au mariage de son frère Laurent JECKER, "musicien-organiste de cette paroisse" [Saint-Jean-Baptiste], avec Thérèse-Victoire Chauchard. Les deux postes occupés par les deux frères Jecker sont nettement distingués.
• 8 juillet 1787 : Deux mois et demi après les noces, le sieur Jean-Baptiste JECKER est le parrain de son neveu Augustin-Félix-Isidore. Le père et le parrain sont cette fois dits "musiciens", sans autre précision. Le parrain produit une signature élaborée, les initiales emboitées les unes dans les autres, et ornées de points ("JBJecker").

• 24 janvier 1788, Besançon : Jean-Baptiste JECKER assiste au mariage de Didier HUMBLOT, âgé de 38 ans, "musicien de profession en l’église métropolitaine de Besançon", avec une veuve de 32 ans.
• 28 août 1788, Besançon : Jean-Baptiste JECKER, "son oncle paternel", est à nouveau parrain du deuxième fils de son frère Laurent, prénommé César-Emmanuel-Victor. Les deux frères Jecker paraissent très liés.

• En 1790, Jean-Baptiste JECKER est toujours organiste à la cathédrale Saint-Jean de Besançon. Il côtoie les chantres et musiciens Joseph FISCHER, Pierre-Philippe MARGAULXGuillaume-Joseph EMERYAntoine FLAMAND, Jean-Baptiste ROBERTDidier HUMBLOTJean-Baptiste LÉPINE et Claude THOUVEREZ, qui chantent et jouent au chœur sous la conduite de Louis-Nicolas DOLLÉ, maître de musique.
 Il touche des gages de 500 livres par an. Le district sait "que son talent pour l'orgue lui en donne pour le clavessin, qu'il joue encore de quelques autres instrumens …", ce qui laisse supposer que l'organiste monnaye ses talents complémentaires.
• 7 septembre 1790 : Une petite Reine-Louise-Rosalie Jecker est baptisée à Saint-Jean-Baptiste. Fille du sieur Laurent JECKER, "musicien organiste de cette église", elle a pour parrain le sieur Jean-Baptiste JECKER, "musicien organiste de l'église métropolitaine de Besançon, son oncle paternel". La distinction des postes des deux frères est à nouveau bien nette ici.

• [1791] : Lorsque le directoire départemental traite les demandes des musiciens avant de les faire remonter au Comité ecclésiastique, Jean-Baptiste JECKER est mentionné comme étant "violemment attaqué d'une maladie de poitrine qui exige des secours proportionnés aux besoins de son malheureux état". On ajoute "qu'il est très certain qu'il [ne] jouira pas longtemps" du traitement accordé.

• 1791 : Jean-Baptiste JECKER continue à jouer de l'orgue à la cathédrale Saint-Jean devenue constitutionnelle, aidé de son frère. Avec son frère, leur salaire est de 700 livres. Le comptable précise : "savoir 650 livres en assignats et 50 livres en espèces".

• 12 février 1792, Besançon : Jean-Baptiste JECKER, âgé de 42 ans, "organiste de cette paroisse", décède paroisse Saint-Jean-Baptiste, probablement des suites de sa maladie de poitrine. Son frère Laurent meurt à l'âge d’environ 36 ans le 22 juillet de la même année, soit cinq mois après lui. Ce qui laisse soupçonner que la tuberculose les avait touchés tous les deux.
L'organiste François-Joseph BOURGEOIS prend le relais à la tribune de Saint-Jean.

Mise à jour : 11 juillet 2021

Sources
Affiches et Annonces de la Franche Comté  ; F-Ad25/ G227 ; F-Ad25/ L 1054 ; F-Ad25/ L 755 ; F-Ad25/ L 760 ; F-Am Besançon/ BMS Besançon, St-Jean-Baptiste ; F-Am Besançon/ BMS St-Jean-Baptiste ; F-Am Besançon/ BMS St-Marcellin ; F-Am Besançon/ GG38 ; F-An/ DXIX/055/172/13-14 ; F-An/ DXIX/092/792/02 ; F-An/ DXIX/092/792/04 ; F-An/ DXIX/092/792/07 ; J.Gardien, L'orgue et les organistes en Bourgogne…, 1943  ; Journal de la Franche Comté ; P.M. Guéritey, Orgues et organistes de Besançon…, 2022

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