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LAURENT, Jean Blaise (1737-1799)
État civil
NOM : LAURENT     Prénom(s) : Jean Blaise     Sexe : M
Date(s) : 1737-10-8   / 1799-10-25 
Notes biographiques

La vie de Jean-Blaise LAURENT se partage en deux périodes aux aspects très différents. Dans la première, il est Lorrain. Il grandit et se forme dans un petit village des collines occidentales des Vosges, entre Épinal et Saint-Dié. Il vit entouré par les membres nombreux de la famille Laurent. Une rupture inexpliquée le projette, à un moment de la décennie 1770, jusque dans les plaines du sud-ouest du royaume. pays de plaines. Le voilà de nouveau dans une petite ville, mais qui se dresse sur le bord de la Garonne, là où ce fleuve se prépare à quitter l'actuel département du Tarn-et-Garonne. Quand la Révolution survient, il est parfaitement intégré dans une nouvelle famille, dont la langue et les usages lui ont certainement été sources d'étonnement.

• 5 octobre 1737, Bruyères [Vosges] : Jean-Blaise LAURENT nait de Philippe Laurent, "maître d'école en cette ville", et est baptisé le même jour. Il est le troisième enfant des huit que sa mère, Hélène Vaudechamp, met au monde  entre 1734 et 1749. Il porte le premier prénom de son parrain, Blaise-Félix Nestri ; mais c'est également le nom du saint protecteur de l'église des Capucins de Bruyères. À l'issue de la cérémonie baptismale, la marraine, Anne Gérard, ne peut tracer que "la marque ordinaire" des illettrés, c'est-à-dire une croix qu'on entoure d'un rectangle et dont on identifie l'auteur en quelques mots.

• 20 juillet 1749, Bruyères : Jean-Blaise n'a pas encore 12 ans quand il est témoin, aux côtés de son père, aux fiançailles religieuses d'un couple d'Alsaciens. Sa signature n'est plus celle d'un enfant et elle a déjà acquis la silhouette qui ne se modifiera plus. Sans doute Jean-Blaise est-il instruit par son père. Celui-ci, en tant que maître d'école, est très certainement aussi le chantre paroissial et s'applique à perfectionner les dispositions de son fils en plain-chant. Mais nous ignorons où il ira poursuivre ses études, sans doute de droit.

• 12 décembre 1753 : Le jeune garçon perd sa mère qui n'est âgée que de 45 ans. Lui-même a seize ans. Son père qui se retrouve seul avec plusieurs enfants en bas âge recréera un foyer dix mois plus tard.

• 25 juillet 1758, Bruyères : Jean-Blaise, qui n'a pas encore 21 ans, épouse Marie Ferry, une veuve âgée de 46 ans et chargée de plusieurs enfants dont les plus jeunes ont entre cinq et dix ans. D'abord veuve d'un laboureur en 1744, elle s'était remariée avec une tabellion et procureur au bailliage de la ville, Claude Durand, lequel était mort au mois de mars 1757. L'acte de mariage de 1758 n'indique pas la situation professionnelle du jeune marié. En revanche, d'après les registres paroissiaux, il est abondamment présent, depuis plusieurs années et comme témoin "requis", aux baptêmes, mariages et décès qui se déroulent dans l'église Saint-Nicolas, celle de l'unique paroisse de Bruyères.

• 4 juillet 1759, Bruyères : Jean-Blaise LAURENT devient le parrain de Jean-François, le fils de François-Philippe Mengeard et de Marguerite Rafel, tandis que la marraine est une veuve nommée Catherine Ferry. Nous apprenons alors que LAURENT est "chantre et régent d'école de cette paroisse". C'est bien sûr ce qui explique la récurrence de sa présence aux cérémonies paroissiales en tant que "témoin requis".

• 17 juillet 1761 : Il est encore qualifié de chantre à l'église paroissiale lorsque le fils d'un tailleur d'habits devient son filleul. Sans doute est-il toujours régent à l'école.

• 1 janvier 1763, Bruyères : Son père, le maître d'école et le marguillier de la paroisse, décède. Àgé de 53 ans, il laisse pour veuve  Marie-Anne Aubry qu'il a épousée en troisièmes noces quelques mois plus tôt. Jean-Blaise, devenu procureur au bailliage royal de Bruyères accompagne le convoi, ainsi que Joseph HENNEQUIN qui était qualifié de sous-chantre deux ans plus tôt, lors d'une sépulture à laquelle n'assistait pas le chantre LAURENT.

• 10 avril 1771, Bruyères : Ce dernier perd son épouse qui est inhumée, à l'âge de 58 ans, dans le cimetière de la ville. Il exerce alors la double fonction de procureur au bailliage royal, ainsi qu' en "l'hôtel commun", c'est-à-dire à l'Hôtel de ville. Maître Girardin, également procureur à ce bailliage, suit la procession en tant que gendre de la défunte.

• 8 décembre 1773 : LAURENT assiste au mariage de Geneviève Durand, la seconde fille de sa défunte épouse. Le marié, dont le père est décédé, se nomme Gilbert Serboulet. La mariée est accompagnée par l'avocat à la Cour, son frère Antoine ; le marié est entouré par Élisabeth Lhuillier, sa mère, et par ses deux oncles maternels, également avocats "à la Cour", sans doute du bailliage.

23 avril 1774, Bruyères : Jean-Blaise LAURENT apparaît pour la dernière fois sur le registre paroissial de Bruyères lorsque Jean-Georges CUNY, le fils de sa sœur Marie-Anne et de son beau-frère le maître-perruquier, devient son filleul. Anne-Marie, la marraine, est la veuve d'un cousin maternel du parrain, Joseph Vaudechamp qui, lui, de son vivant, était dit "commissaire aux saisies réelles du bailliage royal". Quant au parrain, le voilà "conseiller du roi et second échevin" de la ville, ce qui en fait une fonction de premier plan, puisque, pour Bruyères, le terme de "ville" regroupe l'agglomération elle-même qui est constituée d'un centre historique, d'un bourg et d'un faubourg, et rassemble au-delà, les paroisses dispersées dans les reliefs.

• 1775-1784 : Jean-Blaise LAURENT a sans nul doute quitté sa ville natale de Bruyères. On le perd de vue pendant près de onze ans.

• 5 avril 1785, Auvillar [Tarn-et-Garonne] : Le Lorrain, maintenant âgé de 48 ans, se remarie à 800 km de son pays natal. Il a quitté les pentes du massif des Vosges pour s'installer dans la plaine de la Garonne et dans l'extrême partie occidentale de l'actuel département du Tarn-et-Garonne. Mais il  demeure dans l'administration royale : il est "contrôleur des Fermes du bureau d'Auvillar", et il conserve, bien entendu, son titre de "conseiller du roy". Il épouse Jeanne Dagenes, une veuve de 41 ans, sans enfant et qui a perdu son mari, le marchand Jacques Méric, cinq ans plus tôt. Elle est originaire d'Espalais, un village distant de quelques km seulement, mais dans un diocèse différent. Ses deux frères sont venus de deux autres villages voisins, Valennes et Pommevic. Deux évêques ont accordé chacun dispense de deux bans, celui de Condom pour le marié qui habite Auvillar et celui d'Agen pour la mariée. Une dizaine de paraphes suivent ceux du nouveau couple. 

• 24 mars 1788, Pommevic [Tarn-et-Garonne] : LAURENT est parrain de Blaise-Marcellin-Marc Catusse, fils de négociant et de Bernarde Dagenes, sa belle-sœur. Élisabeth de Bressoles, l'épouse du sieur Dagenes qui exerce à la cour des aides d'Aurillac, est la marraine de l'enfant. Mais le nouveau-né ne vivra que deux semaines.

• 10 janvier 1791, Espalais [Tarn-et-Garonne] : Jean-Blaise LAURENT est parrain d'une nièce, Pétronille, née de sa belle-sœur Jeanne Fieursal et de son beau-frère Jean-Baptiste Dagenes. LAURENT est maintenant juge de paix du canton d'Auvillar. Nous en concluons, d'une part, qu'il est fidèle aux nouvelles institutions créées par l'Assemblée constituante, et d'autre part, qu'il est suffisamment apprécié pour avoir été élu à cette fonction, quoique "étranger" au pays.

• 5 septembre 1792 - mars 1798, Paris : Jean-Blaise LAURENT a été élu député aux élections législatives qui se sont déroulées au suffrage universel, au mois de septembre 1792. Il est l'un des neuf représentants à la Convention pour le département du Lot-et-Garonne. Après avoir participé à l'instauration de la Première république, il semble, d'après l'article publié par Félix Bouvier, en 1900, dans le bulletin de la Société Philomatique Vosgienne, que ce conventionnel fut modéré et effacé. Au début de son mandat, il reconnut la culpabilité du roi Louis XVI, mais refusa sa condamnation à mort. Réélu député en octobre 1795, c'est au Conseil des Cinq Cents qu'il siégea jusqu'en mars 1798, avant de revenir dans son pays d'accueil.

• Mai 1798-octobre 1799, Auvillar [Tarn-et-Garonne] : À peine rentré, l'ancien député retrouve les fonctions électives locales, d'abord à la tête de la mairie d'Auvillar, puis comme administrateur du canton. 

• 25 octobre 1799, Espalais [Tarn-et-Garonne] : Il meurt à 62 ans, quatre mois seulement après avoir pris ses fonctions sur le canton d'Auvillar. Il est aussitôt inhumé dans le cimetière de la commune d'Espalais, là où le rejoindra Jeanne Dagenes en 1822, bien qu'elle soit décédée dans sa maison du port, à Auvillar.

Jean-Blaise LAURENT avait-il renié la première moitié de son existence, ainsi que la famille Laurent qu'il avait laissée à Bruyères? Sur son acte de décès, la ligne "Fils de" est barrée, comme si personne, pas même son épouse, ne savait d'où il était venu. Quant à son service  de chantre qui n'est évoqué que pour quelques années dans l'église Saint-Nicolas de Bruyères, il a été impossible d'en envisager la durée réelle.

 Mise à jour le 7 avril 2021

Sources
F-Ad82/ NMB, Espalais, Saint-Orens ; F-Ad82/ NMD Auvillar ; F-Ad88/ BMS Bruyères, Saint-Nicolas ; F-Ad88/ BMS Bruyères, paroisse Saint-Nicolas ; F-Ad88/ BMS Buyères, Saint-Nicolas ; F. Bouvier, Le conventionnel Blaise Laurent, 1902

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