LENORMAND, Antoine Gaspard (1793-1836)

Postérieur à 1790, Antoine-Gaspard LENORMAND a été repéré dans l'entourage d'un ancien enfant de chœur de Mâcon. Successivement dit "musicien", "artiste musicien", "professeur de musique", il permet d'apercevoir un petit milieu artistique actif à Mâcon (Saône-et-Loire) au début du XIX^e siècle... Son père, peintre en faïence, est parfois mentionné lui aussi comme musicien.

• 6 nivôse an II [27 décembre 1793], Mâcon : Antoine-Gaspard LENORMAND naît "ce jour d'hui" du citoyen Jacques LENORMAND ou Normand, "peintre en faïence", et de Marguerite Romand / Roman, sa légitime épouse. La famille demeure alors à Mâcon rue du Change. Elle est arrivée à Mâcon depuis une dizaine d'années seulement, après un séjour à Embrun [Hautes-Alpes] où avait eu lieu le mariage des parents. Son père est originaire de Rouen, où son grand-père était déjà peintre en faïence. Une manufacture royale de faïence a été créée à Mâcon au milieu du XVIII^e siècle, et deux autres ateliers de production faïencière existent au faubourg de La Barre, à l'ouest de la ville.

• 29 pluviôse an XIII (18 février 1805), Mâcon : Antoine-Gaspard a alors 11 ans. Sa sœur Marie-Antoinette, 19 ans, se marie avec François Jean-Baptiste OLLIVET, âgé de 33 ans et demi, musicien, originaire de Crémieu, demeurant à Mâcon. Les deux premiers témoins sont aussi musiciens, Jean HERCHEPERCK [il signe "=herchperck="] et François ROUDET, tous deux originaires de Bohême.

• 28 mars 1816, Mâcon : Le sieur Antoine-Gaspard NORMAND, "artiste musicien à Mâcon", épouse Louise Guillard, fille d'un serrurier décédé. Leurs témoins sont un ferblantier de 28 ans, un chapelier de 30 ans, un horloger de 31 ans, et un couvreur de 41 ans. Notons qu'ici son père, le sieur Jacques NORMAND, est lui aussi dit "artiste musicien à Mâcon". C'est l'une des rares occurrences où son père est mentionné comme musicien.

• 3 mars 1817, Mâcon : Moins d'un an après le mariage, la jeune femme décède, à l'âge de 29 ans. Elle est dite "marchande de modes". On peut soupçonner un décès en couches, mais aucune naissance Normand / Lenormand n'a été repérée.
• 13 août 1817 : Après cinq mois de veuvage, Antoine-Gaspard LENORMAND se remarie, épousant Antoinette Richenet, fille d'un "marchand". L'acte dit le marié "veuf de Louise Guillard" et par ailleurs "musicien, demeurant à Mâcon, fils majeur de Jacques LENORMAND, musicien". Le premier témoin est l'ancien enfant de chœur Claude CHAMONARD, devenu perruquier et ici dit "coiffeur", qui est marié depuis 1809 à Anne Richenet, sœur de la mariée. Les deux hommes deviennent donc beaux-frères.

• 30 mai 1818 : Neuf mois et demi après le mariage naît un premier fils Lenormand / Richenet, prénommé Jacques-Noël. Il est déclaré le lendemain par son père, le sieur Antoine-Gaspard LENORMAND, "artiste musicien", par son grand-père, Jacques-Noël LENORMAND, "peintre en faïence à Mâcon, aïeul de l'enfant", et par Claude CHAMONARD, perruquier à Mâcon, 40 ans.

• 15 juillet 1826, Mâcon : Son épouse Antoinette Richenet décède.

• 24 août 1829, Mâcon : Après cette fois un veuvage de trois ans, Antoine-Gaspard LENORMAND, "professeur de musique", épouse Marie-Pierrette Loup, tailleuse en robes, dont le père était chapelier. Leurs témoins sont un employé dans les contributions indirectes, un professeur de collège à Mâcon, un "praticien" et un libraire. Le marié signe "Le Normand".

• 17 janvier 1831, Mâcon : Est établi l'acte de naissance de Philibert, né à Mâcon le 15 de ce mois, fils de "sieur" Antoine-Gaspard LENORMAND, "professeur de musique", demeurant à Mâcon rue Municipale, et de "Dame" Marie-Pierrette Loup son épouse.

• 11 février 1833, Mâcon : Après trois ans et demi de mariage, sa troisième épouse, Marie-Pierrette Loup, toujours dite "tailleuse en robes", meurt à l'âge de 36 ans révolus. La famille habite "rue Municipale maison Chalandon-Guichard". Le décès est déclaré par le sieur Jean-Baptiste OLLIVET, professeur de musique, 59 ans, et un aubergiste. Ils disent le veuf "musicien", sans plus de précision sur son cadre d'exercice.

• 29 avril 1836, Mâcon : À une heure et demie du  matin,  le sieur Antoine-Gaspard LENORMAND, professeur de musique, meurt dans son domicile, situé quai Sud n°19. Il était veuf en première noce d'Antoinette Richenet et en seconde de Marie-Pierrette Loup, dit l'acte, oubliant totalement la première épouse. Son décès est déclaré quelques heures plus tard par ses deux beaux-frères, Claude CHAMONARD, "propriétaire" (que nous connaissons comme enfant de chœur en 1790), et Jean-Baptiste OLLIVET, lui aussi professeur de musique.

On peut supposer qu'une pratique intra-familiale de la musique avait existé entre ces hommes et peut-être leurs épouses et enfants...

Cette supposition est corroborée par le fait que son fils Philibert (voir ci-dessus au 17 janvier 1831), quoique professionnellement chef de bureau à la préfecture de Mâcon, est aussi membre de la société musicale de Sainte Cécile, selon Jean-Claude Just (Généanet).
Et son petit-fils Pierre-Henri-Joseph, né le 21 mars 1855, renouera avec l'exercice professionnel de la musique : musicien, pianiste et organiste, titulaire des orgues de la cathédrale de Mâcon, il sera aussi chef d'orchestre et compositeur. On lui doit une Messe solennelle à quatre voix en l'honneur de saint Vincent (1880), des chœurs, des motets, des pièces pour orgue ainsi que des cantates, explique Francis Mathiot (Généanet). Il est par ailleurs président de l'Académie de Mâcon. À la génération suivante, donc celle des arrière-petits enfants d'Antoine-Gaspard, l'un des fils de Pierre-Henri-Joseph, Maurice, sera titulaire de l'orgue de Mâcon et l'autre, Henri, de l'orgue de Bourg-en-Bresse.
En incluant le père d'Antoine-Gaspard, le peintre en faïence parfois qualifié de musicien, on se trouve avec une magnifique dynastie comportant cinq générations (au moins !) d'amoureux de la musique.

Mise à jour : 2 avril 2021