LETOURNEUR, Joseph, à Chalon-sur-Saône (1727-1773)

Petit-fils, fils, neveu et cousin germain de nombreux organistes disséminés en Bourgogne, en Champagne et jusqu'en Bretagne, Joseph LETOURNEUR devient lui aussi organiste. Il exerce à la cathédrale Saint-Vincent de Chalon-sur-Saône, comme l'avait fait son père avant lui.

• 9 juillet 1727, Chalon-sur-Saône : Joseph LETOURNEUR naît sept mois et demi après le mariage de ses parents, le sieur Jean LE TOURNEUR, organiste de la cathédrale Saint-Vincent, qui était veuf de Marie Lausserois, et la Dlle Angélique-Cécile Amelin. Il est baptisé le lendemain à Saint-Vincent. Son parrain n'est autre que son oncle paternel, Joseph TOURNEUR, "marchand à Seurre", à 37 km au nord-est, où nous savons qu'il est aussi organiste. Ce parrain signe "Tourneur" : la branche de Seurre a délibérément abandonné l'article "Le" de son patronyme. La branche chalonnaise, elle, va continuer à plutôt signer "LeTourneur" ou "Letourneur", hésitant entre un seul mot et deux mots plus ou moins séparés.
Le petit Joseph voit naître moins de quinze mois après lui un frère prénommé Émiliand-Henry-Louis. Les deux garçons sont les cousins germains de toute une série de cousins et cousines plus âgés qu'eux, parmi lesquels plusieurs sont devenus musiciens (le plus souvent organistes) : Charles-François, Marie, François TOURNEUR ou LETOURNEUR, ainsi que Jean-Odo, Charles-Paul et Claude-Nicolas DEMARS...

• 24 mai 1736, Chalon-sur-Saône : Son père, le sieur Jean LETOURNEUR, "organiste à la cathédrale", décède à l'âge d'environ 60 ans. Il est inhumé deux jours plus tard dans la cathédrale.
Joseph n'a pas encore 9 ans. Avait-il commencé à être initié à l'art de toucher l'orgue par son père ? Ou bien est-ce son parrain de Seurre qui va se charger de le former à l'orgue ? Ou bien encore est-il enfant de chœur dans une maîtrise ? Dans ces deux dernières configurations, qui a alors touché l'orgue de la cathédrale ? On peut penser que parmi les enfants issus du premier mariage de leur père – avec Marie Lausserois, tante de l'organiste Edme LAUSSEROIS…– certain.e.s étaient peut-être aptes, comme Marie (voir ci-après au 18 avril 1740), mais cette hypothèse n'a, en l'état actuel des dépouillements, aucun fondement documentaire.

• 18 avril 1740, Chalon-sur-Saône : Joseph LETOURNEUR, "frère de l'épouse", est présent aux noces de sa demi-sœur Marie avec Pierre Hours. Joseph a alors presque 13 ans. Aucune fonction n'est indiquée pour lui, alors qu'il est bien rappelé dans l'acte de mariage que leur père était organiste. Il signe "joseph LeTourneur". Les autres témoins sont un maitre tonnelier et deux maîtres cordonniers. Ni les TOURNEUR de Seurre, ni les LAUSSEROIS-CHAPUZOT de Beaune (à 30 km au nord de Chalon) ne semblent présents.

• À quelle date [antérieure à 1762] Joseph LETOURNEUR a-t-il été chargé de toucher l'orgue de la cathédrale de Chalon-sur-Saône ? Les registres capitulaires ayant – semble-t-il – disparu, la réponse à cette question demeure en suspend, dans l'attente de nouvelles découvertes...

• 26 janvier 1762, Chalon-sur-Saône : C'est un chanoine de la cathédrale qui donne la bénédiction nuptiale à "Monsieur" Joseph LETOURNEUR, "organiste de la même église", et à Dlle Marie Jacquet, fille majeure d'un marchand épicier. L'acte de mariage rappelle que le marié est "fils majeur de feu Jean LETOURNEUR aussi organiste, et de Angélique Cecille Amelin".

• 6 novembre 1765 et 7 septembre 1771 : Deux fils nés de Marie Jacquet sont baptisés à Saint-Vincent de Chalon. Les parrain et marraine de l'aîné sont choisis comme il est d'usage dans chacun des lignages : le grand-père maternel et, côté paternel, la demi-sœur Marie, toujours mariée avec Pierre Hours, maitre tapissier (voir ci-dessus au 18 avril 1740).
Dans les deux cas, Joseph LETOURNEUR est dit "Maitre en musique et organiste de l'église de St-Vincent". Son identité professionnelle ne fait ici aucun doute puisque la même formulation est employée à six ans d'intervalle. Une ambiguïté cependant : la tournure "maître en musique" s'applique-t-elle aussi à la cathédrale ? Il faut plus vraisemblablement comprendre que Joseph est maître de musique en ville et par ailleurs organiste de la cathédrale.

• 2 septembre 1769, Saint-Marcel [Saône-et-Loire] : Dans ce village tout proche, situé à une lieue de la cathédrale, mais de l'autre côté de la rivière, rive gauche, est inhumé le petit Claude, mort la veille chez sa "mère nourricière", Catherine Richard, femme d'un manœuvre. Le curé ignore l'âge de l'enfant, mais il sait que son père est "organiste de la cathédrale de Chalon". On ne mentionne pas ici qu'il soit "maître en musique" : seul surnage son poste d'organiste de la cathédrale.

• 27 décembre 1773, Chalon-sur-Saône : Décédé la veille à l'âge d’environ 45 ans, Joseph LETOURNEUR, "organiste de Saint-Vincent", est inhumé "dans cette église cathédrale".
L'organiste identifié suivant à la cathédrale de Chalon est Charles KOLB.

• 9 octobre 1783, Chalon-sur-Saône : Lorsque, dix ans plus tard, on enterre sa veuve, Dlle Marie Jacquet, morte la veille âgée d'environ 49 ans, l'identité professionnelle qui a survécu concernant l'ancien organiste est celle de... "marchand épicier à Chalon" !

Mise à jour : 27 novembre 2020