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MOYREAU, Christophe (1700-1774)
État civil
NOM : MOYREAU     Prénom(s) : Christophe     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : MOIREAU
MOREAU
MOYRAU
Date(s) : 1700-4-6  / 1774-5-11
Notes biographiques

Christophe MOYREAU est l'une des figures musicales majeures de l'Orléans des Lumières. Il est longtemps organiste des deux principales églises de la ville, successivement la collégiale Saint-Aignan, puis la cathédrale Sainte-Croix. Également claveciniste et compositeur, il publie en 1753 de nombreuses pièces de clavecin à Paris. Il est membre de l'académie de musique de la ville rétablie par François GIROUST à partir de 1757, où il tient le clavecin. Par ailleurs, on le voit régulièrement au fil de son existence fréquenter les maîtres à danser de la ville, notamment Jean ROBERT.

• 7 avril 1700, Orléans : Né la veille, Christophe MOYREAU est baptisé en l'église paroissiale Saint-Paul. Il est le fils de Jacques Moireau / Moyreau et de Jeanne Boisset / Boissay. Ses parrain et marraine, "le sieur Christophe Pinson, garçon, et dame Charlotte Belanger, fille", savent tous deux bien signer. L'acte de baptême n'indique aucun métier, mais d'autres actes relatifs à la famille Moyreau indiquent que le père de l'enfant, qui sait lui aussi signer, était maître cordonnier.

• [Vers 1707-1717] : Christophe MOYREAU a peut-être été formé comme enfant de chœur à la cathédrale Sainte-Croix ou à la collégiale Saint-Aignan. La disparition de leurs registres capitulaires dans l'incendie de juin 1940 rend difficile d'être affirmatif sur ce point. Sans qu'il puisse être considéré comme une preuve, un indice peut être avancé : le choix de Louis HOMET, maître de musique de la cathédrale, comme témoin à son mariage, pourrait être un signe de l'attachement réciproque entre un ancien disciple et son maître. À Sainte-Croix le grand orgue était tenu par un membre de la dynastie des Colesse.

• 24 février 1719, Orléans : Selon Jules Brosset, qui a consulté les registres capitulaires avant leur destruction, c'est à cette date que Christophe MOYREAU (appellé "Mireau" par Brosset ) devient organiste de la collégiale Saint-Aignan.

• 26 février 1726, Orléans : Dans l'église paroissiale Sainte-Catherine, est célébré le mariage de Christophe MOYREAU et de Jeanne Patenotte (Patenôtre, Patenostre…), en présence du maître de musique de la cathédrale, Louis HOMET. Le jeune marié signe "christophe Moyreau org", proclamant par là son identité professionnelle. Il en fera régulièrement de même tout au long de sa vie.
De ce mariage naîtront au moins onze enfants, échelonnés de 1727 à 1744, pour la plupart baptisés à Sainte-Catherine, sauf les deux derniers (voir ci-après).

• 3 mai 1727, Orléans : Lorsque Jeanne, sa première fille naît, paroisse Sainte-Catherine, Christophe MOYREAU est dit "organiste de St-Aignan de cette ville". Le parrain choisi est "honnête personne Claude Bourget, bourgeois d'Orléans". La marraine est la grand-mère maternelle de l'enfant. Le père est présent et signe en précisant son métier, comme à son habitude, "Moyreau org.".

• 31 janvier 1729, Orléans : Le baptême de Christophe-Louis-Claude Moyreau atteste à nouveau que son père, qualifié d'"honnête personne" est en poste comme organiste de "l'église royale de St-Agnan de cette ville". Il signe cette fois en toutes lettres : "Christophe Moyreau Organiste".
Cet acte montre le couple Moyreau-Patenostre à la recherche de parrainages honorables : "honnête homme Louis Arnaud de Nobleville, marchand bourgeois d'Orléans" et "dame Degoillon Vinot". Ce parrain "marchand bourgeois" est parent du médecin et naturaliste Louis-Daniel Arnauld de Nobleville (1701-1778), qui, écrit Beauvais de Préau après son décès, "avoit beaucoup aimé la musique", et "s’étoit distingué par la façon supérieure dont il jouoit de la basse de viole".
• 1er mai 1729 : Jeanne Patenotre, "épouse de Christophe MOREAU [sic, pour MOYREAU], organiste de l'église royalle de St-Agnan", est la marraine de Jeanne-Cécile, née la veille, fille du musicien Jacques DEPOIX et de Françoise Espolart/Espaulard. Le parrain n'est autre que Louis HOMET, ici qualifié de "Maître de Musique du Roy de Pologne et de l'église d'Orléans". Cette double qualité attribuée au parrain se comprend mieux si l'on se souvient que le roi de Pologne, Stanislas Leszczynski, était alors en exil à Chambord, à moins de cinquante km d'Orléans, distance aisée à parcourir à l'aller en descendant la Loire.

• 1er mai 1730, Orléans : Pour le baptême de leur fils Charles-Marie, les époux Moyreau choisissent comme parrain "le sieur Charles Cornuau sieur de Ponville demeurant à Paris", et comme marraine "Dame Marie de Chazelle, femme de Me Jacques Cornuau, procureur au parlement, demeurante aussi à Paris". Le premier est représenté par Jacques BUDON, clairement qualifié d'organiste, mais sans précision de poste, la seconde par "Damoiselle Jeanne Moyreau". Le père de l'enfant est dit "organiste du chapitre royal de St-Aignan". On peut s'interroger sur le type de rapports entretenus par le musicien et ces deux Parisiens parés de titres honorifiques ("sieur de", "dame").

• 13 septembre 1732 : Le baptême de Pierre – qui avait été ondoyé par la sage-femme –, montre d'autres fréquentations du couple Moyreau-Patenostre. Si le parrain est marchand, la marraine est "dame Élisabeth Coutaur, épouse de Jean-Baptiste COURTOIS, musicien et maître à danser". On voit là une trace de cette proximité cultivée par l'organiste avec la musique de danse.

• 14 février 1734 : À cette date naît Silvain-Marie, qui sera le seul enfant Moyreau encore vivant à la mort de son père. Son baptême contraste avec ceux qui avaient été précédemment observés puisque son parrain est faiseur de bas au métier (il sait signer cependant, ainsi que la marraine).

• 16 décembre 1736 : Le vicaire de Sainte-Catherine baptise la petite Jeanne-Françoise, née la veille. Sa marraine est sa tante maternelle, Jeanne-Françoise Moyreau, et son parrain est... "Jacques René Darnaud", qui signe – assez maladroitement – "jaque renos darnault". Le parrain et la marraine se marieront deux mois plus tard.

• 25 février 1737, Orléans : Dans l'église paroissiale Saint-Sulpice, la sœur de Christophe MOYREAU, Jeanne-Françoise Moyreau, épouse Jacques-Regnault DARNAULT. L'acte de mariage n'indique aucun métier pour aucun des protagonistes, mais sa signature "Christophe Moyreau org" vient rappeler son état d'organiste... On sait par ailleurs que le marié et son père sont musiciens et maîtres à danser, Jacques DARNAULT père étant parfois même qualifié de "ménétrier".
• 13 décembre 1737: Selon Brosset, c'est à cette date que Christophe MOYREAU cesse son service comme organiste de la collégiale Saint-Aignan. Jacques BUDON, précédemment organiste de l'abbaye Saint-Euverte, lui succède à Saint-Aignan.
 • Vers Noël 1737 : Christophe MOYREAU devient l'organiste de la cathédrale Sainte-Croix. Il y côtoiera les maîtres de musique successifs, essentiellement André HATTON (de 1738 à 1756) puis François GIROUST (de 1756 à 1769), ainsi que les suivants jusqu'en 1772 (LAMANIERE, JOSSE, SAVART).

• 16 novembre 1738 : Lorsque, toujours à Sainte-Catherine, est baptisée sa fille Antoine-Madeleine, née la veille, Christophe MOYREAU est clairement dit "organiste de l'église d'Orléans", et c'est d'ailleurs un chanoine de la cathédrale qui confère le baptême "par la permission de Mr le Curé" et qui est le parrain.

• 4 juin 1740 : Le couple Moyreau-Patenotre habite toujours paroisse Sainte-Catherine lorsque son 9ème enfant, Jeanne, y est baptisée.

• 18 février 1741 : La sœur de l'organiste, Jeanne-Françoise, 35 ans, est inhumée au grand cimetière de cette ville. Malgré ce décès, les familles Darnault et Moyreau resteront liées. Le 7 juillet 1741, lorsque son ex beau-frère Jacques-Regnault DARNAULT se remarie, Christophe MOYREAU n'est ni mentionné parmi les présents, ni signataire, mais son épouse, Jeanne Patenotre, est citée parmi les témoins.

• 6 février 1742 : La famille Moyreau-Patenotre a quitté Sainte-Catherine pour Saint-Pierre-Lentin, où est baptisé le 10ème enfant, un fils prénommé Christophe-Augustin, que porte sur les fonts son frère aîné Christophe.

• 12 avril 1744 : La famille Moyreau-Patenotre a déménagé à nouveau et demeure paroisse Saint-Sulpice lorsqu'y est baptisé le 11ème enfant, Christophe-Silvain, dont le parrain est l'un de ses frères aînés, Silvain-Marie, qui a alors juste dix ans.

• 9 mai 1746 : Cinq ans après avoir perdu sa sœur, l'organiste perd son épouse, Jeanne Patenostre, âgée de 40 ans, sur la paroisse Saint-Sulpice. Elle est inhumée le surlendemain, en présence de deux de ses fils et de Jacques-Regnault DARNAULT.

• 1750, Paris : "Christophe 'MOREAU', organiste de la cathédrale d’Orléans", est cité parmi les organistes qui s'élèvent contre les prétentions de la communauté des ménétriers. Ces derniers trouvaient en effet normal que pour enseigner la musique et se produire hors des églises les organistes et clavecinistes soient auparavant reçus "maîtres" par la communauté de métier et lui versent une redevance. La protestation des organistes en 1750 n'est que l'un des épisodes d'un long conflit. On voit pourtant, à de nombreux indices, que Christophe MOYREAU entretenait de bons rapports avec des ménétriers et maîtres de danse de la ville.

• 1752-1753 : Le chapitre de Sainte-Croix entreprend des travaux onéreux sur l'orgue de la cathédrale.
• 26 août 1752 : L'organiste fait l’acquisition d’une maison et jardin appelés Le Bourg neuf, paroisse Saint-Vincent, dans la censive de la cathédrale ("dans l’étendue de la directe"). La courte rue du Bourg Neuf où est érigée cette maison est située au-delà du chevet de la cathédrale, après ce qui était alors le palais de l’évêché. Le poste de MOYREAU n'est pas précisé dans la délibération capitulaire qui mentionne la transaction : il est simplement qualifié d'organiste.

• 4 juin 1753, Orléans : Après des semaines d'embarras pour le chapitre, qui hésite à recevoir les travaux effectués sur l'orgue par le facteur ADELINE et s'interroge en même temps sur son organiste, la compagnie décide finalement d'une part de recevoir l'orgue après les expertises du maître de musique André HATTON, des organistes Jacques BUDON et Jean-Baptiste VARENNES et du maître de Saint-Aignan, et d'autre part de "continuer" Christophe MOYREAU à son poste d'organiste de la cathédrale "aux mêmes gages qu’il avoit cy devant".
Cette décision est assortie d'une intéressante interdiction : "luy a fait défense de faire toucher l’Orgue à l’avenir par qui que ce soit même par ses Enfants sans la permission du chapitre". On peut y lire en creux la transmission de l'art de toucher l'orgue par l'organiste à ses enfants, dont trois au moins sont encore vivants. L'interdiction touchait aussi les élèves de l'organiste, éventuellement certains des enfants de chœur auxquels il enseignait à toucher l'orgue (pratique ancienne qui s'effectuait à la demande du chapitre). On peut signaler par ailleurs qu'il a pu leur enseigner le clavecin : cela se pratiquait tout aussi couramment et on sait que la maîtrise de Sainte-Croix en possédait un.
• Décembre 1753, Paris : Sans doute grâce à l’inactivité partielle à laquelle les travaux sur l'orgue de Sainte-Croix l'ont contraint, l’organiste a trouvé le temps de préparer la gravure de ses pièces de clavecin. À ses frais, 126 d'entre elles sont publiées fin 1753 sous le titre Pièces de clavecin dédiées à son Altesse Sérénissime Monseigneur le Duc d’Orléans premier Prince du Sang. Par Mr Moyreau organiste d’Orléans. Cette dédicace livre une autre clé expliquant – peut-être – la décision de MOYREAU de publier ses compositions : le personnage auquel elles sont dédiées est en effet le prince Louis-Philippe, devenu le tout nouveau Duc d'Orléans à la mort de son père Louis, en 1752, père qui était très religieux, vivait détaché du monde et se désintéressait de la musique. Inversement, le nouveau Duc étant amateur des sciences et des arts, le musicien a pu espérer en obtenir appui et soutien.
Ces pièces représentent six livres en deux volumes. Le second volume comprend un recueil de Six simphonies, pièces de clavecin. Ces partitions ont été gravées par "Melle Vandôme". Il est probable que la composition de ces pièces se soit échelonnée tout au long de la vie du musicien : dans le livre III, une série de pièces évoquent un "Voyage de Donery" qui fait allusion à une propriété que la défunte Mme Moyreau avait possédé jusqu'en 1737 à Donnery (20 km d’Orléans).
Nombre de ces pièces sont inscrites dans la tradition descriptive de la musique française pour clavecin. Deux d'entre elles donnent un certain écho de ce que Christophe MOYREAU pouvait, à l'occasion, faire entendre à l’église : il précise lui-même que Le Purgatoire "se peut toucher sur l’Orgue", et il en va de même pour une autre pièce, Les Cloches d’Orléans, sans pour autant que ces pièces aient un caractère liturgique (elles sont descriptives, pittoresques, destinées à distraire les fidèles – ou les auditeurs –, à nourrir leur imagination...). Dans une troisième, L'Organisée, des éléments d'écriture linéaire semblent plus proches du style polyphonique habituel pour un office (le clavecin organisé, instrument rare, d'appartement, actionne aussi bien des cordes qu'un petit orgue intégré). D'autres pièces s'inscrivent dans la tradition de la suite instrumentale, issue de la danse. Les six "simphonies" sont dans le style italien, en trois mouvements.
En cette même année 1753, MOYREAU publie aussi un ouvrage pédagogique, Petit abrégé des principes de musique par demandes et réponses, qui montre qu’il enseignait la musique à des élèves en ville (chez lui ou à domicile), en parallèle de son service d'organiste.

• Pâques 1757, Orléans : Quelques mois seulement après la nomination du jeune maître François GIROUST à la cathédrale Sainte-Croix, une Académie de Musique est "rétablie", sous sa direction (une précédente académie de concerts et d'enseignement avait été créée en 1721 sous la direction du maître de musique de la cathédrale d'alors, Louis HOMET, mais elle "tomba" très "rudement" dès 1730). La renaissance de cette Académie figure parmi les "événements remarquables en 1757", sélectionnés par les Étrennes orléanaises pour l’année 1758 : "Le 20 avril [1757], rétablissement de l’Académie de musique d’Orléans".
• 18 octobre 1757 : Le sieur Christophe MOIREAU, "organiste de l'église d'Orléans", a la douleur de perdre l'un de ses fils devenus adultes, Christophe, qui meurt à l'âge de 26 ans (il s'agit du quatrième enfant Moyreau, né le 14 août 1731). L'acte de sépulture, deux jours plus tard, porte la signature d'un frère prénommé Christophe (sans doute Christophe-Augustin, le dixième enfant, né en février 1742, filleul du défunt), ainsi que celle du fidèle DARNAULT.
• 20 décembre 1757 : Christophe MOYREAU assiste et signe ("Christophe Moyreau org") à la sépulture de Jacques Darnault, 19 ans, son neveu, fils de Jacques-Regnault DARNAULT, et de sa défunte sœur Jeanne-Françoise Moyreau, et donc petit-fils de Jacques DARNAULT père, lequel signe en tremblant l'acte à ses côtés.

• [1758] : La carte de sûreté délivrée le 12 juin 1793 à Silvain-Marie Moyreau indique que c'est en 1758 que ce dernier a quitté Orléans pour s'installer à Paris. Il a alors 24 ans. Peu après, il sera dit architecte.
• 4 octobre 1758 et 28 mars 1759, Paris : Christophe MOYREAU, "Organiste de l’Eglise d’Orleans" et demeurant à Orléans, "rue du Bourgneuf près de la porte St-Vincent", fait insérer deux annonces successives dans Les Affiches de Paris pour mettre en vente vingt orangers âgés de soixante ans environ et "d’une beauté singulière". Ils sont de plus très productifs, tant en fruits ("huit cents à mille Oranges aigre-douces, d’une excellente qualité") qu'en fleurs ("quarante livres de fleurs"). Cette possession d'orangers suppose que la maison de l'organiste était dotée d'une orangerie, ou au moins d'une grande serre, et que sans doute l'organiste jouait à imiter le genre de vie des élites. Il cherche des acheteurs soit à Paris soit dans les demeures des bords de Loire et évoque l'utilisation de la voie d'eau pour les transporter : "Le transport en est facile, soit par le Canal, pour Paris & les environs, soit le long de la Loire, pour d’autres endroits".

• 31 août 1759, Orléans : En la cathédrale Sainte-Croix, Christophe MOYREAU assiste et signe à la sépulture de Toussaint ROTROU, musicien de la cathédrale, en compagnie de l'organiste de Saint-Aignan Jacques BUDON et du maître à danser Jean ROBERT.

• Janvier 1762, Orléans : Parmi vingt-et-une autres personnes nommément désignées (deux femmes et dix-neuf hommes), "MOYREAU claveciniste" figure pour la somme de 200 livres dans un projet de budget de l'Académie d'Orléans pour l'année qui commence (seul conservé). Cette académie, soutenue par la Municipalité et dirigée par François GIROUST, regroupe à la fois des musiciens d'Église comme lui (Louis LEVASSEUR, Jean-François FOUCART, Paterne GOURGOULIN, Florent VIGNON, Jacques BUDON, Gabriel LÉVÊQUE, Nicolas-Adrien FRANÇOIS, Pierre-Jean FOURNIER ...) et des maîtres indépendants comme le violoniste Charles-Florent BRANCHE, ou les maîtres à danser DARNAULT, MAUBAN... On peut supposer que MOYREAU a tenu le clavecin à l'Académie durant toute la durée de son fonctionnement, soit d'avril 1757 à approximativement 1770.

• 8 février 1763, Orléans : Christophe MOYREAU assiste et signe ("Christophe Moyreau orgt") au mariage de la musicienne et compositrice Marie-Louise ROBERT, fille du musicien, maître à danser et cafetier Jean ROBERT, avec Jacques Geuffronneau. L'organiste et l'autre témoin, François PETIT, sont dits "amis".

• 20 février 1769 : L'un de ses derniers fils survivants, Christophe-Augustin, 27 ans, décède "subitement, sans qu'on ait pu lui administrer aucun sacrement". Parmi les présents à l'inhumation, le lendemain, on remarque "Hatton prestre" : André HATTON, ancien maître de musique devenu semi-prébendé de la cathédrale, accompagne l'organiste dans ce drame.
• Juin 1769 : François GIROUST quitte Orléans pour s'en aller poursuivre sa carrière à Paris... Après son départ, dès l'année suivante, l'Académie de musique orléanaise périclitera, et elle fermera rapidement ses portes. En témoigne au début de l’hiver 1771-1772 la mise en vente ou en location d’une "Maison située rue des Huguenots, ayant vue sur le Mail, consistant en […] une très grande salle qui a cinq croisées de face, dans laquelle se faisoit ci-devant le Concert" (Affiches de l’Orléanois, 29 novembre 1771). Dès 1770 sans doute, au plus tard courant 1771, Christophe MOYREAU et les autres musiciens qui s'y impliquaient perdent ce rendez-vous hebdomadaire qui durant plus de douze ans les avait soudés et vraisemblablement stimulés.

• 21 novembre 1770, Orléans : Louis Baligand et "C. Moyreau org." signent l'acte d'inhumation, dans l'église de Saint-Pierre-Ensentelée, du musicien et maître à danser Jean ROBERT, décédé l'avant-veille. Cette présence ultime de Christophe MOYREAU confirme l'amitié qui unissait les deux hommes.

• 11 janvier 1772, Orléans : Christophe MOYREAU est en principe toujours organiste de la cathédrale Sainte-Croix. Toutefois, ce jour-là le chapitre décide d'une augmentation importante des honoraires de son organiste : 2 livres de plus par semaine (soit 104 livres de plus par an). Cela pourrait correspondre à des négociations en cours avec le futur successeur de MOYREAU, qui a alors 72 ans et qui, peut-être souffrant, cesse probablement progressivement d'exercer.
• Durant l'été 1772 : MOYREAU est remplacé à Sainte-Croix par Jean-Maurice DOBET, qui arrive de Blois.
• 8 juillet 1772, Paris : Le sieur MOYREAU, "organiste à Orléans", figure dans l'inventaire après décès de Gabriel Huquier, dessinateur, graveur, marchand d'estampes et éditeur important de Paris, décédé le 11 juin 1772. Il s'agit tant de "lettres missives" échangées entre les deux hommes que de "lettres de change et billets tirés par le d. S. Moyreau et acquittés par le d. feu S. Huquier". Cela confirme les liens entre Paris et Orléans notamment dans le domaine de la gravure musicale (voir Jean ROBERT).

• 11 mai 1774, Orléans : Christophe MOYREAU a toujours droit à son titre d'"organiste de l'église d'Orléans" lorsqu'il décède subitement sur la paroisse Saint-Pierre-Lentin, où il demeurait à nouveau, non loin de la cathédrale.

• • •

• 1779, Orléans : Le jurisconsulte Daniel Jousse (1704-1781) publie le catalogue de ses livres, rédigé par lui-même. À la page 164, une entrée mentionne un "Traité d'Accompagnement au Clavessin, suivant les principes de M. Moreau" dont il est précisé qu'il s'agit d'un manuscrit. "M. Moreau" peut parfaitement être Christophe MOYREAU. Quant au traité appuyé sur ses principes, Jousse en est-il le rédacteur ?

• 1783 : Dans un mémoire à caractère judiciaire intitulé "Précis POUR le Sieur Silvain-Marie Moyreau, Contrôleur des Bâtimens de Monseigneur Comte d’Artois, Fils de France, Frere du Roi, Appellant; CONTRE les Doyen, Chanoines & Chapitre de Sainte Croix d’Orléans, Intimés", l'unique fils survivant des Moyreau-Patenostre écrit – ou fait écrire – quelques phrases au sujet de son père. "Le sieur Moyreau, Organiste du Chapitre, jouissoit d’une célébrité peu commune, & dans toutes les occasions, il avoit donné des preuves de son parfait désintéressement : il avoit des droits à leur [= des chanoines] reconnoissance".

• • • Bibliographie :
      Pierre Guillot, "Les livres de clavecin de Christophe Moyreau", Recherches sur la musique française classique, XI, 1971, p. 179-220.
     Gérard Héau, Christophe Moyreau, musicien d’Orléans (1700-1774) et sa famille, notice de recherche dactylographiée, 1984, 12 pages (Bm Orléans/ H 4642).
     François  Turellier, "Christophe Moyreau (1700-1774) : organiste, claveciniste et compositeur orléanais", Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, nouvelle série, T. XIX, n°161, décembre 2009, p. 5-39 (Errata dans : BSAHO, Nouvelle série, n°163, 1er semestre 2010, p. 134).
       Sylvie Granger, Danser dans la France des Lumières, Rennes, PUR, 2019, 425 pages (voir plus spécifiquement la sous-partie intitulée "Motets et menuets pour Christophe Moyreau", p. 85 à 91).
     Fernando De Luca a enregistré l'intégrale des pièces pour clavecin de Christophe MOYREAU : Complete Harpsichord Music en avril 2022, 7 CD https://www.brilliantclassics.com/articles/m/moyreau-complete-harpsichord-music/

Mise à jour : 5 avril 2022
(merci à François Turellier)

Sources
Ad45/ 2 J 1769 ; Annonces, Affiches et Avis divers [de Paris], 1758 et 1759 ; F-Ad45/ 51 J 2 ; F-Ad45/ 51 J 4 ; F-Ad45/ BMS Orléans, St-Germain ; F-Ad45/ BMS Orléans, St-Paterne ; F-Ad45/ BMS Orléans, St-Paul ; F-Ad45/ BMS Orléans, St-Pierre Lentin ; F-Ad45/ BMS Orléans, St-Pierre-Ensentelée ; F-Ad45/ BMS Orléans, St-Pierre-Lentin ; F-Ad45/ BMS Orléans, St-Sulpice ; F-Ad45/ BMS Orléans, St-Vincent ; F-Ad45/ BMS Orléans, Ste-Catherine ; F-Ad45/ BMS Orléans, chapitre Ste-Croix ; F-Ad45/ BMS Ste-Catherine ; F-An/ MC/ET/XCVIII/599 ; F-Bm Orléans/ Res.C. 3467 (1-4) ; Herluison et Leroy, "Notes artistiques…", 1897  ; J.Brosset, L’orgue et les organistes de St-Paul d’Orléans, 1909 ; Recueil d’édit, arrêt du Conseil du roi... ; S.Granger, Danser dans la France des Lumières, 2019 ; http://www.musicologie.org

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