PLIHON, Noël Jean (1744-1798)

 Noël PLIHON a fait toute sa carrière en Haute-Bretagne, d'abord à la cathédrale de Dol, sa ville natale, avant d’être recruté comme haute-contre en 1777 par le chapitre de la cathédrale de Rennes. Il figure parmi les membres de la musique de la cathédrale constitutionnelle. Ses différents certificats de civisme attestent du soutien qu’il apporta à l’ordre nouveau avec, peut-être, pour modèle, Gaspard Le May. Il devient, alors, "instituteur de musique" et enseigne la musique vocale et la basse.

• 29 novembre 1744, Dol-de-Bretagne [Ille-et-Vilaine] : Noël-Jean PLIHON naît paroisse Notre-Dame et est baptisé le lendemain. Il est le fils de Noël Plihon, charpentier, et Julienne Galian (ou Gallien), qui s'étaient mariés un an et demi plus tôt dans la même paroisse. Ses parrain et marraine, "hh [honnête homme] Richard Anfrey et delle Janne Françoise Coquet delle de Richebonne", semblent appartenir aux notables de la paroisse.

• [1751], Dol-de-Bretagne : Selon le tableau des effectifs de la cathédrale de Rennes en 1790, Noël PLIHON a passé en tout 26 ans à Dol. Il aurait donc été reçu comme enfant de chœur dans sa ville natale courant 1751. Cette date est confirmée par la courte requête par laquelle en mars 1791 il résume sa carrière : "Dès l’âge de six ans quelques mois je fus enfant de cœur [sic] en l’église et chapitre de Dol".

• [1761], Dol-de-Bretagne : Toujours selon les documents de 1790, Noël PLIHON semble n'avoir connu aucun autre poste, il serait donc devenu musicien à Dol immédiatement à sa sortie de la maîtrise, sans doute vers 1761, après une dizaine d'années de formation. Les archives de l’évêché de Dol sont sinistrées ce qui rend difficile de préciser davantage les étapes du début de la carrière du musicien. Mais sa requête de 1791 confirme le fait : "Ensuite j’y remplis la fonction de haute contre, Je n’en ai sorti que pour occuper cette place dans le chapitre de Rennes ".

• 4 août 1766, Dol-de-Bretagne : "Musicien de profession et gagiste de la cathédrale", Noël-Jean PLIHON, "natif et domicilié paroisse Notre-Dame de cette ville", se marie avec Hilaire-Anne-Julienne Pitel qui est originaire de Pontorson. Le marié étant mineur et orphelin de père et de mère, il a eu besoin d'un curateur : le maître de musique de la cathédrale, François-Olivier LALLY, qui réside paroisse du Crucifix, où de ce fait les bans sont publiés. Ce rôle 'paternel' joué par le maître de musique confirme indirectement que PLIHON a été antérieurement enfant de chœur à la cathédrale.

• De 1767 à 1771, Dol-de-Bretagne : Ce mariage est suivi de plusieurs naissances, les 13 mai 1767, 11 novembre 1768, 27 mars 1770, 9 août 1771 (jumelles). L'aîné, un garçon prénommé François-Noël, est tenu sur les fonts de la paroisse Notre-Dame par François-Olivier LALLY, "maître de musique et organiste de la cathédrale", en présence de Louis TRANCART qui signe "Trancart musicien". Les rares précisions indiquées par les célébrants dans les actes de baptême montrent des parrains et marraines appartenant à la bourgeoisie de la ville : maître en chirurgie, avocat à la cour et procureur fiscal de Dol. Le père est en général présent et signe régulièrement "plihon Musitien" [sic].

• 23 mai 1767, Dol-de-Bretagne : "Noel Plihon musicien" signe ès qualité au baptême de Malo-Louis-Auguste Trancart, fils de son collègue le sieur Louis TRANCART et de delle Anne Petit son épouse. Sont aussi présents et signataires un certain Yves Brunet et un nommé Fristel qui pourraient éventuellement être eux aussi musiciens.

• 1770 et 1771, Dol-de-Bretagne : PLIHON "musicien" est capité à 3 livres en 1770 et à 2 livres seulement en 1771. Il habite "rue des chantres".

• 28 avril 1777, Rennes : Les chanoines de la cathédrale Saint-Pierre reçoivent le sieur PLIHON pour choriste et musicien de leur église, aux gages de 33 sols par jour, soit 600 livres / an. La famille déménage donc et quitte Dol pour franchir une cinquantaine de km.

• 17 août 1778, Rennes : Le  sieur "PLION", musicien et choriste de la cathédrale, est autorisé par les chanoines à s’absenter durant un mois.

• 12 avril 1779 : Le chapitre cathédral choisit le choriste PLIHON pour remplacer le serpent SAUTEREAU, atteint de trop d'infirmités "pour faire la pointe du chœur". Il prête serment d'accomplir cette tâche avec rigueur et impartialité. La pointe lui vaudra trois livres par mois en plus.

• 6 août 1786, Rennes : Le sieur PLIHON "haute contre et choriste" de la cathédrale, expose dans une requête au chapitre "que sa santé s’opposoit à ce qu’il assistât aux mâtines et aux primes ; qu’il étoit sujet à des rhumes fréquents, que le genre de sa voix exigeoit des ménagements particuliers et ne lui permettoit pas de psalmodier".
Le lendemain le chapitre, après délibération, décide que PLIHON sera exempt de mâtines et de primes et "qu’il les gagnera désormais absent comme présent, tant et si longtemps qu’il plaira au chapitre".

• 1788, Rennes : Le sieur PLIHON, "musicien de la cathédrale", occupe deux salles au 1^er étage d'une maison située rue du Chapitre, adresse qui en elle-même traduit la proximité géographique du musicien avec son lieu de travail. Une capitation de 2 livres 10 sols lui est appliquée en tant que maître de musique (pour les leçons qu'il dispense).

• 1790, Rennes : Noël PLIHON est toujours haute-contre à la Cathédrale Saint-Pierre. Il est dit âgé de 46 ans et "laïc". Après un service de 13 ans à Rennes, il perçoit  635 livres 5 deniers d'appointements. La colonne "observations" du tableau des effectifs de la cathédrale précise : "plus 26 ans à Dol, en tout 39 ans" [de service].
• Mai 1790 : Dans les listes imprimées des citoyens actifs, PLIHON, ROUSSIN et DESPERY père sont classés parmi les citoyens inéligibles.
 • 22 décembre 1790 : PLIHON figure comme signataire dans la supplique des "Officiers, Musiciens & Chantres de l'Eglise Cathédrale de Rennes, A l'assemblée Nationale". Les rédacteurs se disent "inquiets de leur sort" mais aussi confiants dans "les principes de justice & d'équité" qui guident "l'heureuse Constitution qui va régénérer la France". Ils se décrivent "attachés, dès leur plus tendre enfance au culte public", certains sexagénaires, d'autres "surchargés d'enfans", tous ayant besoin de leurs appointements pour vivre. "LEMAY M.tre de Musique" signe en tête de ses musiciens, suivi de DUBUISSON, PAIRIER, GOBAILLE, PLIHON, BOITE, DESPERY, DUCAT, ROUSSIN et BOUDRY. 

• 1791, Rennes : PLIHON fait partie des musiciens de la cathédrale d’Ancien Régime qui constituent le corps de musique accordé à la cathédrale constitutionnelle. On y trouve un maître, Gaspard LEMAY, trois chantres, PLIHON, ROUSSIN, BOETE, deux serpents, BOUDRY et DESPÉRY et un violoncelle, OUDET.

• 1792, Rennes : En compagnie de BOUDRY, LEMAY, BOITE et OUDET, Noël PLIHON, âgé de 50 ans, demeurant rue de l’Union, figure en tant que musicien dans la liste des gardes nationaux.

• 3 floréal an II ([22 avril 1794) : Un certificat de civisme est délivré le même jour à Noël PLIHON, musicien, et à Marie LELIÈVRE.
• 15 floréal an II (4 mai 1794) : Noël PLIHON, instituteur de musique, prête serment à la Constitution de 1793 (en marge il est noté "musicien").

• Fin 1796, Rennes : Noël PLIHON figure dans la liste des professeurs de musique publiée dans Le Calendrier du département d’Ille-et-Vilaine pour 1797. Y voisinent LEMAY, "PLION" et OUDET, tous trois enseignant musique vocale et basse, BOËTE pour la musique vocale et l'alto, ainsi que la demoiselle LELIÈVRE pour le piano.

• 5 messidor an VI (23 juin 1798), Rennes : Deux voisins demeurant comme lui rue de l'Union déclarent le décès survenu la veille à sept heures du soir à son domicile de Noël-Jean PLIHON, professeur de musique, âgé de 53 ans et demi, natif de Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), époux de Hilaire Anne-Julienne Pitel.

Mise à jour : 10 décembre 2018