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POHU, René (1743-1793 fl.)
État civil
NOM : POHU     Prénom(s) : René     Sexe : M
Date(s) : 1743-12-31   / 1793-10 
Notes biographiques

La Poitevinière [M&L] est une bourgade des Mauges, au cœur de la Vendée angevine qui sera en 1793 le théâtre de batailles sanglantes entre républicains et vendéens. CATHELINEAU est originaire de la localité toute proche du Pin-en-Mauges. Située à 12 lieues d’Angers et environ 6 de Cholet, La Poitevinière –1100 habitants en 1790– est peuplée de métayers ou de tisserands. Elle est du district de Beaupréau en 1788, puis de celui de Saint-Florent-le-Vieil en 1790. Comme bon nombre de bourgs des Mauges, chantres et sacristes de campagne émaillent les registres paroissiaux. Si un Charles PINEAU était présent en 1758, à la fin de l’Ancien Régime la famille POHU y est active. Le père Pierre Pohu exerce la double activité de tisserand et sacriste. Ses fils René et Jean quittent le pays en 1771 pour aller à la ville d'Angers où ils seront psalteurs collégiale Saint-Martin et/ou cathédrale Saint-Maurice. Ces parcours attirent l’attention sur les chantres de village, à « la voix haute et forte » pour reprendre l'expression de Xavier Bisaro. Souvent identifiés dans les très catholiques Mauges leur psalmodie résonne certainement de noms encore inconnus à débusquer en Anjou ou ailleurs.

• 31 décembre 1743, La Poitevinière [M&L] : René POHU est baptisé  en l'église paroissiale Saint-Pierre. Si son père est dit tisserand, les registres paroissiaux révèlent qu'il est aussi sacriste de la Poitevinière réputée catholique fervente. Le parrain vient du village voisin de Jallais. Le père signe l'acte.

• La formation musicale de René POHU tout comme celle de son cadet Jean POHU reste à confirmer. Suggérer qu'il a été enfant de chœur à proximité, Collégiale Sainte-Croix de Beaupréau [M&L] ou au collège, est une hypothèse. Cependant, dans le contexte des Mauges, où est situé le bourg, l'alternative d'un apprentissage du "chant au lutrin" sous l'autorité du chantre du village ne peut être écartée. Xavier Bisaro a mis en valeur les qualités cantorales de ces hommes de terroir exerçant leur métier tout en étant au service de leur église pour Chanter toujours...  Les Mauges sont riches de ces chantres oubliés.

• 8 janvier 1765,  La Poitevinière [M&L] : René POHU tisserand de 21 ans épouse Perrine Mousseau, 17 ans, du Pin-en-Mauges [M&L] berceau d'un vendéen renommé le Sieur Jacques CATHELINEAU, héros des guerres de Vendée, dit "le Saint d'Anjou". La famille est fortement représentée lors de la cérémonie. Le couple n'aura pas de descendance.

• 6 octobre 1766, La Poitevinière : Les registres paroissiaux relatent la réception dans l'église par le père Récollet de la communauté de la Baumette de plusieurs tisserands et fileurs de laine. Ils vont faire partie de l'ordre de Saint-François. René POHU figure parmi les impétrants. Il est ensuite cité comme "instituteur" jusqu'à son arrivée à Angers.

• 29 janvier 1771, La Poitevinière : René POHU et son frère cadet Jean POHU assistent au remariage de leur père, soit le troisième, avec Perrine Brouard. L'un et l'autre exercent la profession de tisserands indiquant implicitement que le chant au lutrin est une fonction complémentaire et ne constitue pas une rémunération suffisante. Bien que les circonstances puissent s'avérer fortuites, il n'en demeure pas moins que cette date correspond pour l'un comme pour l'autre à un engagement comme psalteur à la ville, en l'église d'Angers à 11 lieues de La Poitevinière.

• [1771-1790], Angers : René POHU devient psalteur, c'est-à-dire pratique le plain-chant et la musique à la cathédrale Saint-Maurice d'Angers pendant 20 ans. Ses revenus sont de 900 livres, [de rente]. La lecture des Registres capitulaires livre une carrière linéaire agrémentée d'augmentations et gratifications. Son frère Jean POHU, ex-psalteur de la collégiale Saint-Martin a également exercé au bas-chœur du 11 août 1783 à 1785, date à laquelle il décède à La Poitevinière. Les registres capitulaires ne précisant pas les prénoms ; les augmentations attribuées en 1784 et début 1785 concernent tel ou tel.

• 16 novembre 1784, Angers : René POHU assiste au mariage de Jean René BEURIER alors mineur, orphelin de père et mère, futur serpent et psalteur de la collégiale Saint-Martin. POHU demeurant paroisse Saint-Aignan agit comme procureur ce qui semblerait indiquer qu'il gère les biens du mineur à la différence de son curateur praticien. La qualité du lien entre les deux hommes reste à établir.

• 11 novembre 1786, Angers : POHU psalteur reçoit 30 livres au titre du piquet.

• 5 février 1787, Angers: Le sieur POHU qui fait preuve de talent, assiduité, bonne conduite, reçoit une gratification de 24 livres, “à condition [toutefois] de ne plus revenir à la charge", une remarque qui sonne comme un ultimatum.
• 11 avril 1787, Angers: Le psalteur obtient un congé de 8 jours pour se rendre à Nantes, afin d'y régler des "affaires de conséquence".

• 28 octobre 1789, Angers : POHU assiste au mariage de sa cousine, Marie Banchereau, avec Antoine PARMENTIER, basse-contre de la cathédrale. Sont également présents GUIMONT, officier du chapitre de Saint-Maurille, François MOUSSEAU au chapitre Saint-Pierre et Jean BEURIER psalteur et serpent à celui de Saint-Martin. Si la cathédrale domine la vie musicale angevine des liens d'amitié se sont noués entre les psalteurs des différents chapitres.

• Jusqu'en 1790, Angers : Il est musicien de la cathédrale Saint-Maurice.
 
• 2 août 1790, Angers : Les musiciens de l'Église d'Angers font une pétition collective au Comité ecclésiastique pour obtenir une pension.
Outre l'organiste Pierre Joseph COLETTE, le corps de musique de Saint-Maurice dirigé par VOILLEMONT comporte alors trois joueurs de serpent ou de basson, François Joseph BÉRARD, Gabriel POCHARD et Louis LE BLANC, et les chanteurs et psalteurs Étienne BARDOU, Louis François GUILLET, Armand-Fidèle LEGAY, Pierre Frédéric PAIMPARÉAntoine PARMENTIER, Pierre-Antoine POIDEVIN, Guillaume François ROSÉ, Jean François SOUPLY, René POHU, ainsi que l'épistolier Louis Pierre LOIR-MONGAZON, et le joueur de basse Charles PELLETIER.

• 4 novembre 1790, Angers : René POHU et Perrine Mousseau demeurant à Angers sont parrain, marraine de Marie Marguerite, fille du sieur Antoine PARMENTIER. Si PARMENTIER est originaire de la région de Verdun, il est intégré au cercle des gens de La Poitevinière par son épouse et par la musique.

• 5 février 1791, Angers : Le directoire du département adresse le tableau des traitements des officiers des chapitres d'Angers au Comité ecclésiastique. Le district et le département proposent de lui accorder un traitement de 900 lt sous la réserve qu'il continuera d'assister aux cérémonies religieuses. Il est âgé de 47 ans.

• 1791-1793, La Poitevinière : La vie de René POHU va cependant changer radicalement de cap. Il abandonne Angers, retrouve ses Mauges natales et embrasse la cause vendéenne. Si la rumeur le dit instituteur il n'en demeure pas moins qu'il va s'engager dans l'Armée royale de Vendée où CATHELINEAU le nomme Commandant de la commune de La Poitevinière. Le dossier de pension renseigné par sa veuve en 1824 est une source d'informations nourrie par les témoignages de ses compagnons d'armes. POHU a fait avec "zèle et dévouement toutes les guerres royales de Vendée" et ce jusqu'à son décès malgré plusieurs blessures.

• Octobre 1793, La Tremblaye[M&L] : À la bataille du château de La Tremblaye, à côté de Cholet [M&L], il "fut atteint d'une balle dont il est succombé de suite au coup fatal". Le Maire de La Poitevinière quant à lui précise que "l'acte de décès de René POHU n'existe pas, sur aucun registre d'état civil". Il faut garder en mémoire la violence de la bataille de La Poitevinière qui n'a laissé que ruines, cendres, familles meurtries. Perrine Mousseau, veuve POHU, fileuse, résiste aux difficultés du temps. Elle ne décèdera qu'en 1834 à l'âge de 87 ans.

Mise à jour : 21 février 2019

Sources
F-Ad49 / état civil en ligne ; F-Ad49/ BMS Angers ; F-Ad49/ BMS La Poitevinière ; F-Ad49/ BMS Saint-Martin ; F-Ad49/ Dossier des Vendéens ; F-Ad49/ Dossiers Vendéens ; F-Ad49/ G 273 ; F-An/ DXIX/055/177 bis/16 ; F-An/ DXIX/080/612/33-34 ; F. Uzureau, L'Anjou historique, 1936

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