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REGNAUDOT, Nicolas (ca 1693-1770)
État civil
NOM : REGNAUDOT     Prénom(s) : Nicolas     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : RENAUDOT
RENAUDO
RENODOT
REGNODO
Date(s) : 1693 ca  / 1770-1-6
Notes biographiques

Nicolas RENAUDOT ou REGNAUDOT ? Sa signature elle-même évolue au fil de sa vie... de même que ses postes d'organiste qui semblent l'avoir fait bouger sans cesse à travers la Bourgogne, sans qu'on puisse toujours suivre sa trace. Plusieurs, du moins, sont clairement attestés : à l'abbaye de Cîteaux, à l'église paroissiale de Saint-Jean-de-Losne, à la collégiale Saint-Philibert de Tournus et à l'abbaye mauriste de Saint-Seine.

• [1693] : Si l'on se fie à l'âge indiqué à son décès, Nicolas REGNAUDOT serait né en 1693. Son père était lui aussi prénommé Nicolas, et sa mère était Michelle (souvent orthographié "Michel") Normand, Normant, Lenormand… Selon les indications données au sujet de sa sœur Thomas-Cécile, il pourrait être né à Saint-Seine [Côte-d'Or] (voir ci-après au 4 janvier 1735).

• La période de son enfance et de sa jeunesse reste actuellement dans l'ombre. Où, et auprès de qui, a-t-il appris l'art de toucher l'orgue ?

• [À une date qui reste à préciser, antérieure à 1736], Cîteaux : Nicolas REGNAUDOT devient organiste de l'abbaye de Citeaux.

• 4 janvier 1735, Dijon : Sa sœur Thomasse Regnaudot, qui réside "depuis plusieurs années" sur la paroisse Saint-Médard de Dijon, se marie avec un des musiciens de la cathédrale, Dominique PETIT, originaire de Lorraine. Leurs parents, Mr Nicolas Renaudot, "ancien maire de St-Seyne", et dlle Michelle Lenormand, ont fourni leur consentement au mariage "par main de notaire et en bonne forme". Nicolas ne semble pas présent au mariage. Un autre Regnaudot est cité parmi les témoins, et signe, il semble se prénommer Zacharie.

• [Printemps 1736], Citeaux [Côte-d'Or] : Nicolas REGNAUDOT, l'organiste de l'abbaye – qui a déjà 43 ans environ – fréquente de près Madeleine Caillet, fille d'un maître tailleur d'habits du village...

• De 1736 à 1739, Saint-Jean-de-Losne [Côte-d'Or] : Pierre Marie Guéritey indique que durant ces trois années, REGNAUDOT touche l'orgue de Saint-Jean-de-Losne. Il s'agit de l’ancien orgue, datant de 1610, qui a précédé l'orgue Boillot de 1765. C'était "un petit instrument d'un clavier à octave courte, œuvre du facteur dijonnais Simon Duprey". Il avait été restauré plusieurs fois, la dernière par DEVAUX en 1731. Ce poste de Saint-Jean-de-Losne n'est pour REGNAUDOT que provisoire, pendant que les frères RIEPP reconstruisent l'orgue de l'abbaye de Cîteaux. Celle-ci est située à 16 km en itinéraire pédestre direct à l'ouest de la ville, soit trois heures et demie de marche. Même installé à Saint-Jean-de-Losne, l'organiste pouvait garder contact avec le village de Cîteaux.

• 12 février 1737, Saint-Seine-en-Bâche [Côte-d'Or] : Dans ce village du diocèse de Chalon, situé sur la rive gauche de la Saône, à mi-chemin entre Auxonne et Saint-Jean-de-Losne, le curé Daguet confère le baptême à Edme-Nicolas, un garçon né hors mariage, la veille, du "sieur Nicolas RENAUDOT de St-Seine en L'Haussois et de Magdelaine Cailler de la paroisse de Cîteaux". Le père et la mère (ce qui n'est pas habituel) sont présents tous deux à son baptême et signent l'acte, en compagnie du parrain, Edme Moissenet, qui se révèlera être un oncle de la jeune mère.
• 4 mars 1737, Saint-Seine-en-Bâche : L'enfant est légitimé par le mariage de ses parents. On apprend que Nicolas RENAUDOT est fils "de Nicolas Renaudot et de delle Michel [sic] Normand de St-Seine en L'Haussois", et que la jeune mariée est fille de feu Antoine Caillet, maître tailleur d'habits, et de Magdeleine Joanne, de la paroisse de Cîteaux. Le curé de Cîteaux a délivré son recedo (autorisation) le 28 février et l'évêque de Chalon a accordé dispense de deux bans. Il n'est pas question de recedo pour le marié, présenté comme domicilié dans la paroisse où est célébré le mariage, ce qui paraît contradictoire avec le fait de tenir l'orgue de Saint-Jean-de-Losne, à deux heures de marche de là. Peut-être y a-t-il eu quelque passe-droit et arrangement avec le curé Daguet, par souci de discrétion, eu égard à la situation... Parmi les signataires figure Jean-Baptiste Lambert, le recteur d'école. Le marié signe alors "Renaudot". Ultérieurement il adoptera la graphie "Regnaudot".

• 28 juillet 1738, Villebichot [Côte-d'Or] : Jean-Joseph, le deuxième enfant du couple Renaudot-Caillet, vient au monde à trente km de leur paroisse de mariage, dans le village de Villebichot situé tout près (5 km) de Cîteaux, lieu d'origine de sa mère, et ancien poste de son père. Son acte de baptême apporte deux informations importantes. La marraine (représentée par une parente) est "delle Claudine Renaudot, épouse de sieur Pierre Genois demeurant chez Mgr l'évêque de Dijon", sans que l'on sache la nature du lien avec l'évêque (domestique ?).
Mais surtout cet acte confirme que son père, le sieur Nicolas RENAUDOT est alors "organiste demeurant à St-Jean-de-Losne", soit à une vingtaine de km du lieu où se déroule l'accouchement.

• 22 septembre 1739, Saint-Jean-de-Losne : Claude BALBASTRE l'aîné devient organiste de l'église paroissiale de Saint-Jean-de-Losne, avec 200 livres annuelles de gages. Était-ce déjà la somme que touchait REGNAUDOT auparavant ? On pouvait penser que Nicolas REGNAUDOT, ayant quitté St-Jean-de-Losne, était alors revenu aux orgues de Cîteaux, mais c'est à Tournus qu'on le retrouve peu après, soit à 75 km au sud de Saint-Jean-de-Losne, par l'itinéraire pédestre le plus direct à travers la Bresse.

• 25 juillet 1740 et 28 janvier 1742, Tournus [Saône-et-Loire] : Deux fils Regnaudot-Caillet sont baptisés paroisse Saint-André, Jean-Pierre et Jean-Marie. Dans les deux actes, leur père – dont le patronyme est orthographié par le célébrant RENODOT et REGNODO – est dit "organiste de St-Philibert". Il signe "Regnaudot". Selon Albert Bernard, il serait aussi maître des enfants de chœur ("L'école monastique de Tournus", Société des amis des arts et des sciences de Tournus, tome XX, 1920, p. 72-69).

• 8 août 1743, Saint-Seine-l'Abbaye [Côte-d'Or] : Dans ce village situé à moins de 30 km au nord de Dijon, mais à 50 environ de Cîteaux, le curé procède à l'inhumation de Louis MATHIEU, qui tenait l'orgue de l'abbaye mauriste depuis longtemps (sans doute plus de vingt ans).
Dès les semaines qui suivent, on reconnaît la signature de Nicolas REGNAUDOT dans le registre paroissial ("Regnaudot"). À Saint-Philibert de Tournus, il est remplacé par son beau-frère, Dominique PETIT.

• 24 janvier 1744, Saint-Seine-l'Abbaye : Nicolas, fils du sieur Nicolas REGNAUDOT, "organiste à Saint Seyne", et de delle Magdeleine Caillet, est baptisé le jour de sa naissance. Si son parrain est son frère Joseph, la marraine est Jeanne Mathieu, fille de l'organiste défunt, ce qui indique un lien entre les deux familles, ou la volonté de rendre hommage à son prédécesseur. Le père signe "Regnaudot", aux côtés de Gérard Roger le recteur d'école du village.

• D'autres naissances Regnaudot-Caillet se déroulent ensuite à Saint-Seine : Claudine le 2 juillet 1746, Nicolas-Dominique et Jeanne, jumeaux, le 11 février 1749... Parmi les parrains et marraines requis, on retrouve la marraine de 1738, "Claudine Renodot femme Guenois", et on découvre un autre Renaudot, Jean, maître d'hôtel à Paris.

• 28 février 1751, Saint-Seine-l'Abbaye : Nicolas REGNAUDOT emprunte 200 livres pour financer des travaux de charpente faits à sa maison. C'est le signe d'une implantation cette fois durable à Saint-Seine.

• 29 mars 1769, Saint-Seine-l'Abbaye : Nicolas REGNAUDOT établit devant maître Mielle notaire à St-Seine une procuration pour autoriser sa fille Claudine à se marier. Elle habite paroisse Saint-Jean à Dijon et va épouser un chirurgien de Messigny.
• 18 avril 1769, Messigny : Le mariage de Claudine Regnaudot et de Bernard Raouz est célébré par le frère de la mariée, Jean-Joseph Regnaudot, ancien prieur de Neuilly devenu chanoine de l'église collégiale de St-Jean de Dijon. Dans l'acte qu'il rédige, il désigne son père comme "bourgeois à St-Seine en Montagne" et tait sa fonction d'organiste. Le fait que Nicolas REGNAUDOT n'ait pu parcourir la vingtaine de km qui sépare St-Seine de Messigny indique qu'il est probablement en mauvaise santé.

• 7 janvier 1770, Saint-Seine-l'Abbaye : Décédé la veille, Nicolas REGNAUDOT est inhumé dans l'église paroissiale. Pour le curé, aucune ambiguïté : le défunt était "organiste de l'abbaye de St-Seine". Il livre son âge approximatif : "âgé d'environ 76 ans". Il souligne que l'inhumation s'est faite "en présence de ses parents et amis et de la plus grande partie [des] majeurs de la paroisse", formule exceptionnelle dans ce registre paroissial et qui indique la place de l'organiste dans la communauté villageoise.

C'est alors, sans doute, que Claude MATHIEU, fils de l'organiste précédent, s'est installé à la tribune de l'abbaye.

Mise à jour : 13 février 2021

Sources
A. Bernard, "L'école monastique de Tournus", SAAST, 1920 ; F-Ad21/ BMS Dijon, St-Médard ; F-Ad21/ BMS Messigny-et-Vantoux ; F-Ad21/ BMS St-Seine-en-Bâche ; F-Ad21/ BMS St-Seine-l'Abbaye ; F-Ad21/ BMS Villebichot ; F-Ad21/ Esup 101 ; F-Ad71/ BMS Tournus, St-André ; P.M. Guéritey, Bénigne Boillot, facteur d'orgues, 2021

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