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ROQUIN, François (1755-1829)
État civil
NOM : ROQUIN     Prénom(s) : François     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : ROGUIN
Date(s) : 1755-3-5   / 1829-3-5
Notes biographiques

François ROQUIN (1755-1829), originaire de Lorraine, accède à la prêtrise puis se fait recevoir à la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg [Bas-Rhin] en tant que chantre ténor, également chargé de la direction et de l'entretien des enfants de chœur. Au commencement de la Révolution, il reste employé comme chantre et "instituteur" des enfants de chœur de la cathédrale. En 1792, il se réfugie dans sa région natale à cause de ses positions royalistes. Là, il est brièvement curé constitutionnel d'une paroisse rurale, avant de s'orienter vers le métier d'instituteur en association avec son frère, prêtre défroqué lui aussi. Sous l'Empire, il est professeur d'histoire et d'humanités à Nancy. 

• 5 mars 1755, Lalœuf [Meurthe-et-Moselle] : François ROQUIN naît du mariage de François Roquin et de Marguerite Mangin. Il est baptisé le même jour. Dans l'acte de mariage de 1794, Roquin père, encore vivant, est qualifié de "ci-devant régent d'école à Puxe" (un hameau de Lalœuf).

Il a probablement été formé à Nancy ou dans une autre ville de Lorraine.

• [1780], Strasbourg [Bas-Rhin] : L'abbé ROQUIN, dont le père est devenu maître d'école d'une des paroisses de la ville, est recruté comme chantre ténor (en 1791, Nicolas GAUDRON dit MARTIN le qualifie de "taille forte") dans le chœur et le chant en faux-bourdon de la cathédrale, à 300 florins par an, et comme directeur des enfants de chœur, à 200 florins. Cette dernière fonction fait de lui un chef de chœur, comme il le précise dans une requête de 1791 ("ma place de directeur des enfans de chœur etant supprimée, je ne suis plus engagé à l'orchestre").

• 1781-1783, Strasbourg : Il touche, en tant que directeur des enfants de chœur, 104 florins 3 schillings 6 pfennigs "pour encre, plumes et autres déboursées faites pour lesd. enfants de chœur" suivant le compte de 1781-1782, 53 florins 5 schillings d'après celui de 1782-1783 et 800 florins selon le suivant (pour "différentes fournitures").

• 1er mai 1783, Strasbourg : Le chapitre lui verse désormais 2 400 florins par an pour l'entretien des enfants de chœur. Comme chantre, il ne perçoit plus que 225 florins.

• 1785-1786, Strasbourg : Son salaire de chantre repasse à 300 florins.

• 1786-1787, Strasbourg : Le chapitre accorde "à M. l'abbé Roquin, directeur des enfants de chœur, les 42# 2s qui lui avaient été retenues pour pointes il y a quelques années".

• 1788-1789, Strasbourg : L'abbé ROQUIN, directeur des enfants de chœur, est chargé de distribuer la somme de 18 florins à quatre des enfants "les mieux instruits dans la musique".

• 1789, Strasbourg : François ROQUIN est installé au n° 28, rue Brûlée. Il s'agit bien de la maîtrise de la cathédrale car l'abbé "tient des pensionnaires". Dans le même immeuble vit la veuve de Louis MOUGEAT, sage-femme.

1790, Strasbourg : François ROQUIN est prêtre, chantre musicien tenant la partie du ténor (le seul dans ce cas) et directeur des enfants de chœur de la cathédrale Notre-Dame. Pour cela, il touche 5 400 livres de gages (respectivement 600 et 4 800). Il dirige aussi un pensionnat très fréquenté par les étrangers. 

• 12 juin 1791, Strasbourg : ROQUIN a appris peu de temps avant que sa charge de directeur des enfants de chœur serait supprimée. Il demande à être conservé dans ses fonctions de chantre musicien et à toucher les appointements qu'on jugera bon de lui accorder en qualité de maître des cérémonies, fonction en laquelle il succède provisoirement à l'abbé RAUCH. Il indique qu'étant le seul ténor à la cathédrale, sa présence est indispensable, comme peut en témoigner le sieur MARTIN, et que sa voix a encore toute sa force. La fonction de chantre n'est selon lui absolument pas incompatible avec celle de maître de cérémonies. Il ajoute qu'il s'occupe d'un père âgé et diminué par ses infirmités et qu'il a refusé une place avantageuse à l'étranger dans le domaine de l'enseignement afin de rester dans sa patrie, où il souhaite continuer à gagner honnêtement sa vie.
• [septembre 1791], Strasbourg : F. ROQUIN, prêtre, qui se qualifie toujours de directeur des enfants de chœur de l'église cathédrale, demande qu'on lui fasse expédier un mandat de la somme de 2 400 livres pour l'entretien des enfants durant les deuxième et troisième trimestres de la présente année. Il veut aussi connaître le nouveau mode que l'administration se propose d'établir pour les enfants de chœur.
• 3 octobre 1791, Strasbourg : Le directoire du District donne son avis, après consultation de la municipalité et d'Ignace PLEYEL.
• 8 novembre 1791, Strasbourg : Les administrateurs du Département, considérant que par arrêté capitulaire du ci-devant Grand Chapitre, il a été alloué à l'exposant une somme de 4 800 livres par an tant pour la nourriture que pour l'instruction des enfants de chœur, arrêtent que la somme qu'il réclame lui sera payée sur le mandat du receveur du District et que la municipalité devra lui faire signifier le nouveau mode adopté par l'administration pour les enfants de chœur.
• [second semestre 1791], Strasbourg : Dans la nouvelle organisation de la musique de la cathédrale, Ignace PLEYEL, qui fait appel à trois chanteuses, ne conserve que six enfants de chœur. François ROQUIN est désigné pour être leur "instituteur", avec un salaire annuel de 400 livres. Ses doléances sur la rareté de sa voix ont été prises en compte, puisqu'il est conservé comme chantre, avec 800 livres de gages par an. Nicolas GAUDRON dit MARTIN préconisait aussi qu'il soit maintenu. En revanche, la charge de maître des cérémonies disparaît.

• 6 février 1792, Strasbourg : L'abbé ROQUIN occupe toujours les fonctions de chantre et d'instituteur des enfants de chœur à la cathédrale, avec les mêmes gages.
• [vers septembre 1792], Strasbourg : Il signe une adresse de protestation contre la journée du 10 août (prise du palais des Tuileries) et l'abolition de la monarchie.
• 25 novembre 1792 : François ROQUIN est élu curé de Tantonville [Meurthe-et-Moselle], à environ 20 km au sud de Nancy. Il prend la suite du dénommé Nicolas, devenu vicaire épiscopal. Lorsqu'il demande la reconnaissance de son mariage par l'Église en 1805, il explique avoir fui Strasbourg pour échapper à la vindicte des jacobins ; il "se retira dans un petit hameau du Département de la Meurthe, d'où il fit les fonctions du St Ministère dans une petite commune voisine et abandonnée de tout ministère du culte, et ce sur la demande de tous les fidèles de cette commune pendant huit mois jusqu'en brumaire an deux [nov. 1793] où les Jacobins firent cesser toutes les fonctions du culte catholique".

• 9 mai 1793, Strasbourg : Un mandat de 3 600 livres est établi à son nom à titre de gratification.
• 26 décembre 1793, Paris : Avec son frère Nicolas, curé de Clérey-sur-Brenon [Meurthe-et-Moselle], et d'autres curés et vicaires du district de Vézelise, il se rend à la Convention nationale pour y déposer ses lettres de prêtrise "au pied de l'image de la liberté". Peu de temps après, il aurait signé une nouvelle adresse pour protester contre l'exécution du baron de Dietrich, ancien maire de Strasbourg (guillotiné le 29 décembre 1793).

• [février 1794] : Une nouvelle menace plane sur lui, ainsi évoquée dans sa requête de 1805 : "Vers la fin de pluviose an deux, le suppliant fut dénoncé comme fanatisant le peuple au Représentant Balthazard Faure, alors en mission dans les Départemens de l'Est ; lequel expédia, dans les premiers jours de ventôse suivant, un mandat d'arrêt pour envoyer le dit suppliant au tribunal révolution[n]aire de Paris, où il eut suffi, pour l'envoyer à l'échafaud, de constater l'identité de sa personne avec l'un des signataires des deux adresses ci-dessus mentionnées". C'est pour obtenir la levée de ce mandat qu'il aurait décidé de se marier.
• 4 mars 1794, Clérey-sur-Brenon, au nord de Tantonville : François ROQUIN, 39 ans, "ci-devant instituteur", épouse par-devant Nicolas Roquin (son propre frère), membre du conseil général de la commune, élu le 6 janvier 1793 pour rédiger les actes d'état civil, Marie Catherine Maison, 29 ans et demi, domiciliée à Clérey, fille de François Antoine Maison, quartier-maître trésorier du deuxième bataillon de la première légion du district de Strasbourg, où il est domicilié, et de feue Catherine Ballay. ROQUIN réside également à Clérey. Grâce à ce mariage, il peut "se soustraire à la proscription qu'il s'était attirée de la part des Jacobins révolutionnaires". 
• 19 décembre 1794, Clérey-sur-Brenon : Leur fille Adèle Benjamine voit le jour. François ROQUIN est dit "ancien maître de musique et instituteur".

• 19 août 1795, Nancy : François ROQUIN et son frère Nicolas achètent la maison de Bellevue, ancien noviciat des Jésuites et ancienne propriété du Sacré-Cœur pour y établir une maison d’éducation. Ils la revendent le 3 décembre 1801. Elle est alors dans un état complet de délabrement.

• 1801, Nancy : François ROQUIN adhère à la loge maçonnique Saint-Jean de Jérusalem. Il en est encore membre en juin 1805, qualifié d'ancien instituteur.

• 18 janvier 1802, Nancy : Jules Polydore Benjamin Roquin, fils de François ROQUIN, instituteur demeurant faubourg de la Constitution, et de Marie Catherine Maison, vient au monde. Les témoins sont Nicolas Roquin, 44 ans, instituteur, et son épouse Marie Françoise Razey, 46 ans.
• 26 novembre 1802, Nancy : L'école que ROQUIN tient avec son frère est érigée en école secondaire par arrêté consulaire.

• 18 novembre 1805, Jarville-la-Malgrange, au sud de Nancy : François ROQUIN, qui se présente comme "ancien directeur du chœur de l'Église cathédrale de Strasbourg ; actuellement propriétaire à la Malgrange devant Nanci, Département de la Meurthe, Diocèse de Nanci", rédige une requête au pape dans laquelle il demande la reconnaissance de son mariage civil par l'Église. Il indique que deux enfants en sont nés, qu'il souhaite élever dans les principes de la religion catholique, et que sa femme ("vraiment pieuse") et lui désirent faire amende honorable. Si ses actes ont pu scandaliser les fidèles, il en éprouve un vif regret, ajoute-t-il.
• 19 novembre 1805, Nancy : L'évêque Antoine Eustache d'Osmond appuie la démarche de ROQUIN. Certes, observe-t-il, sa requête "n'annonce pas de vifs sentiments de pénitence et de regret", mais son retour dans le droit chemin "feroit la plus vive impression" sur ceux qui l'ont imité dans ses écarts. Par ailleurs, "il a tous les dehors d'un homme sincèrement religieux, il assiste avec édification aux offices publics de l'Église, sa conduite en tout est décente, il a des rapports de sang ou d'amitié avec des personnes distinguées". Quant à sa "prétendue épouse", elle mérite des égards, car "c'est avec la meilleure foi possible, c'est sans se douter qu'elle faisoit une faute qu'elle s'est unie à lui : et depuis que mieux instruite, elle reconnoit le tort qu'elle a eu, elle gémit, elle presse son époux de recourir à l'indulgence de l'Église pour en obtenir la grâce de rentrer dans son sein et de participer à ses sacrements et à ses bienfaits".

• 29 janvier 1812, Jarville-la-Malgrange : Louis Christian Martin, 41 ans, chevalier d'Empire, officier de la Légion d'honneur, ex-capitaine de grenadiers du soixante-quatrième régiment, fils légitime de feu Charles Martin, ingénieur des ponts et chaussées, et de feue Anatolie Aubertin, épouse demoiselle Adèle Benjamine Roquin, 17 ans, fille de François ROQUIN, ex-professeur d'histoire et de belles-lettres, et de Marie Catherine Maison, résidant à la Malgrange.

• 25 mars 1829, Crévéchamps [Meurthe-et-Moselle] : François ROQUIN, ancien professeur d'histoire et d'humanités, époux de Catherine Maison, 68 ans, domiciliée à Haroué, meurt à l'âge de 74 ans. Le décès est déclaré par son frère Nicolas Roquin, propriétaire, 72 ans, résidant à Crévéchamps, et par son gendre Louis Christian Martin, 59 ans, capitaine de grenadiers retraité, officier de l'ordre royal de la Légion d'honneur, demeurant à la Malgrange, commune de Jarville.

Mise à jour : 26 février 2020

Sources
A. Beau, "De la maison de campagne des Jésuites de Nancy aux hôpitaux Maringer, Villemin, Fournier", 1980 ; A. Troux, La vie politique dans le département de la Meurthe d’août 1792 à octobre 1795, t. I, 1936 ; Archives parlementaires de 1787 à 1860 […], t. LXXXII, 1913 ; C. Bernardin, Notes sur servir à l’histoire de la franc-maçonnerie à Nancy..., 1910 ; F-Ad54/ 5 Mi 131/R 2 ; F-Ad54/ 5 Mi 143/R 2 ; F-Ad54/ 5 Mi 272/R 1 ; F-Ad54/ 5 Mi 289/R 1 ; F-Ad54/ 5 Mi 394/R 118 ; F-Ad67/ 1 L 1573 ; F-Ad67/ 1 L 1576 ; F-Ad67/ 1 L 504 ; F-Ad67/ 1 L 505 ; F-Ad67/ 1 L 507 ; F-Ad67/ 1 L 509 ; F-Ad67/ 133 L 222 ; F-Ad67/ 6 L 110 ; F-Ad67/ G 3202 ; F-Ad67/ G 3203 ; F-Ad67/ G 3204 ; F-Ad67/ G 3205 ; F-Ad67/ G 3206 ; F-Ad67/ G 3207 ; F-Ad67/ G 3208 ; F-Ad67/ G 3209 ; F-Ad67/ G 3210 ; F-AmStrasbourg/ 3 MW 23 ; F-AmStrasbourg/ 5 R 26 ; F-An/ AF/IV/1916 ; F-An/F19/1126/1099 ; F-BnF/ Fichier Bossu 275 ; F-Strasbourg méd/ A 59724 ; Recueil des loix de la République française et des actes des autorités constituées...,1802

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