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Pour citer Muséfrem
VEIMRINGER, Françoise Adélaïde (1769-1810)
Autre(s) forme(s) du nom : VEIMERIN
VEMERIN
VEMRINGER
VEIMERINGER
Date(s) : 1769-9-12 / 1810-10-27
Françoise-Adélaïde VEIMRINGER, ou le destin brisé d'une jeune musicienne prometteuse...
• 12 septembre 1769, Le Havre : Françoise-Adélaïde VEIMRINGER voit le jour au Havre, où son père François VEIMRINGER, maître de violon venu de Lorraine, exerce provisoirement après un passage antérieur par Le Mans, où il a rencontré son épouse, Anne Langlois. Dès le milieu de l'année 1772, la famille s'installe au Mans. La fillette, sa sœur aînée et son jeune frère sont sans doute initiés à la musique par leur père.
• Entre fin 1784 et fin 1785, Le Mans : Françoise-Adélaïde VEIMRINGER se forme à l'orgue auprès de Michel BOYER. Il se souvient plus tard d'une jeune musicienne douée, "bonne pianiste et aussi forte sur le violon". Il ajoute : "elle jouait très bien à notre concert la symphonie concertante avec son père, professeur estimé". Maître de violon en ville, François VEIMRINGER joue aussi occasionnellement à l'église.
• Noël 1785, Le Mans : Succédant à Julien BROUSSIN, qui était en poste depuis 1734, Françoise-Adélaïde VEIMRINGER devient organiste de l'abbaye mauriste de La Couture. Elle est la première (et l'unique) organiste femme à avoir exercé dans cette abbaye d’hommes.
Le registre des comptes de l'abbaye précise : "Depuis la mort de Mr BROUSSIN, on paye à la jeune demoiselle qui touche l’orgue 150 livres et elle a commencé à noël 1785 et elle a été payée de son année en janvier 1787 … 150#". Julien BROUSSIN, son prédécesseur, recevait, lui, des gages de 280 livres par an et était de plus "logé gratis". Il avait aussi commencé à 150 livres, mais c'était ... en 1734 !
• 1790, Le Mans : Françoise-Adélaïde VEIMRINGER est toujours organiste des Bénédictins de La Couture, et remplit cette fonction jusqu'à la fermeture de l'abbaye, fin 1790. Le 30 avril elle touche 50 livres d'acompte, puis le 26 décembre 1790, elle reçoit 100 livres "pour solde" de son année 1790.
• 11 janvier 1791, Le Mans : Françoise-Adélaïde VEIMRINGER, organiste de l'abbaye de la Couture "où elle a exercé ce talent pendant cinq ans", adresse une requête au directoire du département de la Sarthe afin d'obtenir un secours financier, comme le font les musiciens et autres employés des chapitres supprimés.
• 12 janvier 1791, Le Mans : Les administrateurs du district sont d'avis de lui refuser toute pension – elle est trop jeune – mais de lui accorder une gratification de 200 livres.
• 25 janvier 1791, Le Mans : Le directoire du département de la Sarthe examine sa demande en même temps que celles de sept autres musiciens, Nicolas BESNARD, Nicolas BOUTELOU, Joseph DORIZE, Pierre GOUPIL, Anne-Flore MALLET, François MARC et François PRÉVOST. Il estime que "ses services et son âge ne sont pas de nature à mériter une pension" et accorde seulement à la "demoiselle VEIMERIN" un mandat de 18 livres 15 sols à titre de provision alimentaire, sur la gratification à venir de 200 livres qui lui est promise.
• [1791-1793 ou 1794 environ], Le Mans : Si l'on en croit Michel Boyer, "après la suppression des chapitres, l’orgue de St-Pierre [La Cour] ayant été transporté à la Couture, elle [= Françoise-Adélaïde VEIMRINGER] l’a touché jusqu’à la fermeture des églises, époque funeste de destruction, où les vandales brisèrent ce bel instrument en le précipitant dans la nef".
Françoise-Adélaïde VEIMRINGER survit alors en donnant des leçons de musique.
• 23 vendémiaire an II (14 octobre 1794), Le Mans : La Municipalité prend connaissance d'une pétition "des citoyens François VÉMERIN, Françoise VÉMERIN, fille, et Louis L'HOMMEAU, musiciens de cette commune, tendante à ce qu'il leur soit accordé une gratification". On ignore la suite donnée à cette pétition, mais son existence même indique que la jeune femme continuait à jouer de la musique en public, probablement à l'occasion des fêtes civiques.
• Été 1801, Paris : À 32 ans, Françoise-Adélaïde VEIMRINGER a manifestement souhaité recevoir un complément de formation musicale. Le Dictionnaire du Conservatoire de musique de Paris (1795-1815) publié par Frédéric de La Grandville en 2014 retranscrit une unique mention concernant Françoise "Wemringer", qui figure à la 20ème page d'une liste alphabétique intitulée "Femmes élèves" : le 1er Fructidor an IX [19 août 1801] elle est inscrite au Conservatoire "pour assister aux leçons seulement". L’âge limite pour les femmes étant de 25 ans, cette élève plus âgée a dû bénéficier d’une dispense à l’admission. Peut-être est-ce là, aussi, la raison de ce statut d’auditrice auquel elle est restreinte ?
Rien n’est précisé sur les cours suivis, ni le professeur, ni la durée. Comme on sait qu'en avril 1804 au plus tard elle est revenue au Mans, cela signifie qu'elle aurait effectué au maximum deux années scolaires à Paris, 1801-1802, 1802-1803, et éventuellement le début 1803-1804. Il se peut aussi, plus vraisemblablement, qu'elle n'y ait passé que l'année 1801-1802.
Même si on reste dans l'ignorance de la durée effective de sa présence à Paris, telle quelle, cette découverte de Fr. de La Granville est un précieux indice sur l'appétence musicale de la jeune femme.
• Avril et septembre 1804, Le Mans : "Mademoiselle Veimrein, maîtresse de piano", publie des annonces dans la presse afin de trouver des élèves en forte piano ("elle continue de donner des leçons de forté-piano"), et aussi vendre des partitions pour forte piano, pour harpe et pour le chant. On remarque le verbe "continuer"... Elle indique "que sa demeure actuelle est rue de Quatre-roues, chez son père".
• 3 janvier 1805, Le Mans : Son père François VEIMRINGER s'éteint dans sa maison rue de Quatre-Roues, à l'âge de 72 ans et demi. Françoise-Adélaïde semble alors sombrer dans la solitude et la marginalité.
• Courant 1805, Le Mans : On voit Françoise-Adélaïde VEIMRINGER errer dans la ville et dans la campagne proche, tenant “des propos plus extravagants les uns que les autres”, vêtue des “vêtements les plus hideux”, poursuivie par “une multitude d’enfants” qui se moquent d’elle. Un voisin compatissant explique sa ‘folie’ par "le peu de nourriture qu’elle prend" et par ses malheurs. Mais le voisinage craint qu'elle ne mette le feu au quartier et dans son ensemble témoigne à charge : "elle se livre journellement dans les rues à des scènes scandaleuses", et "son maintien annonce une démence caractérisée". Considérée comme folle, elle est "interdite", puis enfermée à l’hospice des aliénés.
Un inventaire est alors dressé de ses effets. Il confirme son amour tenace de la musique : dans son dénuement, elle avait conservé ses cahiers de musique et ses instruments, forte-piano, harpe… et le violon sur lequel, aux dires de Boyer, elle était si "forte".
• 27 octobre 1810, Le Mans : Le décès de Françoise Adélaïde VEIMRINGER est enregistré section de l'égalité au Mans. Son ancien état professionnel n'est pas évoqué.
Mise à jour : 15 novembre 2018