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WILLIG, Pierre Laurent (1738-1803)
État civil
NOM : WILLIG     Prénom(s) : Pierre Laurent     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : VILLIG
Date(s) : 1738-2-1   / 1803-6-25
Notes biographiques

Pierre Laurent WILLIG (1738-1803) appartient à une célèbre famille de musiciens strasbourgeois. Dès 1769, la municipalité lui verse une pension en tant que trompette. De 1770 à 1790, il est employé comme timbalier par le chapitre de la cathédrale Notre-Dame. Il a aussi dirigé une école destinée à former des trompettes pour les régiments de cavalerie de 1774 à 1788 et a fréquenté l'orchestre du Concert de Strasbourg. Ses démarches pour ouvrir un café, en 1790-1791, ne paraissent pas avoir porté leurs fruits. Cible du Comité de sûreté générale du Bas-Rhin pendant la Terreur, il est condamné à une peine de déportation. Rapidement réhabilité, il retrouve un poste de timbalier dans l'orchestre du Temple de l'Être suprême en 1794-1795.

• 2 février 1738, Strasbourg : Pierre Laurent WILLIG, né la veille, fils de Laurent WILLIG, bourgeois et timbalier, et de Marie Jeanne Gagneau sa femme, est baptisé à Saint-Pierre-le-Vieux. Il a pour parrain Pierre Munier, employé pour le roi, et pour marraine sa grand-mère Jeanne Roy, veuve de François Gagneau, fabricant de housses.

• [vers 1753-avant mars 1761] : Pierre Laurent WILLIG est trompette dans le régiment de hussards de Turpin (du nom du mestre de camp, Lancelot Turpin de Crissé). C'est semble-t-il à cette époque qu'il a commencé à instruire des sujets pour les régiments de cavalerie, leur enseignant le "bruit de la guerre", "l'ordonnance" et diverses marches. Il a également formé des musiciens et des fifres pour l'infanterie.

• 30 mars 1761, Strasbourg : Pierre Laurent WILLIG, étudiant, épouse Marie Françoise Rohrer, fille légitime de Jean George Rohrer, facteur d'orgues, et de Françoise Varinot. L'un des témoins est son oncle George WILLIG.

• 20 décembre 1766, Strasbourg : Il est qualifié de bourgeois de Strasbourg dans l'acte de baptême de son fils Pierre Claude, futur musicien.

• 1769, Strasbourg : Lors du baptême de son fils George le 15 janvier, il signe en qualité de trompette de la ville. L'état dressé par la municipalité le 20 novembre indique en effet que le Magistrat lui alloue une pension de 150 livres.

• 3 juillet 1770, Strasbourg : Pierre Laurent WILLIG est reçu en la fonction de trompette en la cathédrale Notre-Dame, avec 40 florins de gages annuels. Il est aussi employé en tant que timbalier.

• 1771, Strasbourg : Le grand chapitre de la cathédrale lui achète une paire de timbales pour la somme de 72 florins.

• 15 juin 1772, Strasbourg : Sur la liste des musiciens pensionnés par la municipalité, il est qualifié de premier trompette.

• 1773 : Pierre Laurent WILLIG, ex-premier trompette des hussards de Turpin, "maître trompette pensionné, timbalier de la cathédrale de Strasbourg et musicien de toutes sortes d’instruments", adresse un mémoire au secrétaire d'État à la Guerre. Après avoir évoqué son expérience dans le domaine de la musique militaire, il propose de former à la trompette des Alsaciens de 16 à 17 ans, auxquels serait fourni un uniforme semblable à celui de la cavalerie.
• 15 juillet 1773 : Son mémoire est communiqué au comte de Vogué, commandant à Strasbourg.
• 14 août 1773 : Vogué donne un avis favorable basé sur la nécessité d'adopter des sonneries uniformes, les talents de WILLIG et la modicité de la dépense. Il propose Strasbourg pour accueillir l'établissement projeté.
• 5 février 1774 : Le ministre approuve le projet, avec un nombre d'élèves limité à 10 ou 15.
• 30 mai 1774, Strasbourg : La pension qui lui verse la municipalité est passée (avant cette date) à 170 livres.
• 9 juillet 1774, Strasbourg : L'institution, basée au fort de Pierre, commence à fonctionner. WILLIG en est le directeur avec 600 livres d'appointements. Le commandant chargé de la discipline des élèves est Jean George Allon, ex-sous-lieutenant du régiment de Royal-Allemand. Les élèves s'engagent à servir huit ans dans l'armée, apprennent à sonner "le bruit de la guerre" et à jouer d'un instrument autre que la trompette (clarinette, basson ou cor). Ils touchent 5 sols 8 deniers par jour. Tous sont Alsaciens ou Lorrains.

• 23 janvier 1775, Strasbourg : Sa pension s'élève désormais à 190 livres par an.
• 22 avril 1775, Strasbourg : Le nombre d'élèves est porté de 10 à 20. Le traitement de directeur de WILLIG passe à 800 livres.

• 11 juillet 1776, Strasbourg : Le nombre d'élèves passe à 40. WILLIG, directeur de l'établissement, touche dorénavant 1 200 livres. Ses gages restent insuffisants car il fournit tous les instruments et accessoires (en 1790-1791, il déclare qu'on lui doit encore 30 000 livres sur ces dépenses) et paye de ses propres deniers les salaires de trois prévôts, ce qui lui coûte 50, 36 et 24 livres par mois. Il obtient l'autorisation demander de l'argent aux jeunes gens qui désirent s'engager.

• [1780-1781], Strasbourg : Ses gages de trompette / timbalier de la cathédrale passent à 70 florins par an.

• 1781-1782, Strasbourg : Il fournit au chapitre quatre trompettes pour 24 florins et une paire de timbales d'un coût de 113 florins 4 schillings 6 deniers.

• 1782, Strasbourg : Parmi les musiciens pensionnés de la Ville figure "P. Laurent Willig, tymbale, directeur de l'école R. des trompettes, au cul de sac de S. Thomas".

• 27 septembre 1784, Strasbourg : Ses gages de trompette / timbalier de la cathédrale passent à 80 florins par an.

• 17 mars 1788 : Une ordonnance royale prononce le licenciement de l'école. Certains élèves (les meilleurs) sont versés dans la cavalerie, d'autres dans l'infanterie. L'établissement comptait alors 42 élèves. Il possédait 23 trompettes, 16 clarinettes, 8 cors et 4 bassons qui furent vendus aux enchères. Avec ses anciens élèves et ceux de l'école, WILLIG aura fourni 880 trompettes aux corps de troupes à cheval.
• 26 juin 1788 : WILLIG obtient une pension de retraite de 900 livres. A-t-elle été versée ? Lors de sa démarche auprès des autorités du Département en 1790-1791, il se plaint d'être réduit à vivre avec quatre enfants dont deux estropiés avec seulement une "pension modique" de 160 livres qui lui est versée en qualité de timbalier de la cathédrale. Les autorités lui ont tout de même délivré un brevet de vétérance.

• 1789, Strasbourg : P. Laurent WILLIG, "tymbale", fait encore partie des musiciens pensionnés par la Ville. Il réside au cul-de-sac de Saint-Thomas (18, rue Saint-Thomas d'après le recensement). Il est affilié à la tribu des Bouchers.

• 1790, Strasbourg : Laurent WILLIG, âgé de 52 ans, perçoit en sa qualité de symphoniste de la cathédrale (il est employé comme timbalier et trompette) 160 livres de gages par an.

• [entre 1788 et 1790], Strasbourg : Il présente une requête à la municipalité pour ouvrir un café, mais la permission lui est refusée à cause du nombre élevé de lieux de jeux en ville, où s'engloutissent trop de fortunes. Il rédige une seconde requête, en restreignant sa demande au seul débit de café, limonades et autres liqueurs usuellement vendues dans les cafés, mais essuie encore un refus.
• 28 mai 1790, Paris : Après avoir pris connaissance de son mémoire relatif à l'ouverture d'un café pour y vendre liqueurs et bière et y jouer au billard, le Comité d'Agriculture et de Commerce de l'Assemblée constituante estime qu'il n'a pas à délibérer.
• [vers décembre 1790], Strasbourg : Il se tourne vers les corps administratifs, auxquels il représente que s'il n'obtient pas satisfaction, il sera réduit à la misère, chargé qu'il est de quatre enfants dont deux impotents, les deux autres étant musiciens comme lui donc hors d'état de gagner correctement leur vie. D'une santé chancelante, épuisé par les fatigues auxquels son état l'a astreint, il affirme qu'il va vite tomber dans l'indigence. Il leur demande donc d'intervenir auprès de la municipalité pour la contraindre à accepter sa demande.
• 21 janvier 1791, Strasbourg : Le directoire du département du Bas-Rhin arrête que la requête de WILLIG sera soumise au Comité de constitution de l'Assemblée nationale, à laquelle il sera plus généralement demandé par lettre si l'obligation de réception à un corps de maîtrise est maintenue ou non lorsque l'on a été formé à un métier ou que l'on possède les qualités pour bien l'exercer. Concernant la profession de cafetier, qui n'est pas organisée en corporation, la tradition locale était de solliciter une permission de l'ancien Magistrat. Interdire à un citoyen d'exercer une telle profession semble contraire à la Déclaration des droits de l'Homme. Faut-il conserver ou abolir ces règles ?

• Juin 1791, Strasbourg : WILLIG père est timbalier de la cathédrale, dont la musique a été réorganisée par Ignace PLEYEL, avec un traitement annuel de 200 livres. Ses fils Pierre et George sont respectivement troisième et quatrième trompettes. Parallèlement, il reste musicien pensionné de la Ville, qualifié de "tymbale".
• Mai 1792, Strasbourg : Il exerce la même fonction pour le même salaire.

• 8 août 1793, Strasbourg : Pierre Laurent WILLIG, ancien directeur de l'école de la musique des trompettes, qui a demandé au District l'autorisation d'établir une école de trompettes et de faire recruter en son nom 20 à 30 jeunes gens pour les placer dans différents régiments de cavalerie, dragons, chasseurs, hussards, dans l'artillerie à cheval, a le soutien du corps municipal.
• Novembre 1793, Strasbourg : WILLIG, timbalier, et sa famille, sont placés sur une liste de suspects par le Comité de sûreté générale. Le 4 novembre, Pierre Laurent WILLIG est condamné à la déportation. Il n'est pas certain que la mesure ait été exécutée.

• 4 avril 1794-19 juin 1795, Strasbourg : Il est timbalier dans l'orchestre du Temple de l'Être suprême. Son taitement, au début de l'année 1795, s'élève à 200 livres par an. Comme ses camarades, il touche une prime d'une moitié de quartier au dernier trimestre. La municipalité lui verse donc 75 livres au lieu de 50.

• 21 septembre 1795, Strasbourg : Pierre Laurent WILLIG, 58 ans, commissaire-adjoint de la quatrième section, déclare le décès de sa fille Marie Madeleine Montag, épouse de George WILLIG.

• 8 juin 1797, Strasbourg : La municipalité délèbre au sujet d'une lettre du directeur général de la liquidation du 26 floréal réclamant des éclaircissements sur "l'état d'infirmité et [les] besoins pécuniaires du cit. Willig, ancien maître trompette de l'école de Strasbourg, et généralement [...] ses revenus et son état". Le projet de réponse de l'administrateur du bureau du bien public est approuvé.

• 9 juillet 1802, Strasbourg : Il assiste, qualifié de rentier, au mariage de son ancien collègue Louis Joseph WOLFF.

• 25 juin 1803, Strasbourg : Pierre Laurent WILLIG, 64 ans, timbalier, meurt d'apoplexie. Il demeurait au n° 4, rue de l'Hôpital et était encore marié à Françoise Rohrer. La déclaration de décès est faite par Pierre WILLIG, 37 ans, musicien, et Hermann WILLIG, 54 ans, trompette, le premier fils, le second cousin germain du défunt.

Mise à jour : 25 avril 2020 

Sources
A. Cl. Pfeiffer, La vie musicale dans les lieux de culte à Strasbourg..., 2014 ; Almanach du département du Bas-Rhin pour l’année bissextile 1792 ; Almanach d’Alsace pour l’année 1783 ; F-Ad67/ 1 L 497 ; F-Ad67/ 3 E 389/2 ; F-Ad67/ 6 L 109 ; F-Ad67/ 6 L 110 ; F-Ad67/ BMS Strasbourg ; F-Ad67/ BMS Strasbourg / St-Pierre-le-Jeune ; F-Ad67/ BMS Strasbourg / St-Pierre-le-Vieux ; F-Ad67/ D Strasbourg ; F-Ad67/ G 3193 ; F-Ad67/ G 3194 ; F-Ad67/ G 3195 ; F-Ad67/ G 3196 ; F-Ad67/ G 3197 ; F-Ad67/ G 3198 ; F-Ad67/ G 3199 ; F-Ad67/ G 3200 ; F-Ad67/ G 3201 ; F-Ad67/ G 3202 ; F-Ad67/ G 3203 ; F-Ad67/ G 3204 ; F-Ad67/ G 3205 ; F-Ad67/ G 3206 ; F-Ad67/ G 3207 ; F-Ad67/ G 3208 ; F-Ad67/ G 3209 ; F-Ad67/ G 3210 ; F-Ad67/ G 3353 ; F-Ad67/ NMD Strasbourg ; F-AmStrasbourg/ 1 MW 141 ; F-AmStrasbourg/ 1 MW 145 ; F-AmStrasbourg/ 1 MW 149 ; F-AmStrasbourg/ 3 MW 23 ; F-AmStrasbourg/ 320 MW 2 ; F-AmStrasbourg/ 5 R 26 ; F-AmStrasbourg/ AA 2445 ; F-An/F19/1126/1099 ; F-Strasbourg méd/ A 59724 ; Hennet, Les compagnies de cadets-gentilshommes... ; Procès-verbaux des Comités d’Agriculture et de Commerce ; Recueil de pièces authentiques servant à l’histoire de la Révolution à Strasbourg

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