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MARC, François (1745-1819)
Portrait
Portrait

François MARC (1745-1819), portrait gravé par Lepelletier

État civil
NOM : MARC     Prénom(s) : François     Sexe : M
Date(s) : 1745-2-19  / 1819-7-13
Notes biographiques

François MARC est important dans l'histoire musicale du Mans : il a été maître de musique de la cathédrale durant deux périodes distinctes, d'abord à la veille de la Révolution (de 1783 à 1791) puis quelques années après le Concordat (de 1810 à sa mort en 1819). Il a beaucoup composé au cours de sa carrière et on conserve de lui plusieurs œuvres intéressantes sur le plan musicologique, qui perpétuent l'esthétique musicale de la seconde moitié du XVIIIe siècle.

• 19 février 1745, Montpellier : Né le 19, François MARC est baptisé le 23 février paroisse Notre-Dame des Tables. Son père est dit "concierge", sans plus de précision.

• [D'environ 1752 à environ 1762, voire 1764] : "Il a servi l'église comme enfant de chœur", déclare-t-il en 1790. Une lettre de sa main, écrite en juin 1770 confirme le fait (voir ci-dessous). François MARC a donc été enfant de chœur dans une maîtrise qui reste à localiser, très probablement à Montpellier même ("j'aÿ ecrit chez moÿ..."). Les dépouillements menés dans les archives de la cathédrale Saint-Pierre de Montpellier n'ont pas permis jusqu'alors de retrouver sa trace.

• 15 juin 1770, Paris : Ayant appris que la collégiale de Beaune [Côte-d'Or] cherchait un maître après la démission de Nicolas ROZE, François MARC, qui semble alors résider à Paris, va voir l'abbé DEMONGEOT, maitre de musique de Notre-Dame de Paris. Celui-ci, après avoir expertisé sa musique (ce qui indique que MARC compose déjà), l'envoie chez le chanoine Leblanc, correspondant du chapitre beaunois dans la capitale. Ce dernier l'encourage à postuler par courrier auprès du chapitre. Sa lettre confirme que le jeune homme avait été antérieurement enfant de chœur à Montpellier : "j'aÿ ecrit chez moÿ pour avoir une atestation d’où j'aÿ eté enfant de cœur pour la montrer ainsi que mr Leblanc ma dit etre necessaire".
Comme le chapitre de Beaune veut un maître qui soit prêtre, Marc n'a pas le profil du poste. Sa candidature n'est même pas officiellement examinée… et le 1er août 1770, c'est ALOTTE, maître de musique à Annecy, qui est sélectionné. Toutefois, si le chapitre de Beaune a soigneusement conservé la lettre de François Marc dans ses archives, peut-être était-ce dans l'éventualité de faire appel à lui ultérieurement, ce qui ne semble finalement pas avoir été le cas.
 
• Selon l'organiste Michel BOYER, François MARC aurait mené une jeunesse assez aventureuse et itinérante, à la Cour de Prusse, maître de musique "dans les Spectacles Forains", musicien d'Église à Strasbourg, à Dijon (où il se serait lié avec Jean-François LESUEUR), à Bordeaux (on repère en effet dans cette dernière ville un dénommé MARC qui figure dans les relevés des pointes des choristes et des musiciens de la cathédrale Saint-André pour l'année 1773). Le résumé de la requête de Marc en janvier 1791 confirme partiellement : il y expose qu'il a servi "les spectacles forains en qualité de Maître de Musique", mais ne précise aucune de ses étapes antérieures. Toutes ces années de jeunesse demeurent donc une zone d'ombre dans sa biographie, avec laquelle il convient d'être prudent. Les étapes prussienne, alsacienne et dijonnaise, en particulier, restent à documenter.

• Début 1783, Le Mans : Avec son motet "Quem ad Modum", François MARC remporte le concours de composition organisé et présidé par LESUEUR à la cathédrale Saint-Julien, il est classé devant Bernard JUMENTIER et Nicolas SAVART.
• Février 1783, Le Mans : Succédant à LESUEUR, François MARC devient maître de musique à la Cathédrale Saint-Julien. Mais il s'était auparavant engagé auprès d'un directeur de troupe en Aquitaine, le sieur Molé d’Alainville. Quand il apprend la défection de son maître de musique, Molé d’Alainville envoie à François Marc une lettre incendiaire ("n’etant pas sûr de réussir [à obtenir le poste de maître de musique au Mans] vous m’avés gardé comme votre pis aller"), exige un dédommagement financier sans quoi il le menace de poursuites judiciaires ("je sais où trouver les titres necessaires pour vous prouver cette verité, ainsi je vous conseille de prendre votre parti là-dessus"…).
On ignore si Marc a payé son dédit. Quelques jours après, le 24 avril 1783, il signe devant notaire un acte de renonciation "à tous genres de spectacles". Il allègue "la foiblesse de sa santé" qui l'empêcherait de remplir son engagement au théâtre…

• À partir de 1783, Le Mans : François MARC remplit son rôle de maître de musique avec efficacité, composant beaucoup de pièces musicales. Michel Boyer affirme que "toute la musique de Marc, noble, gracieuse et sans longueurs, était d’une parfaite convenance avec le culte saint".
Mais Marc agit aussi hors de l'Église : il aurait composé un opéra, Sémiramis "dont les chœurs étaient fort beaux”, aux dires de BOYER. Il joue un rôle déterminant dans la naissance et l’animation d’un concert d’amateurs, d’abord entre hommes au couvent des Jacobins, puis à l’Hôtel-de-Ville et ouvert alors à l’ensemble des élites mancelles, y compris les dames. Il y est secondé par François PICHON, qui joue du violoncelle. Julien MARTIN écrira plus tard de lui, sans que l'on puisse vérifier la part de vérité dans ce qu'il rapporte : "Excellent chef d’orchestre, il apportait un soin minutieux aux exécutions, mais il était violent, emporté, rudoyait ses musiciens, apostrophait les chanoines et s’agitait comme une furie quand il tenait le bâton de mesure" (Revue et Gazette Musicale de Paris, 14 février 1841). Cela correspond partiellement à ce que décrit Michel BOYER lorsqu'il évoque les concerts dirigés par François MARC : "…sa gaieté vive, assaisonnée de son accent méridional […] faisait oublier ses emportements excités par quelque ton faux ou quelque manque de mesure, car alors il ne se possédait pas; les coups redoublés de son sceptre musical faisaient trembler les archets sur les cordes…".

• 2 octobre 1785, Le Mans : François MARC envoie une courte lettre de candidature à la cathédrale de Tournai, dont il dit venir d'apprendre que la place de maitre de musique est vacante. En réalité, cela fait plus d'un an et demi que le maître précédent, Jean-Marie ROUSSEAU, est mort (à Lille le 17 février 1784) et que la maîtrise a été mise au concours (le 23 avril suivant). Mieux : Nicolas SAVART y a été nommé le 2 août 1784 (mais, maître de musique à Troyes, il ne vient pas immédiatement prendre son poste à Tournai, semble-t-il). Les informations du maître manceau ne semblent donc pas de première fraîcheur... Il propose d'envoyer à Tournai "tel ouvrage que vous me demanderez".
Dans son courrier, François MARC fait référence, non sans quelque forfanterie, à un article paru dans l'Année Littéraire de février 1783 "où il est fait mension d’un mottet de Moi qui a remporté le prix de Musique du Chapitre où je suis". Cet article de L'Année littéraire reprend, mot pour mot, le texte anonyme publié par Les Affiches du Mans le 3 février 1783, texte qui pourrait avoir été rédigé par LESUEUR, ou par MARC lui-même.
 L'information la plus intéressante apportée par cette lettre de candidature est la preuve que moins de trois ans après avoir été reçu au Mans, MARC a déjà le désir d'en partir.

• Fin 1786 / début 1787, Le Mans : François MARC entre en négociation avec le chapitre de Saint-Gatien de Tours, où la place de maître de musique de la cathédrale Saint-Gatien est vacante depuis l'été 1786 avec le départ d'Antoine MERLE pour Paris. François MARC caresse manifestement le projet de quitter Le Mans pour Tours, à l'instar de LESUEUR. Malgré d'intéressantes promesses salariales, il tente d'obtenir encore davantage et en février-mars 1787 demande à être dispensé "de fournir les souliers des enfants". C'est la revendication de trop. Le chapitre de Saint-Gatien, lassé, rompt les contacts. Marc restera au Mans. À Tours, le poste de maître de Saint-Gatien sera, plusieurs mois plus tard, attribué à Sulpice-Philippe LEJAY, précédemment maitre de la Sainte-Chapelle de Troyes, recommandé par l'abbé DUGUÉ, ancien maître de musique de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

1790, Le Mans : François MARC est toujours maître de musique à la cathédrale Saint-Julien. Le chœur de la cathédrale comporte alors quatre chanteurs basse-contre ou basse taille (Martin Antoine ARNOULT, André Louis CLAUSE, Jean-Baptiste FRANÇOIS et Pierre VILLETTE), un chanteur haute-contre (Jean BARILLET) et un autre musicien dont on ignore la tessiture, Guillaume COURIOT. À leurs côtés résonnent serpents, clarinette et basson joués par René LEMERCIER, Jean-Baptiste CARTIER et Antoine Firmin DURAND, ainsi que le violoncelle de François PICHON. Quant aux orgues, elles sont touchées par René COINDON.
À la fin de l'année 1790, François MARC rédige une requête pour obtenir des secours face à la perte imminente de son emploi. Seul un résumé en a été retrouvé.
• 16 janvier 1791, Le Mans : Le directoire du département de la Sarthe estime qu'il faut lui accorder une pension viagère de 300 livres. Le 25 janvier, il examine à nouveau sa demande en même temps que celles de sept autres musiciens, Nicolas BESNARD, Nicolas BOUTELOU, Joseph DORIZE, Pierre GOUPIL, Anne-Flore MALLET, François PRÉVOST et Françoise Adélaïde VEIMRINGER. Il accorde au sieur MARC un mandat de 500 livres, à titre de provision alimentaire. C'est le plus gros mandat délivré, on peut penser qu'il couvre également la nourriture des enfants de chœur.

• 28 mai 1791, Le Mans : "Plusieurs enfans de chœur étoient encore logés et nourris chez le sieur MARC"… Le maître de musique semble assurer son service aussi longtemps qu'il lui est possible. La maison de la Psallette est vendue à titre de bien national le 7 novembre 1791.
Entre ces deux dates, Marc est parti pour Paris, sans doute durant l'été 1791.

• Durant les années de la Révolution, il survit difficilement de leçons particulières à Paris, vivant dans la misère, malgré l'aide ponctuelle de LESUEUR, qui lui trouve du travail à faire, des compositions et peut-être aussi des élèves.
• 10 octobre 1792, Paris : Une carte de sûreté est délivrée à François MARC, 47 ans, musicien, domicilié n° 62, rue Saint-Sauveur. Il est dit né à Montpellier, et demeurant à Paris "depuis 1791", ce qui correspond à ce que l'on observe à partir des archives conservées au Mans. D'après sa carte précédente rendue le 22 septembre, il demeurait auparavant rue des Vieux Augustins.
• 7 septembre 1794, Paris : Arabelle et Vascos, ou Les Jacobins de Goa, drame lyrique en trois actes sur un livret de Lebrun-Tosca est créé au théâtre Favart.La musique est de François MARC, mais elle a d'abord été affichée sous le nom de LESUEUR. Celui-ci, après en avoir endossé la paternité, révèle la supercherie dans la presse deux mois plus tard, dans une lettre adressée au Journal de Paris et publiée le 7 novembre 1794. Il explique avoir voulu "épargner à MARC, auteur de cette musique, les désagréments attachés à un début", et loue "la beauté de plusieurs morceaux de cet opéra", "une musique à la fois pittoresque, énergique & chantante, l’empreinte d’une main sûre & d’une méthode excellente, qui peut faire honneur à notre école françoise"… Il affirme en outre "n’avoir point fait une note dans la musique de Marc, ni même donné un conseil".
Si l'on en croit Boyer, l'ouvrage aurait connu une désaffection du public après cette révélation, alors qu'il avait d'abord rencontré le succès (Lesueur évoque "l’affluence des spectateurs qu’il continue d’attirer, prouve combien il est agréable au public").

• 7 décembre 1807, Paris : Sa messe de Requiem "pour le repos des âmes des guerriers français morts au champ d'honneur" (Moniteur universel) est donnée à Notre-Dame. Le maître de chapelle de la cathédrale, DESVIGNES, a pris la plume pour encenser cet ouvrage.

• Vers la fin de l'été 1810, Paris : Auvray, préfet de la Sarthe, va en personne chercher François MARC à Paris, il le trouve vivant dans un pauvre appartement décrit comme un taudis… et le ramène au Mans.

• De la fin de l'été 1810 jusqu'en juillet 1819, Le Mans : François MARC est à nouveau maître de chapelle de la cathédrale Saint-Julien du Mans et il parvient à redonner à la musique une large partie de son lustre d'antan, mariant les anciens musiciens comme François PICHON et les nouveaux recrutés comme les frères Charles, Étienne-Isidore et Pierre-Félix RENOULT. Il est secondé par Julien LEMERCIER, qui s'occupe des enfants de chœur.

• 13 juillet 1819, Le Mans : François MARC s'éteint à son domicile, rue du Montbarbet. Le lendemain, son décès est déclaré par René COINDON, l'organiste, et Julien LEMERCIER, le maître de psallette. Deux mois plus tard, un inventaire est dressé : la prisée de ses biens ne représente que 288 francs, mais ses dettes s'élèvent à près de 1 000 francs, dont 700 de gages dus à sa domestique, Louise Vavasseur. Sa garde-robe est mince et en piètre état ("six mauvaises chemises", trois redingotes dont "une mauvaise jaunâtre"…), et on ne relève la présence d'aucun livre ni imprimé dans son intérieur.

• • • Un catalogue de ses œuvres a été dressé et plusieurs d'entre elles ont été restituées par Jean-Marcel Buvron (Le Mans). Voici la liste des œuvres de François MARC qui ont été rejouées récemment (œuvres classées suivant l'ordre chronologique de composition) :

- Magnificat en ré majeur (entre 1783 et 1788) pour solistes, chœur, basson, violoncelle et contrebasse (interprété en concert le 1er juillet 1995 à la cathédrale du Mans).
- Messe en ré mineur (composée entre 1784 et 1790, reprise par François Marc en 1819) pour solistes, chœur, basson, violoncelle et contrebasse (interprétée en concert le 10 janvier 2016 à Notre-Dame du Pré, Le Mans, ensemble Résonnances, puis à nouveau donnée en concert le 22 mai 2016 à la cathédrale du Mans).
- Messe des Morts en ut mineur pour solistes, chœur et orchestre, composée en 1807 et donnée à Notre-Dame de Paris le 7 décembre 1807 à l'occasion du « service solennel pour le repos des guerriers français morts au champ d’honneur » (œuvre donnée en concert à l'abbaye de l'Épau, Le Mans, le 16 septembre 1989).
- Messe posthume en Mi bémol majeur (1819) pour solistes, chœur, basson, violoncelle et contrebasse (interprétée en concert le 1er juillet 1995 à la cathédrale du Mans).

• • • Sur François MARC existe une bibliographie fournie :

- Michel BOYER, « Notice biographique, musicale et littéraire sur François Marc, Maître de chapelle de la cathédrale du Mans », Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, Le Mans, Monnoyer, 1850-1851, p. 415 à 443 (notice en partie fondée sur les souvenirs personnels de l'auteur).
- Jean-Marcel BUVRON, « François Marc, maître de chapelle à la cathédrale du Mans », La Province du Maine, Le Mans, 1994, p. 397-409, 35-40 et 145-156.
- Sylvie GRANGER, « Au service de sainte Cécile : Chantres, musiciens et maîtres aux XVIIe et XVIIIe siècles », La Musique à la cathédrale du Mans, du Moyen-Âge au XXIe siècle, ouvrage collectif, Le Mans, Psallette-Édition, 2007, 510 pages, p. 97-128 (en particulier p. 114-115, et p. 121-123 : "Portrait contrasté du dernier maître de la cathédrale d'Ancien Régime").
- Jean-Marcel BUVRON, « De l’Ancien Régime au Concordat : Les mutations du chœur de musique de la cathédrale du Mans sous la direction de François Marc », Revue française de Musicologie, n°94/2, 2008, p. 481 à 512.

Mise à jour : 1er janvier 2023

Sources
B-Adio Tournai/ E 13 ; Carmen Sæculare ; Constant Pierre, Histoire du Concert spirituel ; E. G. J. Gregoir, Souvenirs artistiques..., t. 3, 1889 ; F-Ad21/ G 2634 ; F-Ad33/ G 3294 ; F-Ad72/ 4E 25 / 237 ; F-Ad72/ 6 J 155 ; F-Ad72/ BMS Crucifix ; F-Ad72/ BMS Grand St-Pierre ; F-Ad72/ Bib E 34 ; F-Ad72/ Bib E 34 ; F-Ad72/ G 31 ; F-Ad72/ L 31/2 ; F-Ad72/ L 358 ; F-Ad72/ L 360 ; F-Ad72/ L 568 ; F-Ad72/ MD Le Mans 1819 ; F-Adio Le Mans/ fonds Boyer ; F-Adio Le Mans/ nc ; F-Adio Le Mans/ registre fabrique cathédrale 1817-1820 ; F-Adio Le Mans/fonds Esnault ; F-AdioLe Mans/ fonds Esnault ; F-AdioTours/ 3D1/ 1395 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1396 ; F-Bdio Le Mans/ fonds Boyer ; F-Bm Le Mans/ Affiches et Annonces du Mans ; F-BmLe Mans/ Maine 2423 ; Granger, Hubert, Taroni, Journal d'un chanoine du Mans…, 2013. ; Journal de Paris, 7 novembre 1794 ; M. Boyer, "Notice historique sur les orgues […] Tours avant 1789", 1848 ; M.Boyer, Notice biographique… sur François Marc, 1850 ; N. Wild et D.Charlton Théâtre de l'Opéra-Comique..., 2005 ; Revue et Gazette Musicale de Paris, 14 février 1841. ; S.Granger, Les Métiers de la musique…, thèse, 1997. ; [F-An/ F7/4787]

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