Login
Menu et informations
DEMAR, Jacques Ignace Sébastien (1763-1832)

DEMAR, Jacques Ignace Sébastien (1763-1832)

Sébastien DEMAR
Sébastien DEMAR

Sébastien DEMAR vers 1795

Estampe d’Edme Chrétien, d'après le dessin de Jean Fouquet à partir du physionotrace

Source gallica.bnf.fr / BnF, IFN-8417178, ark:/12148/btv1b8417178t

État civil
NOM : DEMAR     Prénom(s) : Jacques Ignace Sébastien     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : DÉMAR
DÉMARS
DÉMARD
Ignaz Jacob Sebastian (en allemand)
Date(s) : 1763-6-29   / 1832-7-25
Notes biographiques

Arrivé à Orléans comme musicien militaire au début de la Révolution, l'Allemand Jacques Ignace Sébastien DEMAR s'y implante durablement. Au début du XIXe siècle, il joue un rôle important dans la vie musicale locale, compose, organise des concerts, dirige la musique de la Garde Nationale, tient l’orgue de Saint-Paterne, donne de nombreux cours et tente de créer une institution semi-officielle d'enseignement musical. L'organiste Brosset écrit de lui en 1909 : “habile musicien, il dirigeait la Société des Concerts par abonnement.…". Il était également franc-maçon.

• 29 juin 1763, en Allemagne : Selon ses biographes, Jacob Ignaz Sebastian DEMAR serait né le 29 juin 1763. Son acte de décès (en 1832) le dit âgé de 69 ans, "né à Altbenisgesang, en Franconie (Allemagne)" [Altbessingen, village situé à 5 km de Gauaschach, entre Francfort-sur-le-Main et Nuremberg, dont la forme ancienne du nom était Altbeinsgesang]. Ses trois prénoms initiaux, Jakob Ignaz Sebastian, sont ultérieurement francisés.
Son acte de décès ajoute qu'il était fils de Sébastien DEMAR, professeur de musique, et de Dorothée Zugis, son épouse. Hervé Audéon indique que son frère, Joseph, est violoniste à la chapelle du duc Ferdinand de Toscane, à Wurtzbourg en Franconie. Le jeune garçon grandit donc incontestablement dans un milieu fortement imprégné de musique. On peut supposer que son premier initiateur à la musique a été son père.

• [1770-1780 environ], Strasbourg : La bibliographie le concernant, s'appuyant sur Fetis, répète qu'il aurait été ensuite enfant de chœur à la cathédrale de Strasbourg, où il aurait donc été formé par RICHTER. Or, grâce au dépouillement des comptes de la cathédrale mené par François Caillou, on connait maintenant (2020) tous les enfants de chœur qui y sont passés entre 1770 et 1779 : aucun ne porte le nom de DEMAR, ni un nom approchant. Du reste, la cathédrale de Strasbourg se trouve à quelque 260 km du lieu de naissance de l'enfant, ce qui interrogeait fortement sur les mécanismes de sa réception en tant qu'enfant de chœur. Un élément est donc maintenant certain : si DEMAR a suivi les leçons de RICHTER, ce ne fut pas à la maîtrise de la cathédrale. Cela pourrait être, éventuellement, dans le cadre de leçons données par celui-ci "en ville", si toutefois cet auguste patronage n'est pas une légende postérieurement construite.
DEMAR aurait été ensuite élève de Joseph HAYDN à Vienne, ce qui reste également à démontrer, et Fétis ajoute qu'il a par ailleurs étudié avec son oncle Pfeiffer en Italie, épisode non documenté actuellement.

• [date (avant octobre 1786) et lieu à découvrir] : Jakob Ignaz Sebastian DEMAR se marie avec Elisabeth Riesam avec laquelle il vit toujours au moment de son décès.

• 30 octobre 1786, Gernsbach (Duché de Bade) : Leur fille Theresia Élisabeth Françoise vient au monde dans cette ville de la vallée du Rhin, au sud de Karlsruhe.

• 20 septembre 1790, Landau : Un fils, Joseph-Pierre, naît à son tour dans cette ville de Rhénanie-Palatinat, alors française, située à 60 km au nord du lieu de naissance de sa sœur. Le couple DEMAR/Riesam est manifestement marqué par la mobilité. Jakob Ignaz Sebastian DEMAR est-il alors musicien militaire ? C'est probable.

1790 [après septembre ? Sauf s'il a quitté Landau avant la naissance de son fils, sa femme l'ayant rejoint plus tard], Sarreguemines [Moselle] : Sébastien DEMARD, recommandé par le marquis de Chamborant, amateur de musique, "touche supérieurement" les orgues de la paroisse Saint-Nicolas. Il y a succédé à Sébastien HAEN. Le traité de DEMAR devait échoir en 1796, mais il quitte Sarreguemines avant la fin de 1791. Sébastien HAEN retrouve alors sa tribune et touche 150 + 50 livres pour son service de 1792, puis il y est nommé à nouveau officiellement le 1er janvier 1793, à 600 livres de gages. Le marquis de Chamborant est depuis juillet 1778 chargé du commandement en second de la Lorraine allemande dont le siège était dans cette ville de Sarreguemines. En 1784, il est promu lieutenant général. Il avait acquis en 1761 le régiment de Cavalerie Hongroise auquel il a laissé son nom, le régiment de Chamborant Hussard, devenu le 1er janvier 1791 le 2e régiment de hussards. Plusieurs organistes successifs de la paroisse Saint-Nicolas ont été proposés par le marquis et ce sont des hussards qui jouent aussi de la musique dans son salon. DEMAR pourrait être, lui aussi, passé par ce régiment.

• 23 décembre 1791, Orléans : Le Journal général du département du Loiret annonce que le sieur DEMAR maître de musique du 88e régiment, donnera un second concert le jour de Noël, à cinq heures, à la salle de M. Gougy, rue de l’Écrevisse. Il en a donc déjà donné un antérieurement, dont aucune trace n'a été perçue dans la presse locale. Cette annonce du 23 décembre évoque "les plus pressantes sollicitations" qui ont eu lieu pour obtenir qu'il donne un second concert. Le prix des places est de 36 sols par personne, ce qui est relativement cher, mais, précise l'hebdomadaire, "il ne s’exécutera que de la musique nouvelle". Dans ce même 88e régiment joue aussi le sieur BONNEAU, premier basson. Celui-ci, le 16 février suivant, exécute à la salle de spectacle "un concerto de la composition du sieur OZI, musicien de la chapelle du Roi". La juxtaposition de ces notations permet d'évaluer le contexte dans lequel évolue alors DEMAR.

• 17 avril 1792, Orléans : C'est dans la salle de l’Évêché que DEMAR, cette fois associé au sieur ARMAND et à sa fille, donne un concert. Le programme annonce que "Melle ARMAND & M. DEMAR y exécuteront un duo sur l’armandi & sur le forte-piano" et que "Melle ARMAND chantera plusieurs airs nouveaux". Le prix d'entrée est encore un peu plus élevé que lors du concert de Noël (40 sols).
H. Audéon évoque un concerto de DEMAR conservé sous forme manuscrite qui porte en titre Concerto pour Harmandi ou piano-forte et il pose la question : s'agit-il de l'Armandine, instrument réalisé par Pascal TASKIN pour la chanteuse Mlle ARMAND, avec lequel elle se produit dans un quatuor de PLEYEL au cours d'un concert spirituel donné le 25 décembre 1791 au Théâtre Italien à Paris ? L'annonce orléanaise d'avril 1792 apporte une réponse positive à cette question.

• 30 mars 1799, Orléans : À l'orgue de l'église Saint-Paul – ou plus exactement "de l’édifice ci-devant St-Paul, maintenant temple de la Jeunesse" –, DEMAR évince le titulaire Martin NIOCHE de la tribune, lors de la Fête civique de la Jeunesse. Jules Brosset analyse l'incident comme résultant d'un rapport de force politique : "Le républicanisme de Nioche ne valait pas, sans doute, celui de Demar". Mais il pourrait aussi s'agir d'un niveau de compétence jugé supérieur (ou d'une question d'âge ?).
• 8 juin 1799, Orléans : Dans le Temple décadaire de la commune d'Orléans, les hymnes mis en musique par le citoyen Démar sont chantés par les artistes lyriques du théâtre d'Orléans, et accompagnés par la musique de la garde nationale d'Orléans, à l'occasion de l'assassinat des ministres français à Rastadt. Les paroles ont été imprimées chez Rouzeau-Montaut à Orléans, imprimeur de la municipalité.

• 28 nivôse VIII (18 janvier 1800), Orléans : Jean-François MOUTHON, exerçant au Temple de Sainte-Croix, et Sébastien DEMAR au Temple de Saint-Aignan, font partie des "ministres du culte catholique, exerçant dans les divers temples de cette commune" qui "se sont présentés ce jour pour prêter le nouveau serment relatif à l'acceptation de la Constitution de l'an VIII". Dans le cas de DEMAR la dénomination de "ministre du culte" est évidemment erronée, sauf si on l'élargit à la notion de serviteur du culte.

• [Vers 1803-1804], Orléans : Un prospectus pour la maison d’éducation de Mme Robillard, située rue des Minimes, "ci-devant hôtel de la Monnoie, n° 100", informe le public que les "jeunes personnes" qui y sont éduquées à partir de l'âge de six ans y apprennent "à lire la musique, à toucher du piano, & à danser". Après le maître de danse, Luigi PALADINI, après les deux maîtres de piano-forté, Sébastien DEMAR et Louis-François MENONVILLE, est aussi mentionné un "Maître de musique & de harpe, M. CONSCIENCE".

• Automne 1806, Orléans : DEMAR est à l'origine de la Société des Concerts par Abonnement. La lettre pour l’abonnement au concert est publiée le 31 octobre 1806. Selon Brosset, elle aurait perduré "jusqu’en 1840”, c'est-à-dire plusieurs années après la mort de DEMAR. Il précise : "Cette société donna ses auditions dans l’ancienne salle du Chapitre de Ste-Croix, puis dans la Salle d’Appollon, rue Pavée, enfin dans le salon de Flore, rue des Hennequins". Cette dernière localisation entre en contradiction avec ce qui suit...

• [Vers 1806-1807], Orléans : Une nouvelle loge maçonnique voit le jour à Orléans, nommée Le Creuset Moral. Composée de 30 à 40 membres, elle reçoit du Grand-Orient l’investiture officielle en 1806. Selon un ouvrage de 1886 signé "U.P." (Essai historique sur les francs-maçons d'Orléans (1740-1886), Orléans, 1886), "Le premier soin des membres du Creuset Moral fut de se procurer un local "stable et commode" où ils établiraient leur temple et leur atelier. Ils le trouvèrent dans la rue des Hennequins, dans une salle de danse, dite Salon de Flore". Et l'auteur précise en note : "Elle appartenait au sieur DEMAR, compositeur et artiste allemand, frère à talent de la loge de Jeanne d’Arc". L'appartenance de DEMAR à la franc-maçonnerie se trouve ici confirmée. En revanche, il peut paraître étonnant que DEMAR cède sa salle de danse précisément au moment où il pourrait en avoir besoin pour y héberger ses concerts, mais sans doute y eut-il alors des arrangements qui nous échappent.

• [Vers 1807], Paris : Sébastien DEMAR publie chez Pollet à Paris une "Grande Méthode en trois parties pour le Forte Piano" de 197 pages. S'appuyant sur son expérience, il explique y avoir "mis par écrit tout ce que je leur [= ses élèves] disais de vive voix et toutes mes observations particulières”.

• [1815] : DEMAR serait alors devenu organiste de Saint-Paterne. Cette date de 1815, avancée par Brosset (dans son article sur les orgues de Saint-Paul), ne peut être vérifiée, les procès-verbaux de délibération de la fabrique de la paroisse Saint-Paterne conservés aux archives départementales du Loiret (52 J 67) ne commençant qu'en 1817.

• Octobre 1819, Orléans : Se présentant comme "Compositeur et Professeur de musique à Orléans", Sébastien DEMAR ouvre, au 40 rue de la Bretonnerie, une "école de musique d’après la méthode du célèbre Massimino", destinée aux "élèves des deux sexes". Si le premier prospectus, imprimé chez la Veuve Huet-Perdoux avant l'ouverture (laquelle est annoncée au futur pour le 20 octobre prochain), mentionne DEMAR seul, les suivants parlent de l'"Établissement musical de MM. DEMAR, VAILLANT et BOISSARD, professeurs de musique et de chant". Les trois hommes se sont donc manifestement associés pour gérer l'établissement, dont on ignore combien de temps il a fonctionné.

• [Entre fin 1819 et 1821], Sébastien DEMAR compose pour les élèves de cette école "Trois chœurs d’Esther à 2, 3 ou 4 voix, très faciles avec accompag.t de forte piano ou harpe exécutés à Orléans en séances publiques du nouvel enseignement de musique dirigé par M.M. Demar, Vaillant et Boissard. Composés et dédiés pour prix d’encouragement aux élèves du pensionat de S.t Cyr à Orléans". Cette partition est conservée à la BnF ainsi qu'à la Médiathèque de Carcassonne.

La BnF (Gallica) recense 59 compositions de Sébastien DEMAR : https://data.bnf.fr/14757487/sebastien_demar/
La plupart de ces pièces sont composées pour le violon ou le forte piano, mais il est à noter que DEMAR s'intéressait à toutes sortes d'instruments moins dominants comme par exemple le flageolet, pour lequel il a publié une méthode (Petite méthode pour le flageolet suivi de vingt-quatre petits airs en duos mêlés de pot-pourry et variations), trois recueils d'airs pour deux flageolets, et un Recueil de morceaux extraits des ouvrages [de] Pleyel, arrangés pour deux flageolets.
Certaines de ses pièces sont transcrites pour la harpe, instrument dont joue sa fille Theresia. Harpiste, celle-ci est aussi chanteuse, compositrice et professeure de musique. Brosset rapporte qu'elle était “excellente pianiste, professeur [sic] à Orléans”. À partir d'une date qui reste à découvrir, Madame GANNAL (elle avait épousé un pharmacien / chimiste nommé Nicolas Gannal, aujourd'hui connu comme l'inventeur de l'embaumement moderne) enseigne la harpe à l’institut musical d’Orléans fondé en 1834.

• 25 juillet 1832, Orléans : À quatre heures du matin, dans son domicile situé 6 rue du Sanitas (aujourd'hui rue Antoine-Petit), meurt le sieur Jacques-Ignace-Sébastien DEMAR, "professeur de musique, âgé de 69 ans, né à Altbenisgesang [sic], en Franconie (Allemagne)". Il était toujours l'époux de "dame" Elisabeth Riesam. C'est son gendre, "chimiste", demeurant à Paris, qui déclare le décès quelques heures plus tard, assisté d'un "voisin" demeurant au n°3 de la même petite rue du Sanitas, le concierge de la Société des Belles-Lettres, Jean-Baptiste Hippolyte Taragon.
Selon H. Audéon, DEMAR aurait été membre de cette Société des Belles-Lettres (ce qui d'après les archives et les statuts de cette société paraît douteux, malgré le voisinage immédiat entre son domicile et le siège de cette société), ainsi que de la loge Saint-Jean. Selon la bibliographie ancienne, il était plutôt frère à talent de la loge de Jeanne-d'Arc (voir ci-dessus en 1806-1807).

Mise à jour : 30 décembre 2021

Sources
Courriel Fr. Turellier, 5 janvier 2018 ; Courriel Fr. Turellier, mars 2017 ; D. Lottin, Recherches historiques sur la ville d’Orléans…, t.3, 1840 ; F-Ad45/ 2 J 2106 ; F-Ad45/ 2J 1899/collection Jarry ; F-Ad45/ NMD Orléans ; F-Bm Orléans/ Annuaire département Loiret pour 1807 et 1808 ; F-Bm Orléans/ Journal général du département du Loiret ; F-Bm Orléans/ Rés. E 18148.10 ; F-BnF/ Vm7-48372 et Vm7-48373 ; H.Audéon, notice DEMAR, Dictionnaire de la Musique en France au XIXe siècle, 2003 ; J.Brosset, L’orgue et les organistes de St-Paul d’Orléans, 1909 ; Orgues de Lorraine, [...], tome 3, 1997 ; U. P. : Essai historique sur les francs-maçons d'Orléans…, 1886

<<<< retour <<<<