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BERTIN, Pierre (1759-1824)
État civil
NOM : BERTIN     Prénom(s) : Pierre     Sexe : M
Date(s) : 1759-12-9   / 1824-11-29 
Notes biographiques

Pierre BERTIN présente un type de carrière caractéristique, qui commence par une formation dans une psallette, se poursuit en tant qu'organiste et s'achève comme maître de musique. Entre Tours, Le Mans, Poitiers, Évreux, c'est en sillonnant un grand tiers ouest de la France qu'il réussit cette progression.

• 9 décembre 1759, Luynes [Indre-et-Loire] : Pierre BERTIN voit le jour et il est baptisé le jour même paroisse Sainte-Geneviève. Il est le fils de Claude, maréchal-ferrant, et de Marguerite Choiseau.

• 4 mai 1771, Tours : Il est mentionné comme l'un des quatre pueri de la psallette de la cathédrale Saint-Gatien, c'est-à-dire les plus jeunes des enfants de chœur. Il sera formé à la musique par Charles Joseph TORLEZ et par l'organiste Louis Antoine GUICHARD. Nous ne possédons plus les registres capitulaires antérieurs, ce qui empêche de dater exactement l'entrée du jeune BERTIN à la psallette.
• 19 décembre 1772, Tours : Il est devenu est l'un des primera (niveau supérieur aux pueri) de la psallette.
• 4 mai 1773, Tours : Il est l'un des secunda de la psallette. Le rythme de progression semble rapide.
• 4 mai 1775, Tours : Lors de l'évocation des bénéficiers et gagistes au chapitre général, il est l'un des tertiera [plus âgés des enfants de chœur] de la psallette.
• 7 avril 1776, Tours : Le chapitre le choisit pour faire "executer la musique a la feste prochaine de S.Gatien", fête patronale à la cathédrale, ce qui est un signe de confiance en son talent musical.

• 31 décembre 1777, Tours : Il est choisi par le chapitre pour donner des leçons de musique aux enfants de chœur pendant la vacance de la place de maître de musique, à la suite du départ de CONTAT.

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• Novembre 1778, Le Mans : Succédant à André Pierre ÉLIE qui a démissionné fin mai ou début juin, Pierre BERTIN est reçu organiste de la collégiale Saint-Pierre-la-Cour. Il l'a emporté sur un certain CHESNEAU, organiste, auquel le 14 août 1778 le chapitre avait versé 24 livres «pour le dédommager des frais de voyage qu'il a fait pour venir concourir pour notre orgue ». Le chapitre avait également tenté de débaucher Jean-Claude LORIN, alors en poste à Angers, et avait «écrit à Paris pour avoir un organiste ». C'est finalement plutôt le réseau tourangeau qui semble avoir joué.
Pierre BERTIN arrive muni de «lettres, certificats et attestations » qui semblent élogieux mais dont les auteurs ne sont pas précisés dans le registre capitulaire. Ses gages sont fixés à 400 livres par an, versées par quartiers de 100 livres, il reçoit aussi 24 livres pour frais de voyage (sans qu'il soit précisé d'où il arrive alors, probablement de Tours). Il est chargé d'instruire les enfants de la psallette collégiale. Par ailleurs, il annonce dans Les Affiches qu'il enseigne en ville clavecin, forte-piano et chant.

• Toussaint 1784, Le Mans : Le chapitre de la collégiale Saint-Pierre reçoit par courrier la démission de Pierre BERTIN, sans doute provisoirement reparti pour Tours. Le même jour le chapitre reçoit comme organiste le jeune PAINPARÉ, recommandé par l'abbé MESLE, maître de musique de la cathédrale de Tours, mais celui-ci repart pour Tours, et c'est finalement Michel BOYER qui succède à Bertin à la tribune de Saint-Pierre-la-Cour.

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• 1787, Poitiers : La partition du motet Afferte Domino conservée au Mans porte la mention «fait à Poitiers en 1787 par M. Bertin, Maître de Chapelle de la Cathédrale de cette ville et retouché au Mans par l’Auteur en 1820 le 2 janvier, y étant Maître de chapelle ». L'expression "maître de chapelle" est celle qui a cours au moment de la retouche, en 1820, elle n'était sans doute pas employée en 1787.
Les registres capitulaires de Saint-Pierre de Poitiers n'existant plus, il faudra faire appel à d'autres sources pour éclairer cette étape de la carrière de Pierre BERTIN.
Une minute notariale indique que Pierre BERTIN, musicien, réside début janvier 1787 près de la porte de Saint-Cyprien, à Poitiers.

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• Quand ?, Évreux : Pierre BERTIN devient clerc tonsuré du diocèse d'Évreux (il l'est lorsqu'il signe son engagement à la cathédrale à la mi-mai 1789).

• 29 mai 1788, Évreux : Pierre BERTIN devient maître de musique et des enfants de chœur de la cathédrale d'Évreux. Il remplace Julien MELLIER. Le chapitre lui attribue une somme de 72 livres pour le défrayer de son voyage et lui accorde 15 jours de vacances «à commencer de lundi prochain, suivant la demande qu’il en a faite », probablement pour s'installer. De Poitiers à Évreux la distance en droite ligne est approximativement de 300 km, en passant par Tours, Saint-Calais, Nogent-le-Rotrou, Verneuil-sur-Avre. Il n'exerce pas en parallèle les fonctions d'organiste, puisque la tribune est tenue par Marie-Adélaïde DULONG.

• 11 mai 1789, Évreux : Une longue conclusion capitulaire précise son salaire et ses gratifications, ainsi que ceux de quatre autres musiciens. Le chapitre l'a manifestement testé jusqu'alors et se déclare satisfait « des talens, de la conduite et de l’assiduité de Me BERTIN ». Son contrat d'engagement officiel est signé le 24 juillet 1789 seulement.

• 15 octobre 1790, Évreux : Pierre BERTIN le maître de musique de la cathédrale d'Évreux obtient du chapitre le remboursement des frais qu'il a faits pour la musique depuis octobre 1789, notamment pour passades de musiciens. En novembre 1790, il déclare 3.700 livres de revenus ainsi répartis : 2.600 livres «qui fait le fond de son traitement », 300 livres «par forme de gratification », 160 boisseaux de froment équivalent à 800 livres, à quoi il faut ajouter le logement et les meubles. En contre partie, il a la charge des 8 enfants de chœurs et de la domestique.
La supplique qu'il adresse aux administrateurs du département de l'Eure ne se limite pas à la défense de sa seule situation. Bien au contraire, il termine en déclarant « Je réclame les mêmes bontés pour les enfants [qui me sont] confiés, ainsi que pour les musiciens [à la tête desquels je me] trouve être placé ». Mieux encore, il développe une argumentation générale : « les psallettes sont les seules écoles de musique qui existent en France, que la conservation en est devenue nécessaire à la société, puisque leur suppression entrainerait nécessairement l’extinction totale de cet Art.[…] La jeunesse se trouverait dépourvue d’un talent qui […] fait partie de l’éducation. »

• 21 juin 1791, Paris : Le comité ecclésiastique reçoit une supplique collective des musiciens de la cathédrale d'Évreux : «La sagesse de vos décrets ne nous a jamais permis de douter un instant que votre bienfaisance ne s'étendit sur tous les musiciens attachés, dans les églises cathédrales, d'une manière si particulière et si utile au culte divin ». En plus de Pierre BERTIN, maître de musique, signent aussi Charles Louis MONNIER, Louis Denis André LANDRY, Jean-Baptiste MACÉ, Jean-Baptiste VESCHE, Jean-Baptiste Justin ANCQUETIN, François GÉRIN, François Marie LEMOINE, Julien André Louis CHAUMIER, Pierre Thomas RENOULT et aussi Marie-Adélaïde DULONG, organiste.

• 30 septembre 1791, Évreux : Pierre BERTIN, maître de musique, et Justin ANQUETIN se voient confier par le conseil municipal d'Évreux, la mission de « visiter les différentes tours des églises supprimées dans l'étendue du département de l'Eure aux fins de choisir des cloches capables de composer une sonnerie pour l'église épiscopale de l'Eure ». Ils proposent de récupérer quatre cloches, pour que la cathédrale n'ait pas une sonnerie inférieure à celles des principales autres villes du département.

• Début janvier 1793, Évreux : Pierre BERTIN est toujours maître de musique de l'église paroissiale et cathédrale.

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• 20 juillet 1819, Le Mans : Après la mort de François MARC, Pierre BERTIN est reçu maître de Chapelle de la Cathédrale Saint-Julien. Depuis 1812 cependant, le maître de chapelle n'a pas la charge des enfants de chœurs, confiés à un maître de la psallette, Julien LEMERCIER. À la mi octobre 1823, la fabrique demande pourtant à Pierre BERTIN « de se charger de leur instruction pour la somme de six cent francs par an, à la condition de leur donner deux heures de leçon par jour, pour le chant, et une heure à l'un d'eux pour le former à toucher le piano ».

• 11 octobre 1820, Le Mans : Pierre BERTIN, 61 ans, maître de musique, est témoin au mariage du haute contre Étienne Isidore RENOULT avec Charlotte Simier. Deux autres témoins sont également musiciens : Victor Aubin RENOULT, 17 ans, musicien à Évreux, et Pierre Félix RENOULT, 24 ans, musicien au Mans, tous deux frères du marié.

• 17 octobre 1824, Le Mans : Depuis le printemps 1824, Pierre BERTIN, malade, peine à assurer ses fonctions de maitre de chapelle. L'instruction des enfants de chœur, en particulier, prend du retard. Le 17 octobre 1824, les fabriciens prennent acte du fait qu'il se démet de ses fonctions, mais déclarent la place vacante depuis le 1er octobre 1824. Le démissionnaire a demandé à ce que « le titre de Maître de chapelle honoraire de la cathédrale du Mans lui fut accordé », ce qu'acceptent les membres de la fabrique «reconnaissant les services que le sr Bertin avait rendus dans l'exercice de ses fonctions».
C'est Julien LEMERCIER qui avait pris le relais du maître de musique à partir du 7 juin 1824. Il en exerce les fonctions jusqu'au 28 novembre 1824, date de la nomination de René COINDON, père.

• 29 novembre 1824, Mettray [Indre-et-Loire]  : Pierre BERTIN meurt à midi au lieu-dit du Perré,  dans cette petite commune située au nord de Tours où sans doute il réside chez un proche. Parmi les déclarants, on relève le nom de Jules Bertin, marchand, âgé de 21 ans, demeurant à Tours. L'acte mentionne Bertin comme maître de chapelle à la cathédrale du Mans.

Mise à jour : 21 juin 2017

Sources
Billon, Cloches et sonneries, 1866 ; Catalogue général des manuscrits de la bibliothèque de Tours, 1905, ; E. G. J. Gregoir, Souvenirs artistiques..., t. 3, 1889 ; F-AD27/ G 1914 ; F-AD27/ G 1915 ; F-Ad27/ 57 L 52 ; F-Ad27/ 57 L 55/2 ; F-Ad27/ G 1914 ; F-Ad37/ 6NUM8/ 139/ 085 ; F-Ad37/ 6NUM8/ 152/ 004 ; F-Ad72/ G 512 ; F-Ad72/ G 513 ; F-Ad72/ État civil Le Mans ; F-Adio Le Mans/ nc ; F-AdioLe Mans/ nc ; F-AdioTours/ 3D1/ 1380 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1381 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1382 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1383 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1384 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1385 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1386 ; F-AdioTours/ 3D1/ 1387 ; F-Am Evreux/ 5P1 ; F-An/ DXIX/091/764/05 ; F-BmLe Mans/ Maine 2423 ; F-BmLe Mans/Affiches et Annonces du Mans ; P. Rambaud, Notes et documents sur les artistes en Poitou..., 1920. ; Revue et Gazette Musicale de Paris, 14 février 1841.

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