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PROTA, Denis (1712-1796)
État civil
NOM : PROTA     Prénom(s) : Denis     Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : PROTAT
Date(s) : 1712-4-29  / 1796-4-1 
Notes biographiques

Nous ne savons rien des premières années de Denis PROTA, l'organiste de la cathédrale de Chartres en 1790, si ce n'est qu'il fut organiste et lecteur de la duchesse du Maine, en son château de Sceaux au milieu des années 1740. Sa carrière est pourtant remarquable d'abord par son extrême stabilité (il touche cet orgue pendant presque quarante ans), ensuite par la dégradation de sa situation entraînée par la Révolution, alors même qu'il réussit à rester à sa tribune jusqu'à sa mort.

• 29 avril 1712, Paris : Denis PROTA est baptisé en l'église paroissiale de Saint-Gervais. Son père, Gabriel Jean-Baptiste, est commis aux aides lors du mariage de son fils en 1746. Sa mère, Marie Françoise Boursault, est alors décédée.

• vers 1742-après mai 1746, Sceaux [Hauts-de-Seine] : Denis PROTA est organiste et lecteur de la duchesse du Maine, en son château. Comme son prédécesseur Louis Antoine THOMELIN, il cumule une charge musicale et une charge littéraire. PROTA est probablement en poste depuis 1742, au départ de THOMELIN pour tenir les claviers de l'église Saint-Germain-le-Vieil, à Paris.

• 5 mai 1746, Sceaux : Denis PROTA, organiste et lecteur de la duchesse du Maine, épouse Petronille Adrienne Fillinger, fille d'un conseiller des finances de l'Évêché de Spire.

• 23 avril 1751, Paris : Le Sr Denis PROTA obtient (contre redevance…) et pour douze ans, un "privilège général" auprès de la Librairie, pour l'exploitation "d'instrumentales de sa composition".

On ne sait rien pour l'instant de sa carrière dans la décennie 1746-1757 et on ignore tout des motifs qui l'ont attiré à Chartres, vers 1757. En effet, en 1790, il ne déclare "que" 33 ans de services.

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• 13 mai 1757, Paris : Un concours est organisé au grand couvent des religieux cordeliers pour faire choix d'un organiste pour la cathédrale de Chartres. Le jury est composé de Louis Claude DAQUIN, organiste de Notre-Dame de Paris, et de Évrard Dominique CLÉRAMBAULT, organiste du couvent. Ils entendent six candidats et font le choix de Denis PROTA. En remerciement, le chapitre de la cathédrale remet aux deux organistes parisiens une chemisette en or juillet.

• 4 juin 1757 - 1790, Chartres : Denis PROTA est organiste de la cathédrale Notre-Dame de Chartres. La place de l'organiste de la cathédrale est bien particulière : il est le seul musicien qui soit marié (à Chartres le célibat est imposé à ceux qui officient dans le chœur) et le seul qui intervienne dans d'autres églises de la ville. Pour autant, sa participation au mariage du 5 juin 1792 (voir ci-après) est bien la preuve de son intégration au groupe des "heuriers-matiniers".

• 1758, Chartres : Denis PROTA "met en ordre" un "Livre contenant tout ce qui concerne M l'Organiste de N. Dame, écrit par ordre de l'insigne Chapitre de Chartres". Le livre lui-même est copié par Dominique-Marie-Mansuy CADET, alors haute contre à la cathédrale. Le livre, aujourd'hui conservé aux Archives diocésaines de Chartres, est divisé en deux parties : les fêtes de l'année (90 pages), puis le commun des saints (20 pages). La musique est écrite sur une portée de 5 lignes tracées à l'encre rouge. Les notes sont noires et de forme carrée. En quelques endroits cependant des papiers ont été collés pour substituer une notation musicale plus moderne (ronde). Il n'y a jamais d'indication de rythme. De nombreuses rubriques donnent des renseignements sur la liturgie de la cathédrale à cette époque.

• En 1761, PROTA enseigne le clavecin à certains enfants de chœur, et est chargé de l'entretien de l'instrument. Il réclame d'ailleurs au chapitre de la cathédrale "pour cette année le livre de pièces de clavecin par M DAQUIN celui de motet par M BERNIER et celui de sonates par M SENALES".

• 1781, Chartres : M. 'PROTAT' est dit, dans l'almanach Etrennes historiques de Chartres, organiste de la cathédrale Notre-Dame, maître pour le clavecin, enseignant rue Murer.

• Juin 1784 - mars 1785, Chartres : Denis PROTA est organiste de l'église paroissiale Saint-Martin-le-Viandier, il touche 48 livres par an. Il compose en juillet 1784, un livret de musique pour l'orgue "par luy jugé nécessaire" et qui lui est payé 12 livres. Noter qu'il en a aussi composé un, le même mois, pour la cathédrale, “suivant le nouveau bréviaire”, ce qui lui rapporte 2 louis.
En mars 1785, il abandonne de la tribune de Saint-Martin-le-Viandier, peut-être à cause d'un problème d'emploi du temps : déjà, en juillet 1784 Denis PROTA s'était plaint auprès du chapitre de la cathédrale que "le retard de l'office les dimanches et fêtes le mettent dans l'impossibilité de toucher l'orgue de la paroisse Saint-Martin, et le prive d'un bénéfice de soixante [sic] livres par an" ; sur quoi les chanoines lui avaient accordé 30 livres d'augmentation par an. Quoiqu'il en soit, il est remplacé en 1785 à Saint-Martin par François BAINVILLE de retour à Chartres, qui obtient, lui, 120 livres par an.

1790, Chartres : Denis PROTA est toujours  organiste de la cathédrale de Chartres. En 1790, il touche un traitement de 1 063 livres par an, mais il n'y a pas eu de convention à vie entre le chapitre et lui.

• 1792, Chartres : Denis PROTA demande la fixation de son traitement. L'absence de contrat à vie entre lui et le chapitre de la cathédrale empoisonne le versement de sa pension : le district utilise jusqu'en 1794 toutes les arguties judiciaires possibles pour lui refuser le versement des 400 livres accordées par le département ; le 23 juillet 1793, il propose même de supprimer le poste d'organiste. Le directoire du département semble bien plus favorable à Denis PROTA, continuant à le rémunérer,  "vu son grand âge", alors qu'il a cessé de verser les salaires des autres musiciens de la cathédrale (juillet-octobre 1792). Le 13 janvier 1794 (24 nivôse an II) les administrateurs du département lui accordent un certificat de civisme ; le 22 avril 1794 encore, ils écrivent au ministre de l'Intérieur pour réclamer le paiement de sa pension.

• 5 juin 1792, Chartres : Denis PROTA signe l'acte de mariage de Pierre Marie BOUCHER, musicien, en compagnie de Henri Joseph TURBEN, Edme DUPONT, Louis DELAFOY, Louis PICHOT, Lucien GAILLARD, Pierre-Alexandre GOBLIN, Thomas MACE chantres et/ou instrumentistes ; Pierre DESVIGNES maître de musique ; et peut être Antoine MAHEUX enfant de chœur, tous attachés à la cathédrale.

• 15 novembre 1793, Chartres : La fermeture de la cathédrale, l'interdiction du culte catholique et sa transformation en temple de la Raison font cesser de facto le service de Denis PROTA. Mais dès le 16 décembre, le conventionnel Sergent fait observer que la présence d'un orgue rehausserait de beaucoup le faste des fêtes décadaires : les citoyens PROTA et MARTIN sont invités à toucher cet instrument tous les décadis.

• 13 juin 1794, Chartres : Le citoyen PROTA met en vente un clavecin ce qui laisse penser que la situation financière du vieil homme s'est fortement dégradée. Il demeure toujours 26 rue Muret, à Chartres.

•  Janvier 1796, Chartres : Le culte catholique ayant été ré-autorisé au sein de la cathédrale le 24 août 1795, le nouveau conseil de fabrique ré-engage Denis PROTA comme organiste pour un modeste traitement de 300 livres par an. Il a alors 83 ans.

• 1er avril 1796, Chartres : Denis PROTAT [sic], organiste, veuf, décède à l'hôpital général. Il est dit veuf de Marie-Adrienne Estroriel.

Mise à jour : 23 août 2023.

Sources
Brenet, Librairie musicale, 1907 ; F-ADio Chartres/ M 65 ; F-Ad28/ 3 E 085/065  ; F-Ad28/ 3 E 085/070 ; F-Ad28/ G 329 ; F-Ad28/ G 389 ; F-Ad28/ G330 ; F-Ad28/ G3864 ; F-Ad28/ G3865 ; F-Ad28/ L 427 ; F-Ad28/ L 441/ B3 ; F-Ad28/ L 554 ; F-Ad28/ L438/ A2 ; F-Ad28/G321 ; F-Ad28/G335 ; F-Ad92/ E_NUM_SCE_BMS_10 ; F-An/ F19/1257 ; F-Bm Chartres/ JUSS R 34/2 tome 2 ; F-Bm Chartres/ Juss R33 ; J.-A. Clerval, L’Œuvre des Clercs de Notre-Dame de Chartres..., 1910 ; Sainsot, Chartres pendant la Terreur ..., 1889

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