BAMEULLE, Étienne Marie (1732-1807)

En 1790, Étienne-Marie BAMEULLE est semi-prébendé à la cathédrale de Rennes. À ce titre, sans pouvoir être considéré comme un musicien professionnel, il participe activement à la solennisation du culte, en portant la chape, en renforçant le plain-chant, et même en "chantant la musique" à l'aigle comme le chapitre l'exige en 1780 de lui et de ses alter ego. Ils étaient alors quatre. En 1790 ils ne sont plus que deux, et le chapitre était décidé à supprimer cette catégorie intermédiaire entre haut et bas chœur.

• 24 avril 1732, Broons [actuelles Côtes d'Armor] : Dans cette localité située à 55 km au nord-ouest de Rennes naît Étienne-Marie BAMEULLE, dont le père, Jean-Marie Bameulle, est qualifié d'"honorable homme", et la mère, Françoise-Renée Chaudinière [lecture sous réserve], de "demoiselle". Parrain et marraine savent signer, de même que le père et plusieurs assistants. Ce baptême correspond à l'âge indiqué à son décès, ainsi qu'à l'âge indiqué dans sa requête de mars 1791.

• L'itinéraire de formation d'Étienne-Marie BAMEULLE reste à documenter : a-t-il été enfant de chœur dans une psallette ? Si oui, laquelle ? Broons relevait du diocèse de Saint-Malo, mais était presque aussi éloigné de cette ville que de Rennes (48 km par l'itinéraire pédestre le plus direct). À une date qui reste, elle aussi, à découvrir [après janvier 1758], il est ordonné prêtre.

• 3 septembre 1756, Vannes [Morbihan] : Étienne-Marie BAMEULLE, un sous-diacre originaire de Broons dans le diocèse de Saint-Malo, se présente à la cathédrale de Vannes, à 90 km au sud de son village de naissance, et propose ses services au chapitre pour chanter le plain-chant en qualité de gagiste. C'est du moins ce que laisse supposer le souhait des chanoines de le voir apprendre la musique au plus vite. Ces derniers le recrutent pour 300 livres par an plus les gains du chœur et lui promettent que, dès qu'il sera prêtre et aura appris à chanter la musique, il pourra prétendre à un office du bas-chœur. À partir de cette date, il apparaît sur diverses quittances.

• Janvier 1758 : BAMEULLE remplit à présent la fonction de diacre d'office alors qu'il n'est pas encore prêtre. Il touche cependant toujours 300 livres par mois. Il reçoit en plus 50 livres "pour avoir enseigné le latin aux enfants de chœur" depuis un an.

• 10 décembre 1762 : Les chanoines de Vannes le nomment à la première sous-chantrerie du bas-chœur.

• 3 janvier 1764, Vannes : À cette date, BAMEULLE signe sa dernière quittance vannetaise. Est-il allé alors directement à Saint-Malo ? Le registre capitulaire malouin 1762-1769 a disparu.

• 13 décembre 1769, Saint-Malo [Ille-et-Vilaine] : BAMEULLE, le sous-chantre, se fait rappeler à l’ordre par le chapitre pour n’être pas assez assidu.

• En février-mars 1770, la situation se tend. Les chanoines malouins "ne pouvant supporter plus longtemps la manière indécente dont le sieur BAMEULLE, sous-chantre, se comporte depuis longtemps et son manquement de respect à plusieurs de Mrs" prennent des mesures : on lui interdit pendant quinze jours le port de la chape et les fonctions de sous-chantre au chœur, on exige qu'il s'excuse – ce qu'il ne fait pas.

• [1774], Rennes : Selon la durée de service indiquée dans sa supplique de mars 1791, c'est courant 1774 que BAMEULLE aurait été reçu à une semi prébende au chapitre cathédral de Rennes.

• 14 février 1780, Rennes : Ayant observé que trois grands chapelains semi-prébendés, BAMEULLE, GRESLAND et BODIN, "négligent de chanter la musique" et ne veulent pas descendre à l'aigle, les chanoines chargent Gaspard LEMAY maître de Musique, de "leur présenter à chacun leur partie pour l’exécuter".  On voit clairement ici que leur participation au chant dépasse – ou est censée dépasser – nettement la simple exécution du plain-chant.

• Juillet 1785 : Le registre capitulaire fait mention d’un semi-prébendé, BAMEULLE, et de trois grands chapelains semi-prébendés, les sieurs BODIN, GRESLAND et PROD’HOMME. Au vu de ce qui suit, la différence de terminologie ici relevée n'est probablement guère significative.

• Mai 1786 : À la suite du décès coup sur coup de deux des quatre semi-prébendés, PROD'HOMME et BODIN, le chapitre décide de "supprimer et éteindre" les quatre "grandes chapellenies ou semi prébendes" – les deux formulations semblent ici bel et bien synonymes. Il propose 12 livres par semaine au lieu de 6 aux deux semi-prébendés survivants pour assurer la totalité du service.
Le 26 mai, GRESLAND et BAMEULLE refusent, "quelqu’envie qu’ils eussent de satisfaire la compagnie, leur âge et leurs infirmités ne leur permettent pas d’accepter ses offres…".
Toutefois le 12 juin, Gresland fait la semaine vacante quand même… et le secrétaire capitulaire note qu'il a "pris la chape pour accompagner l’officiant et donner l’encens au chœur". Il est vraisemblable que malgré leur refus initial les deux semi-prébendés ont finalement plié devant la volonté du chapitre.

• 1790, Rennes : Thomas-Pierre GRESLAND ou GRÉLAND et Étienne-Marie BAMEULLE sont toujours semi-prébendés à la cathédrale de Rennes. Ils figurent dans les divers documents donnant la composition du chapitre à la veille de sa dissolution. Dans les listes établies, ils sont placés à la charnière du haut et du bas chœur, signe de leur position hybride au sein du monde capitulaire. Ils n'appartiennent pas à la même catégorie que les musiciens gagistes dirigés par le maître de musique Gaspard LEMAY, mais leur participation à la solennité du culte est indéniable (port de la chape, plain-chant, voire "chanter la musique" à l'aigle comme exigé en février 1780).

• 14 mars 1791 : BAMEULLE et GRESLAND rédigent une supplique commune adressée au district dans laquelle ils expliquent que GRESLAND, âgé de 62 ans, est titulaire de sa semi-prébende "depuis plus de 21 ans", et BAMEULLE, âgé de 59 ans, "depuis 15 ans six mois". Ces durées suggèrent donc que BAMEULLE aurait été reçu semi-prébendé à la cathédrale de Rennes courant 1774. Ils détaillent leurs revenus qu'ils estiment monter au total entre 970# et 975# "pour chacun, quelque fois plus, quelque fois moins suivant la plus ou moins grande assiduité, comme le prouvent les cartes cy jointes". En effet, on trouve dans le même dossier une série de cartes à jouer au dos desquelles sont inscrites les sommes versées par le chapitre à BAMEULLE et à GRESLAND.

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• 11 décembre 1807, Dinan [Côtes d'Armor actuelles] : Étienne-Marie BAMEULLE, âgé de 75 ans, prêtre, décède à neuf heures du matin, rue de l'apport à Dinan. Il était fils de feux Jean-Marie [Bameulle] et Renée-Françoise "Chaux". Sa qualité de prêtre, son âge, ainsi que ses deux prénoms se conjuguent pour rendre probable qu'il s'agisse de l'ancien semi-prébendé de la cathédrale de Rennes.

Mise à jour : 25 janvier 2020