DELAHAYE, Pierre Louis Nicolas (1745-1805)

Reçu maître d'école et chantre de la paroisse de Silly-en-Multien, dans le diocèse de Meaux, en 1771, Pierre-Louis-Nicolas DELAHAYE joue et enseigne le serpent à certains des enfants de chœur dont il a la charge. De 1771 à 1792, il tient un journal qui nous renseigne sur le quotidien de ces chantres et musiciens de village pendant les vingt dernières années de l'Ancien Régime.
À l'instar de celle de Louis SIMON dans le Maine, la richesse de cette autobiographie permet de nourrir une notice hors norme pour un poste de chantre paroissial, souvent bien peu documenté.

• L'état civil de Pierre-Louis-Nicolas DELAHAYE ne peut être établi avec certitude qu'à partir du 1^er juin 1756, jour de sa confirmation par l'évêque de Senlis, dans la paroisse de Versigny en compagnie de son frère et de sa sœur Jean-Jacques et Catherine Delahaye, ainsi que d'Angélique Ducat, la future épouse de notre chantre.
Nous ignorons donc où il est né, mais les hypothèses les plus étayées le disent originaire de Droizelles, petit village situé près de Versigny (et aujourd'hui intégré à cette commune de l'Oise). Les diverses indications d'âge dont on dispose à son sujet amènent toutes vers une naissance en ou vers 1745. Sa mère, Marie-Louise Desjardins, serait également originaire de Droizelles.
Son père, maître d'école et clerc (laïc) de la paroisse de Droizelles pendant vingt ans, signe les actes encore pour l'année 1758, première du registre conservé dans les archives départementales de l'Oise. La place n'étant pas assez lucrative pour lui permettre d'entretenir sa famille, trop nombreuse, il est ensuite obligé de partir pour s'établir à Nanteuil-le-Haudoin, à 3 km au sud.
Le jeune Pierre-Louis-Nicolas reste à Droizelles, chez son parrain Nicolas-Adrien Alavoine, curé du village (il avait eu pour marraine Catherine Fontaine). L'information nous est livrée par le biais de l'hommage qu'il rédige à l'occasion du décès de ce prêtre en octobre 1775. Il explique que c'est lui qui l'a élevé depuis l'âge de trois ans jusqu'à l'âge de 21 ans, et qui a célébré son mariage avec Angélique Ducat. On peut supposer que c'est aussi lui qui pour l'essentiel l'a éduqué et l'a formé au chant d'Église. Mais avec qui a-t-il appris à jouer du serpent ? Est-ce aussi auprès du curé Alavoine ?

• 29 avril 1766, Droizelles : P. L. N. DELAHAYE épouse Angélique-Césarine Ducat, fille de Claude Ducat (arpenteur royal) et de défunte Hélène-Césarine Thuillier Son père, alors établi comme maître d'école à Nanteuil, est présent au mariage.
Leur premier fils, Baptiste-Pierre-Louis-Nicolas, est baptisé le 10 octobre 1767, mais meurt au bout de quelques jours.

• Avant août 1769, P. L. N. DELAHAYE obtient son premier poste de maître d'école et clerc paroissial dans la modeste paroisse de Sennevières (actuellement rattachée à la commune de Chèvreville). Sa signature figure dans le registre paroissial – en tant que clerc paroissial et donc chantre – à partir du 7 août 1769. C'est là que naît son second fils, Jacques-Louis, décédé précocement lui aussi.

• Le 21 avril 1771, Silly-en-Multien [aujourd'hui Silly-le-Long, Oise] : "À l'issue des vêpres, en l'assemblée convoquée au son de la cloche et tenue au banc d'œuvre de l'église, j'ai été reçu clerc et maître d'école" écrit Pierre-Louis-Nicolas DELAHAYE dans son journal. À partir de cette date, il est maître d'école et chantre, de plus il joue du serpent à l'église paroissiale.

• 1775 : Le maître d'école enseigne le serpent à Pierre François PLÉE, un jeune homme de la paroisse, ce qui lui permet, à l'âge de 17 ans, de trouver un poste de serpent à la Charité-sur-Loire "près Nevers". Cet exemple montre qu'au delà des rudiments du plain-chant, on pouvait acquérir au village des compétences musicales susceptibles d'ouvrir des horizons professionnels plus larges que ceux du lutrin dominical.

• 20 janvier 1779, Nanteuil : Pierre-Louis-Nicolas et son frère Étienne sont présents à l'inhumation de leur père, décédé "âgé d'environ 50 ans".

• Avril 1785 : Lors de la pose de la première pierre de la nouvelle école de Silly, Delahaye déclare être âgé de 40 ans (ce qui confirme une naissance en 1745).

• 1790, Silly : Pierre-Louis-Nicolas DELAHAYE continue à assurer ses fonctions de clerc de paroisse et de maître d'école dans la paroisse de Silly-en-Multien. Il est attesté comme maître d'école jusqu'en 1803.

• 16 vendémiaire an V (15 octobre 1796), Silly : Son unique fille survivante, Marie-Élisabeth-Isidore, devenue institutrice des écoles primaires, se marie avec un bourrelier, Jean-Gislebert Braille.

• 20 fructidor an VI (6 septembre 1798) : Quelques semaines près avoir accouché de deux jumelles prématurées, sa fille Isidore meurt des suites de ses couches ("Ma pauvre enfant s'en va mourante"… "l'horrible spectacle que fut pour moi le moment de sa mort"…). Après moins de neuf mois de veuvage, son gendre se remarie avec une cousine Drucat de Droizelles.

• 29 octobre 1805, Silly : Pierre-Louis-Nicolas DELAHAYE meurt "en sa maison, sise rue de la rochette". Le cousin cultivateur et son ex-gendre qui le lendemain déclarent son décès auprès de l'officier de l'état civil de Silly le disent âgé de 60 ans, "ancien instituteur en cette commune", et époux de Angélique Cézarine Ducat.
Cette dernière mourra dans la même maison au début de 1813.

• • • Bibliographie :
        • Jacques Bernet (éd.), Le Journal d'un maître d'école d'Île-de-France (1771-1792). Silly-en-Multien de l'Ancien Régime à la Révolution, Villeneuve-d'Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2000, 294 pages.
        • Xavier Bisaro, "Le chant des écoliers de Silly-en-Multien à la fin de l'Ancien Régime : une initiation villageoise", Cahiers d'ethnomusicologie, 31, 2018, p. 39-54, http://journals.openedition.org/ethnomusicologie/2786.

Mise à jour : 29 mai 2019